Dernière course pour Tony Curtis (1925-2010)

Posté par MpM, le 30 septembre 2010

tony curtisL'acteur Tony Curtis s'est éteint jeudi 30 septembre à l'âge de 85 ans. Lui qui avait été longtemps abonné aux rôles de charmeurs restera ironiquement dans les mémoires pour son rôle de travesti dans le chef d'oeuvre de Billy Wilder, Certains l'aiment chaud (1959), aux côtés de Marilyn Monroe.

Le beau brun au sourire irrésistible avait commencé sa carrière une dizaine d'années plus tôt sous la caméra de Robert Siodmak, dans le film noir Criss Cross (Pour toi j'ai tué).  Remarqué par un producteur, il avait alors signé un contrat de 7 ans avec les studios Universal. Et c'est ainsi que ce fils de tailleur qui connut une enfance difficile réalisa son rêve de jeunesse : devenir un acteur célèbre.

Entre 1950 et 1970, il tourne avec Douglas Sirk (No Room For the Groom), Carol Reed (Trapeze), Blake Edwards (L'extravagant monsieur Cory, La grande course autour du monde), Vincente Minnelli (Good Bye Charlie), Stanley Kubrick (Spartacus), Richard Fleisher (Les vikings)... C'est d'ailleurs ce réalisateur qui lui offrit son rôle favori en 1968 avec L'étrangleur de Boston.

L'acteur excelle dans les rôles comiques ou de séduction. A la fin des années 70, il trouve même le personnage synthétisant ces deux facettes : Danny Wilde, dans la série télévisée The persuaders (Amicalement vôtre). Il y forme un duo de choc avec Roger Moore. Le ton est léger, souvent facétieux et Curtis s'y montre plein d'ironie et d'auto-dérision. Malgré le peu d'épisodes tournés, la série devient culte, et revient régulièrement sur les écrans français.

Toutefois, on ne peut pas réduire son talent à ce seul type de rôles. A plusieurs reprises dans sa carrière, il a en effet prouvé sa capacité à se fondre dans des histoires dramatiques ou sombres. Dans Le grand chantage d'Alexander Mackendrick, il incarne ainsi un journaliste véreux pris au milieu des conflits d'intérêt. Mais c'est surtout avec The Defiant Ones (La chaîne) de Stanley Cramer, qu'il se montre sous son jour d'artiste engagé et militant. En effet, le scénario contraignait l'acteur principal à être enchaîné à Sydney Poitier pendant la majorité du film. Or, à cette époque de ségrégation, personne n'avait voulu apparaître ainsi aux côtés d'un acteur noir. Non seulement Tony Curtis accepta le rôle, mais en plus il insista pour que son partenaire soit également proposé pour l'Oscar du meilleur acteur. Bien qu'ils ne furent pas récompensés, le geste resta dans les mémoires. De même que la fameuse scène "gay" avec Laurence Olivier dans Spartacus de Stanley Kubrick. Censurée à l'époque, mais désormais célèbre.

Après tant de "remous", Tony Curtis s'était fait rare au cinéma. Il se consacrait à la peinture, à la photographie, à la télévision... On l'a vu malgré tout dans Le dernier Nabab d'Elia Kazan (1976), Treize femmes pour Casanova de François Legrand (1977), Sextette de Ken Hughes (1978)... ou encore Les adversaires de Ron Shelton (1999).

Pourtant, après plus de 120 films tournés, Tony Curtis ne s'estimait pas comblé. "J'ai l'impression de ne pas avoir eu les films que j'aurais dû avoir. J'avais l'impression que j'aurais mérité mieux", regrettait-il en 2008 lors d'un entretien avec l'AFP

Un festival de cinéma gay fête son 9e anniversaire en Indonésie

Posté par MpM, le 30 septembre 2010

Depuis huit ans, le festival international de cinéma gay "Q!" s'est imposé en douceur dans la vie culturelle de Jakarta, dans le but avoué de combattre les tabous sans agressivité ni prosélytisme. Cette année, les organisateurs espèrent attirer 15 000 spectateurs à leurs 120 projections, expositions et débats. Le tout grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux, car toute médiatisation d'envergure pourrait attirer les foudres des bastions les plus conservateurs du pays.

Car si l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde avec 240 millions d'habitants, autorise l'homosexualité entre adultes consentants, il n'en est pas moins difficile d'y afficher ses préférences sexuelles au grand jour. En effet, certains mouvements islamiques se présentant comme les  "défenseurs des valeurs musulmanes" voient d'un mauvais oeil la tolérance dont fait preuve la loi,  et tentent d'y remédier, parfois par la force.

Ainsi, à Aceh, bastion de l'islam sur l'île de Sumatra, les députés locaux ont été jusqu'à déclarer l'homosexualité punissable de 100 coups de bâton. Heureusement, le gouvernement provincial a refusé d'approuver cette loi locale. En revanche, deux conférences, d'homosexuels et de transsexuels, ont été annulées depuis le début de l'année suite à l'intervention de militants extrémistes. Une polémique a également vu le jour lorsque le ministre de la Communication, élu d'un parti religieux, a fait l'amalgame entre sida et pornographie...

Pour autant, le festival Q! se déroule en toute légalité. "Nous n'avons pas d'objection. Tant que les films ne sont pas trop sexuellement explicites ni trop vulgaires", a précisé le porte-parole du ministère de la Communication. "Je suis sûr que les organisateurs connaissent les limites et ont conscience des particularités éthiques et culturelles en Indonésie".

En gros, l'idée est de ne pas faire de vagues. Et pour mieux asseoir la légitimité de leur manifestation, les organisateurs ont pris soin d'être parrainés par des clubs privés et des centres culturels étrangers, notamment français, néerlandais ou allemand. "Comme les financements proviennent d'organisations étrangères et les films sont projetés dans des centres internationaux, les radicaux n'oseront pas nous attaquer", conclut John Badalu, le directeur du festival.

Dossier 3D relief : l’arnaque du moment ? (3)

Posté par geoffroy, le 30 septembre 2010

Alors que le quatrième opus de la saga des Resident Evil est sorti mercredi dernier sur les écrans, une question nous taraude : irons-nous le voir pour son contenu ou bien parce qu'il nous est proposé en 3D ?

La 3D relief : un procédé qui nous dupe allègrement…

"La 3D c'est de la merde. J'étais présent lors de la première vague 3D relief au cours des années 50. C'est juste un procédé pour vous faire dépenser davantage votre argent…un simple gimmick."

Cette attaque en règle, que l'on doit au célèbre réalisateur américain John Carpenter présent au salon de l'E3 (salon du jeu vidéo de Los Angeles), est loin d'être isolée. Plusieurs cinéastes Hollywoodiens dont J.J. Abrams (Lost, Star Trek) et Jon Favreau (Iron-Man) ont, eux aussi, marqué publiquement leur hostilité vis-à-vis de la 3D au cours du Comic-Con de San Diego en juillet dernier. Ils reprochent l'utilisation abusive (entendez par là commerciale) d'une technique n'apportant pas ou peu de plus-value narrative aux films qui en bénéficient. Sans oublier les difficultés de tournage, de rendu, de postproduction, voire d'intérêt propre. Christopher Nolan lui-même aurait refusé que son Inception soit converti en 3D. Cherchez le malaise…

Deux exemples fâcheux viennent corroborer l'ire des cinéastes cités dans le paragraphe précédent :

- Alice au pays des merveilles de Tim Burton. Contrairement à l'aspect général dégagé par le film, seuls 20% des titans_okimages ont été filmées en 3D relief. C'est peu pour un
long-métrage vendu comme une expérience 3D novatrice. En l'état, nous pouvons affirmer que le film n'a pas été pensé en 3D. Ce qui, pour ne rien vous cacher, ressemble à une belle petite arnaque planétaire.

- Le choc des Titans de Louis Leterrier et le Dernier maitre de l'air de M. Night Shyamalan. C'est la Warner Bros. qui dégaine en premier. Filmé en 2D, le Choc des Titans est subitement " gonflé" en 3D relief par la Compagnie Prime Focus. Les raisons invoquées sont simples : pouvoir diffuser le film dans des cinémas équipés en projection 3D. Hélas pour le consommateur, le résultat est catastrophique (j'ai pu tester les deux formats et la 2D gagne par KO au premier round). Les couleurs sont pâles et la nouvelle perspective ne colle pour ainsi dire jamais à la mise en scène du réalisateur français. Même constat pour le film de Shyamalan qui, plus étonnant encore, a vu sa sortie française repoussée d'une semaine pour cause de conversion non finalisée.

… et dont l'avenir ne se jouera pas qu'au cinéma

L'interaction entre la 3D relief et le cinéma est une longue histoire. De spécifique, elle devient partagée. La donne change de nature même si la victoire de la 3D au cinéma est enfin consommée, du moins dans l'immédiat. L'enjeu à long terme : sa pérennité. Et là, plus question de raisonner 3D-cinéma / cinéma-3D. La mondialisation est passée par là, invitant désormais la 3D un peu partout,  dans le jeu vidéo, les concerts filmés, le sport, l'industrie vidéo avec la sortie des tous premiers écrans 3D (avril 2010) et le porno. Le champ d'application s'élargit au profit d'une 3D multiple prête à devenir le nouveau standard de demain.

Alexandre Aja, jeune réalisateur français responsable de Piranha 3D (actuellement sur les écrans), estime que le succès de la 3D en salles pourrait bien être épisodique. A moins que les autres formes d'expression investissent véritablement notre salon. L'avènement de la 3D comme norme universelle serait alors inévitable. Nous n'en sommes pas encore là, mais la révolution marketing du procédé 3D relief est bel et bien en marche.

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Lire la première partie du dossier : 3D relief : l'explosion du genre
Lire la deuxième partie du dossier : 3D relief : la révolution marketing

Arthur Penn tire sa révérence (1922-2010)

Posté par geoffroy, le 30 septembre 2010

Arthur PennArthur Penn, l’alter ego cinématographique de Sam Peckinpah, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 88 ans. Avec la disparition de cet immense cinéaste qui tournait peu (13 films en 31 ans), la nouvelle vague américaine vient de perdre l’un de ses derniers chefs de file.

Arthur Penn, au-delà de l’excellent technicien qu’il fut, réussit ce tour de force de renouveler les genres aussi codifiés qu’étaient, à l’époque, le western et le film policier. Il suffit de voir ou revoir La Poursuite Impitoyable (1965) avec Marlon Brando, Robert Redford et Jane Fonda pour s’en convaincre. Le film aborde sans détour, et dans un réalisme froid jusqu’alors inédit, des thématiques aussi complexes que l’alcoolisme, la cruauté, la lâcheté, le courage, l’adultère… L’aspect psychologique des personnages prend le dessus sur l’ «action » même si le suspense y est formidablement bien rendu. Le film fait « mouche », devient une référence instantanée à l’image, sept ans plus tôt, du Gaucher, adaptation ô combien novatrice d’un certain Billy the Kid. Outre qu’il lança la carrière de Paul Newman, le réalisateur américain modernise le personnage pour en faire un adolescent rebelle au même titre que Jim Stark dans la Fureur de Vivre (Nicholas Ray, 1955).

En deux films Arthur Penn réinvestit donc deux genres phares du cinéma Hollywoodien. Mieux, il en dépoussière les codes. Aussi bien par sa mise en scène fluide au montage cut d’école que par les thématiques qu’il osera développer. Le réalisateur-scénariste Paul Schrader, l’un des premiers à avoir réagi dans les colonnes du New-York Times, considère d’ailleurs qu’ « Arthur Penn a apporté la sensibilité du cinéma européen des années 60 au 7ème art aux Etats-Unis ». Il aura porté, au même titre que Nicholas Ray, Elia Kazan, Joseph Losey ou encore Sam Peckipah, les bases du renouveau du cinéma américain et réalisé en 1967 son chef-d’œuvre : Bonnie and Clyde.

Film de toutes les audaces (scènes de violences, émancipation criminelle face à l’ordre morale, rigueur de la mise en scène, beauté du couple Fane Dunaway / Warren Beatty ; humour noir…), Bonnie and Clyde inspirera nombre de grands cinéastes dont Norman Jewison (l’Affaire Thomas Crown, 1968), Roman Polanski (Chinatown, 1974), Terence Malick (la Balade Sauvage, 1973) ou encore l’œuvre de Michael Mann. Le cinéaste ne s’arrête pas là et conclu une décennie d’innovation cinématographique par un film somme, sorte d’anti-western courageux et satirique stigmatisant l’attitude des « blancs » vis-à-vis de la communauté indienne, Little Big Man (1970). Dernier vrai succès commercial, Little Big Man s’avère être également le dernier grand film du réalisateur. Tournant beaucoup moins à partir de cette date, il réalisera un western de bonne facture (Missouri Breaks, 1976) et Target (1985), film de commande avec Gene Hackman et Matt Dillon. Il  reçu en 2007 l’Ours d’Or à Berlin pour l’ensemble de sa carrière.

Considéré à raison comme l’un des cinéastes les plus critiques envers  son époque, Arthur Penn fait partie des faiseurs doués capables de sublimer un genre sans jamais le corrompre. Sa mise en scène aiguisée aura, toujours selon Paul Schrader, « ouvert la voie à la génération des metteurs en scène américains des années 70 ». Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou Michael Cimino peuvent lui dire merci.

Nous, nous lui souhaitons bon vent.