Dossier 3D relief : l’explosion du genre (1)

Posté par geoffroy, le 28 septembre 2010, dans Business, Films, Les dossiers de l'Ecran (1996-....).

Alors que le quatrième opus de la saga des Resident Evil est sorti mercredi dernier sur les écrans, une question nous taraude : irons-nous le voir pour son contenu ou bien parce qu'il nous est proposé en 3D ?

Roger Ebert, célèbre critique américain du Chicago Sun-Time, nous rappelle, dans un article à charge contre la 3D relief publié le 10 mai dernier sur le site de Newsweek, qu'à "chaque fois qu'Hollywood s'est senti menacé, il s'est tourné vers la technologie ". Hasard du calendrier, le retour au cinéma en 3D qui, ne l'oublions pas, fit une percée infructueuse dans les années 50 avec deux films phares (L'étrange créature du lac noir de Jack Arnold et Le crime était presque parfait d'Alfred Hitchcock, tous deux sortis en 1954), coïncide précisément avec l'une des crises les plus délicates qu'Hollywood aura eu à gérer entre la grève des scénaristes (2007), la crise financière mondiale (2009) et l'avènement, en 2010, du Home Cinéma Haute Définition.

Sans prendre part au débat du pour ou contre la 3D, soyez sûrs d'une chose : on n'y échappera plus ! Eh oui, les studios ne l'ont que trop bien compris, eux qui, pour l'heure, n'ont qu'une seule idée en tête : redonner à la " salle " son attractivité originelle pour que le cinéma redevienne une expérience unique à même d'attirer les foules. Si la démarche est louable, les procédés pour y parvenir le sont beaucoup moins.

L'explosion d'une 3D spectacle...

Hollywood peut dire un grand merci à James Cameronavatar_ok pour avoir pris la décision de réaliser un film en 3D relief, Avatar. L'avancée fut considérable puisqu'elle entérina sur disque dur - et non plus sur pellicule - la validité artistique et financière d'un procédé balbutiant quelques mois plus tôt des images erratiques dans des productions horrifiques sans consistance (My Bloody Valentine 3-D, Destination Finale 4…). Le basculement opère sa marche forcée, charriant avec lui son lot d'espérance nouvelle, d'euphorie passagère, d'investissement retrouvé. Le passage vers la 3D de masse serait-il enfin crédible ?

Ereinté par des années d'une politique de recyclage privilégiant le confort de la franchise (Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, Twilight, Pirates des Caraïbes, les films de super-héros, etc.) à celui du risque, Hollywood ne pouvait pas laisser filer l'extraordinaire potentiel d'une technologie en phase avec les modes actuels de consommation d'un cinéma grand spectacle savamment orchestré : projections numériques de blockbusters ou de films générationnels dans des multiplexes frôlant l'indigence programmatique. Et encore moins depuis les 2,9 milliards de dollars récoltés par Avatar. Avec une telle pépite entre les mains, l'industrie cinématographique joue son va-tout dans un effort d'investissement sans précédent. En effet, pas moins de 60 films en 3D Relief sont d'ores et déjà programmés, la  production passant de 4 films en 2008 à une trentaine pour la seule année 2012.

Dès lors, les majors n'ont plus aucune raison de faire la fine bouche ou de jouer les saintes-nitouches. Considérée, sans doute à raison pour le moment, comme le nouveau rempart marketing - et accessoirement artistique - contre le piratage et le home cinéma, la 3D offre une alternative aux longs-métrages " traditionnels " quand il ne s'agit pas tout bonnement d'en assurer la relève. Chaque studio met la main à la pâte, propose son fer de lance en relief  (Harry Potter pour Warner Bros, Tron Legacy pour Disney, Spiderman 3D pour Sony, Alvin et les Chipmunks 3 pour la Fox…) poussant, de fait, les exploitants à s'équiper en numérique puis en salle de projection 3D Relief. La machine est en route, les billets verts pleuvent à flots tandis que la prochaine étape se rapproche à grands pas : proposer un film uniquement dans sa version 3D.

La 3D Relief, au même titre que, jadis, le parlant (Le Chanteur de Jazz, 1927), la couleur (Becky Sharp,1935), le CinémaScope (La Tunique, 1953), le son Dolby Stéréo (1976) ou les premières images assistées par ordinateur (Tron, 1982), est donc en passe de devenir le nouveau "produit" phare d'une industrie du divertissement censé endiguer la désertification, supposée inévitable, des salles de cinéma. Quitte à aggraver une fois encore le déséquilibre entre les petits exploitants et les multiplexes suréquipés.

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