Le BIFFF met en avant les films fantastiques de tout genre; fantasy, thriller, science-fiction, qu'ils soient drôles ou/et sanglants. A cet éclectisme, s'ajoutent certaines surprises. Cette année Bruxelles a fait découvrir en avant-première, avant sa sortie française le 31 juillet, le fameux (fumeux ?) The Beach Bum avec la promesse d’un Matthew McConaughey sous substance de paradis artificiel.
Pour la première fois de sa carrière, sans doute, le cinéaste Harmony Korine livre ici un film qui en fait ne sera pas sujet à aucune controverse. On ne lui reprochera même pas de faire la promotion de l’usage de drogue, même si c’est un élément important de l’histoire. The Beach Bum est d’ailleurs le récit le plus simple de sa filmographie : un homme très hédoniste vit chaque jour pour son propre plaisir, quoiqu’il arrive. The Beach Bum est une illustration du ‘carpe-diem’ idéal mélangé à un ‘sea sex and sun’ très "feel-good". Bref, ça plane pour le personnage.
Harmony Korine est connu pour avoir toujours écrit à propos de la perte d’innocence: celle d’une jeunesse en quête de repères avec les scénarios de Kids et Ken Park (réalisés par Larry Clark), celle des adolescents en perte de repères avec ses films Gummo et Julien Donkey-Boy, avec des adultes étant absents ou dysfonctionnels. C’est en délaissant son univers white-trash pour un film un peu sexy et très flashy qu’il gagne son plus gros succès mondial avec Spring Breakers. A la fin on y entendait d’ailleurs comme un mantra en répétition ‘Spring break forever, Spring break forever, Spring break forever…’, cette recherche du plaisir qui ne devrait pas s’arrêter et trouve son aboutissement ici, à travers The Beach Bum.
Matthew McConaughey est un poète qui se la coule douce, avec, en permanence, une bière ou un joint à la bouche, et sous la main une nouvelle courbe féminine. Il peut ne rien faire sauf boire-fumer-baiser. Il jouit d’une petite notoriété pour avoir publié il y a x temps un livre de poèmes et profite de la fortune de sa femme officielle (Isla Fisher) qu’il vient retrouver de temps en temps. Pendant les absences de son mari, elle s'amuse dans les bras de l’ami Snoop Dogg. Tout va bien ainsi jusqu’au jour où il faut tous se réunir pour le mariage de leur fille : c’est une très belle fête qui s'achève par un drame. Matthew McConaughey doit alors rendre à son agent Jonah Hill un nouveau livre à publier, faute de fric. Qu’importe les contrariétés de la vie, notre héros continuera à s’enivrer de plaisirs au jour le jour au fil de diverses péripéties avec Zach Efron ou Martin Lawrence…
Dans ce The Beach Bum, pour la première fois chez Korine, la jeunesse est absente. C’est surtout un portrait linéaire d’aventures en aventures d’un homme, qui d’ailleurs pourrait bien être l’idéal du réalisateur. Un idéal de vie libre et libertin.
Le film est réalisé comme Spring Breakers, avec l’appui du directeur de la photographie Benoit Debie dont on reconnaît en fait la patte graphique faite de contrastes et de néons, ce qui donne au film une certaine élégance. Encore une fois certaines scènes se superposent mais ici, heureusement, il n’y a plus une voix-off comme béquille (un point faible de Spring Breakers). Le cinéaste a préféré insérer plusieurs séquences musicales façon clip sans dialogue. L’humour est aussi présent avec des scènes où un comportement qui est à priori réprouvé est intérieurement envié. Le plus fascinant est bien l’incarnation idéale de type par Matthew McConaughey qui joue à fond son personnage, même les fesses à l'air.
Pourtant, The Beach Bum est, malgré les apparences, le film de Harmony Korine le plus sage.