Sans lui, le cinéma ne sera plus le même. Ce n'est pas la rédaction d'Ecran Noir qui s'exprime, mais bien Barak Obama, président des Etats-Unis, au sujet de Roger Ebert, le premier critique de cinéma du monde qui ait reçu le prix Pulitzer (en 1975).
Pendant plus de 40 ans, Ebert a travaillé pour le Chicago Sun-Times, célébrant, comme le rappelle le journal, "l'excellence au cinéma, tout en dénonçant la piètre qualité, le manque d'originalité ou la médiocrité [de certains films] avec un regard aiguisé, un esprit vif et une profonde culture qui ont enchanté ses millions de lecteurs et spectateurs".
Il a également officié pour la télévision, où il animait notamment une émission de confrontation de points de vue avec son confrère Gene Siskel. Internet l'avait ensuite conquis. Il écrivait sur le site du Chicago Sun Times, avait créé son blog personnel et alimentait Twitter en messages nombreux et captivants.
Indéniablement, Roger Ebert aimait le cinéma (notamment le jeune cinéma américain des années 70). Mais, pas ingrat, le cinéma le lui rendait bien. Le réalisateur américain Martin Scorsese, qui travaille sur un film qui lui est consacré, a ainsi qualifié sa mort de "perte incalculable pour la culture du cinéma et la critique de film", rappelant qu'Ebert avait toujours été là "quand [il] en avait le plus besoin, quand cela comptait réellement - au tout début, lorsque chaque mot d'encouragement était précieux."
De son côté, Steven Spielberg a rendu un vibrant hommage au critique. "Roger adorait les films", a-t-il rappelé. "Ils étaient sa vie. Ses critiques allaient bien plus loin que deux pouces vers le haut ou deux pouces vers le bas. Il écrivait avec passion et une grande connaissance du cinéma et de son histoire."
Comme beaucoup de critiques, Roger Ebert avait pourtant expérimenté une autre facette du cinéma en écrivant pour le cinéaste controversé Russ Meyer. On lui doit par exemple le scénario de Beyond the Valley of the Dolls (La vallée des plaisirs).
Mais la critique lui collait à la peau. En 2012, il en avait écrit 300. Sa vivacité, son regard et son esprit manqueront cruellement. A ceux qui aimaient suivre ses coups de cœur comme à ceux qui trouvaient la consécration ultime dans une critique positive de sa part.