Le cinéaste Kiyoshi Kurosawa a été plusieurs fois célébré cette année notamment avec la projection de l’ensemble de ses films qu’il avait accompagné au Festival Asiatique de Deauville (actualité du 11 mars 2012) et à la Cinémathèque Française, c’était aussi l’occasion de découvrir ses films inédits destinés à la télévision.
Kiyoshi Kurosawa est donc de retour à Venise, hors compétition, avec Shokuzai. Il s’agit d’une mini-série qui fut diffusée d'abord sur une chaine de télé japonaise : une durée de 5 heures sur 5 épisodes. Shokuzai est une adaptation d’un roman de Kanae Minato sur les conséquences d’une tragique affaire survenue 15 ans auparavant et qui relie cinq femmes…
La petite Emiri arrive dans une école comme nouvelle élève, alors qu’elle joue avec quatre autres fillettes ; un homme s’approche et demande que l’une d’elles vienne l’aider dans le gymnase : c’est la petite Emiri qui y va. Ses quatre amies vont la retrouver morte, et elle sont les seules à avoir vu le visage de l’homme (que même le spectateur n’a pas vraiment vu) mais, choquées par cet assassinat, elles ne peuvent pas décrire le suspect. La maman d'Emiri ne leur pardonne pas que le meurtrier soit en fuite et leur promet qu’elles devront expier leur faute…
Episode 1 : Poupée de France
Sae rencontre le fils d’une grosse société qui lui propose le mariage, elle lui confie qu’elle n’a jamais eu ses règles et qu’elle ne peut avoir d’enfant. Lui l’aime comme une poupée du genre qu’il volait enfant, il veut la protéger du monde extérieur et la garder enfermée pour lui… Sae qui refusait intimement de grandir en souvenir du meurtre d'Emiri s’arrange avec cette perversité, mais ses premières règles vont arriver …
Episode 2 : Réunion extraordinaire des parents d’élèves
Maki est devenue une institutrice qui pratique le kendo, elle est tellement sévère qu’elle reçoit des réprimandes des parents et du directeur. Un jour à la piscine un intrus fait peur à ses élèves. Elle va les défendre en le frappant violemment à coups de bâton, elle est alors remerciée pour son courage et son acte de bravoure. Son collègue et ami le prof de sport qui la défendait quand elle subissait des reproches est cette fois en disgrâce et suspendu pour avoir été lâche. Lors d’une réunion, elle va expliquer les vraies raisons de sa violence avant d’en être victime…
Episode 3 : La famille ours
Akiko se retrouve en prison. Depuis le meurtre, elle vivait toujours chez ses parents comme une ourse sauvage, sans rien faire. Un jour son frère arrive avec sa nouvelle compagne (qui a déjà une petite fille d’une précédente union). Akiko s’ouvre peu à peu au contact de cette fillette. Alors que pour la première fois Akiko s’habille et se maquille en femme pour faire des courses en ville, elle va surprendre son frère proche d’une collégienne et va le soupçonner d’attouchement sur la fillette à laquelle elle est attachée. Cette fois Akiko ne va pas rester sans rien faire…
Episode 4 : Les 10 mois et 10 jours
Yuka a vécu dans l’ombre de sa grande soeur malade qui prend toute l’attention de leur mère. Yuka est maintenant fleuriste. Il y a toujours eu une relation bizarre entre les deux sœurs, la grande s’arrange pour avoir ce que voulait la petite. Sa grande sœur a épousé un charmant policier, ce qui était le désir de Yuka, mais ils ne peuvent pas avoir d’enfant. Yuka va séduire ce policier et coucher avec lui, elle sera enceinte. Un jour Yuka reconnaît à la télévision la voix du meurtrier d’il y a 15 ans. Elle veut négocier cet indice avec la mère de la défunte petite Emiri…
Episode final : Expiation
Après que Sae, Maki, Akiko et Yuka se soit absoutes de leur pénitence, la mère de Emiri est enfin sur les traces du meurtrier de sa petite fille 15 ans plus tard. Elle va se rendre compte malheureusement que celui-ci ne lui est pas inconnu et l’horreur de la vengeance apparaîtra…
A travers le destin de ces cinq femmes qui 15 ans après un fait divers sordide se découvrent un nouveau visage, le réalisateur Kiyoshi Kurosawa explore de nouveau certains de ces thèmes de prédilections comme l’angoisse, le deuil, la perversité et la complexité des rapports humains. Shokuzai concentre ce qui fait la richesse des ses autres films à tel point que la série peut se voir comme 5 histoires différentes ou comme un long film de 5 heures de Kiyoshi Kurosawa qu’il faut ne pas manquer de découvrir.