BIFFF 2017 : les serial-killers en vedette dans 3 films

Posté par kristofy, le 17 avril 2017

Strangled

Le BIFFF sans serial-killers ne serait certainement pas le BIFFF. L'expression popularisée aux Etats-Unis a changer la façon d'enquêter. On remplace le portrait-robot par un portrait-psychologique pour trouver un suspect. Au cinéma on s'intéresse le plus souvent au travail de détective pour l'arrêter, comme par exemple avec David Fincher (Seven ou Zodiac). Et en Europe ?

Voilà trois exemples de films où un tueur en série inspire des images éprouvantes :

Strangled
Le réalisateur Arpad Sopsits s'appuie sur une histoire vraie avec une reconstitution de la Hongrie des années 60. Au début du film une femme est assassinée, un homme est accusé et condamné à 25 ans de prison. Quelques années après une autre femme est violée et tuée, puis plus tard une autre, puis encore une autre... Toutes ces femmes sont originaires du même endroit. Elles rentraient seules à leur foyer le soir... La police a la pression pour trouver le coupable: ces meurtres sont aussi contrariants pour les représentants de la justice car cela remet en cause le procès de celui jugé 7 ans plus tôt qui, justement, demande la révision de son procès. A-t-on condamné un innocent sans vérifier tout les éléments, qui est le coupable ? Le film fait glisser progressivement l'intérêt du spectateur sur les victimes puis les policiers et l'auteur des crimes. Les femmes de l'usine à chaussures ont peur, quelques flics font des recoupements contre leur hiérarchie qui cherche à couvrir des erreurs ("il ne faut pas ébranler la foi des gens en la justice"), et le criminel apparaît comme un monsieur-tout-le-monde qui se croit insaisissable...

Cold Hell
Une femme chauffeur de taxi de nuit rentre chez elle crevée: pas de chance, par une fenêtre, elle aperçoit dans l'appartement d'en face une femme nue torturée en train de crever : elle a vue la silhouette d'un homme mais surtout elle sait que lui l'a clairement vue et que, en tant que témoin, elle est en danger de mort s'il la retrouve... Attention à ce réalisateur Stefan Ruzowitzky (Oscar du meilleur film étranger en 2008 pour Les Faussaires), son film se déroule dans l'Allemagne d'aujourd'hui avec une héroïne d'origine turque confrontée à un serial-killer motivé par un verset du coran : certains dialogues évoquent des rivalités sensibles. En plus d'un serial-killer violent, cette héroïne à une passion pour la boxe thaï (un univers d'hommes...), sa meilleure amie mariée multiplie des aventures avec d'autres hommes, le policier s'occupe de son vieux père presque grabataire, un bébé se retrouve sans famille... On découvre toute une galerie de personnages inhabituels dans le genre, mais le film nous gratifie de plusieurs scènes brutales dont une bagarre en voiture mémorable.

Therapy
Trois jeunes vont dans un bâtiment désaffecté pour y faire des tags, et ils n'en sont jamais revenus. Peu après, à côté, cinq personnes arrivent pour camper mais l'une d'entre eux disparait la nuit, les autres se retrouvent dans ce même bâtiment et ils disparaissent à leur tour... Les gendarmes ont trouvé les cartes-mémoire de leurs différentes caméras et découvrent tout ce qu'ils ont filmé : il y a un serial-killer masqué dans les parages... La majeure partie du film est constitué d'un montage de plusieurs enregistrements vidéo de ces personnes que l'on découvre. Ça vous rappelle le Projet Blair Witch ? C'est un peu ça, voici un film du genre found-footage qui est français ! Sa particularité est que son réalisateur Nathan Ambrosioni est très jeune. A 16 ans, il signe ainsi son deuxième long-métrage ! Il a tourné avec des proches, presque tous bénévoles, du matériel prêté et 2000 euros de frais divers. Alors oui c'est un peu bancal pour la forme du found-footage (de la musique effrayante a été rajoutée, une chronologie hasardeuse...) tout comme sur le fond (le déroulé de l'enquête des gendarmes et la façon de les filmer...) mais c'est excusable par rapport au contenu des images filmées par les disparus. Il y a tout de même une certaine tension qui s'installe avec tout ce que l'on voit. La hache comme le sang sont plutôt réaliste... Bel effort et prometteur.

La loi et l’ordre (Righteous Kill) : ça laisse froid…

Posté par geoffroy, le 6 octobre 2008

righteoustokill.jpgSynopsis: Après avoir passé trente ans ensemble dans la police de New York, les détectives Turk et Rooster sont prêts à tout, sauf à prendre leur retraite. Peu avant leur départ, plusieurs criminels ayant échappé à la justice sont assassinés selon un mode opératoire qui rappelle celui d'un serial-killer que les deux enquêteurs ont mis sous les verrous plusieurs années auparavant. Une insupportable question se pose alors : Turk et Rooster se seraient-ils trompés ?
L'officier Karen Corelli (Carla Gughino) s'interroge, et les détectives Perez (John Leguizamo) et Riley (Donnie Wahlberg) espèrent résoudre l'affaire avant Turk et Rooster. Très vite, le lieutenant Hingis (Brian Dennehy), leur chef, commence à craindre qu'un policier ne soit impliqué. C'est le début d'une enquête à hauts risques...

Notre avis: Douze ans après l’étourdissant polar urbain que fut Heat de Michael Mann, Jon Avnet signe les retrouvailles de Robert de Niro et Al Pacino dans La Loi et l’Ordre, improbable polar mou du genou et de la tête. Pour tout dire nous assistons, consternés, à un enlisement scénaristique digne d’un mauvais requiem de fin de carrière tant l’histoire est convenue, caricaturale et surtout dénuée d’intérêt. Le réalisateur ne nous épargne rien et passe complètement à côté de son formidable sujet, à savoir réunir sur la même affiche ces deux monstres sacrés. Au lieu de construire un polar tendu prenant en compte cette donnée indispensable, le scénario les ringardise outrageusement puis les enferme dans une intrigue absurde qui essaie sans une once d’intelligence de juxtaposer par effet d’opposition malhabile les carences d’une justice grippée et le recours, ainsi légitimé, de la loi du talion.

L’ensemble est si pauvre, si peu argumenté et tellement mal amené qu’il n’est pas surprenant de voir nos deux acteurs dérouler un jeu bien en deçà de leurs talents habituels. Pacino nous la joue sur du velours de supermarché en solde tandis que De Niro cabotine à qui mieux mieux en espérant épaissir la lamentable caractérisation de son personnage. Et pourtant, ils captent l’attention, bouffent chaque scène et sauvent ce qu’ils peuvent du naufrage. Le butin, bien maigre, s’accommode d’un scénario prévisible et ronflant qui pousse l’affront jusqu’au rebondissement final lui-même injustifiable, indigeste, grossier et, osons l’affirmer, inepte. La mise en scène ne rattrape aucune faiblesse et se trouve de toute façon incapable d’insuffler le moindre dynamisme à même d’explorer les psychologies en saillie.

Jon Avnet aurait dû revoir ses classiques. Il aurait compris qu’avec ce genre d’acteur il faut pouvoir créer des espaces de liberté, des lignes de fracture, des tonalités discordantes, des nervures dans le jeu afin d’autoriser l’éclosion d’interprétations en interaction. C’est ce que nous attendions, c’est ce que le public est en droit d’attendre. Le miracle n’a pas eu lieu, la saveur d’une rencontre mythique non plus. Après la désillusion des premières bobines, l’ennui pointera le bout de son nez lui-même remplacé, dès les lumières rallumées, par un sentiment violent de frustration nous faisant regretter le jour où De Niro accepta la proposition d’Avnet.