Deux femmes libres de leurs choix, deux comédiennes qui étalent leur talent (éclectique) dans des films où l'émotion s'est souvent mêlée au sourire, où la légèreté rendait grâce à leurs dons dramatiques.
Annette Bening, star du dernier Festival du film américain de Deauville, 52 ans, n'avait pas vécu une si belle année cinématographique depuis American Beauty. Cette perle cachée hollywoodienne, qui a tourné avec Forman, Frears, Nichols ou encore Burton, a su se régénérer en plongeant dans des rôles plus fins que lui offrait le cinéma indépendant. Mère lesbienne et intransigeante dans The Kids are all right, elle passe de la comédie à la tragédie, du show familial à la douleur intime, avec une aisance confondante qui lui vaudra sûrement une quatrième nomination aux Oscars. Dans Mother and Child, elle écrase ses concurrentes avec un personnage tendu, sec, peu aimable, qui découvre la douceur et la lumière.
Isabelle Huppert sait la capter, cette lumière. Une fois de plus, elle éclaire l'année du cinéma français, dans deux registres radicalement différents. De l'Afrique de White Material aux froides plages belges de Copacabana, d'un pays en guerre à la misère sociale, la véritable Reine Isabelle du cinéma français nous trouble, une fois de plus. Étrangère et familière. Dure et fêlée. Sombre et lumineuse. La vitalité de ses personnages (forts, sans concessions) renvoie à sa curiosité cinéphilique (dense et sans limites car il faut ajouter le génial Fantastic Mr. Fox). Ainsi, dans Copacabana, l'un des meilleures films français de cette année, elle envoie balader toutes nos convenances au nom d'une bohème assumée en privilégiant la solidarité, le bonheur du présent, les sentiments impulsifs.
Comme Bening, elle envoie valser les carcans de la société. Avec elles, on a envie de danser.