Effervescence au Palais Grassi le 1er septembre aux alentours de 19h. Pour la troisième année consécutive, le groupe Gucci profite de la Mostra pour remettre un prix récompensant une personnalité internationalement reconnue pour sa contribution à la réalisation d’un film, que ce soit en tant que réalisateur, scénariste, acteur ou créateur des costumes. Une petite foule triée sur le volet se bouscule donc flûte de champagne à la main afin d’apercevoir l’heureux lauréat 2008, Steve Mc Queen (Hunger), le président du Festival de Venise, Marco Müller ou encore l’actrice Isabelle Huppert, membre du comité de sélection.
La collision avec les grandes marques n’est pas une nouveauté pour le cinéma. Tout festival qui se respecte a son lot de sponsors, et l’on croise sur le Lido un stand Lancia, un atelier de relooking L’Oréal et des dizaines de journaliste accro à la San Pellegrino, gratuitement distribuée en salle de presse. Non, ce qui surprend le plus, c’est peut-être le contraste entre l'omniprésence de ces "partenaires" et la relative "radinerie" du festival.
En plus de l’accréditation payante, il faut payer pour avoir accès au catalogue de la manifestation et la traditionnelle sacoche aux couleurs de la manifestation n’est pas offerte aux festivaliers (comme cela se pratique dans 90% des cas). Il se raconte même dans les couloirs que les photographes choisis pour couvrir les prestigieux tapis rouge sont ceux qui ont aligné la plus grosse somme d’argent… L’accusation elle-même est suffisamment révélatrice pour ne pas avoir besoin d’être vraie : il n’a visiblement échappé à personne (ne soyons pas naifs !) qu’un Festival, qu’il soit à Venise ou ailleurs, n’est pas une organisation de bienfaisance. Quand on commence à mieux voir (et connaître) les sponsors que les artistes, il est toutefois peut-être temps de se poser des questions.
Mais dans une ville où il a été possible à Lancia de totalement recouvrir le mythique Pont des soupirs le temps des travaux de rénovation sans sembler réellement perturber les touristes (consciencieusement et en grappes bien serrées, ils se battent même pour immortaliser ce pont réinventé dans des tons pastels pleins de promesses, finalement plus joyeux que l’original), à quoi s'attendait-on ?