Technicolor reprend une partie de Quinta Industries

Posté par vincy, le 23 janvier 2012

Un mois après la faillite de Quinta Industries (voir notre actualité du 22 décembre 2011) et les turbulences qui ont causé quelques frayeurs au cinéma français (tant patrimonial qu'en cours de production), une première solution est survenue vendredi en provenance du groupe Technicolor.

La société, qui affirme renforcer ainsi sa présence européenne dans la postproduction et la distribution, va reprendre plusieurs activités du groupe Quinta Industries, tout en annonçant l'ouverture d'un studio de doublage en France.

Suite à la décision du Tribunal de Commerce de Nanterre le 20 janvier 2012, Technicolor a décidé d'acquérir l'essentiel des activités des Auditoriums de Joinville, la Société Industrielle de Sonorisation et ScanLab, qui appartenaient toutes à Quinta Industries. ADJ (Les Auditoriums de Joinville) et SIS (Société Industrielle de Sonorisation), sont spécialisées dans les activités son tandis que Scanlab rassemble les activités de conversion numérique - encodage, VOD et mastering DCP - permettant ainsi à Technicolor d'entrer sur le marché de la distribution pour le cinéma numérique en France.

Le Directeur Général de Technicolor Frédéric Rose déclaré dans un communiqué que  « ces opérations sont parfaitement en ligne avec notre stratégie dans le domaine du Media & Entertainment et vont nous permettre de renforcer encore nos positions de leader mondial ». Technicolor a davantage surpris en annonçant l'ouverture d'un studio de doublage pour le cinéma et la télévision. Le studio est installé à Saint-Cloud, à quelques kilomètres de Paris, sur le site de de Technicolor.

Technicolor est leader mondial dans les services de postproduction, d'effets visuels, d'animation, de distribution de cinéma numérique, d'encodage et de formatage des contenus en vue de leur diffusion. Selon leur communiqué, "ces activités comptent environ 5 000 personnes dans le monde et sont réparties en Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis) ; en Asie (Thaïlande, Inde, Chine) ainsi qu'en Europe (Royaume-Uni, Espagne, Italie) - et désormais en France où Technicolor va jouer un rôle-clé auprès de l'industrie du cinéma."

Avec ces différentes reprises, 34 salariés seront repris, soit 70% des employés concernés. Pour l'instant, aucune décision juridique n'a été actée pour les autres filiales du groupe Quinta Industries - Duboi, Duran et LTC.

Reste qu'on peut s'interroger sur la chronologie du processus. Quinta Industries était détenue à 83% par l'homme d'affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar et par Technicolor, à hauteur de 17%. Pourquoi Technicolor n'a pas aidé le groupe dont il était actionnaire avant qu'il ne dépose son bilan? La réponse est peut-être dans la fragilité même de Technicolor. Son résultat opérationnel 2011 a été révisé à la baisse et le groupe a annoncé un programme de réduction de coûts (qui comprend 600 suppressions d'emplois sur les 17 000 salariés de la multinationale).

Technicolor, qui cherchait depuis un an et demi à s'installer en France, a trouvé là un relais de croissance dans le plus important marché cinématographique européen. Espérons que leur stratégie s'avère fructueuse pour ce secteur de la post-production, vitale pour notre économie.

Droit de réponse de M.Tarak Ben Ammar

Posté par redaction, le 25 novembre 2011

Ecran Noir publie un droit de réponse de M. Tarak Ben Hammar, producteur d'Or noir et patron de Quinta Communications.

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Je ne peux rester indifférent à votre article publié le 22 novembre 2011.

Si Internet permet de nos jours de prendre des libertés avec la réalité des choses, il y a, ou il devrait y avoir, des limites à ne pas dépasser.

Quant elles le sont, comme vous le faites, on s’approche dangereusement de la diffamation.

Il est habituel que des salariés dans l’attente d’un plan social fassent état d’ « arguments » qui ignorent les vérités économiques et juridiques dont la CGT, il est vrai, n’est pas le spécialiste le plus pointu.

Rétablissons quelques faits :

  • LTC, Scanlab et Quinta Industries (alors dénommé Dataciné) étaient en 2002 sous mandataire ad hoc, au bord du dépôt de bilan. Quinta Communications a été le seul repreneur prêt à relever le défi de leur rétablissement. Sans Quinta, les salairiés de LTC auraient perdu leurs emplois depuis 10 ans. Tout au long de cette période, Quinta a contribué plusieurs millions d’euros et apporté un important chiffre d’affaires (payé souvent au-dessus des prix de la concurrence), sans tirer un centime de dividendes. Il est donc ahurissant de prétendre que Quinta Industries/LTC/Scanlab ont opéré pour le « seul bénéfice de Quinta Communications » quand cette dernière a consacré une partie de ses ressources au seul bénéfice de ses filiales des industries techniques.

Ses filiales ont été les dernières parmi leurs concurrents à se mettre sous la protection des tribunaux après que GTC ait été liquidé et qu’Eclair soit entré en plan de sauvegarde, tout comme Technicolor, le leader mondial de l’industrie.

  • Si le public pourra voir « Or Noir », ou Intouchables ou Polisse d’ailleurs, c’est effectivement grâce à l’excellent travail des salariés de Quinta Industries, LTC et Scanlab. Mais, à moins que je ne me trompe, c’est précisément pour cela que ces salariés perçoivent un salaire. Salaire qui contrairement à ce qui est dit, ont été régulièrement payés tout au long de l’année, malgré les difficultés naissantes, alors que ceux du dernier mois l’ont été dans le cadre de la procédure de règles judiciaires. Quant aux salaires futurs, ils sont garantis par l’Administrateur Judiciaire et les organismes étatiques.
  • La « controverse » liée aux conditions de tournage d’Or Noir n’engage que ses auteurs. Le directeur du CNC n’a pris la décision d’accorder l’agrément qu’après s’être assuré auprès des autorités compétentes que Quinta Communications avait respecté toutes les réglementations en vigueur. Les explications du syndicat prétendant que Quinta avait « imposé » quoique ce soit à qui que ce soit sont l’objet d’une plainte en diffamation, actuellement instruite par un juge d’instruction à Paris.
  • Je suis fier d’être l’actionnaire d’une chaîne qui a diffusé Persépolis pour défendre les valeurs de liberté et de tolérance dans un pays qui n’y a pas été habitué.
  • Mon « amitié » avec Ben Ali m’a valu une menace de fermeture de ma chaîne à la suite de la diffusion d’une émission sur les évènements de Sidi Bouzid, émission saluée par le Nouvel Observateur comme une « initiative sans précédent dans les annales des médias Maghrébins»
  • Ce n’est pas Mr Berlusconi qui est mon actionnaire mais une filiale du groupe Fininvest, un des plus importants groupes de média en Europe. Ce groupe est notamment éditeur en France des magazines Grazia, Closer et Le Film Français. Il est actionnaire depuis bien avant que Mr Berlusconi n’entame une carrière politique et notre partenariat ignore totalement les hauts et les bas du destin de quelque homme politique que ce soit.
  • Enfin, la Libyan Investment Authority, fonds souverain d'un pays alors reconnu par la totalité de la communauté internationale, a effectivement pris en 2009 une participation de 10 % dans le capital de Quinta Communications. Si cette participation devait être interprétée comme le signe d'une amitié avec Khadafi, il conviendrait de joindre à la liste de ses amis du dictateur déchu les sociétés Vodafone, Exxon, Lagardère, EDF, BNP Paribas, EDF, Vinci et Nestlé, qui ont toutes la LIA comme actionnaire. La LIA a été reconnue par le Conseil National de Transition comme une émanation légitime de l'État libyen. Son investissement dans Quinta Communications n'est donc certainement pas de l'argent reçu de Khadafi.

Je prends donc l’expression « sales temps pour Tarak Ben Ammar » plus comme un commentaire sur les conditions météorologiques prévalant actuellement en France que comme un diagnostic sur la situation de mon groupe.

Tarak Ben Ammar

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M. Ben Ammar est un producteur respectable. Nous n'en avons jamais douté. Héritier des nababs qui manquent tant par leur prises de risques, le producteur a, ne le négligeons pas, le mérite d'avoir construit une société qui a produit de grands cinéastes (Chabrol, Rossellini, Zeffirelli, Schatzberg, Polanski, Verneuil, Bouchareb...). Nous n'avons jamais critiqué ses ambitions.
Concernant notre article du 22 novembre et  ce droit de réponse, nous allons préciser quelques points qui méritent d'être clarifiés, et qui permettront de comprendre que nous n'avons diffamé personne.

1) Les accusations portées contre sa société concernant le conflit syndical sont extraites du tract syndical qui a été distribué lors de l'avant-première d'Or noir. Ces accusations sont donc celles du SNTR CGT, que nous avons placées en italiques et entre guillemets pour bien comprendre qu'il ne s'agissait pas de notre point de vue. Nous laissons aux deux parties le soin d'en discuter.

2) Le non paiement des salaires est là aussi une affirmation des syndicats, reprise dans différents journaux comme La Tribune. M. Ben Ammar a raison, cependant, quand il explique que les salaires sont garantis par l'Administrateur judiciaire. En revanche, nous ne savons toujours pas si le groupe Quinta est prêt à financer le plan de licenciement ou la reconversion des employés de Quinta Industries. De même nous ignorons si ce plan social est en effet plus important que celui prévu cet été (34 licenciements).

3) La controverse liées au conditions de tournage d'Or noir n'est pas une invention de notre part. Elle est exprimée clairement par les syndicats (voir Pour quels motifs obscurs le CNC délivre-t-il l’agrément à Tarek Ben Ammar ?). Par ailleurs, le magazine professionnel Le Film Français avait évoqué le problème de l'agrément dès mars 2011 (voir "L'or noir" de Jean-Jacques Annaud toujours en quête d'agrément) où les deux parties se renvoyaient la balle, campant chacun sur leurs arguments. Le film a reçu l'agrément du CNC, jugeant le dossier conforme juridiquement. La décision est discutée par les syndicats. mais là encore Ecran Noir ne fait que les citer afin d'expliquer un contexte de défiance ; il ne s'agir pas de remettre en question une décision dont on ne connait pas tous les détails.

4) Sur la diffusion de Persépolis, nous aussi nous sommes fiers que la chaîne TV Nessma l'ait diffusé. Nous ne disons pas le contraire. Nous l'avions déjà exprimé en soutenant cette initiative : "La censure est une atteinte aux libertés, et ça c'est sacré! Personne n'est obligé de regarder les films."

5) Concernant les relations avec MM. Ben Ali, Berlusconi et Kahdafi, nous proposons d'en parler directement avec M. Ben Ammar pour nous expliquer sans détour ses positions concernant leurs politiques. Certes il s'agissait de dirigeants "reconnus" par la communauté internationale. Mais nous sommes en droit de nous interroger si la fin (produire, diffuser, cultiver) justifie certains moyens...

Comme il nous l'a proposé, c'est avec plaisir que nous acceptons de le rencontrer. Le débat est un ingrédient fondamental de nos civilisations. Nous le remercions pour avoir apporté son point de vue face à celui des syndicats. Nous espérons que le dialogue entre les deux parties se résoudra positivement pour tous les employés de son groupe.

La diffusion TV de Persépolis entraîne des émeutes en Tunisie

Posté par vincy, le 14 octobre 2011


Marjane Satrapi fait actuellement la promotion de son nouveau film, Poulet aux prunes, et en Tunisie, son premier film Persépolis sème le trouble dans la rue.

Aujourd'hui la police a balancé des gaz lacrymogènes contre plusieurs centaines de personnes, en grande partie salafistes. Ils manifestaient dans Tunis pour protester contre la diffusion de Persépolis sur la chaîne privée Nessma TV, qui appartient à Tarak Ben Ammar et dont Silvio Berlusconi est actionnaire. Plusieurs manifestants se sont réfugiés dans la mosquée de la Kasbah et la police pourchassaient certains d'entre eux.

Le film ose représenter Dieu (un vieil homme à la barbe blanche), ce qui est contraire à la Loi islamique qui interdit toute représentation divine (ou de son prophète).

Le printemps arabe commence à provoquer les soubresauts que certains craignaient. Qu'un P-DG, celui de Nessma, Nabil Karoui, doive présenter ses excuses au peuple tunisien pour la diffusion de cette scène est en soi inacceptable. "Je considère qu'avoir diffusé cette séquence est une faute", avait-il dit. "Nous n'avons jamais eu l'intention de porter atteinte aux valeurs du sacré". NON! La censure est une atteinte aux libertés, et ça c'est sacré! Personne n'est obligé de regarder les film.

La colère des manifestants n'est pas retombée : les prêches dans les mosquées, aujourd'hui, se concentraient sur ce blasphème. Selon l'AFP, la manifestation a commencé pacifiquement, pour dégénérer par la suite.

Dimanche, déjà, 200 à 300 salafistes avaient tenté d'incendier le siège de Nessma TV, deux jours après la diffusion du film d'animation, prix du jury à Cannes en 2007.  La diffusion en langue tunisienne (et non en arabe) était suivie d'un débat sur l'intégrisme religieux. Tarak Ben Ammar a reçu des menaces de mort et a répliqué en annonçant une rediffusion du film.

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères français, Bernard Valero, affirme que "La France se félicite que cet acte de violence suscite une large réprobation des mouvements politiques tunisiens et des autorités de transition". Hélas, en regardant de près les réseaux sociaux ou lisant les témoignages anonymes ou les paroles officielles qui nous parviennent, la position majoritaire semble plutôt penchée en faveur des Salafistes. On ne peut pas montrer l'image de Dieu.

Derrière cela, il y a tout un enjeu politique. Les Tunisiens sont appelés aux urnes le 23 octobre pour les premières élections depuis la chute du régime de Ben Ali, et les islamistes d'Ennahda sont les favoris du scrutin. Les Salafistes ont déjà causé des incidents comme l'attaque d'un cinéma à Tunis.

Cannes 2011 – le chiffre du jour : 163 mètres

Posté par vincy, le 15 mai 2011

163 mètres. C'est la longueur du plus grand yacht attendu dans le Vieux port ou la Baie de Cannes. L'Eclipse (rien à voir avec Twilight) éclipse tous les autres. Propriété de l'oligarque russe Roman Abramovitch (en photo avec son bateau), qui possède aussi le club de football de Chelsea, ne sera à l'ombre que des paquebots de croisière qui font escale de temps en temps, comme le Celebrity Solstice qui s'arrêtera à Cannes aujourd'hui au cours d'une croisière partant de Barcelone et allant jusqu'à Naples et Venise. Il peut transporter 2 850 passagers.

Mais revenons-en aux Yachts. 163 mètres pour le Russe, suivi du 127 mètres de l'Octopus, ex recordman en longueur de yacht privé, de Paul Allen (cofondateur de Microsoft, philanthrope, mécène actionnaire de nombreuses start ups)...

Généralement ce n'est pas le cinéma qui se paye ces beaux bébés flottants mais plutôt le roi indien de la bière, des patrons de presse (dont le fameux Paloma de Vincent Bolloré), des stylistes de mode italiens...

On note quand même la présence du Satine, de Tarak Ben Ammar, producteur tunisien possédant un ridicule 35 mètres.

Tarak Ben Ammar cherche-t-il à se racheter avec un film sur Mohamed Bouazizi?

Posté par vincy, le 10 février 2011

Le producteur de cinéma tunisien Tarak Ben Ammar a annoncé qu'il préparait un film sur le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi, dont l'immolation par le feu a déclenché les révoltes conduisant à la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali. Alors qu'il produit actuellement La soif noire, dont le tournage vient de s'achever en Tunisie, Ben Ammar est suspecté d'avoir fricoté d'un peu trop près avec l'ancien régime du dictateur (voir actualité du 19 janvier).

En lançant un projet 100% tunisien autour du héros de la "révolution de jasmin", Ben Ammar cherche-t-il à se racheter ou n'est-ce-qu'une opportunité pour remettre le cinéma tunisien sur la carte de la planète du 7e art? Le film sera réalisé par le cinéaste tunisien Mohamed Zran (Le casseur de pierres, sélectionné à Un certain regard à Cannes en 1990). Selon lui, cela ne peut-être qu'un film fait par des tunisiens. Comme on doute de la sincérité des intentions du producteur, on serait tenté de croire qu'opportunisme rime avec nationalisme.

L'événement a beau dater de décembre, l'écriture du scénario, une adaptation libre, donc très romancée, serait déjà en cours. Profiter de l'émotion devient un leitmotiv pour le cinéma. Des mineurs chiliens à l'affaire Bettencourt, le 7e art ne se laisse même plus le temps de prendre un peu de distance avec l'Histoire.

Le tournage devrait commencer en mai sur les lieux même du suicide de Mohammed Bouazizi. C'est à Sidi Bouzid, au centre du pays, que le 17 décembre un jeune vendeur de fruits et légumes, Mohammed Bouazizi, s'est immolé par le feu après une énième humiliation policière, marquant le déclenchement de la révolution tunisienne qui a culminé avec la fuite de Ben Ali le 14 janvier.

Ben Ammar, sans doute pour anticiper ses futurs rapports avec les autorités tunisiennes, cherche à séduire le peuple. Il déclare à l'AFP que "les recettes du film iront à sa famille et ses descendants à vie. Ce film est une manière de rendre son nom universel, d'en faire un symbole".

"Je veux produire ce film afin que nos enfants n'oublient pas la révolution et son symbole qui n'est ni un homme d'affaires, ni un intellectuel, mais un simple citoyen", ajoute le producteur.

À coup sûr, le film sortira le 17 décembre 2011, en guise d'anniversaire. Rien de mieux pour le marketing.

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La vie de Mohamed Bouazizi (wikipédia)

Fin de tournage mouvementé dans une Tunisie bouleversée pour La soif noire

Posté par vincy, le 19 janvier 2011

La révolte tunisienne risque de ne pas faire les affaires du producteur Tarak Ben Ammar, neveu de l'épouse de l'ancien président Habib Bourguiba. Exilé en France depuis que sa tante a été répudiée par le régime de l'époque, il a pu revenir en grâce auprès du pouvoir tunisien, dans son pays de coeur, au début des années 2000 grâce à son portefeuille et ses relations : ainsi il fait venir le tournage de Star Wars dans le sud-tunisien. Copropriétaire de la chaîne de télévision Nessma (avec Silvio Berlusconi), actionnaire principal du groupe Éclair, fondateur du groupe Quinta Communications (distributeur, spécialiste en post-production), il a aussi lourdement investit dans les studios de cinéma d'Hammamet, l'Empire Studios, qui s'étendent sur 10 hectares pour accueillir les productions internationales les plus massives. C'était ici que furent tournés en leurs temps Le Messie de Rossellini, Les Aventuriers de l'arche perdue de Spielberg, Jésus de Nazareth de Zeffirelli, La Dernière Légion de Doug Lefler, Pirates de Roman Polanski ... Il en a fait le QG des tournages des séries des télévisions et des plus importants budgets cinématographiques italiens de Silvio Berlusconi comme Baaria, de Giuseppe Tornatore.

Cependant, ces liaisons dangereuses risquent de lui coûter cher.

Actuellement, son principal souci n'est pas la fuite de son "ami" Zine el Abidine Ben Ali. Il a beau jeu sur Europe 1 (hier matin) de trouver "salutaire" la révolte tunisienne. Mais ce proche des princes des Emirats et d'Arabie Saoudite a bénéficié des décisions de Ben Ali, notamment en 2004 quand il a pu lancer sa chaîne de télévision. Si aujourd'hui il se félicite de cette "révolution populaire exceptionnelle" et s'il justifie sa ferveur en soulignant qu'il a donné la parole sur sa chaîne de TV à des opposants et des journalistes censurés, il aurait aussi signé une pétition en août 2010 appelant Ben Ali à un nouveau mandat en 2014. Mais c'est aussi vrai que sa chaîne de télévision a été la première à diffuser des images du soulèvement dans la rue.

Face à ses paradoxes, Ben Ammar  a envoyé un communiqué de presse, voulant sans doute rassurer ses partenaires financiers sur sa production actuelle, La soif noire (Black Gold), de Jean-Jacques Annaud (voir actualité du 18 mai 2010). Manière de dire : "tout va bien, Madame la Marquise" et de protéger ses intérêts en Tunisie. D'autant qu'avant la révolte, il avait déjà du gérer le délicat problème d'un décès de figurant sur le plateau, en novembre.

40 millions d'euros, la Warner et Universal en distributeurs internationaux et un casting hollywoodien (Antonio Banderas, Tahar Rahim, Freida Pinto, Mark Strong) : voilà l'un des films les plus périlleux de l'année.

Les émeutes révolutionnaires ont "officiellement" peu affecté le tournage. Le clap de fin devait être donné il y a quelques jours. Finalement, il a pris un peu de retard. Deux jours selon le producteur, qui devraient servir à des scènes intérieures.

Si Pinto est restée sur place, Banderas en a profité pour quitter la Tunisie, pour raisons professionnelles. Et avec Ben Ammar, ils ont été contraints à un "plan média" très select, là encore pour rassurer, et se mettre dans le bon camp.

Ironiquement le film traite des conflits de la Péninsule Arabe au moment de la découverte de l'or noir, quand tradition et modernité, religion et capitalisme commençaient à s'affronter.

Le tournage a donc continué, vaille que vaille, vendredi (quand Ben Ali s'est enfui) et samedi avant d'être interrompu en début de semaine, pour reprendre jeudi 20 janvier. Les équipes n'étaient pas coupées des événements, mais la pression était suffisamment intense pour ne pas se déconcentrer. Antonio Banderas a déclaré il y a quelques jours à CNN, sur son lieu de travail, qu'il espérait une issue pacifique et que le pouvoir prendrait en compte les aspirations de ces jeunes générations qui feront la Tunisie de demain. "Il faut qu'ils croient en eux et il faut qu'ils se battent pour ça."

Cannes 2010 : Jean-Jacques Annaud revient à la fresque historique

Posté par vincy, le 18 mai 2010

jean jacques annaud black thirst cannesOn peut voir l'affiche surplombant le Grand Hôtel à Cannes. Il faut bien séduire l'oeil des professionnels du Marché du films. Le nouveau projet de Jean-Jacques Annaud est en production. Black Thirst sera l'un des films européens les plus chers de l'année avec 40 millions d'euros de budget.

Il s'agit de l'adaptation du roman de l'écrivain Hans Ruesch, connu aussi pour ses exploits de pilote de course et son activisme contre la vivisection. Ce roman de 1957 a plusieurs titres : South of the Heart - a novel of Modern Arabia, The Great Thirst, et Arab. Il retrace la période des années 30 dans la péninsule arabique lors des premiers forages pétroliers et du boom économique qui en suivit. Le réalisateur promet ainsi de l'aventure, des combats aériens, des milliers de figurants...

Le film s'attardera aussi sur les liens entre la religion musulmane et les nouvelles richesses qui vont découler de l'exploitation de l'or noir, du choc entre les traditions ancestrales de cette région et du monde moderne qui va s'y incruster.  Cela se traduira avec un duel entre un Emir attaché aux traditions, son fils partagé entre les deux mondes et le beau-père de celui-ci fondamentalement moderne.

Cela fait plus de trente ans que le roman est en quête d'un réalisateur. Une grande partie sera tourné dans les studios de son producteur, Tarak Ben Ammar, à Hammamet en Tunisie. Un tiers du film prendra place dans un pays du Moyen orient. A Cannes, on note d'ailleurs une forte présence des émirats, et notamment celui d'Abu Dhabi.

D'autres romans de Ruesch ont déjà été portés à l'écran comme Top of the World (Nicholas Ray, présenté en compétition à Cannes en 1960) et The Racers (Henry Hathaway).