Mon film de l’année: Moonlight, sublime drame queer

Posté par wyzman, le 28 décembre 2017

Sans surprise, le film qui m’a le plus marqué, touché et ému cette année est Moonlight de Barry Jenkins. Il y a un an, j’annonçais même fièrement que c’était le film que j’attendais le plus en 2017. Et je n’ai pas été déçu !

Pendant 110 minutes, Moonlight raconte l’évolution (voire carrément la transformation) de Chiron, un enfant noir issu des quartiers pauvres de Miami et persécuté par ses camarades en un homme muré dans le silence et rongé par ses démons. La raison de son mal-être ? Elle est double. Il y a tout d’abord cette mère qui est accro à la drogue et incapable de prendre soin de lui et cette orientation sexuelle qu’il n’arrive pas à définir mais qui fait naître en lui un désir certain pour Kevin, son meilleur ami d’enfance.

Auréolé de trois Oscars (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali), Moonlight est le film le plus récompensé de l’année dernière. Mais c’est également le résultat d’une incroyable success story. Celle qui voit se croiser deux scénaristes de talent, trentenaires, noirs et homosexuels, la société de production de Brad Pitt et le seul acteur de série dont le talent en fait le digne héritier de Denzel Washington.

Découpé en trois parties où la tension dramatique est à son paroxysme, Moonlight est porté par trois versions toutes magnifiques de Chiron. Alex R. Hibbert incarne un jeune Chiron curieux de savoir ce qu’est une « pédale », Ashton Sanders est un adolescent fasciné par les rapports sexuels qu’a son meilleur ami quand l’impressionnant Trevante Rhodes émeut en homosexuel baraqué mais refoulé. Véritable tour de force visuel, Moonlight et surtout la photographie de James Laxton parviennent à sublimer de manière identique trois acteurs bien différents et à rendre justice au charme des hommes noirs.

Plein d’empathie, le scénario donne une place importance aux silences et aux non-dits. A ces spectateurs impatients et trop pragmatiques qui ont fustigé l’absence de fin arrêtée, je leur réponds sans détour que c’est là que réside la force de Moonlight, dans le fait de laisser volontairement chacun décider de la suite du parcours de Chiron. Poétique et symbolique, Moonlight est le grand film que la communauté queer mérite... à moins que ce ne soit Call Me By Your Name ?

Les autres films marquants de l'année
Le film d'animationBigfoot Junior de Ben Stassen et Jérémie Degruson. Une petite pépite belge, faite avec amour et qui traite avec brio du rapport père-fils.
Le film français120 battements par minute. Véritable plongée au cœur des actions d’Act Up-Paris, le film de Robin Campilo a fait pleurer de rage la Croisette et la France. Certains y ont vu de cultiver la mémoire collective, d’autres une tentative ratée de faire un grand drame sur fond de débâcle politique.
Le blockbusterLes Derniers Jedi. Auteur de la future trilogie Star Wars (la quatrième donc), Rian Johnson a essayé de s’émanciper de la mythologie trop oppressante de George Lucas.
Le film surfaitLe Fidèle de Michaël R. Roskam. A force de voir en Adèle Exarchopoulos une grande star du box-office, on en oublierait presque l’essentiel : la nécessité d’avoir du talent pour livrer de grandes performances.
L'objet filmique non identifiéMy Little Pony de Jayson Thiessen. Ça galope partout et ça envoie des sorts mais ça ne décolle jamais vraiment !

3 raisons de ne pas aller voir My Little Pony

Posté par wyzman, le 19 octobre 2017

Habitués à voir ces petits poneys en boucle à la télévision, nous avons voulu savoir ce que donnait l'adaptation cinématographique des jouets My Little Pony. Et outre le fait de ne pas être partis avant la fin du film, ce fut sans doute notre plus grosse erreur.

1. Le scénario est aussi palpitant que celui d'Alice de l'autre côté du miroir. Pendant 99 minutes, le spectateur adulte est en effet contraint de voir le méchant roi Storm envahir Canterlot et s'en prendre à au royaume d'Equestria. En danger et voulant secourir les autres princesses du royaume, Twilight part à la recherche de la reine Novo. Cette dernière serait apparemment la seule à pouvoir aider Twilight et ses fidèles amis Spike, Rainbow Dash, Pinkie Pie, Rarity, Fluttersh et Starlight. Vous l'avez compris, dans My Little Pony - le film, il est question de quête, d'amitié et de courage. On a quand même vu plus inédit pour un film d'animation...

2. Le casting est parfait mais on n'en profite pas. Parce que vous irez sans doute voir My Little Pony avec vos enfants, frères, sœurs, cousins, cousines, neveux, nièce ou autre, vous opterez pour la VF et n'aurez donc pas le plaisir de profiter des voix originales de Zoe Saldana en capitaine pirate, Emily Blunt géniale en fausse méchante, Liev Schreiber en affreux vilain ou encore celle d'Uzo Aduba en reine autoritaire. Bref, un sacré gâchis - à moins que vous ne décidiez de lâcher vos proches pour le voir en VO et pouvoir apprécier ce divertissement loin d'être pédagogique mais franchement fun.

3. Sia est loin d'être au top de sa forme. Au cas où vous l'ignoriez, la chanteuse australienne Sia a d'ores et déjà interprété et/ou composé les bandes originales d'Annie, Transparent, Zootopie, Lion et plus récemment Wonder Woman. Mais pour My Little Pony, elle a eu droit à un poney à son effigie, qui est également une immense popstar dans le film mais dont le tube phare ("Rainbow") est une vraie catastrophe. Et cela, malgré ses quelques 11 millions de vues sur YouTube ! Parolière hors norme, Sia semble au plus bas ici, allant jusqu'à chanter un "I can see a rainbow / In your tears as they fall on down" auquel elle ne croit pas non plus...