Les femmes dans le cinéma français: ça progresse…

Posté par vincy, le 25 février 2017

Le CNC a publié le jour des César une étude sur "la place des femmes dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel". En voyant le palmarès des César hier, on notera qu'il y a du mieux: le meilleur premier film, le prix ex-aequo du court métrage, la meilleure adaptation ont couronné quatre femmes - réalisatrices, qui ont d'ailleurs toute souligné leur appartenance à une France ouverte, diverse, fragile et minoritaire. Alice Diop (Vers la tendresse) a même rêvé tout haut de "faire tomber les murs". En tout cas le plafond de verre craque. C'est une bonne nouvelle.

Comme le souligne Frédérique Bredin, Présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), "Depuis près de 10 ans est apparu une nouvelle génération de réalisatrices d’une très grande créativité. Leur talent, leur audace, ont donné un souffle nouveau au cinéma français avec, aujourd’hui, des premiers films reconnus dans le monde entier, comme Mustang ou Divines."

La France, championne d'Europe

L'étude montre qu'il y a une présence plus forte de réalisatrices que dans d’autres pays européens. En effet, 22 % des films français sortis en salle entre 2011 et 2015 sont réalisés ou coréalisés par des femmes, contre 19 % des films allemands, 11 % des films britanniques, 10 % des films italiens et 11 % des films espagnols. En cinq ans, 282 films français sortis en salles en France sont réalisés par des femmes et au cours des cinq dernières années, la France enregistre à elle seule 45 % de l’ensemble des films nationaux réalisés par des femmes en Europe.

En 10 ans le nombre de réalisatrices a augmenté de 71 % avec 567 films produits au total. Mais, car il y a toujours un mais, si il y a progression, le cinéma français ne parvient pas à briser cette "frontière" invisible des 22% de films réalisés chaque année par des femmes depuis 2011.

2 femmes sur 5 dans la profession

Dans le même laps de temps, le nombre de femmes employées dans la production de films a progressé de 20 % contre 5 % pour les hommes. Aujourd'hui 43,7% des emplois dans la fiction sont féminins, tous métiers confondus. La bonne nouvelle est qu'elles sont jeunes (moins de 30 ans). On constate aussi qu'il y a des métiers très "genrés". Les femmes sont sur-représentées dans les scriptes, les costumes, les coiffeurs-maquilleurs, la comptabilité, le juridique et la communication. Elles sont inexistantes dans les postes de chauffeur, d'électricien, de machiniste, de rippeur et de mixeur.

Un sacré problème : l'écart salarial

Cependant tout n'est pas rose ou bleu. On constate malgré tout que les femmes ont des rémunérations généralement inférieures à celles des hommes. "Dans une très grande majorité des professions, les salaires horaires moyens des femmes apparaissent inférieurs à ceux des hommes notamment pour la réalisation (- 42%), la production (- 38 %). Pour quelques métiers, cet écart est cependant en faveur des femmes comme scripte (+9 %) ou cascadeuse car elles sont peu représentées (+ 4 %)" rappelle l'étude. On est stupéfait de voir qu'une actrice est payée en moyenne 9% de moins qu'un acteur.

Elles disposent aussi d'un budget moyen inférieur à celui des films réalisés par des hommes. "En 2015, le devis moyen d’un film d’une réalisatrice est de 3,50 M€, contre 4,70 M€ pour un homme. Sur la période 2006-2015, le budget moyen des films réalisés par des femmes est 1,6 fois moins élevé que celui réalisé par des hommes" précise le document, qui reconnaît que "cet écart a tendance à diminuer". De façon marginale, pourrait-on ajouter: l'écart est structurellement ancré dans les mœurs.

Un renouvellement salutaire

Le document livre pourtant un rappel salvateur: 17 films réalisés par des femmes, en dix ans, ont attiré plus d'un million de spectateurs. Preuve que le sexe n'a plus beaucoup d'importance pour gagner la confiance des financiers et des diffuseurs. Ainsi, toujours sur la période 2006-2015, la part des premiers films est plus importante parmi les films réalisés par des femmes (42 %) que parmi ceux réalisés par des hommes (32 %) et les troisièmes films ou plus réalisés par des femmes passent de 20 % en 2006 à 47 % en 2015, "confirmant la consolidation des carrières des réalisatrices après leur première percée."

Une nouvelle génération de producteurs/productrices a donc facilité l'émergence de réalisatrices respectées, récompensées, et même populaires. L'avenir semble plus féminin (sur les dix dernières promos de la Fémis, il y a la moitié des années où les étudiants étaient majoritairement des étudiantes). La part des femmes parmi les réalisateurs de courts métrages augmente pour la cinquième année consécutive pour atteindre 38%.

De quoi se dire que le cinéma français sera moins sexiste. A condition que l'égalité salariale soit aussi au rendez-vous.

Le cinéma français a tourné à plein régime au premier trimestre

Posté par vincy, le 8 mai 2015

Et si 2015 était l'année de la reprise? La fréquentation se maintient à un haut niveau au premier trimestre. Et les tournages repartent à la hausse selon la Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia (Ficam).

Après une production et des investissements en baisse en 2014 (lire le rapport annuel de la Ficam 2014), surtout pendant le premier semestre, avec 203 films et à peine 800M€, la tendance semble s'inverser.

61 tournages

L'an dernier, seuls 28 tournages avaient été enregistrés au premier trimestre. Cette année, on en dénombre 61! Un record depuis 8 ans. En nombre de semaines de tournages, la hausse est aussi très nette, passant de 153 semaines à 386,6 semaines, là encore un record en 8 ans.

Deux tiers de tournages en France

Cependant, la délocalisation a  aussi augmenté au 1er trimestre 2015:  36% (26% au 1er trimestre 2014) des tournages ont eu lieu à l'étranger. Les tournages en France représentent quand même 64% du total (contre 73,7% l'an dernier).

300M$ d'investissements

Côté budgets, les montants investis battent également des records, en frôlant les 300M€ d'investissements (contre 121M€ au premier trimestre 2014). Ainsi on a tourné 8 films à plus de 10M€, du jamais vu depuis 2008 (avec 9 gros tournages), 20 films entre 4 et 10M€ et 14 films entre 2 et 4M€ (deux records en 8 ans),  et 9 films à moins de 2M€.

Spectre: le 24e James Bond va coûter plus de 300M$

Posté par vincy, le 13 décembre 2014

teaser spectre 007 james bondLe piratage des serveurs de Sony révèle toute la cuisine d'un grand studio (lire notre actualité du 2 décembre). Du pire (les échanges politiquement incorrects des dirigeants) à l'utile (les salaires, les budgets). Dernier coup en date: le coût du 24e James Bond officiel, Spectre. 300-350 millions de $. Skyfall n'avait coûté "que" 210 millions de $. C'est, de loin, l'épisode le plus cher de l'histoire de la franchise, qui est actuellement en tournage. Rien que la séquence de Tanger au Maroc occupera dix jours de tournage en juin, après de longues semaines de préparation.

Rome: 60M$ à dépenser

La partie romaine, qui se tournera en février, est de loin le plus gros morceau du film. Un cinquième du budget sera dépenser en course-poursuites dans la ville éternelle : voiture, parachute, hélicoptère, hord bord... Une des grandes avenues romaines sera fermée au trafic durant plusieurs nuits. Certains monuments sont réquisitionnés comme le Ponte Sisto, la Place Navona, la Fontaine de Trevi et même le Vatican où il est prévu un accident de Fiat 500.

Conseils pour réduire le devis

Plus intéressant encore, les recommandations pour faire baisser les devis: tourner une scène en nocturne à Londres plutôt qu'à Rome, réduire le nombre de wagons pour une scène d'action dans un train, enlever la pluie prévue dans le final pour couper dans le budgets effets visuels, optimiser au maximum les crédits d'impôts au Mexique en filmant les aspects les plus modernes du pays. On voit bien à quel point le scénario et la mise en scène n'est plus la priorité quand il s'agit d'argent.

Les révélations nous apprennent alors que la productrice Barbara Broccoli a refusé la plupart de ces propositions.

La production de films français connaît sa pire année depuis 2010

Posté par vincy, le 15 novembre 2014

La tendance s'est confirmée. Avec 678 millions d'euros, les investissements dans les films français ont reculé de 22,7% sur les 9 premiers mois de l'année. Un trou d'air inquiétant. Le nombre de films a lui aussi chuté durant la même période: 177 ont été produits depuis janvier contre 193 l'an dernier, à la même époque. Il faut revenir à 2010 pour trouver un chiffre aussi bas. Le devis moyen est ainsi de 4,09 millions d'euros pour les films d'initiatives françaises, soit là aussi le niveau le plus bas depuis 2010.

Les chiffres du Centre national du cinéma et de l'image animé (CNC) publiés hier placent un gros nuages noirs dans un ciel pourtant très clair: la fréquentation en salles est en hausse (+11,4% de janvier à octobre, comparé à 2013) et la part de marché des films français a progressé nettement par rapport à 2013 (passant de 32,5% à 44,7%).

Trois causes ont été identifiées: le recul du chiffre d'affaires des chaînes de télévision (qui financent une grande part de la production), la baisse des moyens des partenaires étrangers et les choix plus exigeants et sélectifs des distributeurs en France.

Cette année, seuls deux films avec un devis supérieur à 15 M€ ont été initiés, contre 7 en 2013, 10 en 2012 et 5 en 2011. Mais la dépression du cinéma français touche tous les segments, à l'exception des films compris entre 10 et 15 M€ (11 contre 6 en 2013, 12 en 2012, 13 en 2011 et 11 en 2010) et ceux entre 2 et 4 M€ (40, un record). Ainsi les films du milieu (entre 4 et 10 M€) n'ont été que 25 a être initiés, soit 14 de moins que l'an dernier ou 27 de moins qu'en 2010! Les devis inférieurs à 2 M€ n'ont pas été plus à la fête: 53 depuis le début de l'année, soit 8 de moins que l'an dernier.

Pas étonnant alors que le devis médian accuse son plus bas niveau avec 2,57 millions d'euros (la moitié des films sont produits au dessus de ce chiffre). Depuis 2010, chaque année, le devis médian baisse avec constance.

Lucy, avec Scarlett Johansson, sera le plus gros budget de l’histoire d’Europacorp

Posté par vincy, le 29 juin 2013

Alors que Liam Neeson négocie actuellement un cachet à hauteur de 20 millions de $ pour reprendre du service avec Taken 3 (au budget faramineux de 65-70 millions de $), EuropaCorp a annoncé hier la mise en route du film le plus cher de l'histoire du studio français : Lucy, le prochain film réalisé par Luc Besson. Le film, dont le tournage débutera en septembre, met en vedette deux stars hollywoodiennes (autrement dit très très chèrement rémunérées), Scarlett Johansson et Morgan Freeman. Pas plus de précisions sur le montant du devis, mais on l'imagine assez près des 100 millions de $.

Lors de la présentation des (bons) résultats de la société, son directeur général Christophe Lambert, a précisé que le film serait un thriller d'anticipation "à très grand spectacle" avec un record d'effets spéciaux pour un film de Besson.

Europacorp se dirige ainsi de plus en plus vers une stratégie "hollywoodienne". Malavita, avec de Niro et Pfeiffer, est attendu cet automne. The Homesman, avec Tommy Lee Jones et Meryl Streep, espère être au Festival de Cannes l'an prochain. La société a également confirmé le tournage du Yves Saint Laurent de Bertrand Bonello, un temps menacé, malgré le refus de Pierre Bergé d'endosser ce projet (il a préféré celui de Jalil Lespert, plus consensuel et moins critique).

Le Prénom, champion de la rentabilité en 2012

Posté par vincy, le 22 février 2013

Comme chaque année, Le Film Français a calculé le ratio budget/entrées pour déterminer le taux de rentabilité des films. On en déduira que Bruel n'est pas forcément bankable malgré le carton du Prénom puisque Paris Manhattan est 57e de cette liste de 136 films. En revanche Omar Sy, Jean Dujardin, Jamel Debbouze et Fabrice Luchini méritent davantage leurs gros cachets que des Dany Boon, Gérard Depardieu, Mathilde Seigner, Gad Elmaleh, Yvan Attal et autres Audrey Tautou... D'autant que dans les 10 films les plus rentables de l'année, on compte deux films d'animation et deux films avec des inconnus en vedettes. Par ailleurs 7 films sur les 10 plus rentables ont coûté moins de 9 millions d'euros.

Le podium.

Champion toute catégorie, la pièce à succès transposée sur grand écran, Le prénom, en lice pour le César du meilleur film ce soir. Le film affiche un taux de 93,57% grâce à ses 3,34 millions de spectateurs pour un film qui a coûté 11 millions d'euros. Seuls deux autres films ont dépassé les 75% de rentabilité : De l'autre côté du périph' et Les kaïra.

Césarisables.

Parmi les césarisables pour le meilleur film, l'ordre est le suivant : Camille redouble (12e), Dans la maison (14e), De rouille et d'os (16e), Quelques heures de printemps (28e), Amour (37e, mais plus rentable grâce aux entrées à l'étranger), Les adieux à la reine (38e). Seul Holy Motors fait figure de vilain petit canard avec sa 46e place.

Animation.

Zarafa domine les films d'animation avec un taux de 52,3%. 9e film le plus rentable de l'année, il devance le troisième épisode de Kirikou, 10e. Ernest et Celestine est le seul autre film animé rentable (30e), surclassant largement Le jour des corneilles (47e) et surtout le fiasco de Patrice Leconte, Le magasin des suicides (77e). Il fait partie des 5 films ayant coûté plus de 10 millions d'euros à avoir une rentabilité de mois de 8%.

La comédie en forme.

Contrairement à ce qu'on entend depuis des mois, la comédie française ne se porte pas si mal. Ainsi Mince alors!, Les infidèles, La vérité si je mens 3 sont dans les 10 films les plus rentables de l'année. Sur la piste du Marsupilami (13e), Les seigneurs (15e), Les vacances de Ducobu, malgré des budgets supérieurs à 10 millions d'euros affichent une rentabilité supérieure à 30% et se classent parmi les 25 films les plus rentables. Parmi les budgets moyens, à ce niveau de rentabilité on retrouve Et si on vivait tous ensemble?, Les saveurs du palais, Du vent dans mes mollets, Le grand soir et Radiostars.

Petits films costauds.

Si on prend en compte les budgets inférieurs à 4 millions d'euros, on remarque quelques jolis succès financiers. Rengaine et Adieu Berthe sont ainsi 4e et 5e du classement. Le premier a coûté un demi million d'euros et a séduit plus de 109 000 spectateurs ; le Podalydès avec 702 000 entrées a couvert 63% de son budget avec les seules entrées. Ainsi dans les films ayant une rentabilité de 20% et plus, soit 40 longs métrages, 7 sont des très petits budgets.

Gros fiascos.

Chers ou pas assez populaires, Cendrillon au Far West, La traversée, Confession d'un enfant du siècle, Bye Bye Blondie, Dans la tourmente, Mauvaise fille, Do not Disturb, David et Madame Hansen, Trois mondes, Sport de filles, A coeur ouvert n'ont même pas rapporté 6% de leurs budgets. Dans une moindre mesure, Populaire, Astérix 4, Nous York, Bowling, Un plan parfait, Thérèse Desqueyroux, Comme un chef et L'oncle Charles ont beau voir dépensé de 10 à 61 millions d'euros pour leur production, ils n'ont même pas atteints les 25% de rentabilité. De même des cinéastes comme Costa-Gavras, Assayas, Arcady, Salles, ou encore Resnais n'ont pas satisfait les attentes des producteurs.

Seulement 17 films français rentables dans les salles en 2012

Posté par kristofy, le 8 janvier 2013

Le cinéma français est en ébullition depuis la tribune de Vincent Maraval, producteur et distributeur de la société Wild Bunch : il pointe du doigt e les acteurs payés trop chers et le financement des télévisions qui alimentent des films qui perdent de l’argent : "L'année du cinéma français est un désastre, tous les films français de 2012 dits importants se sont plantés, perdant des millions d'euros". Et les réactions de se suivent pour préciser qu’il ne faut pas tout mélanger, chaque clocher (acteurs, réalisateurs, producteurs, CNC…) défendant sa position (voir les différentes réactions ici). Pourtant Vincent Maraval n’a pas tort quand il dénonce que "les films sont trop chers", beaucoup sont produits avec un budget beaucoup trop élevé par rapport au nombre de spectateurs potentiels… Maintenant leur rentabilité ne dépend pas que des salles : ventes internationales, vidéo, diffusions TV, vidéo à la demande, éventuelles licences... les revenus sont multiples et se répartissent sur des années.

Trop de films?

Reste qu'en salles, la vérité est cruelle :  seuls 17 films français de l'année 2012 auraient été rentables (dont 3 documentaires) soit seulement 14% de la production cinématographique française des douze derniers mois. D’un point de vue strictement financier c’est une catastrophe, cependant il y a des nuances d’interprétation de ces chiffres qu’il convient de prendre en compte. Déjà la concurrence est rude avec des sorties hebdomadaires encombrées d’une quinzaine de nouveaux titres : si la France peut s’enorgueillir de faire bénéficier sa production nationale de 40% des entrées, le fait qu’il y ait trop de films en même temps sur les écrans est un réel problème. Ainsi, plus de la moitié des films ne peut pas trouver son public… A noter que le fait n’est pas nouveau : déjà en 2010 seuls trois films auraient amorti leur coût de production directement avec leurs entrées dans les salles françaises : Des hommes et des dieux, film d'auteur primé à Cannes, L’Arnacoeur, avec deux acteurs réputés "non bankables" pour les chaînes de télévision qui n'avaient du coup pas financer le film, et Mammuth avec Gérard Depardieu, qui avait d’ailleurs tourné pour un cachet minimal. Globalement ces 14% de films rentables se situent dans la moyenne des dernières années. Pas de quoi paniquer.

Du Fils de l'autre au Prénom

Cette année, le top 10 des films bénéficiaires rassemble Les Kaïra, champion toute catégorie (1,015 M d'entrées, 4,4 M d'euros de budget), Adieu Berthe ou l'enterrement de mémé (700 000 spectateurs), Le Prénom (3,3 millions), Kirikou et les hommes et les femmes (1,08 M d'entrées), Et si on vivait tous ensemble? (520 000 entrées), Camille redouble (876 000 entrées), Le fils de l'autre (251 000 spectateurs), Les infidèles (2,3 M d'entrées), Du vent dans mes mollets (614 000 spectateurs), Mince alors! (1,45 M d'entrées), selon un ratio budget/nombre d’entrées en France.

Il s’agît d’un indicateur important à partir duquel il est possible de faire des prospectives pour de futures opérations de marketing (date de sortie idéales et médias et public-cible à privilégier), et surtout pour favoriser le financement d’autres histoires à priori pas forcément ‘bankable’. Ainsi,, hormis Kirikou, aucun de ces films n'est sorti durant le dernier trimestre. Contrairement aux préjugés, 4 films sont sortis durant l'été. Côté histoires, on retrouve deux films à sketches (dont une suite, qui plus est animée), une adaptation théâtrale, une adaptation d'un programme court... et six scénarios originaux. Trois de ces films sont signés par des réalisatrices. Et sinon, on compte malgré tout une grande part de comédies (avec des nuances : romantiques, dramatiques, ...). Ce sont tous des films "du milieu", disposant de budgets corrects mais pas ostentatoires.

On peut ajouter trois documentaires à la liste : Bovines ou la vraie vie des vaches, La vierge, les coptes et moi et Les invisibles (118%).

La vérité si je mens 3, Cherchez Hortense, Le grand soir et L'amour dure trois ans ont quasiment équilibré les comptes lors de leur exploitation.

Des films ciblant plusieurs publics

La liste des films les plus rentables depuis 2002 est bien plus éloquente, le podium revient à Intouchables, Bienvenue chez les Ch'tis et Les Choristes. Ensuite, on trouve Être et avoir, Mariage chez les Bodin's, Brice de Nice, Des hommes et des dieux, Les 11 commandements, La Marche de l'empereur, Entre les murs, Nos enfants chéris, Je vous trouve très beau, Neuilly sa mère!, L’auberge espagnole, et La Guerre est déclarée. Il est même possible d’en déduire (ainsi que pour 2012) que la majorité des tranches d’âges de spectateurs se dirigent d’abord vers des films plutôt étrangers, et que les films français les plus rentables sont ceux qui savent attirer le plus les deux tranches extrêmes de la population : les enfants (moins de 18 ans, les classes scolaires) et les seniors…

Les marchés internationaux, nouvel eldorado ?

Il ne faut pas oublier que ce ratio budget/recettes en salles françaises est réducteur car il exclu injustement certains films français encore plus rentables : ceux exploités à l’international et qui ont du succès ailleurs dans le monde. En 2012, les productions françaises ont gagné 130 millions de spectateurs hors de nos frontières, proche du double de 2011 avec 74 millions de spectateurs dans d’autres pays. Ces bons chiffres sont emmenés par The Artist (13 millions de spectateurs à l'étranger), Intouchables (30 millions de spectateurs hors des frontières, le film en langue française le plus vu au monde), et surtout par Taken 2 (46 millions de spectateurs contre 38 millions de spectateurs étrangers pour le 1er Taken). La production française la plus vue au monde est donc une production de Luc Besson en langue anglaise et destinée dès l’origine au marché international : Taken 2 (dont une partie du tournage a eu lieu en France dans les studios de Bry-sur-Marne) disposait d'un budget élevé de 45 millions de dollars, mais a encaissé 365 millions de dollars de recettes.

Le scénario, talon d'Achille

A titre de comparaison le film Le Prénom, adaptation d'une pièce à succès, énième film  "théâtral" en huis-clos, avec Patrick Bruel , n'a coûté que 11,03 millions d’euros, soit environ le double du film Maniac tourné à Los Angeles avec Elijah Wood et destiné à être exploité à l’international (production française de La petite reine, Studio 37, Canal+…) dont le budget s'élève à 6,5 millions d’euros ! Entre 2011 et 2012 on observe une augmentation inquiétante des longs métrages au budget supérieur à 10 millions d’euros (+50%) tandis que le nombre de films dits "du milieu" avec des budgets entre 4 et 7 Millions d’euros diminue de 26% ! La part dédiée à l’écriture (droits d’adaptation, minimum garanti du scénariste, minimum garanti du réalisateur écrivant, consultants éventuels) tourne en moyenne à 3,3 % du budget du film, le plus souvent le minimum garanti du scénariste atteint que 1 % du budget, très très loin du salaire des acteurs !

Flop 10

Cela explique peut être quelques fiascos : le dessin animé Cendrillon au Far West (22 000 spectateurs, 11 millions d'euros de budget, La Traversée ( 64 000 spectateurs, avec Michaël Youn, Comme un homme (27 000 spectateurs) avec Charles Berling. Sans oublier des films à stars comme Confession d'un enfant du siècle avec Charlotte Gainsbourg, Dans la tourmente et Do Not Disturb, tous deux avec Yvan Attal, L'Homme qui rit avec Gérard Depardieu, Mais qui a re-tué Pamela Rose ? avec Kad Merad, Bye Bye Blondie, avec Emmanuelle Béart, La mer à boire et Le guetteur, tous deux avec Daniel Auteuil, ou encore David et Madame Hansen avec Isabelle Adjani.

Pour conclure avec les mots de Vincent Maraval "les films sont trop chers" : en fait ce sont les producteurs qui gonflent les devis à la hausse alors que bien évidement le nombre de spectateurs n’augmente pas, au contraire ils se divisent face au trop grand nombre de nouveautés chaque semaine. Le défi est peut-être de produire avec mois d’argent des films, mieux écrit et visant moins les Festivals que les spectateurs, tout en conservant un style cinématographique singulier, loin du moule imposé par les chaînes de télévision. Rude équation.

Le gouvernement espagnol assassine son industrie cinématographique

Posté par vincy, le 4 octobre 2012

Le Festival de San Sebastian vient de s'achever. Les prix décernés à des films espagnols sont malheureusement l'arbre qui cache une forêt dévastée. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy continue de couper sauvagement dans un secteur culturel qu'il considère comme hostile à son parti.

Le secteur cinématographique n'est pas épargné alors que la fréquentation des salles de cinéma est en forte baisse. A la même époque, on comptait 4 films au dessus des 20 millions de $ au box office, 5 en 2010, 3 en 2011. Ils ne sont que 2 en 2012 : Intouchables (voir actualité du 10 septembre) et The Avengers. Pire, le plus gros succès espagnol est Tengo ganas de ti avec seulement 15,4 millions de $ (1,5 millions de spectateurs), deux fois moins que Torrente 4 (2,6 millions d'entrées) l'an dernier ou Agora en 2009 (3,5 millions d'entrées).

L’ICAA (Instituto de la Cinematografia y las Artes Audiovisuales) va perdre 30 % de sa dotation en 2013. Elle s’élevait en 2012 à 68,86 millions d'€. Le Fonds National de la Cinématographie, de son côté, passera de 49 M€ à 30 l’an prochain. L'Etat se désengage aussi des musées et des centres culturels espagnols à l'étranger.

Le secteur culturel contribue pourtant à 4% du PIB espagnol et fait vivre 600 000 personnes.

Ce carnage budgétaire annonce de mauvais jours pour l'une des productions cinématographiques européennes les plus vivantes. Et ce n'est pas la hausse de la TVA le 1er septembre dernier qui va l'aider. Malgré les groupes de pression et la mobilisation des artistes (La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle), la culture a perdu la bataille.

La TVA sur les produits culturels est passée de 7 à 21%, soit la taxe la plus élevée d'Europe pour le secteur. Autant dire que les salles se vident (-32% depuis 2004!) et le piratage explose. On s'attend à une chute de la fréquentation de plus de 28% d'ici la fin de l'année : une apocalypse. Une salle sur cinq pourrait fermer. 2 000 emplois sont en péril selon une étude du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Ainsi le propriétaire de la chaîne de cinémas Renoir, Enrique Gonzalez Macho, également président de l'Académie du cinéma espagnol, vient de baisser le rideau dans plusieurs villes comme Bilbao, Saragosse ou Barcelone. Il possédait 250 salles. Il ne lui en reste plus que 60.

Le gouvernement ne veut rien savoir et fait la sourde oreille. Pour lui, le cinéma n'est pas un produit culturel mais un divertissement. Ainsi les spectacles (théâtre, cinéma, concerts, opéra) voient leur TVA bondir tandis que les musées, bibliothèques et galeries d'art ont réussit à contenir la hausse de la TVA (de 8 à 10%). Le secrétaire d'Etat à la culture paraît fataliste et semble impuissant. Le gouvernement a bien prévu de favoriser le mécénat et les exonérations fiscales en guise de compensation mais aucune de ces aides n'a été votée.

Revanche politique sur la défaite en 2004 du parti actuellement au pouvoir comme l'estime la profession? Il y a 8 ans, les professionnels avaient en effet mis tout leur poids médiatique dans la balance pour s'opposer à l'engagement du pays dans la guerre en Irak. La gauche était passée.

Les conséquences de cette politique de la terre brûlée sont simples : moins de films espagnols produits (environ 200 par an), moins de salles de cinémas, moins de spectateurs. La part de marché des films étrangers va exploser. Les cinéastes espagnols les plus connus iront tourner à l'étranger. L'Espagne tire un trait sur l'exportation de sa culture, instrument diplomatique et économique essentiel pour le monde hispanophone dans un contexte où le Japon, la Corée du sud, la Chine ont décidé d'en faire leur vitrine.

En pleine incertitude sur ses futurs moyens, l'industrie cinématographique a déjà anticipé l'onde de choc. La production de films a baissé de 40% au premier semestre 2012! C'est la pire crise depuis l'arrivée de la démocratie dans le pays dans les années 70.

A cela il faut ajouter la faillite des studios de la Ciudad de la Luz à Valence. Créés il y a 5 ans (avec le tournage d'Astérix aux Jeux Olympiques), ils n'ont pas pu rivaliser avec les innombrables studios qui sortent de terre chaque année et les coûts de productions en Europe centrale ou au Maroc. Valence n'a même plus de festival de cinéma (voir également La crise touche les festivals de cinéma en Espagne, excepté San Sebastian).

Un gâchis global et gigantesque pour l'un des cinémas les plus passionnants et les plus diversifiés dans le monde. En 2011, déjà, pour la première fois depuis 1995, le cap des 100 millions d'entrées n'avait pas été franchis. L'âge d'or serait-il à son crépuscule?

L’Etat prend 150 millions d’euros au CNC

Posté par vincy, le 28 septembre 2012

Dans le projet de loi de Finances 2013, le gouvernement a décidé un prélèvement exceptionnel de 150 millions d'euros sur le fond de roulement du Centre National du Cinéma et de l'Image Animée (CNC). Le CNC n'est pas le seul à subir la volonté gouvernementale à améliorer ses comptes publics. Le budget de l'Hadopi et de France Télévisions devraient être fortement réduit. L'INA perdrait 0,5% de son financement et Arte France 0,3%.  Plus globalement, le budget de la mission Culture est en baisse de 4,3% .

Ce prélèvement exceptionnel a été décidé au titre de la "participation des opérateurs de l'Etat à l'effort de redressement des comptes publics" sans remettre "en cause la capacité de soutien du CNC au secteur cinématographique".

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G.I. Joe : Conspiration, un report de 9 mois pour éviter un fiasco financier

Posté par vincy, le 31 mai 2012

On ne peut pas dire que c'était le film le plus attendu de l'été. G.I. Joe : Retaliation (G.I. Joe : Conspiration) devait sortir dans le tunnel embouteillé du week-end férié de l'Independance Day, le 29 juin.

En plein Festival de Cannes, la Paramount a annoncé que le film ne sortirait finalement que le 29 mars 2013 aux USA. 9 mois de retard! Pour la concurrence, c'est du pain béni. Le 29 juin, deux comédies, une comédie dramatique et un drame devaient rivaliser avec ce blockbuster d'action. Et dans cette catégorie, seuls deux films sont désormais en mesure de séduire les ados avides de testostérone, d'effets spéciaux et de combats : Prometheus (8 juin) et Abraham Lincoln : Vampire Hunter (22 juin). Si bien que The Amazing Spider-Man, prévu le 6 juillet, pourrait cartonner au delà des espérances de Sony si le public est à ce point sevré en "action-hero".

Mais pourquoi un tel report? A une époque où les dates de sortie sont "réservées" deux à trois ans à l'avance - c'est un peu comme un bébé à naître, sitôt connu la grossesse, on réserve la place en crèche - on pourrait même se satisfaire de voir qu'un film peut se libérer de cette pression calendaire.

Mais la prise de risque semble trop importante pour le studio. Le premier épisode avait été tout juste rentable avec un budget astronomique (175 millions de $ hors marketing) à peine compensé par ses 300 millions de $ de recettes dans le monde. Les critiques ont été exécrables. Et pourtant une suite a été lancée, certes moins coûteuse (125 millions de $).

Officiellement, le studio explique que la production a besoin de plus de temps pour convertir le film en 3D. Car finalement, le film sera proposé en 3D afin de gonfler les recettes. Mais Hollywood doute de  cette simple version des faits. On ne décale pas un film de cette ampleur, avec Bruce Willis, Dwayne Johnson et Channing Tatum, quand on a investit si lourdement dans une campagne marketing dès le Super-Bowl en février. Toutes les affiches étaient prêtes.

Certains avancent que le Spider-Man de Sony l'aurait tué dès son 2e week-end et qu'il était risqué de tout miser sur les premiers jours d'exploitation.

Paramount a donc décidé de transformer G.I. Joe 2 en film 3D, mais aussi de miser en priorité sur le marché international et, surtout, de donner davantage de présence à l'écran à Channing Tatum, plus bankable que les autres comédiens après les succès de Je te promets et 21 Jump Street. A l'origine, son personnage devait mourir dans la suite de G.I. Joe. Il pourrait finalement survivre. De nouvelles scènes sont en tournage.

Troisième blockbuster à être reporté

G.I. Joe : Conspiration n'est pas le seul film à être touché par ce genre de décisions. C'est le troisième report pour un blockbuster de Paramount. World War Z avec Brad Pitt, condamné à retourner de nombreuses scènes, a été décalé de décembre 2012 à juin 2013, et Hansel et Gretel, qui devait sortir en mars, sera finalement en salles en janvier prochain, voulant profiter de la notoriété croissante de sa star, Jeremy Renner (Avengers et le prochain film de la franchise Jason Bourne).

Le résultat de ce décalage va cependant toucher le studio de plein fouet. La Paramount est actuellement la plus petite "major" avec à peine 8% de parts de marché. Son plus gros succès cette année est la re-sortie de Titanic en 3D. The Dictator a été un flop. Et hormis Madagascar 3, il n'a plus aucune grosse sortie prévue cet été. Avant la fin de l'année, il ne pourra compter que sur un autre film d'animation de DreamWorks, un thriller avec Tom Cruise, le nouveau film de Zemeckis et le 4e Paranormal Activity pour se refaire une santé. Paramount en crise? Baisse des budgets, diminution notable du nombre de films produits : le studio apparaît de plus en plus comme fragile. Malgré Transformers, Star Trek et Mission Impossible, la major compte peu de franchises à gros potentiel. Aussi G.I. Joe est vu comme un enjeu stratégique à long terme. Si le deuxième épisode séduit plus largement que le premier, le pari sera gagné.

Cependant l'inquiétude plane sur Hollywood et n'incite pas à l'optimisme. Quand Avengers (dont Paramount touche 8% des recettes) et Hunger Games atteignent des scores stratosphériques, La colère des Titans (301 millions de $ dans le monde), John Carter (282 millions de $), Battleship (281 millions de $), Dark Shadows (172 millions de $) et Ghost Rider 2 (133 millions de $) sont loin d'avoir couverts leurs dépenses. Dans certains cas, ce sont même de lourds fiascos financiers. Ils ont respectivement coûté 150 millions de $, 250 millions de $, 210 millions de $, 150 millions de $ et 60 millions de $ (hors frais marketing et promotionnels). Pas de quoi imaginer des suites quand on perd de l'argent. A cela s'ajoute l'incertitude de Men In Black III, film plus cher que prévu initialement et dont une grosse partie des recettes est ponctionnée par les pourcentages alloués à ses deux stars.

Un four de G.I. Joe : Conspiration entraînerait plusieurs conséquences financières pour le studio, et notamment la perte ou la diminution nette des bonus touchés par les cadres dirigeants. Le décalage de G.I. Joe est aussi une affaire de gros sous. En évitant les pertes éventuelles liées à cette sortie en 2012, Paramount va pouvoir afficher des résultats financiers plutôt bons pour l'exercice fiscal en cours. En revanche, le studio devra se blinder davantage pour 2013. Outre G.I. Joe 2, Hansel et Gretel, World War Z et la suite de Star Trek, Paramount a trois dessins animés DreamWorks et un reboot des tortues Ninja en stock pour l'année prochaine.

Paramount a peut-être médité cette phrase du P-DG de Walt Disney, Robert Iger, après l'échec de John Carter, qui avouait le manque de consistance de nombreux blockbusters de son studio.