Posté par vincy, le 10 juillet 2008
Si le premier semestre s’est avéré très positif en termes de fréquentation pour le cinéma français, c’est bien la seconde partie de l’année qui pourrait doucher les enthousiasmes. Rappelons-nous l’an derniers les fiascos de l’automne, au premier rang duquel le film de jean-Jacques Annaud.
Car sur les dix plus gros budgets sortant en 2008 – soit des films ayant coûté plus de 18 millions d’euros chacun – seulement quatre sont déjà passés par les salles, et sont les mons chers : Les femmes de l’ombre (21,7 millions d’euros, 836 000 entrées)), Taken (19,4 millions d’euros, 1,01 million d’entrées), Disco (18,7 millions d‘euros, 2,43 millions d’entrées) et Seuls Two (18,4 millions d’euros, 507 000 entrées pour sa première semaine).
Les huit autres productions, toutes plus chères, vont connaître leur sort dans les prochains mois. C’est d’ailleurs la production la plus dispendieuse puisque Babylon AD (50,8 millions d’euros) ouvrira le bal le 20 août. Mr. Nobody (33 millions d’euros) ne devrait pas être sur les écrans avant 2009. Il est notable que les deux films les plus chers soient aussi ceux tournés en anglais, avec des têtes d’affiches étrangères. Pour Faubourg 36 (28 millions d’euros) et Agathe Cléry (22,3 millions d’euros), le succès en salles n’est pas crucial. La télévision peut jouer les pompiers en cas de résultats décevants. En revanche, en cas de flop monumental, Barratier et Chatilliez devront sans doute apprendre la modestie financière pour leur film suivant.
Le plus gros risque reste cependant du côté de chez Pathé. Leader des distributeurs grâce à un premier semestre exceptionnel (Les ch’tis, Astérix 3, Into the wild, les César de la Graine et le Mulet), la société récemment déménagée rue Lammenais va devoir rentabiliser 45 millions d’euros répartis dans le diptyque autour de la vie de Mesrine. L'instinct de mort scellera le destin du projet. Lors du dernier Marché du Film à Cannes, le film s’est très bien prévendu, partout dans le monde. Mais l’on sait qu’un coup fatal du box office pour le premier épisode ne permettrait pas au second de s’en sortir complètement vivant.
Avec 150 millions d’euros concentrés sur cinq films, le second semestre est celui de tous les dangers. Sans doute le salut viendra-t-il des productions d’envergure moyenne sur lesquelles, hélas, on mise de moins en moins.
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Posté par geoffroy, le 23 juin 2008
Synopsis: Gervais, policier à Paris, maladroit et entêté, est la risée de son commissariat. Depuis des années, il file sans relâche, un esthète de la cambriole, drôle et narquois, Curtis qui, chaque fois, lui échappe et le ridiculise. Un beau matin, après une course poursuite manquée, Gervais se réveille dans une capitale vidée de tous ses habitants. Tous ? Pas tout à fait. Un second individu fonce dans les rues désertes au volant d'une Formule 1 : Curtis ! Voilà nos deux héros seuls au monde, peut-être l'occasion d'enterrer la hache de guerre et de profiter de la situation...Mais ce serait sans compter sur la droiture de Gervais et surtout sur son obstination. Pour lui, la place de Curtis est en prison et rien ne saurait le faire dévier de sa mission...
Notre avis : C’est beau une ville déserte. Surtout quand il s’agit de Paris. A n’en pas douter, assister à la désertification "pure et simple" des Champs-Élysées en un seul plan est assez bluffant et, osons le dire, "fun". Soyons honnête également, c’est à peu près la seule bonne idée d’un film répétitif, plutôt lent et limite ennuyeux.
Tour de force que d’avoir réussi un tel pari, Seuls Two ressasse indéfiniment l’univers du duo comique sans pour autant y apporter une réelle plus value. Constance donc, statisme également. Car passé l’introduction développant la trame d’une histoire qui n’en a pas vraiment, nous nous hasardons dans un film « comico-fantastique-absurde » à la gloire d’Eric & Ramzy, écrit par Eric & Ramzy (comme La Tour Montparnasse infernale), réalisé par Eric & Ramzy pour Eric & Ramzy. Vrai bonne idée ou fumisterie à 18 millions d’euros ? Soyons honnête une deuxième fois. Le duo arrive, inégalement il est vrai, à pousser son concept un peu plus loin que d’habitude, sans doute libéré d’avoir eu les coudés franches pour leur première réalisation. Pas cons, ils développent en filigrane une parabole sur l’indissociabilité des duos comiques malheureusement perturbée par des sous-intrigues sans intérêts. Si la question de leur fonction (faire rire), leur interaction et leur existence n’est pas clairement abordée, nous en devinons les contours. La mise en situation des deux protagonistes échappe aux réalisateurs en herbes rapidement débordés par la vacuité d’un propos ressemblant pour beaucoup à une faute non provoquée. Pas fait exprès comme dirait l’autre.
Dommage car l’exploration de son propre univers est un formidable prétexte aux délires cinématographiques des plus fantasques. Proche d’un Tex Avery dans ce jeu sans fin du chat et la souris version live, les quelques bonnes idées (formule 1 sur les quais, Stade de France, scènes de l’autoroute) ne font pas le poids face à la pauvreté des situations, la nullité des dialogues et le manque de rigueur d’une mise en scène approximative (montage, rythme, cohérence narrative). Les velléités louables d’Eric & Ramzy sont annulées dans l’œuf, les deux compères n’osant pas aller jusqu’au bout de leur démarche. Très décevant, voire mauvais par instant. L’indulgent trouvera l’essai ambitieux mais bancal. Reste un Ramzy étonnant de justesse et une sincérité palpable de bout en bout. Bien insuffisant, hélas!
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