Le patron du CNC veut revoir les aides, la chronologie des médias et investir dans l’écriture

Posté par vincy, le 31 janvier 2020

Dominique Boutonnat, le nouveau président du CNC a accordé un entretien au journal Le Monde, en dévoilant quelques axes de sa politique. Sa nomination l'été dernier avait été accompagnée de grincements de dents, suite au rapport qu'il avait rendu deux mois avant sur le financement de la production et de la distribution pour les œuvres audiovisuelles.

Une refonte des aides

Il rappelle que l'enjeu de ce rapport était "de trouver de nouveaux moyens de renforcer notre secteur, fragilisé par la baisse des autres financements, et non de remplacer les fonds publics". Aussi, il lancera en février, "pour une durée de six mois, une révision générale de l’ensemble des dispositifs d’aides et de soutien", conscient que certains sont obsolètes et d'autres inexistants pour répondre aux besoins actuels: "il faudra peut-être en supprimer, en fusionner et en créer."

Recréer le lien avec le public de moins de 35 ans

Avec une exportation fragile, des jeunes qui se détournent de la salle et encore plus des films français, des nouveaux paramètres à intégrer comme l'égalité homme-femme et l'environnement, et le surgissement des plateformes telles Netflix, Disney + ou Amazon Prime, tout le monde comprend que le cinéma est en période de mutation, malgré une fréquentation toujours au dessus des 200 millions d'entrées annuelles. La diminution de la part des jeunes dans le public en salles est un enjeu stratégique. En se détournant des œuvres culturelles françaises, la jeunesse se coupe d'un pan de sa propre culture. Aussi le président de l'institution veut en faire "un enjeu culturel majeur." "Nous allons travailler avec des groupes d’experts (sociologues, philosophes, chercheurs en sciences sociales) pour comprendre comment l’image a une influence sur le développement d’une culture commune. Cela fera partie des objectifs de la revue générale des aides du CNC" annonce-t-il.

Revoir la chronologie des médias

Ainsi sur Netflix, Dominique Boutonnat explique qu'il faut trouver un compromis: Netflix "demande à ce que ses films soient diffusés sur sa plate-forme plus tôt dans la chronologie des médias, avant les dix-sept mois actuellement prévus. Il faut une discussion pour les rapprocher de Canal+ et d’OCS. On ne peut pas travailler sur un projet de loi de cette envergure sans rouvrir le sujet. L’idée, cette fois, est d’aller assez vite. Si l’on s’y prend bien, tout le monde devrait y gagner." A discuter pendant les débats sur la Loi de l'audiovisuelle, promise pour ce printemps, où il faudra bien donner quelque chose en échange de l'exigence voulue par le ministre, celle que les plateformes devront investir un quart de leur chiffre d'affaires dans la production.

Pour lui, les liaisons entre le grand et le petit écran doivent évoluer: publicité de films à la télévision, abandon des jours interdits... "Les jours interdits n’ont plus de sens aujourd’hui. On peut voir des films partout, quand on veut. Même les salles ne sont plus hostiles à ce principe" affirme-t-il.

Réinvestir dans l'écriture et donner de l'oxygène aux producteurs

Côté production comme diffusion, il est partisan là aussi d'une évolution. "A l’heure où la demande explose grâce aux plateformes, je ne peux pas dire qu’il y a trop d’œuvres de cinéma. Ce que l’on voit, c’est que le budget moyen des films a diminué. Certains films ne sont pas assez travaillés, pas assez préparés, notamment le scénario, par manque de temps ou d’argent. (...) Nous allons mieux soutenir la phase d’écriture (...). Certains films pourraient trouver une exploitation immédiate sur d’autres supports que la salle" détaille le patron du CNC.

Enfin, avec le fonds de 225 millions pour les industries culturelles et créatives de BpiFrance, il espère que les producteurs développeront "davantage leurs entreprises, donc leurs projets, avec plus d’autonomie envers les diffuseurs."

La loi des séries: CBS et Paramount fusionnent

Posté par vincy, le 19 août 2019

Après AT&T qui reprend Warner, Disney qui dévore la Fox, Comcast qui rachète NBCUniversal, c'est un quatrième géant des médias et des télécoms qui fusionnent. Size does matter. La taille semble de plus en plus déterminante pour survivre face aux mastodontes et aux nouveaux arrivants (Apple, Amazon, Netflix). Le groupe Viacom, propriétaire de Paramount, United International Pictures, MTV, Nickelodeon,  J-One et Game One, concentre ses activités avec CBC, leader télévisuel américain, producteur de nombreuses séries et propriétaire de Showtime. La fusion doit être conclue d'ici la fin de l'année, après l'obtention de plusieurs autorités (celle de la concurrence notamment).

Le nouvel ensemble, baptisé ViacomCBS, pèsera 28 milliards de dollars américains. Les deux entreprises s'étaient séparées en 2006, après 6 ans d'une fusion ratée entre Viacom, à l'origine une division de CBS, et CBS ar Sumner Redstone. ViacomCBS disposera ainsi de 140000 émissions télévisées et 3600 films. Avec 13 milliards de dollars d'investissement depuis un an, les deux sociétés réunies ont un poids à peu près équivalent à celui de Netflix. Cela fait plusieurs années que les deux groupes essaient de se réunir, mais le patron de CBS, Leslie Moonves, s'y opposait. Accusé d'abus sexuels en pleine ère #MeToo, il a été rapidement débarqué l'an dernier, ce qui a permis d'ouvrir la voie à des négociations.

Paramount est le plus petit studio hollywoodien, loin derrière Buena Vista (Disney), Warner, Universal et Sony, avec une part de marché oscillant entre 5 et 8% ces dernières années. Pas de quoi concurrencer les géants. Mais avec un catalogue qui comprend Titanic, Transformers, Star Trek, Indiana Jones et Mission:Impossible, le studio reste une belle pépite dans le secteur. Par ailleurs, VicaomCBS va devenir le premier réseau télévisuel américain avec 22% de l'audience captée, devant Comcast (NBC) et Disney (qui possède ABC). Dans l'immédiat, les dirigeants ont annoncé qu'ils effectueraient autour de 500 millions de dollars de synergie. Probablement, ils étudieront la création de leur propre plateforme de streaming. Et sans aucun doute, ViacomCBS développera des univers transmedias, sous forme de franchises, avec Le Parrain,  Garfield, South Park, Teenage Mutant Ninja Turtles, G.I. Joe, etc...

Marion Cotillard laisse tomber 355 pour le prochain Carax

Posté par vincy, le 9 juin 2019

Marion Cotillard va produire un documentaire et tourner pour Leos Carax. Deux annonces faites durant le Festival de Cannes.

L'actrice a profité de son passage sur la Croisette pour confirmer sa participation au prochain film de Léos Carax, aux côtés d'Adam Driver.

Annette, "comédie musicale lyrique, puissante et romantique), se dotera aussi des Sparks pour la musique et de Marius de Vries (La La Land, Moulin Rouge) pour la coordination musicale. Le tournage (en anglais, une première pour Carax) du film débutera cet été. Le projet a beaucoup évolué, avec Rooney Mara il y a trois ans puis avec Rihanna, quelques mois plus tard. Cotillard hériterait du rôle de Mara et Rihanna a abandonné le projet en cours de route.

Cotillard a déjà une expérience de "musical" avec Nine, adaptation ciné d'un succès de Broadway.

Pour pouvoir être chez Carax cet été, la star, actuellement à l'affiche de Nous finirons ensemble, a laissé tomber le thriller "Girl Power" 355 produit par Jessica Chastain et dévoilé l'an dernier sur la Croisette.

Productrice

Par ailleurs, l'actrice produira le documentaire Bigger than Us. Le film est signé de Flore Vasseur, journaliste et chroniqueuse, réalisatrice de docus (Meeting Snowden) pour Canal+ et Arte et romancière (Une fille dans la ville, Comment j’ai liquidé le siècle, En bande organisée, Ce qu'il reste de nos rêves).

La réalisatrice suivra des jeunes entre 18 et 25 ans, qui ont en commun leurs expériences de résilience et des années d’activisme, qui en font déjà des grands témoins, et des passeurs, parfois même des sages. Ils ont changé des lois, bâti des écoles, mobilisé des femmes, des hommes et des enfants par milliers, ils luttent pour une meilleure planète. Ils refusent le statu quo, expérimentent et vivent plus fort. Ces jeunes vivent au Malawi, aux Etats-Unis, en Indonésie, au Liban, en Ecosse, au Brésil ou encore en Inde.

Le docu a récolté plus de 100000€ en financement participatif sur Ulule. Marion Cotillard et son associé de All You Need produisent avec Elzévir ce film qui aborde des causes sociales et environnementales, qui sera distribué par Mars au premier semestre 2020, visant un succès équivalent à celui de Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent.

Bilan 2018: Une fréquentation en baisse dans l’Union Européenne

Posté par vincy, le 9 mai 2019

Les recettes brutes des salles de l’UE ont chuté de 3,3 % pour s’établir à 6,80 milliards d’euros en 2018, leur plus bas niveau depuis quatre ans. L'Observatoire européen de l’audiovisuel estime qu'il s'agit néanmoins de la quatrième recette la plus élevé de la dernière décennie.

Avec un prix moyen paneuropéen du billet stable à 7,1 €, la baisse des recettes s’explique par la baisse du nombre de billets vendus: la fréquentation des cinémas de l’UE a reculé de 2,9 % à 956 millions de billets vendus, soit 28,7 millions de moins qu’en 2017. Elles ont augmenté dans 12 territoires de l’UE et diminué dans 11, tout en restant relativement stables dans trois des 26 marchés de l’UE pour lesquels des données provisoires sont disponibles.

Le net recul enregistré en Allemagne (-14,8 %) et les baisse en Italie (-5 %) et en France (-4%) n'ont pas été compensées par les fortes progressions des marchés d’Europe centrale et orientale, notamment en République tchèque (+13,2 %), en Lituanie (+10,0 %), en SIovénie (+10,0 %), en Croatie (+8,0 %), en Hongrie (+6,3 %) et en Pologne (+5,0 %). ârmi les marchés en forte diminution, on note aussi la Bulgarie, la Finlande, la Grèce, le Luxembourg et la Slovaquie.

Hors Russie (202,2 millions d'entrées, -4,7%), la France reste le pays où le nombre d'entrées est le plus important avec 201,1 millions de spectateurs, loin devant le Royaume-Uni (177 millions d'entrées), l'Allemagne (105 millions), l'Espagne (98,9 millions) et l'Italie (92,6 millions).

Pas étonnant, puisque sur les 20 plus gros succès en Europe, tous les films ont été produits ou coproduits par les Américains. On note par ailleurs 4 coproductions chinoises. Et seul trois films (coproduits donc) britanniques et une coproduction minoritaires de la France (Mission:Impossible - Fallout) atténuent cette suprématie. Avengers : Infinity War, Les Indestructibles 2 et Bohemian Rhapsody ont été les trois vainqueurs de 2018. Autre fait marquant: 16 des 20 plus gros succès sont des remakes, reboots, spin-offs ou sequels. Les succès européens, hors du Top 20, ont sinon été, dans l'ordre, La ch'tite famille, Les Tuche 3, le film polonais Kler, Le grand bain et Taxi 5. La France classe en effet dans ce Top 20 des films européens en Europe 8 coproductions majoritaires (et une minoritaires). Les britanniques placent 7 coproductions majoritaires. L'Espagne et la Pologne suivent avec deux films chacun.

Une part de marché en hausse pour les films européens, grâce aux coprods américaines

Malgré cette baisse de la fréquentation des cinémas dans l’UE et cette domination américaine, la part de marché des films européens a augmenté à 29,4% (27,9% en 2017), grâce à la baisse des entrées réalisées par les films US. Faux nez lié aux succès de productions britanniques à capitaux américains (en hausse). La part de marché des films nationaux est au-dessus des 25% au Royaume-Uni (44,8%, grâce aux coprods américaine), en France (39,5%), en Pologne, au Danemark, en Lituanie. En Turquie, elle atteint même les 63,4%! 8 pays ont une part de marché de films étrangers supérieure à 90%.

Enfin, après avoir ralenti pour la première fois en 2017, les niveaux de production de l’UE sont repartis à la hausse l’année dernière, le nombre estimé de longs métrages européens produits en 2018 étant passé de 1 737 à 1 847, un record. Selon les estimations, il s'agit de 1 142 films de fiction (62 %) et de 705 documentaires de long métrage (38 %). L’augmentation de l’activité de production est principalement liée au nombre croissant de coproductions internationales et de documentaires de long métrage.

Gebeka films rejoint Folimage et Les Armateurs

Posté par vincy, le 29 mai 2018

La société de production et de distribution Gebeka Films va être reprise par la holding Hildegarde selon les informations du Film Français. Hildegarde est déjà l'actionnaire majoritaire des sociétés de production Folimage (La prophétie des grenouilles, Une vie de chat, Phantom boy), reprise il y a deux ans, et Les Armateurs (la trilogie Kirikou, Les triplettes de Belleville, Ernest et Célestine), et consolide ainsi son poids dominant dans la production de films d'animation en France.

Jusqu'ici détenue par Marc Bonny, Gebeka Films, créée en 1997, a connu son décollage en distribuant Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot en 1998 avant de distribuer Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki, Princes et Princesses de Michel Ocelot, Mia et le Migou de Jacques-Rémy Girerd, Panique au village de Stéphane Aubier et Vincent Patar ou encore Ma vie de Courgette de Claude Barras (César du meilleur film d'animation). Gebeka a aussi sorti Brendan et le secret de Kells, la version restaurée du Roi et l'Oiseau, Corto Maltese, la cour secrète des Arcanes, Le tableau, L'île de Black Mor, Louise en hiver, Les Moomins sur la riviera, U, ou Bécassine le trésor viking.

Ses plus gros succès sont Kirikou et les bêtes sauvages, Kirikou et la Sorcière, Kirinou et les Hommes et les Femmes, tous millionnaires.

Malheureusement, ses deux derniers longs métrages très coûteux, Drôles de petites bêtes et Zombillénium, n'ont pas rencontré le public. Deux longs sont en préparation: Le voyage du Prince et Slocum.

Marc Bonny restera responsable des acquisitions et des coproductions de Gebeka et conserve la propriété du multiplexe Le Comœdia de Lyon.

La holding Hildegrade, créée par Reginald de Guillebon, connaît un rapide développement dans les médias. Outre Le Film français acquis en 2013, la société édite désormais Première, Causette et la nouvelle version de Studio (ex Studio Ciné Live).

Les super-pouvoirs de Guillermo del Toro

Posté par vincy, le 5 avril 2018

Un effet Oscar indéniable pour Guillermo del Toro. La forme de l'eau, Lion d'or à Venise en Septembre, Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur début mars, a entraîné une série de "deals" et d'annonces qui font du cinéaste mexicain un super-héros pour les jeunes réalisateurs/réalisatrices et le cinéma de genre.

Ainsi Fox Searchlight Pictures, qui a coproduit La Forme de l'eau (190M$ de recettes mondiales), vient de signer un pacte global avec le cinéaste pour produire les films en prises de vues réelles, écrit ou/et réalisé ou/et produit par Del Toro.

La filiale "art et essai" de la Fox créé un label spécifique pour les films de genre (horreur, SF, Fantasy), incluant ceux soutenus, produits ou portés par Del Toro. Tous ces films seront financés et distribués par Fox Searchlight.

"Pendant longtemps, j’ai espéré trouver un environnement dans lequel je puisse distribuer, et produire de nouvelles voix à travers des films de genre intelligents et inventifs. Et par la même occasion canaliser mes propres projets. Avec Fox Searchlight, j’ai trouvé un vrai foyer pour la production de ce type d’œuvres – un partenariat basé sur le travail acharné, la compréhension de l’autre et, surtout, la foi" a expliqué le cinéaste.

Un premier projet déjà en développement

Autant dire que le réalisateur s'offre un mini-studio au sein d'une structure déjà solide (qui sera peut-être rachetée par le groupe Disney). Le premier projet lancé avec cette structure, et produit par Guillermo del Toro, devrait être Antlers, qui raconte l'histoire d'une enseignante qui accueille un étudiant perturbé chez elle alors qu'il porte en lui un secret de famille mystérieux aux conséquences fatales. Le film doit être réalisé par Scott Cooper, et il est adapté d'une nouvelle de Nick Antosca, The Quiet Boy.

Une salle de cinéma à son nom, une bourse pour les nouveaux talents

Guillermo del Toro ne s'arrête pas là. Au récent 33e Festival du film de Guadalajara (Mexique), sa ville d'origine, il a inauguré une salle de cinéma qui porte son nom au Centre culturel / Cinémathèque de l'Université publique de Guadalajara. Il a aussi donné trois masterclasses - la première a enregistré 30000 demandes d'inscription en une demi-heure - devant un total de 12000 personnes. Enfin il a annoncé qu'il lancerait une bourse pour les aspirants cinéastes mexicains. The Jenkins-Del Toro International Grant sera doté de 60000$ et décerné chaque année au festival de Guadalajara à un étudiant en cinéma mexicain.

Producteur de deux réalisatrices mexicaines

Del Toro a enfin révélé qu'il produirait les prochains films des réalisatrices Issa Lopez (Vuelven) et Karla Castaneda, qui travaille sur son premier long métrage animé en stop-motion. Il a bien l'intention de soutenir l'industrie du cinéma mexicain, qui, malgré sa vitalité, ses succès aux Oscars comme au box office nord-américain, et sa forte présence dans les festivals internationaux, reste mal aimé dans son pays. L'an dernier, seul Hazlo Como Hombre (Do It Like An Hombre), une comédie familiale et "gay", a réussi à se classer dans le Top 30 annuel du box office mexicain. Il n'y en avait que trois en 2016.

Nul ne doute que Guillermo Del Toro, prochain président du jury de Venise, va vouloir, avec ces nouveaux moyens, résister à l'envahisseur hollywoodien.

Takeshi Kitano quitte sa société de production

Posté par vincy, le 14 mars 2018

L'acteur, humoriste, producteur, réalisateur et écrivain Takeshi Kitano quittera Office Kitano, la société qu'il a co-fondé, à la fin du mois de mars. Il affirme vouloir retrouver son indépendance. C'est le président d'Office Kitano, Masayuki Mori, qui a révélé l'information dans la presse japonaise. "Beat Kitano" lancerait sa propre structure.

Office Kitano, créée par Takeshi Kitano et Masayuki Mori en 1988, est à la fois une société de production et une agence de talents, qui a représenté des dizaines d'humoristes et de comédiens, surnommés "L'armée de Kitano".

Masayuki Mori affirme ainsi que Takeshi Kitano "abandonne les fardeaux qu'il a portés durant trente ans, y compris toute son "armée", afin d'avoir plus de temps personnel".

Office Kitano voit ainsi partir sa star dont elle a produit tous les films depuis 1991. En décidant de lâcher l'affaire, le réalisateur et l'acteur Kitano, âgé de 71 ans, rend l'avenir de la société incertain. Selon les médias japonais, de nombreux artistes devraient quitter Office Kitano suite à cette décision.

Office Kitano est né de la nécessité de gérer les émissions télévisée de Takeshi Kitano et d’une bande d’amis acteurs. Trois ans plus tard, Office Kitano devient une société de production avec A Scene at the Sea, le troisième long métrage de Takeshi Kitano. Office Kitano produit (et distribue au Japon) d'autres films japonais et étrangers, en commençant avec Ikinai de Hiroshi Shimizu (1998). Shôzô Ichiyama, Jia Zhangke (Au delà des montagnes, A touch of sin), Abolfazl Jalili, Atsushi Funahashi, Takashi Miike, Dankan, Makoto Shinozaki, sont tous des auteurs de la maison. L'entreprise a également lancé en 2000 FILMEX, un festival de cinéma dédié aux productions indépendantes.

Avec Hana-bi de Takeshi Kitano, Office Kitano a été couronnée par un Lion d'or à Venise en 1997. Plusieurs de ses films ont été en Sélection officielle à Cannes. Récemment, la société a produit Traces of Sin de Kei Ishikawa, présenté à Venise en 2016, et le dernier Kitano en date, Outrage Coda, troisième volet de sa saga Outrage, sélectionné à Venise en 2017. Deux films sont actuellement en production: Lovers on borders, une coproduction avec le Portugal, réalisé par Atsushi Funahashi et Ash is purest white, le prochain Jia Zhangke, prévu pour 2019.

Quant au réalisateur Takeshi Kitano, il a récemment évoqué l'idée de faire une comédie romantique, inspirée de son premier roman, paru au Japon l'an dernier.

Le Prix Daniel Toscan du Plantier 2018 pour Les Films de Pierre

Posté par vincy, le 27 février 2018

© © Marie-Pierre Magherini - ENS Louis Lumière pour l'Académie des César 2018

Le Prix Daniel Toscan du Plantier 2018 a été décerné à Marie-Ange Luciani et Hugues Charbonneau, fondateurs des Films de Pierre. Leur société a produit notamment 120 battements par minute, de Robin Campillo.

"Marie-Ange Luciani et Hugues Charbonneau ont été élus au terme d’un vote effectué par un collège électoral de 1171 votants, composé des cinquante membres de l’Assemblée Générale de l’Académie, ainsi que tous les artistes et techniciens ayant fait l’objet d’une nomination aux César, depuis 2008" indique le communiqué de l'Académie. Le Prix Daniel Toscan du Plantier récompense chaque année une productrice ou un producteur qui a marqué l’année cinématographique.

La modeste structure, créée en 2007, a déjà produit Eastern Boys de Campillo, L'armée du salut, le premier film de l'écrivain Abdellah Taïa, Yves Saint Laurent - Pierre Bergé, l'amour fou, le documentaire de Pierre Thoretton, ou encore La Surface de réparation de Christophe Régin, sorti en début d'année.

Avec 120 battements par minute, Les Films de Pierre (du nom de Pierre Bergé, disparu l'an dernier et qui avait initié cette société), ont connu leur plus gros succès : 835000 spectateurs en France, près de 200000 supplémentaires à l'international, un Grand prix du jury à Cannes, 6 prix Lumière et 10 nominations aux César.

Le prix Daniel Toscan du Plantier a déjà récompensé Pathé Renn Productions, Why Not Productions (trois fois), La Petite Reine, Les Films du Poisson, Les Productions du Trésor, Everybody on Deck, Les Films du Worso (deux fois) et Mandarin Cinéma.

Edito: Le retour de l’Europe

Posté par redaction, le 15 février 2018

Alors que la Berlinale se lance dans sa 68e édition, et avec elle le marché du film européen et des coproductions, l'Observatoire européen de l'audiovisuel rend ses premiers bilans pour 2017. 985 millions de billets ont été vendus l'an dernier, soit 6,6 millions de moins qu'en 2016, année record. C'est une bonne nouvelle en soi. D'autant qu'aux Etats-Unis, la tendance est toujours à la baisse. Aujourd'hui, si on prend en compte l'ensemble du continent (incluant la Russie et la Turquie), l'Europe fait jeu égal avec les Etats-Unis. Malgré la concurrence du petit écran, des réseaux sociaux, du jeu vidéo, le cinéma reste un bien culturel et social attractif.

A l'Est, la croissance

Bien sûr, pays par pays, tout ne vas bien. Le marché italien s'effondre (-12,9%), passant sous les 100M de spectateurs, et derrière le marché espagnol, tandis que les spectateurs sont plus nombreux en République Slovaque (+18,1%), en Roumanie (+11,3%), Russie (+9,7%), Pologne (+8,7%) et aux Pays-bas (+5,3%). Hors Union européenne, les entrées en Turquie ont bondit de 22,1% (ce qui profite aux films turcs qui représentent 56,5% des entrées!). La Russie consolide sa position de leader européen en nombre d'entrées (213,6M) devant la France qui en comptabilise 209,2M)

Parts de marché nationales

Car cette bonne fréquentation profite surtout aux productions américaines (qui ont bien compris leur intérêt à cibler l'international pour compenser la baisse de fréquentation sur leur territoire), et principalement aux blockbusters, qui semblent les films les plus fédérateurs, peu importe la langue, la culture, etc... La part de marché des films nationaux a diminué dans 13 pays et augmenté dans 11. La France et le Royaume Uni (qui comprend des productions soutenues par des sociétés américaines) peuvent s'enorgueillir d'une part de marché nationale de 37,4%. Les Finlandais, les Allemands, les Russes, les Polonais et les Tchèques résistent aussi très bien à l'invasion américaine avec plus d'un spectateur sur cinq, voire un spectateur sur quatre qui va voir un film "local".

Une production en surchauffe

Dans le même temps, l'Observatoire européen de l'audiovisuel a rendu public une autre étude sur la production cinématographique au cours des 10 dernières années. On constate une hausse de 47% du nombre de films produits en 10 ans! En 2007 on produisait en Europe 1 444 longs métrages. En 2016, ce chiffre s'élève à 2 124. Le plus surprenant est le doublement du nombre de films documentaires (un tiers des films produits désormais).

Plus d'un film sur deux est produits par le Royaume-Uni (en baisse), la France, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie. Mais les plus fortes sont enregistrées dans des pays comme la Russie (+40%), ou la Turquie (+180%).

La France championne des coprods

Un film sur cinq est une coproduction. Et l'étude montre bien l'intérêt de ce mécanisme financier. L'industrie française l'a bien compris. La France est championne des coprods avec 566 films coproduits en 10 ans, devant l'Espagne, l'Allemagne, et la Suisse. Mais il y a encore du chemin à faire pour parler de cinéma européen. 40% des interactions sont faites avec des pays non-européens, principalement avec les Etats-Unis. Sinon ce sont les coproductions France/Belgique , puis Royaume-Uni/États-Unis, Italie/France, France/Allemagne et Belgique/France qui sont les plus fréquents.

Des coprods bien plus performantes que les films nationaux

Si les indicateurs sont à la hausse, on constate au final qu'entre 2010 et 2015, les coproductions ont représenté 24,2% de l’ensemble de la production de films en Europe, attirant 1,6 milliard d’entrées, soit 50,3% des entrées totales des films européens sur la période, soit trois fois plus que le nombre d’entrées récoltées par les films européens uniquement nationaux. On résume: un quart des films sont des coprods et ils génèrent un billet vendu sur deux. C'est plutôt rentable, en tout cas largement plus qu'un film 100% national.

Cela tient à un fait très simple: une coprod a plus de chance d'être diffusée dans un autre pays: 69% des coprods majoritaires sont sorties dans un autre pays que celui d'origine. Seuls 39,5% des films nationaux ont eu cette possibilité. En moyenne, avec 6,4 territoires où elles sont distribuées, les coproductions européennes circulent près de deux fois plus que les productions seulement nationales.

Des succès nationaux peu exportés

C'est désormais tout l'enjeu véritable du cinéma européen: la coproduction, les financements transnationaux sont acquis. Hormis des comédies (l'humour reste très chauvin), tous les autres genres profitent de ces apports financiers extra-nationaux. Mais tant qu'un grand plan pour la diffusion des films européens, qui comprendrait le doublage et le sous-titrage, une aide à la distribution (y compris sur les plateformes streaming), des aides pour les exploitants et les festivals qui valoriseraient les films européens, on restera enfermés dans nos frontières. Qui a vu, en dehors de leur pays d'origine, Fuck You Goethe 3, 2e plus gros succès allemand en 2017 ou Come un gatto in tangenziale, plus gros hit italien de l'année, ou Perfectos desconocidos, film le plus populaire en Espagne (et 4e du box office annuel)? Là encore, le modèle français fait exception puisque les films hexagonaux sont plutôt bien exportés, grâce aux coprods et à l'action d'Unifrance, entre autres.

Alors que la politique européenne et son versant économique font douter de nombreux citoyens, le cinéma, de par son impact culturel, pourrait être un formidable moyen de mieux partager nos valeurs et de mieux connaître nos voisins.

Une pétition pour défendre les cinéastes émergents

Posté par vincy, le 1 décembre 2017

Il y a déjà plus de 1500 signataires à la pétition "Faisons le pari de la jeune création cinématographique !".

"Année après année, les financements privés, principalement issus des chaînes de télévision, se sont raréfiés, se portant d’abord sur les auteurs déjà reconnus, les valeurs les plus sûres, les genres les plus porteurs" se plaignent jeunes rééalisateurs et cinéastes confirmés qui ont signé l'appel, parmi lesquels Marie Amachoukeli, Jacques Audiard, Lucas Belvaux, Julie Bertuccelli, Bertrand Bonello, Pascal Bonitzer, Catherine Corsini, Claire Denis, Yann Gonzalez, Robert Guédiguian, Agnès Jaoui, Cédric Klapisch, Tonie Marshall, Katell Quillévéré, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, ou encore Rebecca Zlotowski, mais aussi des scénaristes, producteurs et techniciens du cinéma.

Précarisation

Rappelant qu'à Cannes, la Caméra d’or (prix du meilleur premier film) a récompensé trois fois en quatre ans le jeune cinéma français, ils interpellent la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, en signalant que "ce sont justement les premières œuvres et les projets les plus audacieux, ceux sur lesquels il est le plus risqué de « parier », qui sont aujourd’hui grandement fragilisés, jusqu’au seuil de la précarité pour certains." Ajoutant: "le plafonnement des aides publiques affecte violemment la fabrication, l’imaginaire, l’ambition artistique et visuelle des projets : équipes techniques réduites, figuration inexistante, temps de tournage de plus en plus contraints, scénarios élagués…Cette précarisation s’étend sans cesse et bride l’éclosion d’une nouvelle génération d’auteurs, d’acteurs, de techniciens."

Changement de la politique d'aides

"L’absence d’une chaîne de télévision en pré-financement - ou la faiblesse des montants proposés - génère presque automatiquement une majorité de financements publics, plafonnés à 60% pour les films à petit budget. L’absurdité du système pousse ces films à renoncer à certaines aides, notamment au crédit d’impôt" constatent-ils.

Les signataires proposent d'autoriser "un maximum de 70 % d’aides publiques dans le budget de ces films" , soit un coût financier marginal puisque très peu de films sont concernés. Ils demandent "une plus grande égalité entre les films face au crédit d’impôt, un dispositif fiscal qui devrait être ouvert à tous, sans aucune exception."

Actuellement, la réglementation française limite à 50% le seuil d'aide publique à la production (60 % pour les premiers et deuxièmes films, et pour ceux dont le budget est inférieur à 1,25 million d'euros). Ce dispositif est issu d'une règle européenne mais chaque Etat membre peut l'adapter.

La pétition accompagne un amendement (permettant le relèvement de la limite de l'aide publique) au Projet de loi de financer, déposée par la députée parisienne Brigitte Kuster (Les Républicains). Il a reçu un " avis défavorable " du ministre de l'action et des comptes publics Gérald Darmanin. Il ne reste qu'à espérer qu'un sénateur prendra le relais...