Chabadabada: 12 grands couples qui ont marqué Cannes

Posté par wyzman, le 22 mai 2019

Alors que Claude Lelouch présente cette semaine et hors-compétition Les Plus Belles Années d’une vie, nouvelle suite de sa Palme d’or Un homme et une femme, voici petit retour sur quelques couples mythiques de la Croisette s’impose. Vieux ou jeunes, hétéros ou homos, asiatiques ou latinos. Le cœur n'a pas de limite.

Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966)

Lorsque Claude Lelouch présente Un homme et une femme en sélection officielle au Festival de Cannes 1966, il ignore l’impact que le film aura sur sa carrière et plus globalement dans l’histoire du cinéma français. Le film raconte ainsi comment Anne (Anouk Aimée), inconsolable depuis la mort de son mari cascadeur, rencontre à Deauville Jean-Louis (Jean-Louis Trintignant), un coureur automobile dont la femme s’est laissée mourir par désespoir. Les deux s’aiment, se repoussent et se retrouvent encore. Leur passion fait aujourd’hui encore figure de référence pour les films romantiques. Un homme et une femme décroche une Palme d’or et est sacré Meilleur film étranger l’année suivante aux Oscars tandis que son scénario original est également récompensé.

Les Ailes du désir de Wim Wenders (1987)

Dans un Berlin encore divisé, Wim Wenders s’autorise un drame mêlant merveilleux et romance. Les anges, être supérieurs, entendent et voient tout ce que les humains font et pensent. Cette division pourtant simple se voit contrariée lorsque Damiel (Bruno Ganz) renonce à son immortalité pour goûter au plaisir des sens aux côtés de Marion (Solveig Dommartin), trapéziste au bord du désespoir lorsque son cirque met la clé sous la porte. Conte allégorique bourré de monologues intérieurs, Les Ailes du désir vaut à Wim Wenders un Prix de la mise en scène amplement méritée.

Sailor et Lula de David Lynch (1990)

Palme d’or du Festival de Cannes, Sailor et Lula est bien plus qu’un thriller romantique et hystérique. On y suit en effet la passion amoureuse de Sailor (Nicolas Cage) et Lula (Laura Dern) ainsi que leur cavale qui a pour but d’échapper à la mère de la jeune femme et à l’amant de celle-ci. En plus d’y dévoiler un univers particulièrement sombre et hypnotique, David Lynch s’offre ici un casting quatre étoiles qui comprend la mère de Laura Dern, Diane Ladd mais aussi J. E. Freeman, Willem Dafoe et Isabella Rossellini dans des rôles complètement barrés. Quelques mois après avoir marqué la Croisette, Diane Ladd décrochera des nominations aux Oscars et aux Golden Globes.

Happy Together de Wong Kar-wai (1997)

Souvent oublié des livres de cinéma occidentaux, ce drame chinois est aujourd’hui encore une référence parmi les films LGBT et le palmarès du Festival de Cannes. On y suit Ho Po-wing (Leslie Cheung) et Lai Yiu-fai (Tony Leung Chiu-wai), deux Hongkongais qui décident de partir vivre en Amérique du Sud. Leur passion est si dévorante qu’ils se quittent régulièrement pour mieux se remettre ensemble. A chaque fois, ils se promettent de repartir à zéro. Happy Together quittera la Croisette avec le Prix de la mise en scène.

Amour de Michael Haneke (2012)

Film non-anglophone le plus récompensé de toute l’histoire du cinéma, Amour suit le quotidien de Georges (Jean-Louis Trintignant) et Anne (Emmanuelle Riva), un couple d’octogénaires. Passionnés de musique classique, ils ont peu de contact avec l’extérieure et ce, notamment depuis que leur fille Eva (Isabelle Huppert) est allée vivre à l’étranger avec sa famille. Après une attaque cérébrale, Anne rentre au domicile hémiplégique. Huis clos particulièrement éreintant, Amour montre la relation qui les unit et développe la promesse que George a faite à Anne : ne jamais la renvoyer à l’hôpital. Palme d’or à Cannes, le film est quelques mois plus tard auréolé du Golden Globe, du BAFTA et de l’Oscar du meilleur film étranger. Le film, son réalisateur, ses deux acteurs principaux et son scénario seront quant à eux récompensés aux César.

Laurence Anyways de Xavier Dolan (2012)

Pour son troisième long-métrage, le cinéaste québécois délaisse le thème de l’homosexualité pour explorer la transidentité. Laurence Anyways raconte ainsi comment, dans les années 1990, Laurence (Melvil Poupaud) annonce à Fred (Suzanne Clément), sa petite amie, qu’il souhaite devenir une femme. Sur près d'une décennie, le spectateur suit les hauts et bas de leur relation profondément rebelle et marginale ainsi que les pressions de la société qu’ils subissent. Présenté dans la section Un certain regard, le film quitte la Croisette avec un Prix d’interprétation féminine pour Suzanne Clément et la Queer Palm.

La vie d’Adèle : chapitres 1 et 2 d’Abdellatif Kechiche (2013)

Cinquième long-métrage d’Abdellatif Kechiche, La vie d’Adèle est sans doute son plus grand succès. Adapté du roman graphique Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, le film raconte comment Adèle (Adèle Exarchopoulos), 15 ans, tombe follement amoureuse d’Emma (Léa Seydoux), jeune artiste plus âgée qu’elle et dont les cheveux sont bleus. Le film est couronné d’une Palme d’or directement adressée au réalisateur et à ses deux actrices principales. Abdellatif Kechiche de décrocher aussi le Prix FIPRESCI. En raisons de scènes de sexe particulièrement explicites, le film est interdit aux moins de 12 ans avec avertissement au moment de sa sortie en salle.

Carol de Todd Haynes (2015)

Film historique et sentimental à la fois, Carol suit le parcours de Thérèse (Rooney Mara), une jeune et timide vendeuse qui est séduite par Carol (Cate Blanchett), riche cliente bourgeoise dans le New York des années 1950. De leur passion dévorante débouche un drame puissant sur le poids de la morale à l’époque et "l'empêchement" d'aimer librement. Présenté en compétition, le film de Todd Haynes en près d’une décennie vaut à Rooney Mara un Prix d’interprétation féminine.

Love de Gaspar Noé (2015)

Pour son quatrième long-métrage, Gaspar Noé met en scène un triangle amoureux qui n’a laissé personne indifférent. Alors étudiant, Murphy trompe sa petite amie Electra avec Omi. Cette dernière tombe enceinte et Murphy n’a d’autre choix que de prendre ses responsabilités, causant la fin de son idylle avec Electra. Bien après, alors que la mère d’Electra appelle Murphy pour savoir s’il n’a pas eu des nouvelles de sa fille, celui-ci se remémore la folle passion qu’ils ont partagée. Tourné et diffusé en 3D, Love a longtemps été décrié pour le caractère pornographique de son histoire d’amour principale et ses répétitions. Programmé en Séance de minuit, le film aura néanmoins marqué les festivaliers comme presque tous les films du réalisateur.

120 battements par minute de Robin Campillo (2017)

Quatre ans après son très bon Eastern Boys, Robin Campillo débarque sur la Croisette avec un film fort voire incontournable. Au début des années 1990, alors que l’épidémie du Sida se propage depuis une décennie, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions coup de poing pour mettre fin à l’indifférence du gouvernement et des médias. Nouvelle recrue, Nathan (Arnaud Valois) finit par succomber au charme de Sean (Nahuel Pérez Biscayart), séropositif fier de ses convictions. Leur histoire prend le dessus sur la trame sociale et permet d’illustrer le parcours souvent compliqué de ces couples ignorés par l’État. Présenté en sélection officielle, 120 battements par minute quitte Cannes avec le Grand prix du Jury, le Prix FIPRESCI, le Prix François-Chalais et la Queer Palm (obviously!) avant de rafler pas moins de six César. Rien que ça !

Carmen et Lola d’Arantxa Echevarría (2018)

Pour son second long métrage de fiction, la cinéaste espagnole nous embarque dans une communauté particulièrement repliée sur elle-même et conservatrice. Carmen et Lola raconte avec pudeur et poésie l’histoire d’amour compliquée de deux jeunes gitanes (Rosy Rodriguez et Zaira Morales), à l’heure où leurs deux familles envisagent leur mariage (hétérosexuel) respectif. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, le film est auréolé quelques mois plus tard de deux Goyas.

Matthias et Maxime de Xavier Dolan (2019)

De retour pour présenter son huitième long-métrage, Matthias et Maxime pourrait bien être le film de la consécration pour Xavier Dolan. On y suit l’amour naissant de deux hommes (Gabriel D’Almeida Freitas et Xavier Dolan) jusque-là jamais attirés par les hommes, alors qu’ils sont en plein tournage. Cette histoire, loin d’être du goût de tous, crée de véritables tensions. Présenté en sélection officielle, Matthias et Maxime concourt également pour la Queer Palm.

Cannes 2019: Il était une fois… Claude Lelouch, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant

Posté par vincy, le 18 mai 2019

En 1966, un jeune homme réalisait une romance à Deauville. Un homme et une femme obtient la Palme d’or en mai, puis les Oscars du meilleur film étranger et du meilleur scénario, trois Golden Globes (film étranger, réalisateur et actrice). Claude Lelouch ne recevra plus jamais une telle ovation. Les César le boude et il vient souvent à Cannes hors-compétition. Il y revient cette année d'ailleurs avec un film lié à sa Palme.

Le film a un retentissement considérable, qui lance enfin la carrière du cinéaste obstiné, après dix films qui ont terminé leur course par un échec, quand ils sont achevés ou sortis en salles. Un homme et une femme reste le plus succès du réalisateur (4,3 millions d’entrées en France).

Les chabadabadas de Nicole Croisille sur la musique de Francis Lai ont contribué à lui faire traverser le temps. Le film pose les bases du cinéma romanesque et romantique de Lelouch, qui a alors presque 30 ans, avec une caméra très mobile, des tourbillons qui encerclent la relation homme-femme, un amour absolu et libre, des dialogues ou monologues percutants.

Anouk Aimée est déjà une star. Elle tourne depuis 20 ans, à l’étranger et en France, pour André Cayatte, Henri Decoin, Julien Duvivier, Jacques Becker, Georges Franju, Jean-Pierre Mocky… Depuis quelques années, elle est au générique de grandes œuvres comme La dolce vita (autre Palme d’or) et Huit et demi de Federico Fellini, Lola de Jacques Demy, Le jugement dernier de Vittorio De Sica, Sodome et Gomorrhe de Robert Aldrich et Sergio Leone, Il successo de Dino Risi.

Jean-Louis Trintignant tourne depuis dix ans et brûle les planches, notamment avec Jean Vilar et Claude Régy depuis 16 ans. Roger Vadim le révèle en 1956 dans Et Dieu créa la femme, même s’il est éclipsé par l’explosion de Brigitte Bardot. Il recroise Vadim pour Les Liaisons dangereuses puis tourne avec Abel Gance, Georges Franju, Robert Hossein, Dino Risi (Le fanfaron), Alain Cavalier… Film après film, il devient l’une des vedettes du cinéma européen de l’époque, dans Mata Hari, Compartiments tueurs, Merveilleuse Angélique.

Deux acteurs qui auront un prix d'interprétation à Cannes

Jamais césarisée, Anouk Aimée a remporté le prix d’interprétation féminine en 1980 (Le saut dans le vide). Césarisé sur le tard, pour Amour, autre Palme d’or à l’actif de l’acteur, Jean-Louis Trintignant sera sacré en 1969 avec un prix d’interprétation masculine pour Z.

En 1986, il filme Un homme et une femme : vingt ans déjà. Les amants, qui se sont perdus de vus se retrouvent. Le film est présenté à Cannes mais fait un flop dans les salles avec 470000 spectateurs. Cinq ans plus tard, le duo fait une infidélité à Lelouch en jouant sur sc§ne Love Letters.

Il revient cette année, toujours hors-compétition pour la fin d’une trilogie improvisée. Les plus belles années d’une vie est une fois de plus l’histoire de Jean-Louis et Anne, 52 ans après leur coup de foudre. Cette fois-ci on croise Marianne Denicourt, Souad Amidou et Monica Bellucci. L’histoire, aussi belle soit-elle, aura donc une fin. Ce pourrait aussi être le dernier film d’Anouk Aimée (87 ans) et de Jean-Louis Trintignant (88 ans), qui avait décidé d’arrêter sa carrière.

Le film sort le 22 mai dans les salles.

Les Frères Sisters grand vainqueur des Prix Lumières 2019

Posté par vincy, le 5 février 2019

Les Frères Sisters de Jacques Audiard a remporté trois prix  lors de la 24e cérémonie des Lumières de la presse internationale, qui s’est déroulée lundi soir, 4 février 2019, à l’Institut du monde arabe à Paris. Le premier film en anglais du cinéaste, prix de la mise en scène à Venise et parmi les favoris aux César, est reparti avec les trophées du meilleur film, de la meilleure mise en scène, pour Jacques Audiard, et de la meilleure image, pour Benoît Debie.

Guy écrit, réalisé et interprété par Alex Lutz a été distingué par deux prix: meilleur acteur et meilleure musique pour Vincent Blanchard et Romain Greffe.

72 correspondants de la presse internationale ont aussi distingué Élodie Bouchez comme actrice pour Pupille, Ophélie Bau, comme révélation féminine dans Mektoub My Love, Félix Maritaud, comme révélation masculine pour Sauvage, et Pierre Salvadori, Benoît Graffin et Benjamin Charbit pour le scénario de En liberté !.

Les prix Lumières ont par ailleurs récompensé Samouni Road, de Stefano Savona (documentaire), Dilili à Paris de Michel Ocelot (animation), Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand (premier long métrage), et Girl, de Lukas Dhont (film des pays francophones).

Enfin, l’Académie des Lumières, a rendu hommage à l’actrice Jane Birkin et au film Un homme et une femme, en présence de Anouk Aimée et Claude Lelouch, pour leur contribution au rayonnement mondial du cinéma français.

Dernière note pour le compositeur oscarisé Francis Lai (1932-2018)

Posté par vincy, le 7 novembre 2018

« Chabadabada, Chabadabada, Chabadabada... ». On connaît tous cet air d'Un homme et un femme, Palme d'or signée Claude Lelouch en 1966. Francis Lai était le "musicien" du cinéaste, avec qui il a eu une relation quasi exclusive ces 25 dernières années. Il est mort à l'âge de 86 ans ce mercredi 7 novembre.

Ce niçois a écrit pour Edith Piaf, Dalida, Petula Clark, Serge Reggiani, Mireille Mathieu, Juliette Gréco et Yves Montand (la fameuse Bicyclette.

En 1970, il reçoit l'Oscar et le Golden Globe de la meilleure musique de film pour l'énorme succès Love Story d'Arthur Hiller.

Honoré pour l'ensemble de son œuvre à Venise, Prix d'honneur pour l'ensemble de sa carrière aux World Soundtrack Awards, les César ne l'ont paradoxalement jamais récompensé. Plusieurs fois nommé, jamais vainqueur.

Il a aussi écrit pour Elton John, Charles Aznavour, Johnny Hallyday (L'Aventure c'est l'aventure), et Patricia Kaas.

Francis Lai, grand mélodiste et prince de l'épure, savait écrire des chansons et des airs entêtants. Son amour du piano et de l'accordéon ne l'empêchait pas de maîtriser admirablement les envolées à cordes plus symphoniques ou les ambiances un peu pop. Dans les années 80, il avait séduit des cinéastes aussi différents que Claude Zidi (Les Ripoux), Bertrand Blier (Trop belle pour toi) et Nikita Mikhalkov (Les yeux noirs). Il a aussi  composé pour les films de Christian-Jaque, René Clément, David Hamilton, Dino Risi, Yves Boisset, ou encore Henri Verneuil.

Lelouch a de la suite dans les idées

Posté par vincy, le 16 octobre 2018

Claude Lelouch veut-il boucler sa boucle? Au Festival Lumière, le réalisateur a confirmé qu'il planchait sur une suite d'Itinéraire d’un enfant gâté, son troisième plus gros succès en France, sorti en 1988. Il reconstituerait le duo Jean-Paul Belmondo / Richard Anconina pour l'occasion. Le film était projeté à Lyon ce week-end.

Itinéraire d'un enfant gâté est l'histoire d'un ascension (Belmondo) et d'une transmission (à Anconina). Le film s'achève sur la "disparition" de Belmondo. Il est enterré par les siens, alors qu'il vit libéré, en pleine savane. Dans Le Parisien, le réalisateur affirme que le film s'intitulera Itinéraire de deux enfants gâtés. Lelouch explique que "C’est l’enthousiasme de Jean-Paul qui nous a donné envie de faire cette suite. Il veut faire un grand retour au cinéma."

On sait déjà que pour cette suite, "le jeune est devenu vieux et le vieux est devenu jeune". "Je vais faire le film d’un gamin, un film très optimiste qui donne envie aux gens d’apprécier le monde dans lequel ils vivent. C’est cette adolescence dans des corps fatigués qui va être passionnante à filmer" précise Claude Lelouch.

Il se tournerait en France, en Italie, en Espagne, et en Afrique. Atteint par un grave accident vasculaire cérébral il y a 17 ans, Belmondo n'a pas tourné de fiction depuis 2009 (Un homme et son chien). Il a un autre projet en cours, avec Fabien Oteniente à la réalisation.

Le réalisateur vient de terminer l'épilogue de sa trilogie Un homme et une femme (1966), Palme d'or et plus gros succès populaire de sa filmographie. Il en avait déjà fait une suite, Un homme et une femme: 20 ans déjà, en 1986, gros échec au box office. Il a réussit à recréer le duo Anouk Aimée / Jean-Louis Trintignant, alors que ce dernier avait assuré en avoir terminé avec le cinéma à cause de son cancer de la prostate.

Tourné en partie à Deauville, le scénario est secret. On imagine aisément une projection spéciale à Cannes, 52 ans après la Palme.

Les Œillades 2016: un week-end avec Jean-Louis Trintignant

Posté par cynthia, le 21 novembre 2016

Annonciateur de belles rencontres, le soleil a alimenté avec douceur ce weekend à Albi. Le festival des Œillades a accueilli, à une journée de faire sa révérence, une pléiade de vedettes dont une légende vivante du cinéma français, Jean-Louis Trintignant. Autant vous dire que la journée a été riche en émotions.

À l'heure du petit-déjeuner, nous avons eu le plaisir de rencontrer l'équipe de Il a déjà tes yeux de Lucien Jean-Baptiste, et même si nous n'avons pas été transportés par cette comédie, nous sommes forcés de constater que son réalisateur et son actrice sont adorables, drôles et qu'il fût terriblement plaisant d'échanger quelques mots avec eux.

La bonne humeur de Lucien Jean-Baptiste et Aïssa Maïga

Un jour Ryan Gosling a confié qu'il ne voudrait pas jouer dans un film qu'il réalise afin de se concentrer uniquement sur ses acteurs. Nous avons donc posé la question à Lucien Jean-Baptiste qui lui s'en est donné à cœur joie (ou presque). «C'est difficile de gérer les autres et soi-même, mais si j'ai un conseil à donner à Ryan Gosling, c'est de bien préparer son personnage au préalable et de s'entourer d'une équipe capable de se donner à 150% ...mais aussi de se reposer (rires) !» En interview, Aïssa Maïga et Lucien Jean-Baptiste sont aussi complices qu'à l'écran. D'ailleurs que l'actrice (prochainement sur France 2 dans une saga policière) a qualifié le tournage de «meilleur tournage de» sa vie. «Je rentrais chez moi, toute heureuse de ce tournage, c'était comme si j'étais dans une colonie de vacances!»

Après avoir communiqué leur enthousiasme et leur bonne humeur, le pas léger mais un peu stressé nous a mené à la conférence de presse de Jean-Louis Trintignant.

Trintignant, le sage conteur

Lorsqu'un monstre sacré comme Trintignant arrive à Albi, on ne peut que s'incliner et applaudir. C'est ce que toute l'assemblée a fait avant que l'acteur ne se mette à nous applaudir aussi. Modeste (un peu trop vu son talent), drôle, sage et lumineux, l'acteur de Un homme et une femme et de Z s'est livré avec passion à nous, à nos confrères et à quelques chanceux présents durant sa Masterclass que l'on n'oubliera pas.

L'acteur confie qu'il est devenu franc avec l'âge et, qu'à présent, il dit ce qu'il pense, ce qui permet un entretien magistral à graver dans la roche. Pour son film coup de cœur au festival francophone d'Albi , il a choisit Asphalte de Samuel Bencherit car pour lui "nous sommes sur terre pour essayer de construire quelque chose ensemble" et c'est ce que ce film semble montrer avec fougue et son casting 5 étoiles. Il ajoute qu'il avait le goût du drame auparavant mais que dorénavant, "il faut raconter les choses avec légèreté." "On ne va pas au cinéma pour voir les erreurs de la vie." Réalisateurs, réalisatrices, prenez notes!

Comme à Écran Noir on aime la poésie, on lui a parlé de l'une de ses passions, ce qui lui a donné l'envie de réciter un poème. C'est ainsi que de sa voix rauque, il illumina la salle d'Albi de quelques vers du poète du XIXe siècle, Jules Laforgue.

Trintignant, le monstre sacré

Nous lui avons demandé ce qu'était un bon acteur... Il a rit : "C'est quelqu'un qui a de la chance parce qu'il y en a beau coup qui pourrait être bien mais, on ne sait pas pourquoi, ils sont bien mais ça ne marche pas. Franchement le cinéma c'est un truc vraiment à part. On a une présence au cinéma ou pas. Il y a des très bons acteurs comme un vieux de mon âge, Robert Hirsch. Il a fait un ou deux films mais ça n'accroche pas alors qu'il est très bien au théâtre. Mais alors pourquoi ça n'accroche pas au cinéma ? Moi c'est un peu le contraire. Je crois que je suis meilleur au théâtre parce que je ne me suis jamais vu alors qu'au cinéma on se voit et pourtant je ne sais pas...ça marche bien au cinéma. Moi je préfère faire du théâtre."

Alors on lui pose la question: "dans les années 70, en haut de l'affiche il y avait vous, Delon et Belmondo, qu'est-ce qui vous différenciait de ces deux autres acteurs?" Et il répond humblement: "Enfin il y avait surtout eux, moi je n'ai jamais été une vedette. Mais pour répondre et bien je ne sais pas... tout d'abord j'étais assoiffé de notoriété. Pour être une vedette il faut se penser vedette, il faut penser que ce que l'on fait est supérieur aux autres moi je n'ai jamais pensé ça. Je trouvais Alain Delon plus beau que moi et je trouvais Belmondo meilleur comédien...maintenant...moins (rires)."<

Trintignant à Cannes l'an prochain

Malgré sa modestie, Jean-Louis Trintignant a eu des succès à la pelle. Il affectionne évidemment Un homme et une femme, qui célèbre ses 50 ans cette années: "Parce que ça a été le film français qui a fait le plus de recette dans le monde. Cela a été formidable surtout que c'est un petit film: au départ on était 5 en tous techniciens compris. Et puis il y a eu Ma nuit chez Maud et Le Conformiste".

Non l'acteur n'arrêtera pas malgré ce qu'il veut bien laisser croire. Il veut revenir sur les planches très bientôt et vient de terminer le nouveau film de Michael Haneke. "Je ne fais pas grand chose mais j'ai fait un autre film avec Haneke l'été dernier qui va sortir en octobre et qui va à Cannes au mois de mai je crois. Cela se passe à Calais, on a tout tourné à Calais et c'est l'hisoire d'une famille bourgeoise qui a construit le tunnel sous la manche. Cela se passe à Calais maintenant avec les migrants et le rapport avec cette famille bourgeoise c'est que leurs problèmes stupides de fric ou d'adultère sont en même temps que ceux des migrants qui tentent de survivre. Je joue le patriarche. C'est très beau mais peut-être que ça ne sera pas bien, je ne sais pas."

A jamais et Orpheline

Après cet entretien partagé, nous nous sommes dirigés vers les salles obscures pour le prochain film de Benoît Jacquot, À jamais. Le film, inspiré du roman de Don DeLillo, raconte la traversée schizophrène de son héroïne (Julia Roy, magistrale et un brin Natalie Portman dans Black Swan) qui tente de faire le deuil de l'homme de sa vie. Nous aurions pu être séduits (en particulier grâce à l'actrice) mais les scènes qui s'enchaînent et l'atmosphère pesante ont eu raison de notre dévotion. Dommage.

Nous avons enchaîné avec Orpheline d'Arnaud Des Paillières, un film dérangeant, déceva,t et à la limite du porno/pédophile qui file la nausée. Malgré le casting , on se sent vite mal à l'aise devant ces scènes de sexe crues et glauques qui jaillissent à tout va et sans aucune raison: on a envie de s'arracher les yeux devant les gros plans sur les fesses et les tétons de ces quatre actrices principales (oui, il les a mis à poil les quatre, comme quoi il fallait être réalisateur messieurs) et on a envie de se jeter sous un train devant une intrigue en puzzle qui se veut étonnante mais qui est incompréhensible.

La prostate de Trintignant

Dieu merci Trintignant et sa bonne humeur nous ont exorcisé de ces deux films. Venu présenté le film Z de Costa Gavras, ce grand monsieur s'est installé dans la salle au milieu de tous afin de revoir le film qu'il n'a pas vu depuis 1970. Puis il s'est prêté au jeu des questions-réponses, avec le public cette fois, avant de faire une pause: "je veux faire pipi, je reviens, permettez-moi".
Quelques photos et puis s'en va. La présence de Trintignant aura été l'événement de cette 20ème année du festival des Œillades. Un beau cadeau mutuel (le festival le mérite) dont nous avons pleinement profité. Nous n'oublierons pas et nous y penserons jusqu'à l'année prochaine.

Cabourg 2016 : un 30ème anniversaire forcément romantique

Posté par kristofy, le 31 mai 2016

Le Festival du film de Cabourg prépare la 30ème édition de ses Journées Romantiques, avec son rendez-vous sur la plage normande et dans les salles de cinéma du 8 au 12 juin. Un anniversaire qui sera l’occasion de revoir et de fêter les succès de deux grands films romantiques : les 50 ans de Un homme et une femme avec Claude Lelouch et les 15 ans de Le fabuleux destin d’Amélie Poulain avec son co-scénariste Guillaume Laurent, et d’autres invités surprises…

Les films qui seront en compétition pour un Swan d’or rassemblent deux films découverts à Cannes Diamond Island de Davy Chou et La danseuse de Stéphanie di Giusto, ainsi que A Serious Game de Pernilla August, Departure d’Andrew Steggall, Tanna de Bentley Dean et Martin Butler, Un otoño sin Berlin de Lara Izagirre et Ziannia Flower de Tom Shu-Yu Lin.

Le jury sera présidé par Emmanuelle Béart, entourée des actrices Loubna Abidar et Julia Roy, des comédiens Pierre Rochefort et JoeyStarr, des cinéastes Samuel Benchetrit et Céline Sciamma et de l’écrivain Éric Reinhardt; un autre jury jeunesse de lycéens sera guidé par Alice Isaaz (Elle) et Rod Paradot (César du meilleur espoir pour La tête haute). Une belle sélection de courts-métrages sera elle soumise au regard d’un jury court présidé par Pierre Schoeller, en compagnie de Frédérique Bel, Diane Rouxel, Karidja Touré, Marianna Basler, Michel Feller, et Jean-Baptiste Maunier.

Cabourg c'est aussi l'occasion de découvrir des films en avant-première, et ils seront nombreux : A Man Called Ove de Hannes Holm, Dans les forêts de Sibérie de Safy Nebbou, Deux nuit jusqu’au matin de Mikko Kuparinen, L’effet aquatique de Sólveig Anspach (qui était à Cannes), Florence Foster Jenkins de Stephen Frears, Gelo de Luis et Gonçalo Galvão Teles, La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach, La loi de la jungle d’Antonin Peretjako, Lee & Cindy C. de Stany Crets, Le secret des banquises de Marie Madinier, Les étoiles restantes de Loïc Paillard, Ma révolution de Ramzi ben Sliman, Sur quel pied danser de Paul Calori et Kostia Testut, Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer et Un jour mon prince viendra de Flavia Coste, et enfin le très attendu Love & Friendship de Whit Stillman, avec Kate Beckinsale.

Par ailleurs la ville de Cabourg, autant attachée au romantisme de son festival de cinéma qu’à l’écrivain Marcel Proust qui y a séjourné durant plusieurs années, va inaugurer un «Méridien de l’amour», un tracé symbolique avec 104 langues des États du monde pour déclarer son amour : une promenade qui sera inaugurée le 8 juin en compagnie de différents personnalités ayant déjà été juré lors de précédentes éditions : Ariane Ascaride, Catherine Corsini, Sam Karmann, Pascal Bonitzer, Virginie Ledoyen, Yann Samuell, Gilles Taurand, et Juliette Binoche présidente du jury 2015.

Les années précédentes les différents jurys ont mis en lumière des films tels que Somers Town de Shane Meadows, Air Doll de Kore-eda Hirokazu, La guerre est déclarée de Valérie Donzelli, Laurence Anyways de Xavier Dolan, Grand Central de Rebecca Zlotowski, Le Temps de l'aventure de Jérôme Bonnell, Pas son genre de Lucas Belvaux, Caprice d'Emmanuel Mouret… Et les talents les plus romantiques sont venus y recevoir un prix : Guillaume Canet, Patrick Bruel, Benoît Poelvoorde, Jean Dujardin, Jérémie Renier, Pierre Niney, Benoît Magimel, Vincent Rottiers, Raphaël Personnaz, Félix Moati, Kévin Azaïs; Marion Cotillard, Lætitia Casta, Émilie Dequenne, Marina Hands, Isabelle Carré, Léa Seydoux, Emmanuelle Devos, Anaïs Demoustier, Clémence Poésy, Anne Marivin, Leïla Bekhti, SoKo, Joséphine Japy, Catherine Deneuve et même Zhang Ziyi !

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30e Festival de Cabourg
Du 8 au 12 juin.
Renseignements sur le site de la manifestation

Films sous les étoiles : C’est dit, rec.

Posté par vincy, le 27 juin 2008

cap24-cdirect.jpgPour donner suite au "post" du 24 juin concernant le festival Films sous les étoiles, la directrice de programmation nous a répondu lors du tournage de l'émission "C Direct" (Cap 24 ; partie 1 et partie 2) qu'il avait été difficile d'avoir certains films pour diverses raisons : mauvaise copie, absence de sous-titrage, refus net d'un distributeur... Parfois, il n'existe qu'une copie, à Londres...  Le miracle est d'avoir eu Cars (c'est très rare que Disney diffuse un de ses films en festival) ou Un homme et une femme (une seule copie, qui explique la présence de Lelouch hier soir lors de l'ouverture).

Alors que tout le monde parle d'action culturelle, d'éducation par la culture, on sent bien que les "ayant-foi", ces organisateurs de Festivals, ont de plus en plus de difficultés à rassembler une programmation dans de bonnes conditions. A cela, il faut désormais ajouter une étape : la validation de la programmation par le CNC et la DRAC. N'y a-t-il pas trop de verrous?