Primé à Venise, Ziad Doueiri sous la menace d’une condamnation au Liban

Posté par vincy, le 11 septembre 2017

Le réalisateur franco-libanais Ziad Doueiri, ancien assistant de Quentin Tarantino, vit sans doute son plus étrange week-end. Samedi soir, son dernier film, L'insulte, coproduit par Julie Gayet, a été distingué à Venise avec le prix d'interprétation masculine pour l'acteur palestinien Kamel El Basha. Il revient au Liban dimanche, auréolé de ce prix prestigieux pour le cinéma de son pays. Et en fait il est arrêté à l'aéroport...

Durant deux heures et demi, il est interrogé. On lui confisque ses passeports français et libanais. Ziad Doueiri apprend alors qu'il doit "comparaître [lundi] à neuf heures du matin devant un tribunal militaire pour une investigation concernant un chef d'accusation" qu'il ignore.

Selon le quotidien libanais L’Orient le jour, le réalisateur, après trois heures au tribunal militaire de Beyrouth ce lundi, a bénéficié d’un non-lieu: le juge en charge de l’affaire ayant estimé que les faits étaient prescrits.

Le réalisateur "était accusé d'avoir violé l'article 285 du code pénal libanais qui interdit toute visite en territoire ennemi sans autorisation préalable" des autorités libanaises, a précisé son avocat Najib Lyan au quotidien. Cela concernait son film L'attentat, récompensé à San Sebastian, Marrakech et Istanbul.

En effet, pendant qu'il était en Italie, des journalistes et militants libanais ont lancé une polémique, en réclamant de sa part des excuses pour avoir tourné en Israël une partie de L'attentat, son avant-dernier film. Pour certains, il s'agissait de trahison, d'autres l'accusaient d'acter une "normalisation" des relations avec le territoire voisin ennemi (les frontières entre les deux pays sont fermées). Le film avait d'ailleurs été interdit au Liban en 2013 à sa sortie, parce que le cinéaste avait tourné partiellement en Israël avec quelques acteurs israéliens.

"Les gens qui me combattent essaient d'empêcher la diffusion de mon nouveau film L'insulte. Mais j'ai été longuement interrogé et la justice a constaté que je n'avais aucune intention criminelle vis-à-vis de la cause palestinienne" a expliqué le réalisateur après sa matinée au Tribunal. Profondément blessé, il a ajouté: "Des membres de ma famille sont morts en défendant la cause palestinienne".

Délit d'entrée sur le territoire d'un pays ennemi

Cependant tout n'est pas terminé puisque le juge a expliqué qu'il était "possible que l'affaire soit déférée devant un tribunal militaire, pour un délit d'entrée sur le territoire d'un pays ennemi sans autorisation préalable". Un délit passible d'une peine d'emprisonnement d'au moins un an au regard du droit libanais.

La coproductrice Julie Gayet a réagit dans les colonnes du Figaro: "Nous sommes tous choqués et dénonçons cette absurdité, qui n'est qu'une intimidation. C'est un prétexte absurde et moyenâgeux qui fait surface la veille de la sortie de son film à Beyrouth. Tout ceci est complètement fou, surtout quand on sait que L'insulte est un film qui prône la discussion, la paix et l'importance de s'ouvrir." L'Union nationale des critiques de films (SNCCI), et la Semaine de la critique de Venise, apportant leur soutien au réalisateur, ont aussi évoqué un "inacceptable acte d’intimidation" et un "intolérable abus de pouvoir".

L'insulte doit être présenté en avant-première nationale mardi. Il doit être aussi présenté aux festivals de Telluride et Toronto. Il était jusqu'à présent le candidat officiel pour les Oscars 2018.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 2

Posté par MpM, le 16 mai 2013

attentatCher Jafar,

Pendant la cérémonie d'ouverture de cette 66e édition, il a été beaucoup question d'un sujet qui te tient particulièrement à cœur : la liberté d'expression. Gilles Jacob a rappelé une nouvelle fois que Cannes a vocation à être une "terre d'accueil". Pour les cinéastes, et par extension pour tous ceux qui se battent pour avoir le droit d'émettre librement des opinions.

En l'occurrence, ce sont des dessinateurs de presse qui sont à l'honneur cette année, avec une exposition de dessins humoristiques autour du cinéma. Comme le souligne Gilles Jacob : "en programmant un ensemble où vibre un appel à l'indocilité, le festival n'a pas craint de prendre le risque qu'on l'applique à lui-même ! " Joli clin d'oeil.

Mais un homme qu'une telle propension à l'autodérision doit faire rêver, c'est Zaid Doueri, le réalisateur libanais de L'attentat. Lui ne s'est moqué de personne, et subit malgré tout les foudres de son pays et de la Ligue arabe dans sa globalité.

Son crime ? Avoir tourné son film en partie en Israél avec des acteurs israéliens, ce que proscrit le bureau de boycottage d'Israël. L'attentat, d'après le best-seller de l'écrivain algérien Yasmina Khadra, sur un médecin arabe israélien découvrant que sa femme est l'auteur d'un attentat suicide à Tel-Aviv, a donc été interdit dans les 22 pays membres de l'organisation.

La ministre française à la Francophonie, Yamini Benguigui, est déjà montée au créneau pour défendre Zaid Doueri et le film est attendu en France le 29 mai. On garde donc espoir qu'il connaisse la carrière qu'il mérite.

Mais il faut t'avouer que sur la croisette, cette censure déguisée ne fait pas vraiment le buzz. Peut-être les journalistes ont-ils la tête trop farcie des frasques de la jeunesse américaine obsédée par les fringues et les starlettes vue dans The Bling Ring de Sofia Coppola ? Le pire, c'est que le film trouve un étrange écho chaque soir au moment de la montée des marches, quand le monde entier se focalise... sur une poignée de stars et les robes de marque qu'elles portent.

Le COLCOA 2013 plébiscite L’attentat de Ziad Doueiri

Posté par MpM, le 26 avril 2013

colcoaRecord de fréquentation pour le 17e festival Colcoa (City of lights, city of angels) du film français à Hollywood, qui a attiré plus de 19 000 spectateurs en une semaine.

Cette année, 57 films, dont 31 longs métrages, étaient présentés au public américain, parmi lesquels Alceste à bicyclette, Jappeloup, L'homme qui rit ou encore Les invisibles.

Côté compétition, L'attentat de Ziad Doueiri, d'après le roman éponyme de l'écrivain algérien Yasmina Khadra, a mis d'accord public et critique, qui lui ont tous deux décerné un prix.

Le film, qui sortira en France le 29 mai, et qui était présenté dans le cadre d'une nouvelle section du festival, "Cinéma du monde produit par la France", a également reçu  le Coming Soon Award, une nouvelle récompense créée pour distinguer un film déjà acquis par un distributeur américain.

Parmi les autres lauréats, on compte Les saveurs du palais de Christian Vincent (prix spécial du public), Le prénom d'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte (mention spéciale du public), Populaire de Regis Roinsard (prix du premier film) ou encore Quelques jours de printemps de Stéphane Brizé (Prix de la critique américaine).

Le directeur et programmateur du festival, François Truffart, s'est félicité du succès de cette 17e édition : "Cela conforte notre stratégie de programmation qui consiste, depuis dix ans, à offrir une sélection de films destinée à plusieurs publics, dont on sait, pour certains, qu'ils viennent aujourd'hui des quatre coins des Etats-Unis", a -t-il déclaré.

Tout le palmarès

Prix du public

L'attentat de Ziad Doueiri

Prix Spécial du Public

Les saveurs du palais de Christian Vincent

Mention spéciale du public

Le prénom d'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte

Prix de la critique américaine

Quelques jours de printemps de Stéphane Brizé

Prix spécial de la critique

L'attentat de Ziad Doueiri

Mention spéciale de la critique

Dans la maison de François Ozon.

Coming Soon Award

L'attentat de Ziad Doueiri

Prix du premier film

Populaire de Regis Roinsard

Prix du court-métrage

Les lézards de Vincent Mariette

Prix du meilleur documentaire

Traviata et nous de Philippe Béziat