La politique s’invite au Lido

Posté par MpM, le 5 septembre 2008

Manifestation contre les accidents du travailIl aura fallu attendre les tout derniers jours du festival pour que la politique s'invite finalement sur le Lido. La projection de La fabbrica dei Tedeschi (L'usine des Allemands) de Mimmo Calopresti a ainsi été précédée d'une minute de silence puis suivie d'une manifestation dans les rues de l'île. Le film revient en effet sur un drame ayant bouleversé l'Italie à la fin de l'année 2007 : un accident survenu dans l'usine Thyssenkrupp de Turin suite à des failles de sécurité et ayant causé la mort de sept ouvriers. Le groupe allemand Thyssenkrupp, qui n'avait pas jugé bon de procéder aux mises aux normes nécessaires parce qu'il désirait fermer cette usine, est clairement mis en cause par les témoignages recueillis dans le documentaire. On y voit notamment des ouvriers expliquer qu'ils devaient chaque jour éteindre eux-même de petits incendies se déclenchant près de leurs postes de travail. Le jour du drame, les extincteurs étaient vide et le système de sécurité automatique ne s'est pas déclenché, permettant au feu de se généraliser et de provoquer une explosion importante. En plus des ouvriers, Calopresti donne également la parole aux familles des victimes, à la fois pour nous les rendre plus proches et montrer les conséquences directes de l'accident. Le film manque parfois de retenue dans sa manière de filmer les parents éplorés, cédant à la tentation de l'émotion à tout prix, mais a le mérite de poser le problème. Comme le disaient les tracts distribués par les manifestants après la séance, il y aurait eu 826 312 accidents et 1160 décès sur des lieux de travail en Italie en 2007. 

 Pour la projection de We de Huang Wenhai, point de manifestants ni de tracts, mais juste une indifférence même pas polie. Les spectateurs sont partis un à un en découvrant à l'écran quelques intellectuels chinois tentant (en vain) de créer dans leur pays un groupe d'étude sur les réformes politiques nécessaires. Les témoignages terrifiants d'ancients opposants ayant connu la torture et l'internement n'ont pas ému les festivaliers qui semblaient dire en quittant la salle : "encore la Chine ? Mais les Jeux olympiques sont finis !" Il y avait pourtant de quoi se passionner pour les échanges de cette poignée d'individus tentant de résister dans un pays où toute résistance est systématiquement brisée. Plus encore, ces hommes gardant l'espoir, envers et contre tout, qu'un jour les Droits de l'Homme auraient un sens dans leur pays, méritaient au moins un peu de respect et de soutien... sans compter le réalisateur, dont on se demande comment il a pu sortir ces images de Chine.

The Wrestler met le Lido KO

Posté par MpM, le 5 septembre 2008

The WrestlerDernier film américain à être présenté en compétition, The Wrestler de Darren Aronofsky fait la démonstration du savoir-faire outre-atlantique quand il s’agit de raconter des histoires intéressantes, rythmées et humaines. On se rend compte à sa vision, et au plaisir qu’on y prend, du déficit de narration dont a souffert cette compétition. Il est vrai que même les compatriotes d’Aronofsky ont déçu avec des histoires inabouties ou des variations un peu vaines autour de sujets forts mais mal exploités. Vegas d’Amir Naderi suit le délitement d’une famille à travers la destruction systématique de son jardin : une fois l’histoire engagée, on se lasse de voir sur chaque plan le personnage principal en train de creuser. Rachel getting married de Jonathan Demme aborde le thème de la culpabilité en réunissant une famille meurtrie le temps d’une fête familiale : il y a tellement de scènes de danse ou de banquet nuptial que le cœur de l’intrigue est complètement noyé. Enfin, The hurt locker de Kathryn Bigelow nous emmène sur les pas d’un démineur en Irak, juxtaposant simplement cinq ou six opérations d’intervention censées donner un aperçu de la réalité du terrain… mais surtout sans prendre parti ni donner de point de vue clair (hormis le peu compromettant "la guerre est une drogue").

Du coup, The Wrestler n’est certes pas le meilleur film d’Aronofsky, ni ce qui se fait de plus novateur ou profond, mais force est de constater qu’il est presque réussi de bout en bout : interprétation sensible (Mickey Rourke impeccable, étonnamment touchant), rebondissements structurés, petites touches d’humour, combats spectaculaires sans être trashs, gestion pudique de l’émotion, etc. Malgré le classicisme absolu du sujet (au cheminement relativement prévisible) et de la réalisation (qui souffre d’une petite baisse de rythme dans la dernière partie), on se laisse emporter par ce portrait d’une ancienne gloire du catch sur le retour en forme de mélo flamboyant. Parce que le réalisateur ne force jamais ni le trait ni l’émotion, et surtout ne témoigne d’aucune ambition auteuriste disproportionnée, le film s’avère même pratiquement ce que l’on a vu de plus convaincant depuis le début du festival. Sur le Lido, la question qui brûle désormais toutes les lèvres est de savoir si le jury choisira de récompenser globalement le film ou uniquement la prestation de Mickey Rourke. A moins qu’il ne s’agisse d’un doublé...

Halloween est encore loin mais Monsieur Jack y pense déjà…

Posté par Morgane, le 5 septembre 2008

La grisaille est là, l’automne approche et Halloween avec. Pour l’occasion le mister Jack de Tim Burton a pensé à tout et offre trois bonnes raisons de vouloir faire de ces réjouissances une véritable fête !

Pour les inconditionnels, Walt Disney Home Entertainment propose, à partir du 30 septembre, une version dvd collector de L’Etrange Noël de Monsieur Jack contenant le film dans sa version remasterisée (aussi bien le son que l’image) accompagné d’un grand nombre de bonus inédits. Une édition prestige limitée sera également dans les bacs à partir du 5 novembre. Celle-ci sera composée des deux dvd de l’édition collector ainsi que d’un buste 3D de Jack Skellington.

Egalement, les personnages du film, Jack Skellington et Sally, seront les invités surprise de la saison Halloween du parc Disneyland. Tremblez dans le cimetière de la Maison Hantée…

Et pour les fans des salles obscures, ils ne seront pas en reste. L’Etrange Noël de Monsieur Jack, dans sa version 3D, ressort sur grand écran dès le 22 octobre. Il y a un an, le film était déjà sorti en salles dans sa version 3D, avec un joli succès, inespéré.

Cinéma français à Venise : entre incompréhension et sensibilité

Posté par MpM, le 5 septembre 2008

L’image que donnent les différentes sélections vénitiennes du cinéma français depuis le début du festival est plutôt contrasté et pas forcément reluisant. Par moments, les intrigues sont réduites à la portion congrue et certaines mises en scène, pour le moins déroutantes. A croire que les organisateurs ont eu du mal à trouver des films à la fois disponibles, ambitieux et réussis…

En plus d’Inju, la bête dans l’ombre de Barbet Schroeder (dont on a déjà dit tout le mal qu’on en pense), deux films concourent pour le Lion d’or : Nuit de chien de Werner Schroeter et L’autre de Patrick Mario Bernard et Pierre Tridivic. Le premier met en scène une flopée de célébrités (Pascal Gréggory, Amira Casar, Elsa Zylberstein, Eric Caravaca…) dans une mascarade théâtrale et outrée sur une ville en état de siège. Le temps d’une nuit, les alliances politiques vont se faire et se défaire, chaque leader potentiel choisissant la voie (soumission ou résistance) que lui dicte sa conscience (ou son sens de la real politique). Tout est si surjoué que l’on se croirait dans une parodie de pièce de boulevard où les personnages sont des caricatures dénués de psychologie et de profondeur. Agrémenté d’une once de philosophie de bazar (sur l’inévitabilité de la mort), d’une pincée de sadisme sexuel (pauvre Amira Casar) et d’une bonne dose de pédanterie, le film a beaucoup fait rire (involontairement, et presque injustement) les rares spectateurs qui n’avaient pas quitté la salle.


L’autre

Heureusement, dans un genre très différent mais bien mieux maîtrisé, L’autre aborde avec beaucoup de subtilité la jalousie amoureuse et le basculement dans la folie. Reposant presqu’entièrement sur les épaules de la toujours plus impeccable Dominique Blanc, cette adaptation d’un roman d’Annie Ernaux ("L’occupation") nous emporte avec sensibilité et retenue sur les voies mystérieuses où l’esprit se perd. Les jeux de miroirs (dans lesquels le personnage principal croit voir un double qui n’est pas elle) rendent palpables l’inextinguible angoisse qui habite le personnage. L’autre n’est plus sa rivale réelle et déclarée (la nouvelle compagne de son ex-amant) mais cette réplique d’elle-même susceptible de "sortir du miroir" et de prendre sa place. Car quoi de plus effrayant que de perdre le contrôle de nous-mêmes ? Avec ce film, le duo Tridivic et Bernard continue d’explorer le sillon débuté avec Dancing, où un homme isolé se découvrait un double. Un prétendant sérieux au palmarès.

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