Anémone a pris le grand chemin (1950-2019)

Posté par vincy, le 30 avril 2019

La comédienne et scénariste Anémone, née Anne Bourguignon, est morte aujourd'hui à l'âge de 68 ans. L'inoubliable Thérèse du Père Noël est une ordure, avait reçu le César de la meilleure actrice pour Le Grand chemin.

Elle venait d'annoncer l'an dernier qu'elle quittait définitivement le métier après avoir joué La pièce Les Nœuds au mouchoir, où elle incarnait une mère qui perdait la boule.

Ecolo depuis 45 ans, grand gueule, altermondialiste en perpétuelle révolte, à l'écart du milieu, farouchement, Anémone était une personnalité singulière dans le cinéma français. Pas franchement prête à faire des compromis, plutôt têtue. Toujours emmerdée à l'idée de faire la promo. Elle en avait régulièrement ras-le-bol. Elle voulait même qu'on l'oublie, préférant buller sur son canapé à la campagne, "loin de la ville qui pue". Pour élever ses enfants, elle a supporté ce monde de fous et les navets qu'on lui proposait, ce qui faisait au moins plaisir à son banquier. Ne parlons pas de ses enfants, elle a confessé à la télévision qu'elle regrettait de les avoir mis au monde, soumise à une pression sociale. Au final, elle aurait sans doute eu une carrière différente, moins dictée par le fric, si elle avait suivi son instinct : ne pas se reproduire.

Anémone a toujours voulu être actrice. Elle préférait les hippies, la grande rigolade du Splendide, qu'elle a quitté fâchée à cause du fric (et de leurs opinions de droite). D'origine bourgeoise, éduquée chez les catholiques, elle prend les chemins de traverse dès sa vingtaine, choisissant en pseudonyme le titre de son premier film (en 1968), celui de Philippe Garrel. C'est le seul film où Anémone est créditée comme Anne Bourguignon.

Elle enchaîne les petits rôles chez Philippe de Broca, Gérard Pirès, Yves Robert. Coluche lui donne une dimension un peu plus importante dans Vous n'aurez pas l'Alsace et la lorraine. Avec son physique qui incite à la maladresse et sa voix proche du burlesque, elle manie avec génie des personnages stéréotypés pour en faire des caractères comiques. Le Splendid va changer son destin. En 1979, elle devient Thérèse, qui rit quand on la..., vieille fille pas vraiment douée pour la couture, et franchement nympho quand elle a vu enfin le loup. Le Père noël est une ordure l'immortalise pour des décennies avec ses multiples passage à la télévision.

On la croise ainsi beaucoup dans les comédies à la française de l'époque: Ma femme s'appelle revient, Pour cent briques t'as plus rien, Le quart d'heure américain, Le mariage du siècle, sorte de Valérie Lemercier dans Palais-Royal, souvent avec Lhermitte, Blanc et autres camarades en partenaires.

Mais ces pantalonnades la frustrent. En 1985, elle opère un tournant dramatique, à l'instar de Michel Blanc et Josiane Balasko. Elle incarne une étrange voisine dans un polar sulfureux, Péril en la demeure de Michel Deville. Deux ans plus tard, elle accepte le rôle d'une villageoise pas très heureuse depuis la mort de son enfant. C'est Le grand chemin de Jean-Loup Hubert. ce rôle dramatique lui vaut un plébiscite public (3,2 millions d'entrées, 4e film de l'année) et un César de la meilleure actrice. Elle a été nommée quatre autres fois.

Paradoxalement, la suite sera plus irrégulière, passant de Jugnot (Sans peur et sans reproche) à Garrel (Les baisers de secours), de Nicloux (Les enfants volants) à Goupil (Maman), de Deville (Aux petits bonheurs) à Marshall (Pas très catholique), de Trueba (Le rêve du singe fou) à Lelouch (La belle histoire). Les grands auteurs ne sont pas au meilleur de leur forme quand ils la choisissent. Elle-même s'égare chez Luis Rego ou Serge Kober dans des séries Z. Parfois, elle trouve quand même un grand rôle, comme celui de mère indigne dans Le petit prince a dit de Christine Pascal, Prix Louis-Delluc en 1992.

Anémone continue dans des films qui ne trouvent pas leur public ou de grandes fresques coûteuses (Marquise, Lautrec) où elle n'est que second-rôle. A partir des années 2000, elle se fait plus rare, figurante dans des comédies populaires (ou pas), comme Le petit Nicolas. Elle peut être cruelle ou attachante, paumée ou charmante. Elle étale quand même son talent avec autorité dans Jacky au royaume des filles, en générale d'une dictature féministe, de Riad Sattouf. On semble la redécouvrir. Alexandra Leclère, Julien Rappeneau (Rosalie Blum) et Anne Le Ny lui offrent ses derniers rôles.

Finalement depuis 2005, elle était plus présente à la télévision. mais, surtout, elle n'a jamais cessé de faire de la scène, s'amusant avec Musset, Feydeau, Molière pour Planchon, Obaldia, Colas...

Atypique, engagée, franche, Anémone était sans doute l'une des comédiennes les plus populaires de sa génération. Elle n'a sans doute pas eu les films qu'elle méritait, en partie à cause de son caractère sans doute, mais pas seulement. Mais les quelques beaux films qu'elle a tournés, comme les plus dérisoires, révélaient une femme libre, qui refusait assurément d'être prise pour ce qu'elle n'était pas.

Anémone met fin à sa carrière

Posté par vincy, le 13 août 2017

Elle était sur scène en juillet à Avignon. La comédienne Anémone, qui fut l'une des actrices les plus populaires dans les années 1980, a annoncé qu'elle mettait fin à sa carrière, près de 50 ans après l'avoir commencée.

A 67 ans, Anne Bourguignon avoue ne plus supporter l'aspect mercantile de sa profession. Engagée, entière, franche même, écolo avant l'heure, cela fait déjà longtemps qu'elle vit à l'écart de Paris. Mais ça ne l'empêchait pas de "s'amuser" avec des plus ou moins grands rôles dans des films comme Le Petit Nicolas de Laurent Tirard, Pauline et François de Renaud Fély, Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf (en jouissive Générale), Le Grimoire d'Arkandias de Julien Simonet et Alexandre Castagnetti ou Rosalie Blum de Julien Rappeneau. Toujours un peu borderline, fantasques ou fantaisistes, ses personnages prolongeaient l'image que le public projettait sur elle: la dame un peu folle-dingue qu'on aimait bien.

Car, au fil des ans, et malgré la raréfaction des grands rôles depuis plus de 20 ans, Anémone est restée populaire et appréciée. Alors que la parole est aujourd'hui lissée pour ne froisser personne, elle continuait à "ouvrir sa gueule" comme au bon vieux temps, ce qui n'a pas du lui faciliter les choses pour convaincre des producteurs.

Dans un entretien à Culturebox, l'actrice ne mâche pas ses mots (ses maux?): "Autrefois il n’y avait pas la pub, il n’y avait pas les promos et ça se passait bien. J’arrête à cause de ça : moi j’ai choisi actrice comme métier, pas marchande".

Des farces, des nanars et des auteurs réputés

César de la meilleure actrice pour Le Grand Chemin en 1988, qui avait séduit 3,2 millions de spectateurs en salles, Anémone reste à jamais l'incroyable Thérèse dans Le père Noël est une ordure (1,6 millions de spectateurs, mais un succès jamais démenti lors des rediffusions TV), où elle incarne une vieille fille bienveillante qui n'a d'yeux que pour son collègue Pierre (à qui elle ne jette jamais la pierre). Outre un bon lot de navets (bio), Anémone a connu de nombreux succès avec des comédies parfois potaches: Viens chez moi, j'habite chez une copine et Ma femme s'appelle reviens de Patrice Leconte, Le Quart d'heure américain et Le Mariage du siècle de Philippe Galland, Sans peur et sans reproche de Gérard Jugnot, ou encore Pour 100 briques t'as plus rien... d'Édouard Molinaro. Mais elle a aussi participé à de nombreux films d'auteurs comme Les Baisers de secours de Philippe Garrel, Le Rêve du singe fou de Fernando Trueba, La Belle histoire de Claude Lelouch, Le petit prince a dit de Christine Pascal, Aux petits bonheurs de Michel Deville, Pas très catholique et Enfants de salaud de Tonie Marshall ou Lautrec de Roger Planchon.

Un vaste panel qui nous conduit à croire que le cinéma français n'a pas su investir sur une comédienne aussi "versatile". A moins que l'actrice n'ait pas voulu être apprivoisée par le cinéma français.

A Paris sur scène cet automne

"Les nœuds au mouchoir" de et avec Denis Cherer sera donc sa dernière pièce. Jouée en off à Avignon, elle sera cet automne au Palais des Glaces à Paris.
Deux frères fâchés que tout oppose s'évitent soigneusement depuis longtemps. Daniel est banquier, pressé, marié et infidèle ; Jean est artiste, rêveur, divorcé et fauché. Une erreur d'emploi du temps les fait se retrouver face à face, le même soir, chez leur mère Augustine, qui commence sérieusement à perdre la boule (l'Alzheimer la guette). Jean est aux petits soins pour elle, Daniel, lui, veut la placer en maison de retraite. Chacun vide son sac, mais l'inquiétude qu'ils nourrissent l'un et l'autre pour leur mère les conduit à reléguer au second plan leur dérisoire règlement de comptes.

Festival International du Film Culte : l’originalité finit par payer

Posté par wyzman, le 18 juin 2016

En matière de films culte, l'erreur la plus commune est de croire que c'est le film en lui-même qui est culte. Ici, il n'en est rien ! Le Festival international du film culte n'a pas pour vocation de présenter des films que l'on juge comme cultes (bien qu'il y en ait dans la programmation), mais de faire découvrir des films qui (on l'espère) susciteront un véritable intérêt. Et la deuxième journée du festival a parfaitement illustré cela.

A 10 heures, les plus courageux, ou du moins les plus assidus d'entre nous ont découvert Wonderland, un film d'anticipation écrit par non pas une ou deux personnes mais bien dix réalisateurs ! Présent pour l'occasion, Lionel Rupp (certainement le plus talentueux d'entre eux) a répondu aux questions des festivaliers avec un enthousiasme certain. Prix du jeune public au festival international du film de Locarno, Wonderland et sa tempête du siècle n'ont laissé personne indifférent. A l'inverse de Journal d'un photographe de mariage. Seul moyen métrage dans une sélection de longs, le film de Nadav Lapid a engendré de vrais questionnements sur l'impact du cadre et de la chronologie dans la réussite d'un film.

Dans l'après-midi, l'équipe de Willy 1er a pris le relais. Sélectionné par l'ACID lors du dernier festival de Cannes, ce premier long-métrage a plus que plu aux spectateurs présents puisqu'ils n'ont pas manqué d'aller les féliciter à la fin de la projection. Photos, dédicaces, conseils, Marielle Gautier, Ludovic et Zoran Boukherma et Hugo P. Thomas ont déjà tout de pros. Et pendant que Marie-Anne Chazel présentait Le Père Noël est une ordure, une interview s'imposait. L'occasion rêvée d'évoquer sans détour Xavier Dolan, Zaz et Jane Campion !

Enfin, comme une journée de festival n'est vraiment remplie qu'à partir de quatre films, impossible de ne pas évoquer Toni Erdmann de Maren Ade. D'une durée impressionnante de 2h42, ce drame allemand suit les péripéties d'un père paumé mais surtout facétieux qui s'incruste dans la vie de sa fille, fraîchement installée à Bucarest. Entre choc, gêne et euphorie, festivaliers, invités et jurés ont eu énormément de mal à se contenir !

Karl Zéro lance son Festival International du Film Culte

Posté par wyzman, le 15 juin 2016

Parce qu'il n'y a pas que le festival de Cannes dans la vie, coup de projecteur sur la première édition du Festival International du Film Culte. Créé par Karl Zéro, l'animateur veut y célébrer "le trait d'union entre le populaire et le visionnaire" propre aux films culte. Sponsorisée par Harcourt, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, l'INA et France Bleu, cette première édition qui débute aujourd'hui et  jusqu'au dimanche 19 juin à Trouville-sur-Mer accueillera compétition, rétrospective, jury, expositions, concerts et soirées. Bref, tout un programme !

Parmi les films culte, il sera possible de revoir Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet, La Nuit américaine de François Truffaut, Le Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré ou encore Les Tontons flingueurs de Georges Lautner. Et du côté de la compétition, sept films tenteront d'emporter le Grand Prix du Film Culte ou à défaut le Prix "Aldo Maccione" du Meilleur réalisateur. Parmi ces films, on retient déjà Toni Erdmann de Maren Ade, Album de famille de Mehmet Can Mértoglu et Willy 1er de Marielle Gautier, Zoran et Ludovic Boukherma et Hugo P. Thomas.

Vous noterez également les séances de minuit présentées par Arielle Dombasle et Laurent Baffie, les expositions Harcourt et Mademoiselle Barbie ainsi que le concert culte du Quatuor Playmobil. Enfin, nous avons gardé le meilleur pour la fin : le jury. Présidé par Jean-Pierre Marielle, il comporte Arielle Dombasle, Joey Starr, Laurent Baffie, Sylvain Chomet, Olivier Van Hoosfadt et Jacques Séguéla. Pour plus d'informations, n'hésitez pas à vous rendre sur les comptes Facebook, Twitter, Instagram et YouTube du FIFC ou sur le site web de l'événement.