Point Blank – Le Point de non retour (reprise) : The Killer inside me
"- Hé ! Quel est mon nom de famille ?
- Quel est mon prénom ?"
Synopsis : A la suite d’un hold-up retentissant, Walker s’est fait doubler par son complice Reese qui s’est enfui avec sa femme et les 93 000 dollars du butin, après l’avoir laissé pour mort dans la prison désaffectée d’Alcatraz. Se remettant de ses blessures, Walker n’a désormais plus qu’une idée en tête : assouvir sa vengeance. Aidé par un mystérieux individu, il comprend peu à peu que Reese n’est qu’un rouage d’une gigantesque entreprise criminelle, l’Organisation…
Notre avis : De la violence, du sexe, du style... Le Point de non retour est une adaptation du roman Comme une fleur (The Hunter) de Richard Stark alias Donald E. Westlake, roman qui a aussi inspiré le récent Payback. Thriller très stylisé et totalement "seventies", Point blank était pour l'époque un cocktail détonnant. En 2010, on ressent toujours un certain malaise, malgré le gavage d'hémoglobine hollywoodien subi depuis.
Surtout, le film est un grand moment de tension sexuelle, de suspense et et d'embarras ... De l'amour vache, presque masochiste, des coups (et pas seulement bas) ponctuent les séquences. Angie Dickinson , superbe à 36 ans, assume ce rôle de femme fatale et piégée, qui la malmène avec aplomb! Ses moments avec Lee Marvin, tout en non dits, sont parmi les meilleurs du film. Sans parler de leur scène de sexe , assez étonnante où leurs corps se confondent avec ceux de Lynne et de Reese. On a parfois l'impression que Walker hallucine en permanence.
L'halucination préempte tout le film. John Boorman l'a voulu ainsi. Recommandé par Lee Marvin pour être derrière la caméra, il expérimente en permanence l'aspect visuel : costumes assortis au décors jaunes ou verts .... Flashbacks nerveux, gros plans sur des mélanges de cosmétiques dans une baignoire vide, panorama urbain désolés. Comme si Boorman, réalisateur britannique, voulait à la fois se démarquer tout en assimilant les codes du films de gangsters américains.
Boorman conserve pourtant une trame classique, celle d'un film noir, avec un homme "emprisonné", où l'innocence n'existe plus. Du générique avec les barbelés et les barreaux, on le sent comme enfermé en permanence dans un cauchemar auquel il est impossible d'échapper. Comme d'habitude chez le cinéaste, la nature n'est pas absente. Elle symbolise le bonheur, la rédemption possible.
Entre ces images métaphoriques, le réalisateur insuffle une mise en scène baroque et n'oublie pas le scénario, pessimiste. On y voit d'ailleurs les prémices des films de la nouvelle vague américaine (Coppola et sa mafia, Scorsese et ses bas-fonds, Peckinpah et sa violence humaine). Le présent et le passé vont s'entrelacer, le mental et le sensoriel vont fusionner. Mais au final : tout est toujours pareil, rien ne change, et chaque jour qui passe est juste un réveil qui se répète.
Car à chaque fois, on revient à la case départ. Un film qui n'avance pas : un comble pour le cinéma. Et pourtant, une idée de génie.
À noter que c'est le premier film à avoir été tourné à Alcatraz après sa désaffection...
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Le Point de non retour . Un film de John Boorman
Thriller – Etats-Unis – 1967 – 92 min – Couleur – Visa 33 857
Avec Lee Marvin, John Vernon et Angie Dickinson
Re-Sortie le 12 janvier 2011
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