En 1966, un jeune homme réalisait une romance à Deauville. Un homme et une femme obtient la Palme d’or en mai, puis les Oscars du meilleur film étranger et du meilleur scénario, trois Golden Globes (film étranger, réalisateur et actrice). Claude Lelouch ne recevra plus jamais une telle ovation. Les César le boude et il vient souvent à Cannes hors-compétition. Il y revient cette année d'ailleurs avec un film lié à sa Palme.
Le film a un retentissement considérable, qui lance enfin la carrière du cinéaste obstiné, après dix films qui ont terminé leur course par un échec, quand ils sont achevés ou sortis en salles. Un homme et une femme reste le plus succès du réalisateur (4,3 millions d’entrées en France).
Les chabadabadas de Nicole Croisille sur la musique de Francis Lai ont contribué à lui faire traverser le temps. Le film pose les bases du cinéma romanesque et romantique de Lelouch, qui a alors presque 30 ans, avec une caméra très mobile, des tourbillons qui encerclent la relation homme-femme, un amour absolu et libre, des dialogues ou monologues percutants.
Anouk Aimée est déjà une star. Elle tourne depuis 20 ans, à l’étranger et en France, pour André Cayatte, Henri Decoin, Julien Duvivier, Jacques Becker, Georges Franju, Jean-Pierre Mocky… Depuis quelques années, elle est au générique de grandes œuvres comme La dolce vita (autre Palme d’or) et Huit et demi de Federico Fellini, Lola de Jacques Demy, Le jugement dernier de Vittorio De Sica, Sodome et Gomorrhe de Robert Aldrich et Sergio Leone, Il successo de Dino Risi.
Jean-Louis Trintignant tourne depuis dix ans et brûle les planches, notamment avec Jean Vilar et Claude Régy depuis 16 ans. Roger Vadim le révèle en 1956 dans Et Dieu créa la femme, même s’il est éclipsé par l’explosion de Brigitte Bardot. Il recroise Vadim pour Les Liaisons dangereuses puis tourne avec Abel Gance, Georges Franju, Robert Hossein, Dino Risi (Le fanfaron), Alain Cavalier… Film après film, il devient l’une des vedettes du cinéma européen de l’époque, dans Mata Hari, Compartiments tueurs, Merveilleuse Angélique.
Deux acteurs qui auront un prix d'interprétation à Cannes
Jamais césarisée, Anouk Aimée a remporté le prix d’interprétation féminine en 1980 (Le saut dans le vide). Césarisé sur le tard, pour Amour, autre Palme d’or à l’actif de l’acteur, Jean-Louis Trintignant sera sacré en 1969 avec un prix d’interprétation masculine pour Z.
En 1986, il filme Un homme et une femme : vingt ans déjà. Les amants, qui se sont perdus de vus se retrouvent. Le film est présenté à Cannes mais fait un flop dans les salles avec 470000 spectateurs. Cinq ans plus tard, le duo fait une infidélité à Lelouch en jouant sur sc§ne Love Letters.
Il revient cette année, toujours hors-compétition pour la fin d’une trilogie improvisée. Les plus belles années d’une vie est une fois de plus l’histoire de Jean-Louis et Anne, 52 ans après leur coup de foudre. Cette fois-ci on croise Marianne Denicourt, Souad Amidou et Monica Bellucci. L’histoire, aussi belle soit-elle, aura donc une fin. Ce pourrait aussi être le dernier film d’Anouk Aimée (87 ans) et de Jean-Louis Trintignant (88 ans), qui avait décidé d’arrêter sa carrière.
Le film sort le 22 mai dans les salles.