Cinespana 2010 : coup de projecteur sur le cinéma espagnol contemporain

Posté par MpM, le 2 octobre 2010

Patrick Bernabé est l'un des programmateurs du festival Cinespana. Chaque année, il suit avec attention la production cinématographique ibérique et en tire la substantifique moelle afin de donner aux festivaliers un aperçu représentatif de sa richesse et de sa diversité.  S'il y a un bien un homme capable de nous donner les grandes tendances du festival et plus globalement du cinéma espagnol actuel, c'est lui !

Ecran Noir : Comment avez-vous bâti la sélection de Cinespana cette année ?

Patrick Bernabé : Plus que jamais, nous avons souhaité montrer les différents aspects du cinéma espagnol, ce qui est passé par une programmation plus structurée. Il faut préciser qu'il y a eu moins de films produits en Espagne cette année, à cause de la crise économique. Le choix était donc plus restreint, et il y a par exemple moins de longs métrages dans la section Panorama que les autres années.

EN : Par contre, il y a plusieurs sections thématiques...

PB : Oui, par exemple "de la résistance à la Transition" est un reflet de la société espagnole récente, entre la censure de la dictature et l'apparition de la liberté avec la Transition. La section "Mémoire" explore la mémoire et les difficultés à l'exprimer, en montrant comment aujourd'hui on perçoit l'époque de la guerre civile.  Nous avons aussi voulu donner une carte blanche au producteur indépendant Lluis Minarro qui a produit une vingtaine de films souvent difficiles dans le forme. C'était important pour nous de présenter son travail, d'autant qu'il est le coproducteur d'Oncle Boonme, la dernière Palme d'or. Enfin, "la dernière séance" rappelle que le cinéma fantastique espagnol est l'un des plus innovants au monde. Nous rendons notamment un hommage à Paul Naschy qui est l'un des initiateurs du genre en Espagne.

EN : Vous avez une bonne image d'ensemble des films sortis en Espagne ces derniers mois... Quelles tendances avez-vous notées ?

PB : Les problèmes sociaux sont toujours très présents, notamment la drogue. Par contre, cette année, il n'y avait pas de film de prison contrairement à l'an dernier. Le cinéma est toujours le reflet d'une société, mais c'est particulièrement vrai pour le cinéma espagnol ! Par ailleurs, nous avons vu peu de comédies, et moins de films historiques, à part bien sûr dans le domaine documentaire.

EN : Sur quels films attirez-vous particulièrement l'attention du public, toutes sections confondues ?

PB : Il y en a plein car le niveau était très bon cette année ! Mal dia para pescar de Alvaro Brechner est un film formidable. Personnellement, j'aime aussi beaucoup Habitacion en Roma. Dans la section Panorama, il y a notamment Elisa K qui vient de recevoir un prix à San Sebastian. Dans les documentaires, il y a Mi Vida con Carlos sur l'histoire récente du Chili. C'est l'histoire d'un fils qui part à la recherche de son père assassiné en 1973. Garbo, el espia sur la vie d'un espion pendant la deuxième guerre mondiale. Le film est entrecoupé d'images tirées de films d'espionnage, c'est très bien fait. Et puis bien sûr il y a Fake orgasm qui est un film incroyable, qui fait vraiment se remettre en questions le spectateur. Dans la section "Mémoire", Los caminos de la memoria fait écho à la loi sur la Mémoire historique et essaye de comprendre ce qu'il s'est réellement passé pendant les années Franco. Enfin, Senora de apporte le témoignage de femmes qui racontent leur vie sous le franquisme et l'oppression sexiste qu'elles ont subie à l'époque.

EN : Aujourd'hui, on a l'impression de voir plus de films espagnols dans les salles...

PB : C'est vrai, le cinéma espagnol s'exporte mieux : en 2009, 20 films espagnols ont été distribué) en France. Il rencontre une vraie reconnaissance internationale. En France, je pense qu'on y est un peu pour quelque chose. Nous avons réussi à le faire reconnaître, à le sortir des clichés dans lequel il était enfermé. En tout cas, c'était notre ambition.

Festival Lyon en Lumière 2010 : Milos Forman et Luchino Visconti à l’honneur

Posté par Morgane, le 2 octobre 2010

Le Festival Lumière souffle ses deux bougies?!!! En effet, pour sa deuxième édition, le Festival Lumière ouvre ses portes à Lyon du 4 au 10 octobre. Ayant pour thème les grands classiques du 7e Art, il met en lumière divers cycles axés autour de plusieurs réalisateurs, genres et thèmes.

Cette année, après mister Clint Eastwood, c’est au tour de Milos Forman d’être l’invité d’honneur du festival. Il recevra samedi 9 octobre le Prix Lumière pour l’ensemble de son oeuvre, séance au cours de laquelle sera projeté son Amadeus Director’s Cut. Une rétrospective intégrale permettra alors aux spectateurs de découvrir ou redécouvrir tous ses films (Vol au-dessus d’un nid de coucou, Man on the Moon, Hair, Taking Off, Ragtime etc).

Un autre grand réalisateur, italien cette fois, sera lui-aussi à l’honneur?: Luchino Visconti. Ce sera l’occasion de revoir ses films, dans lesquels ont joué de très grandes figures du 7e Art (Claudia Cardinale, Burt Lancaster, Alain Delon, Marcello Mastroianni...), que ce soit en noir et blanc (Rocco et ses frères, Sandra...) ou bien en couleur (Le Guépard, Mort à Venise...). Certains films de cette rétrospective seront d’ailleurs montrés en copies neuves ou restaurées.

Le festival sera également l’occasion de rendre hommage à un cinéaste français quelque peu oublié, Raymond Bernard.

Plusieurs cycles ponctueront par ailleurs cette semaine dédiée au Cinéma?: Raretés US 70’, Déjà Classiques?!, Best of restaurations 2010, Profondo Rosso?: le cinéma de Dario Argento, De retrour sur les écrans?!, Sublimes moments du muet (dont notamment Le Cameraman qui sera présenté le 6 octobre à l’Auditorium de Lyon, accompagné par l’Orchestre national de Lyon dirigé par Timothy Brock). Enfin, des événements et hommages auront lieu tout au long du festival (invitation à Jean-Louis Trintignant, a tribute to Anthony Quinn, une nuit de la comédie américaine etc.) et les enfants auront également une séance rien qu’à eux - même si les adultes seront évidemment les bienvenus - avec la projection du célèbre film d’animation Le Roi et l’Oiseau.

Le Festival fermera ses portes le dimanche 10 octobre avec la projection du Guépard de Luchino Visconti, en présence de Claudia Cardinale après les avoir ouvertes le lundi 4 octobre à 20h avec la projection de Chantons sous la pluie en présence, entre autres, de Stanley Donen.

À l’heure où Lyon ferme ses salles d’art et d’essai, CNP Odéon en tête, on est heureux de voir qu’un festival de cette qualité peut naître dans la ville Lumière... Pourvu que son parcours soit long et que sa reconnaissance et sa fréquentation donnent envie aux politiques culturelles de renforcer le 7e Art à Lyon, en ouvrant de nouvelles salles d’art et d’essai... ou du moins en n’en fermant plus.

Cinespana 2010 : c’est parti pour une 15e édition !

Posté par MpM, le 2 octobre 2010

La 15e édition de Cinespana s'est ouverte vendredi soir dans une ambiance festive. Pendant dix jours, Toulouse va vivre au rythme du cinéma espagnol, avec pas moins de 143 films présentés.

Le jury (notre photo) composé de Myriam Mézières, Georges Corraface,  Dominique Besnehard, Luis Rego,  Jean-Claude Petit et  Serge Regourd devra lui départager les huit films de la compétition longs métrages.

Les stars du prochain festival de Cannes rouleront en « Latitude »

Posté par MpM, le 1 octobre 2010

Luc BessonCinéma et automobile ont toujours fait bon ménage, même si à l'écran les voitures sont plus souvent victimes (explosées, jetées dans des précipices, réduites en bouillie... en bref, soumises à de mauvais traitements) qu'héroïnes. Qu'importe, les deux industries se soutiennent l'une l'autre, la première apportant glamour et visibilité, la seconde proposant un substantiel apport matériel.

Et puis, dans la réalité, il faut bien véhiculer les stars, surtout pendant les festivals (essayez un peu de traverser la Croisette en talons hauts !), et surtout quand il risque de pleuvoir...

On sait donc désormais quelle voiture remplira cet important office à Cannes en mai 2011 : la nouvelle Renault Latitude. Avec en prime des gadgets astucieux qui feraient pâlir de jalousie James Bond, à savoir un siège passager proposant quatre types différents de massage et l’émanation de parfums d’ambiance à programmer selon ses désirs. De quoi oublier le stress des interviews, de la montée des marches et du palmarès ?!

Mais ce n'est pas tout : pendant toute la durée du Mondial de l'automobile qui ouvre ses portes demain, la star, c'est vous ! En effet, les visiteurs du salon pourront découvrir en exclusivité la petite dernière de chez Renault, exactement comme Luc Besson (en photo avec Carlos Gohn) a pu le faire en avant-première le 30 septembre dernier lors de la soirée "Renault aime le cinéma". En présence de nombreuses personnalités du 7e art, parmi lesquelles Aïssa Maiga, Thierry Lhermitte, Judith Godrèche, Gérard Darmon..., le réalisateur a par ailleurs dévoilé le court métrage d'animation en 3D autour de la voiture électrique réalisé par Edouard Salier et dont il est à l'origine. Preuve si besoin était que le cinéma et l'automobile n'ont pas fini de s'alimenter l'un l'autre...

copyright photo : François Durand / Getty Images

Viggo Mortensen sur la route, de l’Argentine à la Russie

Posté par vincy, le 1 octobre 2010

Il est d'habitude plutôt rare sur les écrans. Mais Viggo Mortensen semble pris d'une certaine frénésie. Il a débuté au printemps avec le personnage de Sigmund Freud. A Dangerous Method, le prochain David Cronenberg, met en scène Keira Knightley, Michael Fassbender et Vincent Cassel (voir aussi actualité du 11 mars 2010).

Il a rejoint tardivement le tournage de Sur la route (voir actualité du 7 mai 2010), l'adaptation du roman culte de Jack Kerouac par Walter Salles. Le casting complet comprend Amy Adams, Alicia Braga, Sam Riley, Kirsten Dunst, Kristen Stewart, Tom Sturridge et Garrett Hedlund.

Les deux films sont prévus pour une avant-première cannoise.

Cet hiver, Cronenberg et lui espèrent se retrouver pour une suite aux Promesses de l'ombre qui serait filmée en Russie. Il a donné son accord à Ana Piterbarg pour tourner en Argentine en mai prochain dans Todos tenemos un plan (Everyone has a Plan).

Enfin, mais toujours en stand-by, il a deux projets dans les tuyaux : A Wing and A Prayer et Vanikoro.

Dernière course pour Tony Curtis (1925-2010)

Posté par MpM, le 30 septembre 2010

tony curtisL'acteur Tony Curtis s'est éteint jeudi 30 septembre à l'âge de 85 ans. Lui qui avait été longtemps abonné aux rôles de charmeurs restera ironiquement dans les mémoires pour son rôle de travesti dans le chef d'oeuvre de Billy Wilder, Certains l'aiment chaud (1959), aux côtés de Marilyn Monroe.

Le beau brun au sourire irrésistible avait commencé sa carrière une dizaine d'années plus tôt sous la caméra de Robert Siodmak, dans le film noir Criss Cross (Pour toi j'ai tué).  Remarqué par un producteur, il avait alors signé un contrat de 7 ans avec les studios Universal. Et c'est ainsi que ce fils de tailleur qui connut une enfance difficile réalisa son rêve de jeunesse : devenir un acteur célèbre.

Entre 1950 et 1970, il tourne avec Douglas Sirk (No Room For the Groom), Carol Reed (Trapeze), Blake Edwards (L'extravagant monsieur Cory, La grande course autour du monde), Vincente Minnelli (Good Bye Charlie), Stanley Kubrick (Spartacus), Richard Fleisher (Les vikings)... C'est d'ailleurs ce réalisateur qui lui offrit son rôle favori en 1968 avec L'étrangleur de Boston.

L'acteur excelle dans les rôles comiques ou de séduction. A la fin des années 70, il trouve même le personnage synthétisant ces deux facettes : Danny Wilde, dans la série télévisée The persuaders (Amicalement vôtre). Il y forme un duo de choc avec Roger Moore. Le ton est léger, souvent facétieux et Curtis s'y montre plein d'ironie et d'auto-dérision. Malgré le peu d'épisodes tournés, la série devient culte, et revient régulièrement sur les écrans français.

Toutefois, on ne peut pas réduire son talent à ce seul type de rôles. A plusieurs reprises dans sa carrière, il a en effet prouvé sa capacité à se fondre dans des histoires dramatiques ou sombres. Dans Le grand chantage d'Alexander Mackendrick, il incarne ainsi un journaliste véreux pris au milieu des conflits d'intérêt. Mais c'est surtout avec The Defiant Ones (La chaîne) de Stanley Cramer, qu'il se montre sous son jour d'artiste engagé et militant. En effet, le scénario contraignait l'acteur principal à être enchaîné à Sydney Poitier pendant la majorité du film. Or, à cette époque de ségrégation, personne n'avait voulu apparaître ainsi aux côtés d'un acteur noir. Non seulement Tony Curtis accepta le rôle, mais en plus il insista pour que son partenaire soit également proposé pour l'Oscar du meilleur acteur. Bien qu'ils ne furent pas récompensés, le geste resta dans les mémoires. De même que la fameuse scène "gay" avec Laurence Olivier dans Spartacus de Stanley Kubrick. Censurée à l'époque, mais désormais célèbre.

Après tant de "remous", Tony Curtis s'était fait rare au cinéma. Il se consacrait à la peinture, à la photographie, à la télévision... On l'a vu malgré tout dans Le dernier Nabab d'Elia Kazan (1976), Treize femmes pour Casanova de François Legrand (1977), Sextette de Ken Hughes (1978)... ou encore Les adversaires de Ron Shelton (1999).

Pourtant, après plus de 120 films tournés, Tony Curtis ne s'estimait pas comblé. "J'ai l'impression de ne pas avoir eu les films que j'aurais dû avoir. J'avais l'impression que j'aurais mérité mieux", regrettait-il en 2008 lors d'un entretien avec l'AFP

Un festival de cinéma gay fête son 9e anniversaire en Indonésie

Posté par MpM, le 30 septembre 2010

Depuis huit ans, le festival international de cinéma gay "Q!" s'est imposé en douceur dans la vie culturelle de Jakarta, dans le but avoué de combattre les tabous sans agressivité ni prosélytisme. Cette année, les organisateurs espèrent attirer 15 000 spectateurs à leurs 120 projections, expositions et débats. Le tout grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux, car toute médiatisation d'envergure pourrait attirer les foudres des bastions les plus conservateurs du pays.

Car si l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde avec 240 millions d'habitants, autorise l'homosexualité entre adultes consentants, il n'en est pas moins difficile d'y afficher ses préférences sexuelles au grand jour. En effet, certains mouvements islamiques se présentant comme les  "défenseurs des valeurs musulmanes" voient d'un mauvais oeil la tolérance dont fait preuve la loi,  et tentent d'y remédier, parfois par la force.

Ainsi, à Aceh, bastion de l'islam sur l'île de Sumatra, les députés locaux ont été jusqu'à déclarer l'homosexualité punissable de 100 coups de bâton. Heureusement, le gouvernement provincial a refusé d'approuver cette loi locale. En revanche, deux conférences, d'homosexuels et de transsexuels, ont été annulées depuis le début de l'année suite à l'intervention de militants extrémistes. Une polémique a également vu le jour lorsque le ministre de la Communication, élu d'un parti religieux, a fait l'amalgame entre sida et pornographie...

Pour autant, le festival Q! se déroule en toute légalité. "Nous n'avons pas d'objection. Tant que les films ne sont pas trop sexuellement explicites ni trop vulgaires", a précisé le porte-parole du ministère de la Communication. "Je suis sûr que les organisateurs connaissent les limites et ont conscience des particularités éthiques et culturelles en Indonésie".

En gros, l'idée est de ne pas faire de vagues. Et pour mieux asseoir la légitimité de leur manifestation, les organisateurs ont pris soin d'être parrainés par des clubs privés et des centres culturels étrangers, notamment français, néerlandais ou allemand. "Comme les financements proviennent d'organisations étrangères et les films sont projetés dans des centres internationaux, les radicaux n'oseront pas nous attaquer", conclut John Badalu, le directeur du festival.

Dossier 3D relief : l’arnaque du moment ? (3)

Posté par geoffroy, le 30 septembre 2010

Alors que le quatrième opus de la saga des Resident Evil est sorti mercredi dernier sur les écrans, une question nous taraude : irons-nous le voir pour son contenu ou bien parce qu'il nous est proposé en 3D ?

La 3D relief : un procédé qui nous dupe allègrement…

"La 3D c'est de la merde. J'étais présent lors de la première vague 3D relief au cours des années 50. C'est juste un procédé pour vous faire dépenser davantage votre argent…un simple gimmick."

Cette attaque en règle, que l'on doit au célèbre réalisateur américain John Carpenter présent au salon de l'E3 (salon du jeu vidéo de Los Angeles), est loin d'être isolée. Plusieurs cinéastes Hollywoodiens dont J.J. Abrams (Lost, Star Trek) et Jon Favreau (Iron-Man) ont, eux aussi, marqué publiquement leur hostilité vis-à-vis de la 3D au cours du Comic-Con de San Diego en juillet dernier. Ils reprochent l'utilisation abusive (entendez par là commerciale) d'une technique n'apportant pas ou peu de plus-value narrative aux films qui en bénéficient. Sans oublier les difficultés de tournage, de rendu, de postproduction, voire d'intérêt propre. Christopher Nolan lui-même aurait refusé que son Inception soit converti en 3D. Cherchez le malaise…

Deux exemples fâcheux viennent corroborer l'ire des cinéastes cités dans le paragraphe précédent :

- Alice au pays des merveilles de Tim Burton. Contrairement à l'aspect général dégagé par le film, seuls 20% des titans_okimages ont été filmées en 3D relief. C'est peu pour un
long-métrage vendu comme une expérience 3D novatrice. En l'état, nous pouvons affirmer que le film n'a pas été pensé en 3D. Ce qui, pour ne rien vous cacher, ressemble à une belle petite arnaque planétaire.

- Le choc des Titans de Louis Leterrier et le Dernier maitre de l'air de M. Night Shyamalan. C'est la Warner Bros. qui dégaine en premier. Filmé en 2D, le Choc des Titans est subitement " gonflé" en 3D relief par la Compagnie Prime Focus. Les raisons invoquées sont simples : pouvoir diffuser le film dans des cinémas équipés en projection 3D. Hélas pour le consommateur, le résultat est catastrophique (j'ai pu tester les deux formats et la 2D gagne par KO au premier round). Les couleurs sont pâles et la nouvelle perspective ne colle pour ainsi dire jamais à la mise en scène du réalisateur français. Même constat pour le film de Shyamalan qui, plus étonnant encore, a vu sa sortie française repoussée d'une semaine pour cause de conversion non finalisée.

… et dont l'avenir ne se jouera pas qu'au cinéma

L'interaction entre la 3D relief et le cinéma est une longue histoire. De spécifique, elle devient partagée. La donne change de nature même si la victoire de la 3D au cinéma est enfin consommée, du moins dans l'immédiat. L'enjeu à long terme : sa pérennité. Et là, plus question de raisonner 3D-cinéma / cinéma-3D. La mondialisation est passée par là, invitant désormais la 3D un peu partout,  dans le jeu vidéo, les concerts filmés, le sport, l'industrie vidéo avec la sortie des tous premiers écrans 3D (avril 2010) et le porno. Le champ d'application s'élargit au profit d'une 3D multiple prête à devenir le nouveau standard de demain.

Alexandre Aja, jeune réalisateur français responsable de Piranha 3D (actuellement sur les écrans), estime que le succès de la 3D en salles pourrait bien être épisodique. A moins que les autres formes d'expression investissent véritablement notre salon. L'avènement de la 3D comme norme universelle serait alors inévitable. Nous n'en sommes pas encore là, mais la révolution marketing du procédé 3D relief est bel et bien en marche.

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Lire la première partie du dossier : 3D relief : l'explosion du genre
Lire la deuxième partie du dossier : 3D relief : la révolution marketing

Arthur Penn tire sa révérence (1922-2010)

Posté par geoffroy, le 30 septembre 2010

Arthur PennArthur Penn, l’alter ego cinématographique de Sam Peckinpah, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 88 ans. Avec la disparition de cet immense cinéaste qui tournait peu (13 films en 31 ans), la nouvelle vague américaine vient de perdre l’un de ses derniers chefs de file.

Arthur Penn, au-delà de l’excellent technicien qu’il fut, réussit ce tour de force de renouveler les genres aussi codifiés qu’étaient, à l’époque, le western et le film policier. Il suffit de voir ou revoir La Poursuite Impitoyable (1965) avec Marlon Brando, Robert Redford et Jane Fonda pour s’en convaincre. Le film aborde sans détour, et dans un réalisme froid jusqu’alors inédit, des thématiques aussi complexes que l’alcoolisme, la cruauté, la lâcheté, le courage, l’adultère… L’aspect psychologique des personnages prend le dessus sur l’ «action » même si le suspense y est formidablement bien rendu. Le film fait « mouche », devient une référence instantanée à l’image, sept ans plus tôt, du Gaucher, adaptation ô combien novatrice d’un certain Billy the Kid. Outre qu’il lança la carrière de Paul Newman, le réalisateur américain modernise le personnage pour en faire un adolescent rebelle au même titre que Jim Stark dans la Fureur de Vivre (Nicholas Ray, 1955).

En deux films Arthur Penn réinvestit donc deux genres phares du cinéma Hollywoodien. Mieux, il en dépoussière les codes. Aussi bien par sa mise en scène fluide au montage cut d’école que par les thématiques qu’il osera développer. Le réalisateur-scénariste Paul Schrader, l’un des premiers à avoir réagi dans les colonnes du New-York Times, considère d’ailleurs qu’ « Arthur Penn a apporté la sensibilité du cinéma européen des années 60 au 7ème art aux Etats-Unis ». Il aura porté, au même titre que Nicholas Ray, Elia Kazan, Joseph Losey ou encore Sam Peckipah, les bases du renouveau du cinéma américain et réalisé en 1967 son chef-d’œuvre : Bonnie and Clyde.

Film de toutes les audaces (scènes de violences, émancipation criminelle face à l’ordre morale, rigueur de la mise en scène, beauté du couple Fane Dunaway / Warren Beatty ; humour noir…), Bonnie and Clyde inspirera nombre de grands cinéastes dont Norman Jewison (l’Affaire Thomas Crown, 1968), Roman Polanski (Chinatown, 1974), Terence Malick (la Balade Sauvage, 1973) ou encore l’œuvre de Michael Mann. Le cinéaste ne s’arrête pas là et conclu une décennie d’innovation cinématographique par un film somme, sorte d’anti-western courageux et satirique stigmatisant l’attitude des « blancs » vis-à-vis de la communauté indienne, Little Big Man (1970). Dernier vrai succès commercial, Little Big Man s’avère être également le dernier grand film du réalisateur. Tournant beaucoup moins à partir de cette date, il réalisera un western de bonne facture (Missouri Breaks, 1976) et Target (1985), film de commande avec Gene Hackman et Matt Dillon. Il  reçu en 2007 l’Ours d’Or à Berlin pour l’ensemble de sa carrière.

Considéré à raison comme l’un des cinéastes les plus critiques envers  son époque, Arthur Penn fait partie des faiseurs doués capables de sublimer un genre sans jamais le corrompre. Sa mise en scène aiguisée aura, toujours selon Paul Schrader, « ouvert la voie à la génération des metteurs en scène américains des années 70 ». Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou Michael Cimino peuvent lui dire merci.

Nous, nous lui souhaitons bon vent.

C’est la rentrée pour le cinéma La clef

Posté par MpM, le 29 septembre 2010

laclefIl y a des nouvelles qui font plaisir ! Alors que le contexte économique met en péril la bonne santé des cinémas indépendants (voir notre actu du 27 septembre), la réouverture de la Clef, ancienne salle parisienne autrefois appelée "Images d’ailleurs", fait l'effet d'une petite bouffée d'air frais. Et, symbole ô combien important, c'est la preuve qu'il y a une place et un avenir pour ce type de structure qui propose une offre forcément différente des autres complexes.

Classé "art et essai", "Images d'ailleurs" avait contribué, depuis sa création dans les années 70, à la mise en lumière du cinéma africain en France, ouvrant également ses salles à diverses associations. Ses deux salles ayant été rénovées, le cinéma reprend du service à partir de ce mercredi 29 septembre et se tourne vers une programmation ancrée dans les enjeux contemporains (environnement, social, politique etc.).

Ainsi, dès sa première semaine d'exploitation, La clef se met en quatre pour nous ouvrir la porte des paradis cinématographiques et proposer une offre éclectique : en sortie nationale, le documentaire Moi, la finance et le développement durable réalisé par Jocelyne Lemaire-Darnaud, qui donnera lieu à de nombreux débats. En reprise, Whisky de Pablo Stoll, une fable urugayenne burlesque et lunaire, qui fut sélectionnée à Cannes en 2004. Enfin, une programmation "jeune public" qui devrait aussi bien attirer  les petits que les grands : d'un côté l'excellente chronique familiale coréenne Jiburo de Lee Jung-hyang et de l'autre l'adorable Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki.

Et ce n'est pas tout ! Dans les mois à venir, la Clef accueillera nombre d'événements. D'abord le cycle "Cinéma du Rio de la Plata" du 11 octobre au 27 novembre prochains, organisé dans le cadre du 13e festival "Paris Banlieue Tango", et qui comprend 8 films, fictions et documentaires, abordant des thématiques qui permettent de mieux connaître l’Argentine et l’Uruguay. Puis le festival annuel « Images Mouvementées / ATTAC » (en novembre) et enfin une rétrospective du cinéma indonésien (les 4 et 5 décembre). Un grand plein de cinéma venu d'ailleurs, et peut-être le bonheur (cinématographique) à la clef ?!

MpM et Morgane

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Cinéma "La clef"
34 de la rue Daubenton
75005 Paris
métro Censier–Daubenton
Ouvert 7/7 jours à partir du 29 septembre