Star Wars : La prochaine trilogie de Rian Johnson peut-elle aider Disney ?

Posté par wyzman, le 7 décembre 2019

Alors que son nouveau film A couteaux tirés continue de faire un carton un peu partout dans le monde, le prochain job de Rian Johnson (réunir les fans de Star Wars et la jeune cible de Disney) a quelque chose d’ironique.

Rappel des faits

Lorsque J.J. Abrams a dévoilé Le Réveil de la Force en décembre 2015, nombreux sont ceux à avoir critiqué le premier volet de la troisième trilogie centrée autour des Skywalker et autres Jedi. Bien évidemment, il suffit de relire notre critique pour comprendre que malgré que ce nouveau volet arrive plus de 10 ans après La Revanche des Sith, il est difficile de ne pas y voir des similarités avec le premier de George Lucas, Un nouvel espoir.

Effets spéciaux (réussis) à gogo, florilège d’acteurs sur le retour et d’étoiles montantes, avalanche de théories plus inspirées les unes que les autres… Le film de J.J. Abrams amasse plus de 2,068 milliards de dollars au box-office mondiale en fin de course. Des chiffres qui avaient de quoi rassurer Disney, largement moquée en 2012, au moment du rachat de Lucasfilm pour « seulement » 4 milliards de dollars.

Mais deux ans plus tard, alors, que J.J. Abrams a passé la main à un scénariste et réalisateur visiblement très compétent (Rian Johnson), le son de cloche est différent. Peut-être parce que Disney n’a pas attendu la sortie des Derniers Jedi pour annoncer haut et fort que ce même Rian Johnson serait en charge de la prochaine trilogie Star Wars. Une trilogie qu’il n’a depuis cessé de présenter comme complètement à part des aventures des Skywalker — pour mieux marquer sa prise d'indépendance. De quoi soulever de nombreuses questions.

De quoi traiteront ces films ? Qui en seront les figures principales ? Dans quel espace-temps se dérouleront les événements de cette trilogie ? Verra-t-on des visages familiers ? Au moment où nous écrivons ces lignes, ces questions n’ont pas encore trouvé de réponse. Sans parce que cette fois, après le raz-de-marée de critiques négatives adressé aux Derniers Jedi, Disney a appris de ses erreurs. Lasse de teaser le public à longueur de Comic-Con et autres rassemblements, la firme américaine a compris que les fans ont aujourd’hui encore toutes les cartes en main.

Des fans mécontents

Leur pétition pour exclure Rian Johnson de tout projet futur autour de Star Wars et retourner Les Derniers Jedi n’a pas abouti mais à quelques jours de la sortie de L’Ascension de Skywalker, le spectre de Rian Johnson continue d’agacer certains adorateurs. Il faut dire que la tournée promotionnelle d’A couteaux tirés aura été marquée par les références pas du tout subtiles de Rian Johnson à ses prochains bébés : sa propre trilogie. Loin d’être abattu par la pluie de messages haineux qu’il a reçue, l’Américain de 45 ans sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur. Car après avoir achevé la phase 3 du MCU avec Avengers : Endgame et Spider-Man : Far From Home, Disney est le studio américain le plus prolifique et se refuse toute erreur. Voilà pourquoi les films standalone de type Rogue One (une merveille) et Solo : A Star Wars Story (une mauvaise surprise) ont été mis de côté.

Fière de re-donner vie à une saga multi-milliardaire, Disney a longtemps voulu contenter les fans de la première heure, toucher un public toujours large et lui réserver des surprises. Une tâche particulièrement difficile ! Peut-être même trop... Et ce n’est pas J.J. Abrams qui dira le contraire. Malgré une direction complètement différente de son Réveil de la Force, celui à qui l’on doit des séries telles qu’Alias, Lost ou encore Fringe affirme à qui veut l’entendre que Les Derniers Jedi va permettre à L’Ascension de Skywalker d’oser davantage. Faut-il comprendre par là que le volet final de la trilogie de J.J. Abrams ne parviendra pas à satisfaire tout le monde ? Il faut le croire.

Et après ?

Mais alors, pourquoi Disney continue-t-elle à puiser dans l’héritage de George Lucas ? Précisément parce qu’il s’agit d’un « catalogue » de grande valeur. Comprenez par là que l’univers créé par le réalisateur-scénariste des deux premières trilogies est si vaste qu’en refermant le chapitre centré sur les Skywalker, de nouvelles et nombreuses possibilités s’offrent à Disney. Ce que l’on peut d’ailleurs voir dans The Mandalorian, la première série en prises de vue réelles dérivée de Star Wars et dévoilée par Disney sur sa nouvelle plate-forme de streaming, Disney+.

En se concentrant sur quelques personnages ou quelques micro-événements, la société de Mickey a su produire un show de qualité, complexe et intrigant. Dès lors, il y a fort à parier que la prochaine trilogie de Rian Johnson ira dans ce sens en bousculant les codes tout en continuant de faire rêver le public. Plus encore, les premiers fans de Star Wars ayant pris quelques décennies, Disney pourra avec cette trilogie pleinement assumer son choix de toucher une autre cible et de la combler avec du divertissement pur et des enjeux tout autre.

Souvenez-vous, lorsque ce même studio s’est lancé avec Avengers, nombreux sont les journalistes spécialisés (et européens) à avoir dit bien du mal de cette entreprise. Pourtant, sept années plus tard, les mêmes haters attendaient avec impatience de connaître quel sort serait réservé au vilain Thanos. Grâce à un marketing bien pensé et de nombreux rebondissements, le studio producteur et distributeur des Avengers a fait de la saga super-héroïque l’événement cinématographique de l’année. Et ce, sans jamais avoir la prétention de faire du grand cinéma mais bien de faire rêver le public.

Achever pour mieux recommencer

Certes, Les Derniers Jedi n’était sans doute pas ce que les fans de Star Wars-époque Lucas méritaient. Mais la prochaine trilogie de Rian Johnson pourrait bien faire taire les derniers réticents. Les critiques continueront d’être nombreuses mais en laissant le scénariste de Brick et Looper créer quelque chose à son image, Disney pourrait parvenir à dynamiter une saga qui commence à sentir la naphtaline. Ainsi, les préventes de L’Ascension de Skywalker ont beau eu faire la une des sites spécialisés, rappelons que c’était également le cas au moment de la sortie de La Revanche des Sith...

Seul en charge (sur le papier), Rian Johnson a désormais la possibilité de réunir s’il le souhaite différentes générations autour d’une saga qui parle à tous au lieu de tenter de combler les attentes de fans de plus en plus âgés et très attachés aux non-changements. Après avoir essuyé les plâtres pour d’autres réalisateurs à venir, Rian Johnson semble le seul homme capable de produire une trilogie inattendue, riche et drôle à la fois. Tout comme J.J. Abrams était le seul homme capable à l’époque de faire renaître Star Wars de ses cendres en 2015. Maintenant, pour que J.J. Abrams ait la garantie qu’il ne laisse pas à son successeur un univers déprécié sur les bras, L’Ascension de Skywalker doit faire mieux voire plus au box-office que Les Derniers Jedi (1,332 milliard de recettes mondiales). Qui prend les paris ?

[Passions américaines] La fièvre au corps (1981) avec William Hurt et Kathleen Turner

Posté par vincy, le 17 août 2019

La fièvre au corps. Film noir, d’un genre nouveau, plus cru, datant de 1981. C’est surtout un film de débutants. Il s’agit du premier film de Lawrence Kasdan, de la première fois où William Hurt et Kathleen Turner sont en tête d’affiche au cinéma. On y croise aussi un vétéran comme Richard Crenna et un espoir nommé Mickey Rourke.

Le film rappelle en de nombreux points, Assurance sur la mort, de Billy Wilder. Mais ici le casting lui ajoute une tension érotique irrésistible. L’alchimie sera si bonne que Turner et Hurt rejoueront chez Kasdan dans Voyageur malgré lui en 1988.

Ici aucun diable au corps, il s’agit d’un jeu machiavélique, très bien construit. Un mécano où les détails ne seront révélés qu’à la fin, un de ces films à « twist », c’est à dire que la fin nous oblige à revoir l’histoire différemment.
Joli succès à l’époque, cette œuvre pour cinéphiles avertis a redoré le blason du genre, un peu éteint depuis Chinatown

Quand Lawrence Kasdan écrit et réalise ce film, il était juste connu pour avoir scénarisé le deuxième volet de La Guerre des étoiles. La même année que La fièvre au corps, il est aussi l’auteur des Aventuriers de l’arche perdu. On lui devra aussi le scénario de Bodyguard. Comme cinéaste, il a laisse son empreinte dans le cinéma des années 80 avec Les copains d’abord, Silverado et Voyageur malgré lui. Les autres films, Grand Canyon ou Wyatt Earp, étaient plus ambitieux, mais moins populaire. Il n’a trouné que deux films dans les années 2000, Dreamcatcher et Darling Companion. Il continue à travailler sur Star Wars. En cachette, il faut savoir que George Lucas a financé une partie du film, tout en ne voulant pas associer le nom de Lucasfilm à un film si sulfureux.

William Hurt a 30 ans quand il tourne La fièvre au corps. Il doit cette "chance" au refus de Christopher Reeve. Il est alors l’incarnation du jeune américain sexy, ni idiot, ni trop beau. Le film le rend célèbre, alors qu’il a déjà une côte montante à Hollywood après avoir tourné chez Ken Russell (Au-delà du réel). Il a eu ses plus beaux rôles dans les années 80 : Le baiser de la femme araignée, Les enfants du silence, Broadcast news, … Un temps compagnon de Sandrine Bonnaire, il a souvent tourné avec des comédiennes françaises : Charlotte Gainsbourg, Juliette Binoche, Catherine Deneuve… Récemment, Hollywood l’a redécouvert en lui offrant des seconds rôles dans des films comme History of Violence, Into the Wild ou L’incroyable Hulk. Et bien sûr dans Captain America et Avengers...

Il faut entendre Kathleen Turner en version originale. Il s'agit de son premier rôle au cinéma. Cette femme fatale, superstar dans les années 80, était considérée comme la plus sexy d’Hollywood, au point de la faire incarner la mythique Jessica Rabbit dans Qui veut la peau de Roger Rabbit. Elle fut aussi la reine du box office grâce à Michael Douglas dans A la poursuite du diamant vert et La guerre des Rose. Entre temps, elle fut aussi une tueuse à gage chez John Huston (L'honneur des Prizzi) et une femme qui remonte le temps chez Francis Coppola (Peggy Sue). Au début des années 90, l’actrice alterne le théâtre, où elle triomphe à Broadway et à Londres, et les films indépendants comme Serial Mother ou Virgin Suicides. Mais sa performance la plus surprenante fut sans doute d’interpréter le père travesti d’un des héros de la sitcom Friends. Atteinte par la maladie, elle a du se résigner à ne plus être un sex-symbol. Elle apparaît ici et là sur les écrans, mais c'est sur les planches qu'elle s'épanouit le plus.

Turner incarnera souvent les manipulatrices, les femmes fatales, celles sur qui on ne peut pas tout à fait compter. Dans La Fièvre au corps, outre cette sensualité qui trouble, c'est bien un jeu de faux-semblants qui révèlent avant tout comment notre raison s'effrite sous les coups de la passion. Lawrence Kasdan n'a jamais caché qu'il voulait filmer le film comme un rêve moite (le film a été tourné en Floride par un froid de canard malgré tout). Tantôt effroyable, pour ne pas dire castrateur, tantôt érotique (de nombreuses scènes ont d'ailleurs été coupées par la monteuse Carol Littleton, engagée pour apporter un fort point de vue féminin à ce film noir).

On ne résiste pas non plus à la mélodieuse musique de John Barry. Le film ne manquant pas de style, entre mélo et thriller, la musique lui donne une tonalité particulière. Après tout c'est une histoire d'infidélité, de sexe, de fric, de meurtre, d'emprise. Le genre redeviendra à la mode (notamment Liaison fatale et Basic Instinct, tous deux avec Michael Douglas). Mais Kasdan signe ici plutôt un film hommage aux grands classiques, comme Le port de l'angoisse avec Lauren Bacall, en le modernisant avec une sexualité plus crue, juste avant la vague du conservatisme sous Reagan et l'arrivée du SIDA. La chair deviendra plus triste.

Cannes 2018 : Cannes en orbite avec « Star Wars »

Posté par wyzman, le 15 mai 2018

Puisque cette 71e édition nous emmène dans les étoiles avec l’avant-première mondiale de Solo: A Star Wars Story, nouvel épisode de l'univers étendu de la saga Star Wars, présenté hors compétition, et la projection de 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick dans une nouvelle copie 70 mm restaurée (sans modification numérique de l'oeuvre de 1968) à Cannes Classics, profitons-en pour un petit tour d’horizon des « Space opéras » qui ont eu les honneurs de la sélection officielle.

Cannes ce n'est à priori pas le lieu où on s'imagine voir un film de vaisseau spatial et de bataille intergalactique, et pourtant certains gros films de science-fiction ont bel et bien décollé depuis la croisette. Retour sur la saga intergalactique la plus célèbre du monde, par ailleurs grande habituée du tapis rouge.

"Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine..." Tandis que Solo : A Star Wars Story sera projeté hors-compétition le mardi 15 mai en avant-première mondiale, un petit rappel de l'histoire qui lie la saga créée par George Lucas et le Festival de Cannes s'impose. Car outre la nécessité d'avoir quelques blockbusters à l'affiche, Star Wars pourrait bien être le miroir inattendu de la politique et de la production cinématographique américaines.

Jeudi 16 mai 2002 | Star Wars : Episode II - L'Attaque des clones

Projeté hors compétition, le deuxième volet des aventures d'Anakin Skywalker permet une révolution sur la Croisette : l'arrivée en grande pompe du numérique. Le film de George Lucas, qui avait présenté son premier film, THX 1138 à la Quinzaine 31 ans plus tôt, est en effet le premier à avoir été entièrement réalisé avec la caméra Sony-24P. Ce qui n'empêche pas cet Episode II d'être tout simplement assassiné par la critique. La cause principale étant bien évidemment le très mauvais jeu de Hayden Christensen (Anakin Skywalker). Il fait ici de son mieux pour être convaincant mais ne parvient jamais à développer une véritable alchimie avec l'interprète de Padmé Amidala, Natalie Portman.

Pour les puristes de la saga (et les festivaliers qui ont vu La Menace fantôme), cette suite est néanmoins sauvée par l'intrigue autour du personnage que campe Ewan McGregor (Obi-Wan Kenobi). George Lucas se vantera de la qualité visuelle (!) de son film mais personne n'oubliera le tollé subi par L'Attaque des clones...

Dimanche 15 mai 2005 | Star Wars : Episode III - La Revanche des Sith

Trois ans après le mauvais Episode 2, George Lucas est de retour sur la Croisette pour son grand final. Et ce qui devait simplement émouvoir les festivaliers de plus en plus accro à la culture pop se transforme en standing ovation avant et après la projection de gala. Ayant fait le déplacement, Hayden Christensen et Natalie Portman se retrouvent confrontés à l'un des publics les plus difficiles de la planète. Mais décrit comme "un grand film commercial" par le réalisateur Souleymane Cissé, le film est accueilli à bras ouverts par les people présents dans la salle ce soir-là : Sharon Stone, Alain Chabat, Clovis Cornillac...

Bien plus sombre que les films précédents, La Revanche des Sith dispose du parfait dosage entre scènes de combats spatiaux et dilemme shakespearienne sur l'immortalité. La dimension politique du film (on assiste au basculement d'une démocratie en dictature) permet à l'époque à George Lucas de faire le parallèle avec la guerre en Irak.

Mardi 15 mai 2018 | Solo : A Star Wars Story

A l'heure où les grands studios "réservent" des réalisateurs et dates de sortie des mois (voire des années) à l'avance, l'affaire Solo est un cas d'école. L'an dernier, presque à la même période, Disney, le studio qui a racheté les droits de la saga Star Wars pour 4 milliards de dollars, se séparait des deux réalisateurs jusque-là aux commandes du film : Phil Lord et Chris Miller. La raison évoquée est sans surprise des "différends créatifs". Et bien que cela ne nous apprenne pas grand-chose, il y a fort à parier que le ton que les réalisateurs de La Grande Aventure Lego souhaitaient donner à ce spin-off n'a pas plu à Kathleen Kennedy, la grande patronne de la franchise, issue de l'écurie Spielberg. Dès lors, c'est Ron Howard qui est entré en scène pour les remplacer.

Et si la production du film a très certainement dépassé son budget initial en raison de reshoots nécessaires et d'un tournage rallongé, c'est bien lui qui devrait fouler le tapis rouge avant la projection au Grand Théâtre Lumière. Par chance, le héros de son film, Alden Ehrenreich n'est pas un inconnu de la Croisette. Il était présent en 2009 pour Tetro de Francis Ford Coppola. La seule question qui demeure aujourd'hui, en sachant qu'Alden Ehrenreich a signé pour "3 films", est de savoir si Solo aura la singularité et l'originalité d'un Rogue One, le premier stand alone de Disney au succès et à la qualité indéniables.

Quinzaine 50 – 20 cinéastes nés à la Quinzaine des réalisateurs

Posté par vincy, le 14 mai 2018

Héritière directe de ceux qui voulaient affranchir le cinéma de ses chaînes en 1968, la Quinzaine célèbre cette année sa 50e édition. L'occasion d'une promenade à son image - en toute liberté, et forcément subjective - dans une histoire chargée de découvertes, d'audaces, d’enthousiasmes, de coups de maîtres et de films devenus incontournables.

En partenariat avec Critique-Film. Retrouvez tout le dossier ici.


La quinzaine a souvent eu du flair, soit en choisissant des réalisateurs prolifiques d'une cinéphilie peu exposée (Oliveira, Lester James Peries, Ray ...), soit en fidélisant des cinéastes "étiquettés" cannois, soit encore en sélectionnant des réalisateurs qui n'avaient qu'un ou deux longs métrages (pas forcément exportés) à leur actif (Paul Pawlikowski, Todd Solondz, Stephen Frears, Todd Haynes, Denys Arcand, Ann Hui, Atom Egoyan, Roberto Benigni, Ken Loach ...). Elle a aussi manqué les débuts de Hou Hsiao-hsien et Aki Kaurismaki, n'a jamais choisi Pedro Almodovar ou Nanni Moretti, et a souvent invité Newell, Chahine, Oshima, Fassbinder, Schroeter ou encore Carle.

Aussi la sélection suivante n'intègre pas des cinéastes passés par la Quinzaine comme Théo Angelopoulos, Abderrahmane Sissako, Ang Lee, Bong Joon-ho, Gregg Araki, Michel Ocelot, Lynne Ramsey, Werner Herzog, ou tous ceux que nous venons de citer, puisqu'on ne peut pas dire qu'ils aient été révélés par la sélection parallèle. Cependant on notera que trois d'entre eux sont en compétition pour la Palme d'or cette année. Et que certains ont reçu par la suite Palmes ou/et Oscars.

Bob Rafelson - Head (1969)
Produit et coscénarisé par Jack Nicholson, ce film musical est l'adaptation au cinéma d'une série télévisée The Monkees créée par Bob Rafelson. Le film sera un échec public. Mais avec Five Easy Pieces en 1970, nommé à l'Oscar du meilleur film, et Le facteur sonne toujours deux fois en 1980, le cinéaste deviendra à la fois culte et populaire.

Lucian Pintilie - La reconstitution (1970)
Son premier film, en 1965, Dimanche à six heures, n'avait pas connu une carrière internationale fracassante malgré ses prix à Mar del Plata. Avec ce deuxième long, le cinéaste roumain s'offre une belle exposition qui en fera une figure de proue du cinéma roumain dans la période communiste. Deux fois en compétition à Cannes par la suite, avec Un été inoubliable et Trop tard, il recevra pour Terminus Paradis un Grand prix du jury à Venise.

George Lucas - THX 1138 (1971)
C'est le premier long métrage de Lucas. Déjà dans la Science-fiction. Déjà à Cannes. Sans aucun doute cette sélection lui a conféré l'aura d'un auteur singulier, avant son American Graffiti et surtout avant Star Wars, qui le propulsera sur une autre planète du cinéma. C'est évidemment son ouvre la plus audacieuse.

Martin Scorsese - Mean Streets (1974)
C'est son troisième long métrage (après Who's That Knocking at My Door et Bertha Boxcar), mais c'est véritablement le premier à se frayer un chemin vers l'international. Mean Streets, dans la mouvance du nouveau cinéma américain initié par Coppola (qui le produit), Rafelson, Hopper, Lucas et Spielberg (tous deux avant leur passage au blockbuster), précède Alice n'est plus ici et Taxi Driver (Palme d'or deux ans plus tard). Le film révèle Robert de Niro, grâce auquel il reçoit ses premiers prix d'interprétation, et Harvey Keitel.

André Téchiné - Souvenirs d'en France (1975)
Six ans après son premier film, Pauline s'en va, primé à Venise, le cinéaste galère. Ce deuxième film si tardif, avec la présence de Jeanne Moreau en tête d'affiche et de Marie-France Pisier, qui sera césarisée l'année suivante, va lui ouvrir les portes du 7e art. Surtout, on se souvient de Pisier balançant l'une des répliques cultes du cinéma français: "Foutaises ! Foutaises !"

Jim Jarmusch - Stranger than Paradise (1984)
Quatre ans après Permanent Vacation, Jim Jarmusch débarque à Cannes avec son 2e film, une version longue d'un court métrage réalisé un an plus tôt. Il a tout juste 31 ans. Et il devient rapidement une sensation du festival. Le film obtient la Caméra d'or à Cannes et le Léopard d'or à Locarno quelques mois plus tard. Un tremplin vers la compétition puisqu'il y sera 8 fois sélectionné, emportant le Grand prix du jury pour Broken Flowers en 2005. Il n'a jamais été nommé à un seul Oscar.

Spike Lee - Nola Darling n'en fait qu'à sa tête (1986)
C'est son premier long métrage trois ans après son film de fin d'études. Le turbulent Spike Lee surgit dans la cinéphilie mondiale avec sa Nola. Non seulement ce fut un énorme succès mais il glana plusieurs prix dont celui du meilleur premier film aux Independent's Spirit Awards. Tourné en 12 jours, il insuffle un ton nouveau dans le cinéma indépendant américain. Le film sera même décliné en série tv. Et Spike Lee est de nouveau en compétition cette année.

Terence Davies - Distant voices, Still lives (1988)
Après trois moyens métrages, le romancier et réalisateur britannique dévoile la délicatesse de son style dans ce premier long. Et ce sera la découverte d'un grand auteur. Le film sera récompensé par un Léopard d'or au Locarno Festival 1988 et cité pour le César du meilleur film européen. Il emporte également le prix FIPRESCI à Cannes puis à Toronto. Davies revient de loin: faut de budget conséquent, il a du tourner le film durant les week-ends pendant deux ans.

Michael Haneke - Le septième continent (1989)
Le futur cinéaste double-palme d'or a commencé sa carrière à l'écart du Bunker. Connu dans son pays pour ses téléfilms, il arrive avec son premier long métrage dans la section parallèle. Il y présentera les deux suivants avant d'être "upgradé" en compétition pour presque tous les films qui suivront. C'est déjà le style Haneke avec cette histoire d'une famille dont la vie quotidienne n'est rythmée que par des actes répétitifs jusqu'à s'autodétruire.

Jaco Van Dormael - Toto le héros (1991)
Quatre ans avant le carton du Huitième jour en compétition, le réalisateur belge arrive à Cannes dès son premier coup (en même temps il n'a réalisé que quatre longs métrages en près de 30 ans). Après quelques documentaires et courts métrages, ce succès public autour d'une histoire existentielle et de revanche (comme tous ses films), formellement originale, récolte toutes les récompenses: Caméra d'or à Cannes, quatre prix du cinéma européen, un césar du meilleur film étranger, quatre "César" belges...

James Mangold - Heavy (1995)
Bien avant de tourner pour les studios et les méga-stars (Logan, Wolverine 2, Night and Day , Walk the Line et Cop Land entre autres), le réalisateur américain est venu discrètement présenté son premier film à la Quinzaine, quelques mois après son avant-première à Sundance. Le film, avec Liv Tyler, est dans la lignée du cinéma américain des seventies, un peu prolétaire, un peu dramatique.

Jean-Pierre et Luc Dardenne - La promesse (1996)
C'est leur troisième fiction, et les deux frères belges sont déjà auteurs de plusieurs documentaires. Pourtant, avant qu'ils ne soient consacrés par une double Palme d'or, les Dardenne surgissent en mobylette avec un néophyte, Jérémie Renier. Tout y est déjà: la classe moyenne (plutôt celle du bas), la caméra à l'épaule, la conscience morale, le dilemme biblique, la jeunesse. C'était bien la promesse d'un certain cinéma qui allait conquérir le plus grand des festivals. Le film obtient une quinzaine de prix dans le monde.

Jafar Panahi - Le ballon blanc (1995)
De retour en compétition à Cannes cette année, le cinéaste iranien condamné à ne plus tourner ni à sortir de son pays, s'est envolé dans les étoiles il y a 23 ans à la Quinzaine avec son Ballon Blanc, drame familial poétique. C'est le seul film du réalisateur qui est sorti en Iran. Caméra d'or avec ce film, Panahi enchaînera ensuite avec un Léopard d'or au Festival international du film de Locarno pour Le Miroir, un Lion d'or à la Mostra de Venise pour Le Cercle et un Ours d'or du meilleur film au Festival de Berlin pour Taxi Téhéran. Manque plus que la Palme.

Naomi Kawaze - Suzaku (1997)
Après plusieurs documentaires, dont l'écriture influera sur celles de ses fictions, la japonaise Naomi Kawase passe au long métrage avec un drame familial dans un village en déclin. Elle aussi reçoit la prestigieuse Caméra d'or à Cannes, ouvrant la voie à six sélections en compétition ou à Un certain regard. Elle est récompensée d'un Grand prix du jury en 2007 et auréolée d'un Carrosse d'or de la Quinzaine des réalisateurs en 2009.

Bruno Dumont - La vie de Jésus (1997)
Les débuts de Bruno Dumont ont commencé au milieu de la Croisette, deux ans avant son Grand prix du jury pour L'Humanité et neuf ans avant son deuxième Grand prix du jury pour Flandres. Cet abonné au Festival (Ma Loute fut en compétition) n'a jamais dédaigné revenir à cette sélection qui l'a révélé. on y a vu l'an dernier Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc et surtout la série tv P'tit Quinquin. Dumont filme déjà le Nord, la précarité, les exclus, avec des comédiens non professionnels, avec au centre un jeune chômeur qui vit chez sa mère à Bailleul dans un triangle amoureux pas joyeux. Le film recevra en plus le Prix Jean Vigo et une mention spéciale à la Caméra d'or.

Sofia Coppola - Virgin Suicides (1999)
Prix de la mise en scène l'an dernier à Cannes avec Les proies, lauréate d'un Lion d'or à venise, auteure d'un film culte et populaire (Lost in Translation, qui remis Bill Murray sur les rails et révéla Scarlett Johansson), l'héritière Coppola a fait ses premiers pas à Cannes avec un film qui a vite fait le buzz. Kirsten Dunst n'était pas encore connue. Kathleen Turner n'avait plus le glam d'antan. Pourtant cette tragédie familiale, enveloppée des mélodies mélancoliques du groupe Air, a lancé sa carrière avec des projections blindées et l'affirmation d'une cinéaste qu'il fallait suivre.

Cristian Mungiu - Occident (2002)
Dès son premier film, le cinéaste roumain arrive à Cannes, qu'il ne quittera plus d'une manière ou d'une autre: en sélection officielle, dans un jury... ou au palmarès en 2007 avec la Palme d'or, le Prix FIPRESCI pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, en 2012 avec le Prix du scénario pour Au-delà des collines et en 2016 avec le Prix de la mise en scène pour Baccalauréat. Occident est sans doute le plus "léger" de ses films, se focalisant sur l'exode des jeunes voulant partir dans la partie la plus prospère de l'Europe, dans un pays où la corruption, l'injustice et la pauvreté ne laissent pas beaucoup d'espoir...

Nadine Labaki - Caramel (2007)
En compétition à Cannes cette année avec Capharnaüm, la cinéaste libanaise, qui nous avait enchantés à Cannes avec son précédent film Et maintenant, on va où ? il y a sept ans, a d'abord fait étape à la Quinzaine avec ce premier film, le sensuel et féministe Caramel. Un salon de beauté et de coiffure de Beyrouth permettent à cinq femmes d'évoquer leurs amours (parfois infidèles) et leurs désirs (parfois tabous). Ce portrait du Liban, et de ses communautés comme de ses conflits, a charmé le Festival, et connu un joli succès public.

Xavier Dolan - J'ai tué ma mère (2009)
A quoi reconnait-on un chouchou cannois? A sa trajectoire cannoise: de la Quinzaine au Grand prix du jury de la compétition, en passant par une Queer Palm et le film chéri d'une édition (Mummy). Xavier Dolan s'est imposé dès son premier film. Les critiques se sont vite emballées autour de ce drame de la jeunesse, où l'on retrouve déjà les principaux thèmes de son œuvre et son style personnel. Anne Dorval, Manuel Tadros, Suzanne Clément sont déjà devant sa caméra. Ces 400 coups reçoivent à Cannes le prix Art et Essai CICAE et le prix de la SACD pour le scénario, puis plusieurs mois plus tard le prix du meilleur film québécois aux "César" locaux.

Damien Chazelle - Whiplash (2014)
Avant d'être le plus jeune réalisateur oscarisé pour La la Land, le cinéaste américain a débarqué avec un film faussement musical, vraiment dramatique, et totalement initiatique. Une pulsion violente autour du perfectionnisme. Le film, déjà sacré à Sundance, a fait explosé sa cote grâce à sa réception à la Quinzaine, dithyrambique, et ce quelques mois avant d'être distingué à Deauville et d'être nommé aux Oscars. Ironie de l'histoire, son scénario a été dans la fameuse Black List des grands scripts non produits et il lui a fallu réalisé un court métrage à partir d'une partie du scénario pour convaincre des producteurs. Désormais il est au firmament, parmi les noms les plus courtisés par Hollywood. Pourtant ce n'est pas le premier film de Chazelle (il en avait réalisé un quand il était étudiant). C'est cependant bien à Cannes que sa notoriété a décollé.

Star Wars donne un titre à l’épisode VIII

Posté par vincy, le 23 janvier 2017

star wars the last jediCe sera l'événement cinématographique de cette fin d'année. Star Wars, épisode VIII (en salles en France le 15 décembre) s'intitulera Le dernier Jedi (The Last Jedi).

Réalisé et écrit par Rian Johnson à qui l'on doit Une arnaque presque parfaite et  Looper, le film, 8e de la saga donc, se déroule logiquement après Le Réveil de la Force qui était signé J.J. Abrams et qui en reste producteur exécutif. A priori, ce dernier Jedi est bien entendu Luke Skywalker, incarné par Mark Hamill (et qu'on voit lors du dernier plan de l'épisode VII, en haut d'une île loin de tout). Mais peut-être qu'il s'agir de Rey (Daisy Ridley) qui vient à sa rencontre et dont le lien avec Luke va être l'un des moments clés de l'histoire. De ce que l'on sait, Rey, Finn (Boyega) et Poe (Isaac) seront au centre du récit qui explorera leurs motivations diverses.

Carrie Fisher sera de l'aventure puisqu'elle avait tourné ses scènes avant son décès survenu fin décembre. En revanche, elle devait aussi apparaitre dans l'épisode IX et George Lucas a confirmé que l'actrice ne serait pas recréée numériquement.On retrouvera également Adam Driver, Domhnall Gleeson, Oscar Isaac, Lupita Nyong'o, Andy Serkis et John Boyega. Parmi les nouveaux venus, il y aura Benicio Del Toro, Laura Dern et Kelly Marie Tran.

Pourquoi le musée George Lucas sera (finalement) à Los Angeles ?

Posté par vincy, le 12 janvier 2017

Il y a deux ans, le musée de George Lucas devait s'installer à Chicago, pour 700M$. La ville d'Obama, et ville de naissance de son épouse Mellody, l'avait emporté sur San Francisco et Los Angeles. Finalement, après maintes controverses, le créateur de Star Wars a remis son projet en compétition entre sa ville californienne, San Francisco, où est installé sa société, et Los Angeles, capitale du cinéma et des arts (la ville va accueillir plusieurs nouveaux musées dans les prochaines années dont celui des Oscars). Et c'est Los Angeles qui a gagné.

Le Musée de l'art narratif (Museum of Narrative Art) abritera les 10000 pièces de la collection d’art (Degas, Renoir...) et d’objets provenant des tournages des films de George Lucas (dont le masque de Dark Vador). Le milliardaire financera quasiment intégralement le projet, étendu sur trois hectares.

L'Université de l'étudiant George Lucas à deux pas

Le musée de l’Art narratif sera situé dans le Parc des expositions de Los Angeles, à proximité de l'historique stade olympique, le Los Angeles Memorial Coliseum, mais aussi du Musée d'histoire naturelle, du California Science Center et du California African American Museum. Ce quartier universitaire (avec la University of South California, où le cinéaste a fait ses études) est desservi par la ligne Expo du métro de L.A., qui relie le centre-ville à Santa Monica.

La victoire de Los Angeles reste une surprise tant George Lucas (comme Coppola) a toujours été attaché à son indépendance depuis l'installation du Skywalker Ranch et de Lucas Films à San Francisco. "Frisco" proposait le site de Treasure Island, assez isolé en pleine baie. Les aspects pragmatiques ont sans doute contribué au processus de décision : L.A. accueille près de 50 millions de touristes par an quand San Francisco n'en reçoit que moins de 20 millions.

Le musée devait initialement ouvrir en 2018 à Chicago. L'opposition des habitants, tout comme l'opposition de ceux de San Francisco ont aussi contraint les Lucas à revoir leur projet. Finalement, le musée devrait ouvrir en 2020. Le chantier sera amorcé dès cette année aux coins des avenues Vermont et Exposition. A terme, il devrait générer 1000 emplois permanents. Le budget est réévalué à un milliard de dollars.

L'architecture du bâtiment est conçue par le jeune chinois Ma Yansong.

Bilan 2015: un box office nord-américain record qui profitent surtout aux mastodontes

Posté par vincy, le 9 janvier 2016

star wars le réveil de la force épisode 7 han solo harrison ford

Avec 11,13 milliards de $ en 2015 (+7,4% par rapport à 2014), le box office nord-américain a battu un record historique, essentiellement du grâce aux scores faramineux de Star Wars : La force se réveille, sorti deux semaines avant la fin de l'année.

L'ère dominatrice de Lucas et Spielberg

Enfoncés les 10,92 milliards de $ de 2013. Outre Star Wars, l'année a pu aussi compter sur Jurassic World et ses 652M$. Deux films sortis en 2015 se classent donc parmi les 5 plus grosses recettes (hors inflation) du box office nord-américain, aux côtés d'Avatar, Titanic et le premier Avengers. Si on tient compte de l'inflation, 2015 aura placé deux films dans le Top 25 des films les plus vus sur le continent (Star Wars 7 et Jurassic World). Ce n'est jamais arrivé hormis pour les années 1965 (La mélodie du bonheur, Docteur Jivago) et 1973 (L'Arnaque, L'Exorciste). La franchise Star Wars imaginée par George Lucas place ainsi son 5e film dans ce Top 25 et la franchise des films réalisés ou produits par Spielberg fait de même, surclassant ainsi Disney et ses 4 films d'animation.

Des ventes de billets en baisse, compensées par les records des salles Imax

Cependant les dix plus gros succès ont capté 3,6 milliards de dollars. Le marché se concentre sur des mastodontes. D'ailleurs, les recettes sont gonflées par ces mêmes mastodontes qui colonisent les salles IMAX où les billets sont plus chers. Ainsi, le nombre de billets vendus, 1,334 million au total, n'augmente "que" de 5,2%. Il y a eu davantage de spectateurs dans les salles durant les années précédentes, à l'exception de 2011 et 2014. On est très loin du score de l'année 2002 avec 1,576 million de spectateurs.
Enfin, cette hausse des recettes est bien inférieure à celle enregistrées dans des marchés comme la Chine, le Royaume-Uni, ou la Corée du sud.

Car la part de marché des Etats-Unis et du Canada anglophone continue ainsi de se réduire pour Hollywood (désormais moins d'un dollar sur trois provient du plus gros pourvoyeur de spectateurs du monde). On estime à 38 milliards de $ les recettes des films en salles dans le monde (+3,5%), très loin devant les précédents records. La Chine continue sa progression inexorable. Elle représente dorénavant 18% des recettes mondiales, avec une hausse de 50% (!) par rapport à l'année dernière. Il ne sera pas étonnant de voir de plus en plus de films hollywoodiens produits avec des critères moraux et des castings pouvant séduire les Chinois.

La plupart des hits font 70% de leurs recettes à l'étranger

Mais cette perte de l'hégémonie américaine ne contrarie pas les studios. Quatre films sont ainsi entrés dans le Top 7 historique des recettes (toujours hors inflation). Quasiment tous les films venus d'Hollywood font désormais plus de la moitié, et parfois les trois quarts, de leurs recettes à l'étranger. Dans le top 50 des recettes mondiales seuls Bob l'éponge, Pitch Perfect 2, Snoopy et les Peanuts, NWA Straight Outta Compton, Crazy Amy et Get Hard font exception. A l'inverse, les Minions, 007 Spectre, Mission Impossible Rogue Nation, Cinquante nuances de Grey, Terminator Genesys ou Taken 3, pour ne citer que les films du Top 20, captent plus de 70% des recettes hors Etats-Unis.

Un ourson et un loup sauvent le désastre des films étrangers

Et grâce à la Chine, pour la première fois, 5 films ont dépassé le milliard de dollars de recettes durant une seule année calendaire. Les productions hollywoodiennes dominent largement le Top 100 mondial, si on excepte quelques productions asiatiques qui font l'essentiel de leur business à domicile. Le premier film non américain (sans l'appui d'un studio US) ayant bénéficié d'une sortie sur plusieurs marchés est un film franco-britannique, Paddington, 25e, avec près de 260M$ (dont une grosse partie en 2014), loin devant le film franco-chinois de Jean-Jacques Annaud, Le dernier loup (123M$, 42e), énorme succès en Chine.

juliette binocheCar si les suites, remakes, spin-offs et reboots ont cartonné (12 sur 30), tout comme l'animation (7 sur 30 dont deux des plus grosses recettes du genre), les films indépendants et étrangers ont soufferts sur le sol nord américain. Paddington (film animé par ailleurs) est l'exception de l'année (37e), loin devant La femme au tableau et Indian Palace : Suite royale. Et le premier film en langue étrangère est là encore un film d'animation, en espagnol, Un Gallo con Muchos Huevos, seulement 124e (le premier film en français est Sils Maria, 182e!).

Année après année, les films en langue étrangères aux Etats-Unis séduisent de moins en moins. Si les films venus d'Inde et d'Amérique du sud résistent, c'est la bérézina pour le cinéma européen non anglophone. Depuis dix ans, seulement 8 de ces films ont rapporté plus de 9 millions de $ (dont Intouchables et La Môme côté français). A peine un par an en moyenne. En 2015, ils ne sont que 13 (dont Timbuktu) à avoir rapporté plus de un million de dollars au box office.

King Universal

Enfin, côté studios, Universal, qui a cumulé les leaders et sorti trois de ses dix plus gros hits cette année, avec 7 films au dessus de 100M$, a dominé le marché (21,3% du box office). Depuis 2000, c'est sa meilleure année mais aussi la première fois que le studio est leader annuel et la première fois qu'un studio passe le cap des 20% de parts de marché. Derrière Buena Vista/Disney, avec lui aussi trois de ses dix plus gros hits cette année et 6 films au dessus de 100M$, a vécu un superbe exercice (19,8%). Les 6 majors cumulent ainsi 80,6% de parts de marché (hors filiales indépendantes) contre 77,4% l'an dernier et 71% en 2013. Hormis Lionsgate, aucun distributeur indépendant n'a de films dans le Top 30 annuel.

Mon film de l’année 2015 : Star Wars, épisode VII: Le réveil de la force de J.J. Abrams

Posté par wyzman, le 27 décembre 2015

star wars le réveil de la force épisode 7 han solo harrison ford

Dix ans après La Revanche des Sith, La Force a à nouveau frappé dans les salles de cinéma. Et il faut reconnaître que cet acte marquera l'histoire du cinéma pendant au moins une décennie. En effet, s'il ne faut retenir qu'un seul film de toute cette année 2015, c'est sur Le Réveil de la Force que mon choix se porte. Premier volet d'une nouvelle trilogie, le film réalisé, scénarisé et produit pas J. J. Abrams est une véritable pépite de space opera, un genre que George Lucas himself a popularisé et auquel il a donné ses lettres de noblesse. C'était en 1977 avec le premier Star Wars, désormais intitulé épisode IV: Un Nouvel espoir.

Trente-huit ans plus tard, c'est avec un certain aplomb que J. J. Abrams s'est engouffré dans l'univers qui l'a bercé pour livrer un film intense, attendu et épique. Intense car, que l'on soit fan ou pas de la saga, l'évocation de Star Wars suscite de vives réactions, bonnes ou mauvaises. Attendu car Star Wars figure aujourd'hui encore parmi les 3 sagas les plus rentables de l'histoire et que son influence dans la pop culture n'est plus à démontrer. Épique car pendant 135 minutes, le réalisateur de Super 8 nous envoie bien au-delà du septième ciel : aux confins de l'espace grâce à des scènes d'action franchement brillantes.

Les détracteurs du film (et de la saga) évoquent un marketing abject, du fan service à peine masqué et une pâle copie de l'épisode 4. Certes, il y a un peu de vrai dans tout cela. Mais c'est également là que l'on retrouve le génie du jeune Abrams. Plus que conscient de la valeur de la saga pour l'industrie du spectacle, celui-ci a repris les étapes clés de la première trilogie pour les déconstruire, les arranger à sa sauce et faire un film qui parle aux plus anciens, aux novices et aux fans de demain. Avec son casting multigénérationnel et où la diversité se voit, Le Réveil de la Force n'est pas un simple blockbuster made in Disney mais bien un événement auquel personne n'a pu échapper.

Entre cette héroïne qui émerge, cet acolyte noir et en vie, ce boy-scout pas si présent que ça et ces parents qui se remettent en question, Star Wars 7 fait preuve d'une modernité déconcertante voire attendrissante. Doté d'une philosophie bien à lui, où la limite entre bien et mal est moins christique que par le passé, Le Réveil de la Force est un énorme divertissement et un gigantesque spectacle dans lequel la magie opère. Les dialogues semblent d'un autre temps mais le tout est visuellement futuriste. Et c'est une chose que l'on ne peut pas enlever au bébé de J. J. Abrams ! C'est d'ailleurs parce qu'il ne réalisera pas les deux prochains volets que l'on peut décemment dire que cet épisode VII est le film de sa vie, l'œuvre dont le public se souviendra à jamais. Plus encore, c'est un bijou visuel qui renferme tout l'univers créé par George Lucas, le père spirituel de J. J. Abrams, et la pâte de ce dernier.

Que l'on ait aimé ou simplement eu envie de voir ce Star Wars 7, il n'en demeure pas moins le film de l'année, celui qui a dynamité comme jamais le box office et remis au goût du jour une saga que l'on trouvait jusqu'à il y a peu vieille et ringarde. Drôle, fantastique et empli d'une nostalgie et d'une volonté de faire plaisir assumées et revendiquées, Le Réveil de la Force clôt avec brio une année 2015 inoubliable.

Le musée d’art de George Lucas s’installera à Chicago

Posté par vincy, le 25 juin 2014

Malgré son histoire professionnelle et personnelle avec San Francisco, le lobbying de Los Angeles (lire notre actualité du 16 juin), la ville de ses études et de ses débuts, c'est bien Chicago qui a emporté le morceau : le musée d'art de George Lucas - 700 millions de $ d'investissement. Sans doute peut-on y voir une déclaration d'amour déguisée à sa femme, Mellody Hobson, native de la métropole du Midwest. Depuis leur mariage l'an dernier, Lucas et elle partagent leur vie entre San Francisco et Chicago.

Le Lucas Museum of Narrative Art devrait ouvrir en 2018. Il sera érigé sur les bords du Lac Michigan, entre le stade de Soldier Field et le sanctuaire ornithologique de MacCormick, en plein "Museum Campus" (regroupent de plusieurs lieux dédiés aux arts et aux sciences). Il remplacera un affreux parking à ciel ouvert qui fait face à une marina de plaisance.

Le visiteur y découvrira aussi bien des peintures de Norman Rockwell ou de Maxwell Parrish que des objets des films du réalisateur et des des expositions sur le cinéma et les arts numériques.

Los Angeles et San Francisco bataillent pour obtenir le musée de George Lucas

Posté par vincy, le 16 juin 2014

r2 d2 los angeles george lucas

Les deux grandes métropoles rivales californiennes, Los Angeles et San Francisco, se livrent une bataille de communication pour pouvoir accueillir le musée d'art de George Lucas.

Le musée, qui devrait couter aux alentours de 100 millions de $ au final, devrait héberger la collection personnelle (tableaux, photos...) de George Lucas ainsi que des expositions sur le cinéma et le numérique.

Campagne Twitter pour L.A.

Le nouveau maire de Los Angeles, Eric Garcetti, vient d'adresser une lettre au créateur de Star Wars exprimant l'intérêt de la deuxième ville des Etats-Unis pour ce musée.  Le maire propose de construire le musée à proximité de la University of Southern California, où Lucas a étudié dans les années 60. Le quartier abrite également les installations olympiques de la ville (le Colisée et le Memorial Sports Arena), la cté des sciences et le musée d'histoire naturelle, à trois stations de métro du centre-ville. Le projet imaginé par Garcetti est ambitieux : il souhaiterait démolir le Memorial Sports Arena, pourtant rénové récemment, qui serait remplacé par une salle multisports plus vaste et plus moderne, pour y loger le musée.

La ville de Los Angeles serait prête à contribuer à la construction de ce musée, chose assez rare dans un pays où la culture est davantage affaire de mécénat que de fonds publics. Le maire a lancé ce week-end une campagne sur les réseaux sociaux avec le hashtag #WhyLucasInLA) pour que les habitants de la ville s'emparent de ce projet. L.A. met aussi en avant ses 42,2 millions de touristes annuels pour sensibiliser le réalisateur.

San Francisco, le choix naturel

Lucas n'a pas encore répondu à cette invitation. D'autant que la concurrente du nord, San Francisco, lui fait aussi de l'oeil. Le maire de la ville, Edwin Lee a mis à disposition un espace de près d'un hectare sur le port, en plein centre-ville. Le cinéaste avait une préférence pour Crissy Field, à deux pas du Golden Gate Bridge, en plein parc Presidio, où loge déjà le musée de la Famille Walt Disney. Mais l'organisme en charge du parc du Presidio a refusé le projet de Lucas. Cependant, comme une contrepartie, le Presidio Trust a proposé une partie annexe du parc, près du Letterman Digital Arts Center, voisin du siège de Lucasfilm et d'ILM, les deux sociétés fondées par le cinéaste.

Ce ne sont pas les deux seules villes intéressées puisque Chicago a aussi fait une offre, en bordure du Lac Michigan.