Retour aux sources pour le Festival Cinélatino, Rencontres de Toulouse, qui a choisi de placer sa 25e édition sous le signe du duo "Cinéma et politique". "Lorsque nous avons commencé le festival de Toulouse et sa revue", explique Francis Saint-Didier, le président de l'ARCALT (Association des Rencontres Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse, qui organise Cinélatino), "nous pensions que le cinéma était le meilleur véhicule possible pour faire connaître les réalités politiques des États-nations de l’Amérique latine aux spectateurs français."
Aujourd'hui, la vision de l'ARCALT s'est élargie, avec notamment une volonté forte de défendre le cinéma en tant qu'élément de culture. Aussi les organisateurs du Festival ont-ils décidé de décliner le thème au-delà de la simple "lutte politique" pour l'élargir à quatre grands sujets : dictatures et violences d'état, migration, médias et pouvoir, mondialisation, qui reflètent la grande diversité du cinéma latino-américain.
Ainsi, les deux films d'ouverture s'inscrivent chacun à leur manière dans cette thématique : Enfance clandestine de l'Argentin Benjamin Avila montre la lutte armée contre la dictature à travers les yeux d'un enfant et La playa D.C. du Colombien Juan Andrés Arango suit le quotidien d'un jeune homme dont la famille a fui son village de la côte pacifique pour s'installer à Bogota, où ils sont rejetés. Les différentes sections (compétitions fiction et documentaire, panoramas et bien sûr la section thématique) proposent également des films marqués par cette empreinte du politique.
Sont notamment abordés l'opposition violente entre communisme et catholicisme dans l'Equateur de la fin des années 70 (En el nombre de la hija de Tania Hermida Palacios), le destin d'exilés haïtiens ayant fui la dictature de Jean-Claude Duvalier (Stones in the sun de Patricia Benoit), le combat du gouvernement d'Evo Morales pour offrir une société plus juste au peuples indigènes de Bolivie (Escrito en la tierra de Gabriela Fuentes et Florencia Mujica), l'extermination des indiens mapuches d'Argentine et le combat de leurs descendants pour sauvegarder et transmettre leur identité (La historia invisible de Claudio Remedi), la bipolarisation du Venezuela et de sa vie politique depuis l'avènement d'Hugo Chavez (Venezuela (sur)realista de Francisco Guaita), l'impact de la dictature sur la vie intime et personnelle d'un Paraguayen homosexuel (108, cuchillo de Palo de Renate Costa) ou encore le pouvoir des médias dans l'aliénation des individus et la consolidation d'un état de non droit (Tony Manero de Pablo Larrain).
On peut donc s'attendre à une édition forte et militante qui rappelle à juste titre le rôle décisif de l'art en général et du cinéma en particulier dans la contestation de l'ordre établi, la dénonciation des injustices et l'élaboration de nouvelles pistes de réflexion pour le monde. A Toulouse comme ailleurs, le changement n'est peut-être pas pour maintenant, mais s'il doit survenir, il passera sûrement par une salle obscure et un écran qui s'éclaire... Une raison de plus pour courir à Cinélatino et profiter de cette profusion de films sud-américains à déguster sans modération.
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Cinélatino, 25e Rencontres de Toulouse
Du 15 au 24 mars 2013
Renseignements et programme complet sur le site de la manifestation