Arras 2012 : trois questions à Costa Gavras

Posté par MpM, le 10 novembre 2012

L'un des invités d'honneur de ce 13e Arras Film Festival est le cinéaste Costa Gavras à qui est consacré une rétrospective. Avant de participer dimanche à une leçon de cinéma animée par Serge Toubiana, il a présenté en avant-première son nouveau film, Le capital, qui sort sur les écrans le 14 novembre prochain.

L'occasion d'évoquer sa vie de réalisateur engagé et son nouveau challenge, faire entrer le spectateur dans la tête d'un banquier confronté aux réalités d'un système financier cynique et avide.

Ecran Noir : Depuis quelques films, et notamment avec Le capital, vos thèmes semblent être passés de clairement politiques, comme la dictature ou le fascisme, à des thèmes plus sociaux, voire sociétaux, et même économiques...

Costa-Gavras : Jusqu'à une certaine période de notre histoire et même de l'histoire du monde, nous avions des choix de société assez clairs : il y avait l'Est, il y avait l'Ouest. Il était simple de prendre position. Mais depuis quelques temps, le monde a changé complétement et on s'aperçoit de plus en plus que le politique a quitté la politique et appartient désormais de plus en plus à la finance, ce qui est presque une malédiction. En plus, il est compliqué de prendre position car on a besoin de la finance, les gouvernements ont besoin des banques, et dans la plupart des cas elles travaillent dans la légalité. Mais il y a une partie opaque que le film essaye d'explorer.

EN : Comment avez-vous préparé le film et notamment comment s'est faite l'adaptation du roman de Stéphane Osmont ?

CG : J'ai commencé d'abord avec une envie de faire un film sur l'argent et sur la manière dont il change la nature humaine et je dirais même la nature masculine. Les hommes plus que les femmes semblent attirés par l'argent et le pouvoir qu'il procure. J'ai donc commencé comme ça et en cherchant une histoire, je suis tombé sur le livre de Stéphane Osmont. Il y avait là le personnage qui m'intéressait. J'ai donc adapté le livre avec mes coscénaristes. On a pas mal changé de choses et on a fini par faire le film mais avec pas mal de difficultés car personne ne voulait donner d'argent pour le film. Il faut préciser que Stéphane Osmont a fait une belle carrière dans la finance et au bout d'un moment je crois qu' il était dégoûté et très fatigué par ce qu'il faisait, et il a abandonné. Donc dans le livre il y a beaucoup d'événements qui sont basés sur le réel. Pour adapter le livre, j'ai aussi cherché de vraies histoires et de vrais dialogues sur lesquels me baser pour compléter. Pour dire la vérité, c'est très difficile d'inventer ce monde car on le connaît mal et il est toujours inattendu. Par exemple, quand on a eu fini le scénario, je l'ai fait lire à l'un des banquiers que j'avais rencontrés et il m'a dit qu'il fallait augmenter tous les chiffres (salaires, bonus...). Je ne l'ai pas fait car ça me paraissait extravagant.

EN : On a l'habitude de voir Gad Elmaleh dans des rôles plus légers. Comment votre choix s'est porté sur lui ?

CG : Il me fallait quelqu'un avec lequel le spectateur sympathise. C'est d'ailleurs pour cela que dès le début du film, je le fais parler au spectateur. Il établit une sorte d'intimité avec lui. Et alors, au fur et à mesure qu'il fait des choses négatives, le spectateur va se poser la question : "je l'aime bien mais pourquoi il fait ça ?". Jusqu'à la fin où vraiment le personnage va à l'extrême, et je voudrais que le spectateur soit gêné et qu'éventuellement il se pose des questions.

Crédit photo : Marie-Pauline Mollaret

L’instant Court : Loop, réalisé par Aritz Moreno

Posté par kristofy, le 10 novembre 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Vincent réalisé par Tim Burton, voici l’instant Court n° 91.

Toujours à l’affiche, le film Looper exploite les paradoxes des voyages dans le temps sans beaucoup d’effets spéciaux mais avec tout de même un budget conséquent, comme avant lui L’armée des 12 singes. C’est l’occasion de vous inviter à voir et revoir d’autres films sur le même thème sans les codes de la science-fiction : le voyage dans le temps version romantique Hors du temps ou en animation japonaise La traversée du temps. Le film le plus renversant est probablement toujours Primer.

Une variante du genre est la boucle temporelle (loop) où, dans le même lieu, des évènements se répètent de manière presque identique (cf. l'interview de l’expert de ce sujet Christopher Smith pour son film Triangle).

Voici donc un court-métrage dont le titre est justement Loop, réalisé par Aritz Moreno. Il réussit à montrer une histoire de ce genre en seulement 1 minute et sans dialogue :

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Loop.