Les films de Guillaume Dustan enfin projetés

Posté par vincy, le 19 avril 2019

Du 29 mai au 30 juin, c'est une figure singulière qui va ressurgir au cinéma. Les films de Guillaume Dustan seront en effet montrés à la galerie Treize, aux cinémas du Centre Pompidou et au cinéma Luminor Hôtel de Ville. Tous ensemble, les 13 films (sur 17) forment une boucle de 12 heures.

Une œuvre oubliée qui revient dans son intégralité pour une rétrospective. Malgré la notoriété de Dustan, ses films n'ont jamais été diffusés de son vivant.

Mort il y a 14 ans, l'écrivain, Prix de Flore il y a 20 ans, et éditeur, est connu pour son œuvre littéraire, entre autofiction, autobiographie et littérature expérimentale. Virginie Despentes l'avait écrit il y a six ans: "Tu appelais ton autofiction de la pornofiction et on ne peut pas dire que tu exagérais. Mais je ne te prenais pas particulièrement au sérieux, comme auteur. Tu faisais partie des bouffons de ma génération, c'est tout. Depuis quelques années, je relis tes livres. C'est une surprise. Alors comme ça, c'est toi, le meilleur d'entre nous ? Et de loin. Tu as encapsulé les 90's. Cette France de la fin du siècle dernier, le Paris de la nuit, l'état d'esprit, les objets, les habitudes – ça remonte d'entre tes pages. Tout y est."

On sait moins qu'il a aussi été l'auteur d'une importante vidéographie. 17 films, réalisés entre 2000 et 2004, dont on trouve la liste dans son dernier livre, Premier essai (Flammarion, 2004).

"Mes films sont tournés selon le dogme warholien en DV avec une très jolie caméra Sony qui fait une image très étrange, sans générique, en son direct, sans montage. C’est filmé-monté" expliquait-il.

Des films d’appartements, des films d’amour, des films d’entretiens et des films de voyages qui prolongent ses livres de la période "autobiopornographique", publiés chez Balland, loin de l'éclat germanopratin (P.O.L pour ses premiers ouvrages, Flammarion pour les deux derniers)."Faire les courses, penser la vie occidentale, baiser, marcher dans la rue, s’habiller, téléphoner, écrire, recopier le carnet intime de sa grand-mère, ou des entretiens, ou des paroles de house, coller des articles écrits pour la presse, des CVs, des programmes politiques... " sont autant de réalités captées par Dustan, autant d'intensités vitales qui forgent un projet artistico-politique pas forcément "mainstream", qu'on qualifierait aujourd'hui, un peu par facilité, de queer ou d'underground (même s'il n'était pas marginalisé).

Du cinéma brut, numérique, sans ses artifices. Un moment de vérité, souvent court. Personne n'a voulu de ces films, car personne, sans doute, n'imaginait que ce regard aurait un jour de la valeur, que son auteur serait un jour parmi les icônes d'une époque. Du Palais de Tokyo à Canal +, cette œuvre n'était apparemment pas montrable.Le peuple qui manque distribuait quelques unes de ces créations visuelles.

Un an après la publication d'une biographie, Dustan Superstar de Raffaël Enault, l''artiste est de nouveau dans la lumière. Et avec lui un monde enseveli qui n'est pas vraiment mort grâce à la persévérance de quelques témoins toujours debout. Voici donc le bloc manquant de cette œuvre protéiforme, tranche d'une époque et d'une univers qui méritent d'être (re)découverts.

Filmographie
- Pop Life, 2000
- Songs in the key of moi, 2000
- Nous (love no end), 2000
- Enjoy (Back to Ibiza), 2001
- Pietà, 2001
- Home + Sorbelli, 2001
- HCD, 2001
- Barbette Réaumur, 2000
- Un film perdu, sans titre, 2000
- Porno, 2000
- Toits moi crevé, 2001
- Nous 2, 2002
- Squat, 2002
- Poubelle, 2002
- Nietzsche, 2002
- Autre chose, 2002
- Ratés, 2003
- montre † lèvres, 2004

Chéries-Chéris et le Marais Film Festival dans les starting-blocks

Posté par vincy, le 4 novembre 2016

Les deux festivals de films LGBT parisiens vont s'enchaîner en novembre. Le 2e Marais Film Festival se déroulera au cinéma Luminor, du 8 au 15 novembre. Chéries-Chéris, 22e festival du film lesbien, gay, bi, trans +++ de Paris, se tiendra de son côté du 15 au 22 novembre et les projections auront lieu au MK2 Quai de Seine et au MK2 Beaubourg.

Le Marais Film Festival fera son ouverture avec le film allemand Center of My World (Die Mitte der Welt) de Jakob M. Erwa, qui sortira en Allemagne le 10 novembre.

Sinon le MFF a fait une partie de son marché au Festival du Film de Guadalajara mais aussi à la Berlinale. Les longs métrages sélectionnés sont En la gama de Claudio Marcone, prix du meilleur film hispanophone au Festival de Miami en 2015, La visita, histoire d'un transsexuel par le chilien Mauricio López Fernández (2015), Dyke Hard, délire suédois signé Bitte Andersson (2014), Nasty Baby de Sebastian Silva, Teddy Award à Berlin et diffusé au Champs-Elysées Film Festival en 2015, Departure de Andrew Steggall, primé à Cabourg et Dinard en 2015, Fronteras de l'espagnol Mikel Rueda, Teenage Kicks de l'australien Craig Boreham, Taekwondo des argentins Marco Berger et Martin Farina, Portrait of a Serial Monogamist des canadiens John Mitchell et Christina Zeidler (Canada, 2015), Esteros de Papu Curotto (Argentine, 2016) et Bare de l'américaine Natalia Leite, prix du jury à Las Vegas en 2015.

Le MFF ressortira aussi quelques films LGBT sortis cette année: Brooklyn village d'Ira Sachs, Grand prix à Deauville et déjà sorti en salles, le brésilien D'une famille à l'autre d'Anna Muylaert Moi, Olga de de Tomás Weinreb et Petr Kazda, prix de la mise en scène à Berlin et sélectionné à Berlin cette année , Les amants de Caracas du vénezuélien Lorenzo Vigas, Lion d'or l'an dernier (et sorti en mai en France) et Black Stone du sud-coréen Roh Gyeong-Tae, sélectionné à Rotterdam.

Par ailleurs, le festival 2016 rendra hommage au réalisateur culte Derek Jarman, en diffusant quatre de ses films en version restaurée inédite : Sebastiane, film gay culte co-réalisé avec Paul Humfress et Derek Jarman, dont on fête les 40 ans de sa sortie Jubilee, La Tempête et Last of England. Par ailleurs un focus mettra en lumière dédié l'âge d'or hollywoodien à travers 4 documentaires et la mini-série brésilienne The Nest sera diffusée en intégralité.

Enfin la clôture se fera avec Studio 54, Director's cut, de Mark Christopher, version allongée de 44 minutes du film culte des années 1999.

Pour Chéries-Chéris, l'ouverture sera sous le signe du King Cobra de Justin Kelly , biopic sur la star du porno Brent Corrigan, coproduit et interprété par James Franco. Un événement en soi. On se félicitera aussi d'une Masterclass avec Bruce LaBruce (et trois de ses films projetés). Une autre masterclass avec Olivier Ducastel et Jacques Martineau, accompagnée de Mala Noche de Gus Van Sant, aura lieu le 17 novembre.

La compétition rassemble le magnifique film L’Ornithologue de João Pedro Rodrigues, Prix de la mise en scène au dernier festival de Locarno, Jours de France de Jérôme Reybaud, You’ll Never Be Alone (Nunca vas a estar solo) du chilien Alex Anwandter, deux films autrichiens - Brothers of the Night (Brüder der Nacht) de Patric Chiha et Tomcat (Kater) de Hänld Klaus, Teddy Award à la Berlinale 2016 - Je te promets (Te prometo anarchia) du mexicain Julio Hernández Cordón, Closet Monster du canadien Stephen Dunn, Barash de l'israélien Michal Vinik, Arianna de l'italien Carlo Lavagna, Prix de la meilleure actrice aux Venice Days 2016, et Köpek du turc Esen Isik.

Lionel Soukaz, figure du cinéma homosexuel français, underground et militant, animera deux séances spéciales suivies de débats autour des films Habibi (1974) et Guy and co (2015).

On ajoute une thématique "Voguing", des séances spéciales de films érotiques et un panorama qui comprend Like Cattle Towards Glow, Where Horses Go to Die, You Can't Escape Lithuania, Tu m’as tellement manqué (Fair Haven), Les Démons meurent à l'aube, Sur les traces de ma mère, Au bord de la rivière (Drown River) et une flopée de docus dont Les Vies de Thérèse de Sébastien Lifshitz, Queer Palm du dernier Festival de Cannes.

Last but not least, champagne pour la clôture avec Absolutely Fabulous : le film. Hélas sans Eddy et Pasty, sans doute trop occupées avec Kate Moss.