Joan Fontaine (1917-2013), la grande rivale de sa soeur Olivia de Havilland

Posté par vincy, le 16 décembre 2013

joan fontaine"Je me suis mariée avant Olivia, j'ai remporté l'Oscar avant elle, et, si je meurs la première, elle sera sans aucun doute furieuse que je l'aie battue!", lança un jour Joan Fontaine à propos de sa soeur Olivia de Havilland. Et de fait, Joan Fontaine, née à Tokyo en 1917, s'est éteinte dimanche à l'âge de 96 ans, naturellement, en Californie du nord.

Olivia de Havilland est toujours vivante. Elle n'assistera vraisemblablement pas aux funérailles de sa cadette. Actrices rivales, elles sont brouillées depuis des décennies et ne se parlent plus depuis 1975. Leur relation pourrait être un film en soi. Les encyclopédistes retiendront qu'elles ont été les deux seules soeurs à avoir reçu un Oscar.

Joan Fontaine, gracieuse et fragile, beauté glacée comme les aimait Hitchcock et belle tragédienne dans les drames des plus grands cinéastes, n'avait pas l'ambition d'être actrice. Pourtant, quelle sacrée comédienne!

Fontaine débute modestement avant la seconde guerre mondiale, dans des drames et des romances sans éclat. Son premier "bon" film, date de 1937. Demoiselle en détresse met en vedette Fred Astaire, sous l'oeil de George Stevens. Mais elle alterne les genres - comédies, aventures, musicals - avec des séries B qui ne la distinguent pas de l'âpre concurrence durant cet âge d'or hollywoodien.

En 1939, elle obtient son premier grand rôle marquant dans Gunga Din, avec Cary Grant et Douglas Fairbanks Jr. Dans ce décor de guerre, ce film aventurier, signé une fois de plus George Stevens, fut le plus gros budget du studio de la RKO cette année là. Ce fut aussi le 2e plus gros succès au box office de l'année, derrière Autant en emporte le vent, qui révéla mondialement une certaine Olivia de Havilland.

La même année, elle entre dans le casting de la comédie culte The Women de George Cukor. Jusqu'à aujourd'hui, elle était la seule survivante du casting de stars. Mais c'est en 1940 que sa carrière bascule. Alfred Hitchcock l'engage pour être l'inquiète Madame de Winter dans Rebecca, sans aucun doute l'un de ses plus grands films. Elle donne la réplique à Laurence Olivier. Première nomination à l'Oscar pas volée tant son partenaire lui a fait la misère sur le tournage, non content que sa compagne Vivien Leigh n'ait pas obtenu le rôle. "Hitch" joua d'ailleurs malicieusement de cette haine sur le plateau pour créer l'atmosphère de tension qu'il souhaitait donner à son film.

Hitchcock, qui restera son réalisateur favori, lui offre un deuxième film sur un plateau d'argent (avec un verre de lait en bonus) : Soupçons, avec Cary Grant. Sommet du film à suspens (psychologique) comme savait les concocter le Maître, il la baigne de lumière dans ce jeu d'ombres qui la rendent presque folle. Elle décroche l'Oscar. Statuette d'autant plus historique qu'elle sera la seule interprète d'un film d'Hitchcock à être ainsi honorée pour un film du Maître. De cette soirée, Fontaine ne retient qu'une seule chose : la rage de sa soeur, également nommée cette année là. "Toute l'animosité que nous avions ressentie l'une envers l'autre quand nous étions enfants, tout est revenu dans des images kaléidoscopiques... J'ai cru qu'Olivia allait sauter par dessus la table et m'attraper par les cheveux", raconta-t-elle.

De là, Fontaine devient la tête d'affiche dans des films variés (historiques, légers, dramatiques, noirs) avec les plus grands : Tyrone Power, Charles Boyer (sa meilleure expérience avec un partenaire), Orson Welles (dans Jane Eyre), James Stewart, Burt Lancaster, Joseph Cotten...

En 1948, Max Ophüls la dirige dans Lettre d'une inconnue, avec Louis Jourdan. Son film préféré. D'autres grands réalisateurs la subliment comme Billy Wilder (La valse de l'empereur), Nicholas Ray (le magnifique Born to be Bad), Richard Thorpe (Ivanhoé, avec la jeune Elizabeth Taylor, l'un des plus gros hits de 1952).

Mais ses choix se font plus hasardeux, et les rôles moins audacieux. Elle qui pouvait tout jouer, y compris une comédienne alcoolique ou une femme frivole et capricieuse, voit son étoile décliner dans les années 50 avec des films moins intéressants. Elle commence à travailler pour la télévision. Il y a bien sûr quelques personnages qui maintiennent son statut de star sur le grand écran, comme celui d'Invraisemblable vérité, film noir de Fritz Lang. Joan Fontaine amorce cependant la dernière partie de sa filmographie assez rapidement avec des films inégaux comme Un certain sourire, Une île au soleil (avec le jeune Paul Newman), Tendre est la nuit... Son nom est toujours en grosses lettres sur les affiches, mais elle n'est plus le personnage central des films. Son dernier acte, Pacte avec le diable, en 1966, met fin à sa carrière sur le grand écran.

Elle tourne beaucoup pour le petit écran, fait quelques dîners spectacles, se lance dans des shows à Broadway, s'amuse avec ses avions - elle était pilote -, se détend au golf, s'oriente vers une retraite entre cuisine et décoration intérieure. Femme libre, Joan Fontaine continuera de répondre à ses fans jusqu'à la fin de ses jours. Mais pas à sa soeur. Irréconciliables.

Tandis qu'Olivia de Havilland vit recluse à Paris, Joan Fontaine s'imaginait mourir sur scène à l'âge de 105 ans en train de jouer Peter Pan. Deux tempéraments radicalement opposés qui auront gâché leurs vies.

Pourtant, les deux femmes n'avaient pas leur pareil pour jouer les saintes.

Lumière 2012, Jour 1. D’Ophüls à Renoir…

Posté par Morgane, le 17 octobre 2012

Pour cette première journée de festival, j'ai mêlé le noir et blanc de Max Ophüls aux couleurs de Jean Renoir.

À cette occasion, c'est Nicolas Saada, critique de cinéma mais aussi scénariste et réalisateur, qui présente Les Désemparés (The Reckless Moment, 1949) de Max Ophüls. Saada revient sur les nombreuses carrières du cinéaste qui, après avoir été acteur puis metteur en scène de théâtre, devient réalisateur, tout d'abord en Allemagne. Obtenant ensuite la nationalité française pour fuir le nazisme, il tourne en Italie et en Hollande mais s'exile finalement aux États-Unis où il tournera, entre autres, l'adaptation du roman de Stefan Sweig, Lettre d'une inconnue, avec James Mason, que l'on retrouve également dans Les Désemparés. Après cet exil "forcé", il revient alors en France où il tourne quatre de ses plus grands films : La Ronde, Le Plaisir, Madame de... et Lola Montès.

Les Désemparés, drame et mélodrame, représente, selon Nicolas Saada, "tout l'art d'Ophüls dans un film". Et en effet, Les Désemparés, c'est du grand art. Chaque plan est calculé, cadré au millimètre, donnant ainsi toute sa tension au film. Les décors (principalement la maison des Harper) jouent également un grand rôle tout comme le noir et blanc qui accentue le côté mélodramatique de ce film à mi-chemin entre "un film d'Hitchcock et une chronique de la vie quotidienne", toujours selon Nicolas Saada. Joan Bennett dégage une force incroyable en femme chef de famille qui doit tout mener de front... et plus encore. Quant à James Mason, il joue parfaitement le maître-chanteur au grand coeur.

Avec Jean Renoir et son Carrosse d'or (1954), énième version du Périchole, c'est un tout autre univers qui s'offre à nous. C'est dans les couleurs vives du Nouveau Monde que Renoir nous entraîne en plein XVIIIe siècle, dans les pas d'une troupe de théâtre italienne débarquée ici pour faire fortune. Mais leur arrivée est bien loin de ressembler à ce dont ils avaient rêvé.

Camilla (Anna Magnani), Colombine sur les planches, se retrouve très rapidement dans le coeur de trois hommes que tout oppose : son compagnon de voyage, le toréador star locale et le vice-roi en personne. L'ordre établi est bien vite ébranlé mais Jean Renoir préfère garder le ton de la comédie faisant de son film une sorte de vaudeville amoureux dans lequel le coeur de la belle reste à prendre.

Lumière 2012 : de Sica, Ophüls, Von Sydow, Schifrin et Dean Martin

Posté par Morgane, le 25 juin 2012

La quatrième édition du Festival Lumière se déroulera à Lyon du 15 au 21 octobre 2012.

36 salles de Lyon et du Grand Lyon seront les lieux de rassemblement, entre autres, de ce festival du cinéma retrouvé, selon les dires de son directeur Thierry Frémaux. Entrant ainsi dans sa quatrième année consécutive, on retrouvera les grandes lignes du festival avec des hommages (rétrospectives de Vittorio de Sica et Max Ophüls, hommages à Dean Martin, Max von Sydow et au compositeur argentin Lalo Schrifin, qui fête ses 80 ans cette année), la projection de nombreuses copies restaurées, des présentations de films et des masterclass durant lesquelles on pourra retrouver Agnès Varda, Lalo Schrifin, Max von Sydow, Michael Cimino, Christa Théret etc... Tous les noms des personnalités qui répondront présent ne sont bien évidemment pas encore connus à la date d'aujourd'hui.

Petite nouveauté par rapport aux années précédentes : trois villages seront dédiés au cinéma. Celui, central, qui se situe au coeur du jardin de l'Institut Lumière, un village de nuit qui tiendra ses quartiers à bord d'une péniche sur les berges du Rhône et, première cette année, un village de jour qui, lui, sera installé au coeur de l'Hôtel Dieu, actuellement en réhabilitation, en plein centre de Lyon.

Concernant le nom du Prix Lumière 2012, celui-ci n'est pas encore connu; ce devrait être le cas dans les semaines à venir. D'après Thierry Frémaux, ce ne serait pas Martin Scorsese comme pouvait le laisser penser la rumeur. Alors suspens, qui succèdera à Clint Eastwood, Milos Forman et Gérard Depardieu? À vos pronostics...

Les 100 plus beaux films du cinéma au Reflet Médicis

Posté par vincy, le 18 novembre 2008

citizenkane.jpgLe critique Claude-Jean Philippe a initié cette programmation insolite intitulée Les 100 plus beaux films du cinéma. Ainsi, cent personnalités du 7e Art - scénaristes, critiques, cinéastes, producteurs, ... - ont désigné leur Top 100.

Du 17 novembre 2008 au 6 juillet 2009, le cinéma parisien Le Reflet Médicis diffusera deux à trois de ces classiques en version originale.

Ouvrant avec Lola de Jacques Demy, le festival enchaînera evc Citizen Kane, La règle du jeu, Mulholland Drive, Les temps modernes, Les 400 coups, Parle avec elle, La mort aux trousses...

Parmi les cinéastes plusieurs fois cités, et donc projetés, on notera la présence de Federico Fellini, Kenji Mizogushi, Jean Renoir, Alfred Hitchcock, Vincente Minelli, Charlie Chaplin, Max Ophuls, Jean-Luc Godard, Jacques Tati, Howard Hawks et Francis Ford Coppola. L'absence de films venus d'Amérique latine, d'Afrique ou même de Chine, montre cependant que le patrimoine cinématographique se concentre autour de cinq grandes cinéphilies : Etats-Unis, Russie, Italie, France et Japon.

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Au Reflet Médicis
3-5, rue Champollion 75005 Paris

Tout le programme
Tarifs. Plein : 8 euros 90, réduit : 6 euros 80, scolaire : 4 euros 30, matinée : 5 euros 90 ; Tarif réduit pour étudiants, chômeurs, + de 60 ans et familles nombreuses, du lundi au vendredi jusqu’à 17h30, - de 18 ans et carte imagin’R, tous les jours.
Cartes Les Ecrans de Paris, UGC illimité et Le Pass acceptées.