Synopsis : Au XXVe siècle, dans une cité souterraine qui ressemble à une termitière humaine où chacun s’identifie par un code de 3 lettres et 4 chiffres, THX 1138 est un technicien tout à fait ordinaire travaillant sur une chaîne d’assemblage de policiers-robots. Un jour, il commet pourtant un acte irréparable : lui et sa compagne LUH 3147 font l’amour dans une société qui l’interdit formellement. Pour THX 1138, c’est désormais la prison qui l’attend…
Notre avis : Premier long-métrage de George Lucas en 1971, reprise d'un court métrage de fin d'études à l'Université de Californie du Sud, produit par Francis Ford Coppola (il s'agit de la première création d'American Zoetrope), THX 1138 (son numéro de téléphone de l'époque à San Francisco) fut un échec relatif à sa sortie (800 000 $ de budget, 2,5 millions de $ de recettes), et il fallut attendre plus de 30 ans avant que George Lucas ne puisse montrer sa vision définitive (2002). Une vision sans concession, avec une musique spectrale et monocorde (de Lalo Schifrin, s'il vous plait). Un vrai thriller d'anticipation social prend sa source ou a fait écho, dans le désordre chronologique et stylistique, à Brazil, 1984, Métropolis, Tron (la poursuite automobile), La Planète des singes ou 2001 l’odyssée de l’espace... Sans compter les influences littéraires comme Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley.
Dans le monde de Lucas, ex-étudiant en anthropologie, tout est aseptisé, les humains ont le crâne rasé, les drogues sont obligatoires, le sexe est interdit, et tout est codifié. A cette époque , aux Etats-Unis, il y a le courant du Flower Power, avec les hippies aux cheveux longs qui prônent la liberté sexuelle... Le film de Lucas est un plaidoyer pour la liberté, une rébellion contre le totalitarisme. Un message qui ne peut laisser indifférent et qui s'avère aujourd'hui cruellement d'actualité.
Le film est cependant bien plus difficile d'accès que les autres oeuvres de Lucas. Ce n'est pas spécialement un film divertissant, mais intéressant. L'aspect déprimant, qui est souligné par le mouvement de la Passion de Saint Mathieu de Bach (musique réutilisée par Scorsese, déjà adorée par Godard), a tellement déplu à la Warner qu'elle a coupé une partie du film et réduit les dépenses marketing. Ceci explique cela.
La version définitive comporte des scènes modifiées, des dialogues changés et trois minutes supplémentaires.
Le succès critique a cependant facilité la vie du jeune Lucas, qui enchaînera avec le culte American Graffiti, de loin son meilleur film.