Alejandro G. Iñárritu a été choisi comme président du jury pour le 72e Festival de Cannes, qui se déroulera du 14 au 25 mai prochains.
Le cinéaste mexicain est un habitué du festival. Il est venu sur la Croisette en 2000 avec son premier film, Amours Chiennes (Grand prix de la Semaine de la critique), puis Babel en 2006 (en compétition, Prix de la mise en scène), en 2007 avec un segment du collectif Chacun son cinéma produit pour le 60e anniversaire du festival et en 2010 avec Biutiful (en compétition, prix d'interprétation masculine). Inarritu a été oscarisé cinq fois. Avec Birdman (2014), il a reçu personnellement trois Oscars (scénario, réalisateur, film). The Revenant (2015) lui vaut de nouveau un Oscar du meilleur réalisateur. Et son court-métrage en réalité virtuelle, également présenté à Cannes en 2017, Carne y Arena a été consacré par un Oscar spécial. On peut ajouter à son palmarès deux nominations aux Oscars (film, réalisateur) pour Babel, deux Golden Globes du meilleur réalisateur, trois prix Bafta et un César (et quatre nominations au total). A cette filmographie flamboyante, il faut ajouter 21 grammes (2003), qui avait été présenté à Venise.
"Dès le début de ma carrière, le Festival de Cannes a été important pour moi. Je suis honoré d’y revenir cette année et immensément fier de présider le jury", a expliqué le cinéaste mexicain dans le communiqué, ajoutant: "Je suis honoré et ravi de revenir cette année avec l'immense honneur de présider le jury." Il ajoute également : "Le cinéma coule dans les veines de la planète et ce festival en est le cœur. Avec le jury, nous aurons le privilège d’être les premiers spectateurs des nouveaux films de nos collègues cinéastes venus du monde entier. C’est un véritable plaisir et une grande responsabilité, que nous assumerons avec passion et dévouement."
Premier cinéaste latino-américain président du jury
Pour Pierre Lescure, président du Festival, et Thierry Frémaux, directeur artistique, le cinéaste n'est pas seulement audacieux et surprenant, mais aussi un "homme de conviction, un artiste de son temps." "Il est très rare qu’Alejandro G. Iñárritu accepte de participer à un jury et c’est la première fois que le Jury du Festival de Cannes sera présidé par un artiste mexicain. Cannes est le lieu de tous les cinémas, et à travers la présence de l’auteur de Babel, c’est tout le cinéma mexicain que le Festival célébrera."
Car c'est aussi un cinéaste engagé. D'une part, il a toujours mis l'humain, souvent confronté à l'hostilité du monde ou de son monde, au centre de ses récits. D'autre part, à travers son formalisme, il a également poussé le cinéma dans ses retranchements, notamment en manipulant la narration et le découpage de ses récits ou en offrant un faux plan séquence unique pour Birdman.
Cannes s'ouvre ainsi au cinéma du "Sud", tout en s'offrant un cinéaste indépendant qui est intégré à la planète Hollywood (Birdman et The Revenant ont été soutenus par les studios. S'il n'a plus tourné au Mexique depuis Babel, il s'est intéressé aux drames de la planète à l'instar des tensions migratoires dans Carne y Arena. Mais surtout, Inarritu, pour l'instant, ne s'est jamais compromis avec Netflix.
Avec Alfonso Cuaron et Guillermo del Toro, ses amis, associés et compatriotes, désormais tous bardés d'Oscars et de prix dans les plus grands festivals, Inarritu symbolise un cinéma mexicain ouvert sur le monde, aventureux dans les genres et curieux des évolutions techniques du cinéma.
Si c'est la première fois qu'un artiste mexicain préside le jury cannois, c'est aussi, et seulement, la deuxième fois qu'un latino-américain accède à ce "poste" éphémère prestigieux, 49 ans après l'écrivain guatémaltèque Miguel Angel Asturias.