Arras 2012 : joli doublé pour Teddy bear de Mads Matthiesen

Posté par MpM, le 19 novembre 2012

C'est probablement le film le plus classique, mais peut-être aussi le plus abouti, qui a remporté l'Atlas d'or, récompense suprême de ce 13e Arras Film Festival.

Il faut dire que Teddy bear, le film du Danois Mads Matthiesen, a tous les atouts pour séduire un jury : non seulement c'est le portrait sensible d'un personnage attachant et cocasse, mais en plus il aborde avec humour et finesse plusieurs sujets de société comme le tourisme sexuel, la solitude sentimentale et les affres de la filiation.

Ce conte de fées moderne (avec ce que cela peut impliquer d'angélisme) s'offre ainsi un joli doublé en séduisant à la fois le jury professionnel présidé par Tonie Marshall et celui du Syndicat de la Critique.

Le jury professionnel a par ailleurs remis l'Atlas d'argent de la mise en scène à Little black spiders de la réalisatrice belge Patrice Toye (en photo avec son actrice Line Pillet). Le film se déroule dans un refuge où sont accueillies confidentiellement des jeunes filles enceintes. L'institution leur garantit anonymat, soutien et protection pour mener à bien leur grossesse dans les meilleures conditions.

Si le scénario s'avère rapidement prévisible et manquant de consistance, la manière dont la cinéaste mêle les formats d'image pour obtenir une ambiance hors du temps et inquiétante s'avère en effet assez intéressante.

De son côté, le jury lycéen a préféré distinguer Either way de l'Islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson (en photo), un film réalisé avec très peu de moyens dans une région isolée du Nord-Ouest islandais. On y suit un homme d'une trentaine d'années et son beau-frère de 24 ans qui passent l'été à réhabiliter le marquage au sol d'une route peu empruntée. Comme un huis-clos cocasse et décalé, mais au milieu de paysages majestueusement désolés.

Enfin, le public s'est tourné vers le film allemand My beautiful country de Michaela Kezele (en photo avec son actrice Zrinka Cvitesic), l'histoire d'une jeune veuve d'origine serbe qui sauve la vie à un soldat albanais en pleine guerre du Kosovo. Une oeuvre bouleversante (parfois un peu appuyée) sur une période de folie inhumaine et destructrice.

A noter également que pour la première fois, un jury de professionnels a remis le prix "ArrasDays" à un projet de film en devenir. C'est l'Espagnole Paula Ortiz (en compétition avec Chrysalis) qui a remporté ce premier trophée (ainsi qu'une dotation de 5000€) avec The bride. Le réalisateur Hafsteinn Gunnar Sigurðsson, déjà primé pour Either way, s'est vu attribuer une mention spéciale pour son projet Kanari.

Un palmarès globalement bien accueilli, même s'il laisse de côté le réussi The exam (à cause de sa fin ratée ?) et le déjanté Jackpot (les jurys récompensent rarement les comédies et peu souvent les films de genre, probablement le Norvégien Magnus Martens partait-il avec un handicap de départ en mêlant les deux...) pour privilégier des oeuvres plus traditionnelles et aux sujets plus "sérieux".

Sans remettre en cause le grand triomphe de Teddy bear (mérité, puisque le film est efficace), on peut ainsi regretter que les jurés aient défendu le film le plus "solide" de la compétition, donc susceptible de trouver un distributeur par lui-même, au détriment d'œuvres plus fragiles, certes imparfaites, mais tout aussi attachantes.

***

Le palmarès complet

Atlas d'or
Teddy bear de Mads Matthiesen (Danemark)

Atlas d'argent de la mise en scène
Little black spiders de Patrice Toye (Belgique)

Prix du public
My beautiful country de Michaela Kezele (Allemagne)

Prix Regards Jeunes
Either way de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson (Islande)

Prix de la critique française
Teddy bear de Mads Matthiesen (Danemark)

Prix ArrasDays
Paula Ortiz pour The bride

Mention spéciale au Prix ArrasDays
Hafsteinn Gunnar Sigurðsson pour Kanari

Arras 2012 : retour en vidéo sur le jour 7 avec Laurent Cantet, l’équipe du film Ouf et Hafsteinn Gunnar Sigurðsson

Posté par MpM, le 18 novembre 2012

Invités : Laurent Cantet (invité d'honneur) pour Foxfire ; Yann Coridian, Laurence Briaud et Lucas Loubaresse pour Ouf ; Hafsteinn Gunnar Sigurðsson pour Either way...

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Nina Debail, Vincent Escriva, Pearl Hart, Olympe Le Touze et Alain Pétoux.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.

Arras 2012 : retour en vidéo sur le jour 6 avec les équipes d’Amitiés sincères et d’Une estonienne à Paris

Posté par MpM, le 17 novembre 2012

Invités : Ana Girardot, Wladimir Yordanoff, Stéphane Archinard, Marie-Pierre Huster et François Prévôt-Leygonie pour Amitiés sincères ; Ilmar Raag et Laine Magi pour Une estonienne à Paris...

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Nina Debail, Vincent Escriva, Pearl Hart, Olympe Le Touze et Alain Pétoux.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.

Arras 2012 : Jackpot, thriller norvégien déjanté en compétition

Posté par MpM, le 16 novembre 2012

Le Arras Film Festival propose jusqu'à dimanche sa compétition d'inédits européens. A la clef, pour les principaux lauréats, des aides à la distribution leur permettant de bénéficier d'une sortie en salles en France. Les neuf films en lice viennent d'horizons variés : Hongrie, Espagne, Islande...

Parmi eux, on retrouve notamment Jackpot du Norvégien Magnus Martens, un thriller aussi détonnant que cocasse, qui met en scène un travailleur social mêlé à une sanglante fusillade. Interrogé par un policier aux méthodes plus qu'originales, il raconte tous les événements (forcément déjantés) ayant conduit à la scène de crime.

Magnus Martens s'amuse avec les codes du genre et propose une galerie de personnages de type pieds-nickelés dignes de certains grands films des frères Coen. Plus bêtes que méchants, les protagonistes du film cumulent en effet mauvaises idées, plans foireux et coups de malchance. Ils s'entretuent joyeusement (et dans de grandes explosions de sang) puis réfléchissent aux moyens les plus inattendus pour faire disparaître les corps. Petite mention spéciale au recyclage de cadavres en sapins de Noël...

Au lieu d'imprimer un rythme trépidant artificiel au récit, le réalisateur prend le temps de poser ses scènes, découpées soigneusement en champs/contre-champs élégants, voire en plans larges assez fixes où s'épanouit l'action. Le travail sur les couleurs de l'image, ternes et légèrement surannées (verdâtres, jaunies...), donne à l'ensemble un aspect atemporel, mais permet surtout de jouer sur le contraste du sang qui éclabousse tout, ou de la peinture rouge qui camoufle les taches.

On est délibérément dans un cinéma de la surenchère, où tout doit être comme observé avec une loupe grossissante. Ainsi les personnages, stéréotypes délirants de petites frappes minables, et les situations, systématiquement détournées (un petit déjeuner entre pires ennemis chez la mère de l'un deux, une bagarre pour un lit bronzant...), viennent nourrir une intrigue par ailleurs très classique. De quoi confirmer la vitalité foisonnante du cinéma norvégien et surtout son regard acéré sur ce drôle d'animal qu'on appelle l'être humain.

Arras 2012 : retour en vidéo sur le jour 5 avec Idit Cébula et Samuel Collardey

Posté par MpM, le 16 novembre 2012

Invités : Idit Cébula pour Rue Mandar ; Samuel Collardey pour Comme un lion ; Jimmy Adjovi-Boco pour l'association Diambars...

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Nina Debail, Vincent Escriva, Pearl Hart, Olympe Le Touze et Alain Pétoux.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.

Arras 2012 : The exam de Peter Bergendy ouvre la compétition

Posté par MpM, le 15 novembre 2012

Au Arras Film Festival, la compétition d'inédits européens concourant pour les Atlas d'or et d'argent s'est ouverte jeudi avec un thriller hongrois. The exam de Peter Bergendy se déroule en 1957, soit un an après la répression de l'insurrection. Dans un régime communiste plus méfiant que jamais, un agent secret est espionné par ses propres supérieurs qui veulent tester sa loyauté.

Jouant sur un montage extrêmement découpé et une ambiance sonore inquiétante, le film attise à la fois les angoisses, la curiosité et le plaisir du spectateur entraîné dans un jeu de dupes à plusieurs niveaux. La caméra qui multiplie les points de vue renforce l'impression que tout le monde épie tout le monde et que le moindre geste peut être fatal.

La célèbre paranoïa des régimes autoritaires est ainsi brillamment mise en scène à partir de quelques éléments cinématographiques traditionnels : montage parallèle de l'action (d'un côté l'espion surveillé, de l'autre ceux qui le surveillent), utilisation des ellipses et du hors champ (afin d'apporter un sentiment d'urgence), cadres serrés sur des visages ou des objets (qui renforcent l'aspect anxiogène de l'intrigue), etc.

L'autre grande force du film est son basculement de point de vue à mi-chemin. Au départ, on suit l'agent secret qui semble être le personnage principal du film. Puis tout à coup, on se détache de lui pour adopter le regard de son supérieur. Cela ajoute d'autant plus de tension que le processus d'identification avec le premier personnage s'est mis en marche. Toute l'ambiguïté réside dans le fait qu'un lien filial unit les deux protagonistes, ajoutant un enjeu intime et personnel aux questions plus politiques.

Bien sûr, tout le récit repose sur une succession de rebondissements qui amènent peu à peu le spectateur à douter de tout et de tout le monde. Et même si le retournement final est prévisible, on prend un plaisir certain à se laisser embarquer dans ce labyrinthe de suspicion et de défiance. D'autant que la fin apporte un début de réflexion sur la notion de loyauté et un regard cinglant sur une époque troublée cristallisant terreur, cynisme et ironie tragique. De quoi faire la différence avec un film d'espionnage plus classique et emporter, peut-être, l'adhésion des différents jurys...

Arras 2012 : rencontre avec Anna Novion et Jean-Pierre Darroussin

Posté par MpM, le 14 novembre 2012

Après Les grandes personnes, Anna Novion retrouve Jean-Pierre Darroussin pour son deuxième long métrage au 13e Arras Film Festival, Rendez-vous à Kiruna, un road-movie burlesque et touchant qui nous emmène des portes de Paris au nord de la Suède. Ernest, architecte trop sérieux, y croise la route de plusieurs personnages hauts en couleurs, dont un biker agressif et un auto-stoppeur sensible.

Ecran Noir : On trouve beaucoup de poins communs entre vos deux longs métrages, à commencer par les personnages et le thème des rencontres de hasard...
Anna Novion : Le point commun entre les deux personnages interprétés par Jean-Pierre [Darroussin] dans Les grandes personnes et Bienvenue à Kiruna, c'est que ce sont deux hommes très sérieux, pleins de certitude, et qui ne veulent pas montrer leur vulnérabilité. Qui pensent que leur vulnérabilité est une faiblesse. L'un comme l'autre vont faire un cheminement en rencontrant des personnes qu'ils n'auraient pas dû rencontrer. A travers ces rencontres, ils vont découvrir une partie d'eux-même qui était cachée et faire une force de leur vulnérabilité. Il y a quelque chose qui m'intéresse à parler de vulnérabilité. Je trouve qu'on est dans une société où il faut toujours être le plus fort, être dans la performance. Moi j'aime bien dire que c'est bien de faire ce qu'on peut, qu'on n'est pas des surhommes.

EN : Et vous, Jean-Pierre, comment voyez-vous votre personnage ?
Jean-Pierre Darroussin : C'est un type qui a essayé de se réaliser, qui a pris de l'importance. Cette importance est la clef de voûte de son existence. C'est un architecte très connu qui dirige des gens, il a l'attitude permanente de quelqu'un qui doit faire des choix. C'est quelqu'un d'assez odieux. Fortuitement on va le placer dans une situation où il va être déstabilisé. Déjà il va être à l'étranger, plus personne ne va le reconnaître. Il va ouvrir des portes, des portes vont s'ouvrir devant lui, il va rencontrer des gens par épisodes, avec quand même cet auto-stoppeur qu"il va prendre au début un peu comme un objet, comme un GPS dont il va avoir besoin. Il a l'habitude d'utiliser les gens mais ça se retourne contre lui. parce que finalement il va sentir quelque chose qu'il n'avait jamais senti, c'est la possibilité d'être abandonné. Au moment où il ressent ça, il comprend ce que ça veut dire que d'avoir des relations affectives avec les autres.

EN : Comment s'est passée l'écriture du film ?
AN : Assez  étrangement, j'ai écrit toute seule au début, puis j'ai commencé à écrire avec mon père [NDLR : Pierre Novion, également chef opérateur] car l'histoire l'intéressait. On a écrit tous les deux pendant quelques mois et ensuite il est parti sur un tournage donc j'ai continué avec un scénariste qui s'appelle Olivier Massart. Il m'a apporté beaucoup de choses. Notamment, avant son arrivée, le personnage d'Ernest allait reconnaître un enfant qu'il avait connu un petit peu. Et Olivier m'a dit : "c'est impossible qu'il ait connu cet enfant si tu veux qu'il y ait aussi de la légéreté parfois, et puis le personnage ne serait pas capable de prendre un jeune homme en stop tout en allant reconnaître un enfant qu'il a connu. " Il m'a apporté cette idée assez évidente. Puis, petit à petit, on a écrit un traitement. Avec Jean-Pierre, on est parti en voiture jusque dans le Nord pour voir si les paysages correspondaient à ce qu'on écrivait. Et comme on avait juste écrit une vingtaine de pages, j'avais encore la liberté d'écrire quelques scènes. Et par exemple, le groupe de folk-rock, c'est un groupe qu'on a vraiment vu en Laponie. Je les ai trouvés tellement formidables que j'ai eu l'idée d'écrire cette scène. Ensuite, pendant le tournage, on les a recontactés.

Crédit photo : Marie-Pauline Mollaret

Arras 2012 : retour en vidéo sur le jour 4 avec Anna Novion, Jean-Pierre Darroussin, Justine Lévy…

Posté par MpM, le 14 novembre 2012

Invités : Anna Novion et Jean-Pierre Darroussin pour Rendez-vous à Kiruna ; Patrick Mille et Justine Lévy pour Mauvaise fille ; RIchard Rericha pour Don't stop...

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Nina Debail, Vincent Escriva, Pearl Hart, Olympe Le Touze et Alain Pétoux.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.

Arras 2012 : retour en vidéo sur le jour 3 avec Jean-Pierre Améris et Marc-André Grondin

Posté par MpM, le 14 novembre 2012

Invités : Jean-Pierre Améris et Marc-André Grondin pour L'homme qui rit .

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Nina Debail, Vincent Escriva, Pearl Hart, Olympe Le Touze et Alain Pétoux.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.

Arras 2012 : rencontre avec Jean-Pierre Améris et Marc-André Grondin

Posté par MpM, le 13 novembre 2012

Présent à Arras en 2010 pour Les émotifs anonymes, Jean-Pierre Améris est de retour pour la 13e édition du festival avec son nouveau film, L'homme qui rit, d'après le célèbre roman de Victor Hugo et qui avait fait la clôture du dernier festival de Venise.

Le film, qui sortira sur les écrans français le 26 décembre prochain, réunit à l'écran Marc-André Grondin, Christa Théret, Gérard Depardieu et Emmanuelle Seigner.

Il s'agit d'une adaptation atemporelle et d'une grande beauté formelle, où se mêlent histoire d'amour déchirante, destin tragique et thématiques politiques d'une extrême actualité.

Ecran Noir : Pourquoi avoir eu envie d'adapter L'homme qui rit de Victor Hugo ?
Jean-Pierre Améris : C'est un choc de mon enfance puisqu'il y avait eu un feuilleton à la télévision en 1971, en noir et blanc, réalisé par Jean Kerchbron. J'avais 10 ans et je n'avais pu en voir qu'une partie car mes parents m'avaient envoyé me coucher parce que ça faisait un peu peur. Cinq ans après, je lis le roman et je suis passionné et bouleversé par le personnage de Gwynplaine auquel je m'identifie. A cette époque, j'étais un adolescent très complexé, je faisais deux mètres, j'avais droit à de nombreux quolibets sur ma taille. De voir ce personnage différent des autres, et de le voir trouver sa place dans le théâtre, comme moi j'ai trouvé ma place dans le cinéma, ça m'a bouleversé. Après j'ai relu le roman une dizaine de fois et après chaque film je me disais : "est-ce que je me lance dans son adaptation ?". J'ai essayé de le faire il y a dix ans et je n'ai pas trouvé de producteur. En 2006, un producteur m'a demandé quel film j'aimerais le plus faire dans ma vie, c'était L'homme qui rit, et il m'a dit : "on y va".

EN : Quelles libertés vous êtes-vous autorisé avec le roman original ?
JPA : Une adaptation n'est pas une illustration. Il est impossible de l'adapter tel quel puisque c'est un roman qui fait presque 800 pages et qui est assez peu narratif. C'est un roman fait de digressions politiques et historiques. Moi je voulais ne jamais quitter le personnage de Gwynplaine, comme dans un conte. Je ne voulais pas faire une reconstitution historique. Donc ça a été une adaptation assez longue, on a fait pas mal de versions mais c'était assez simple de tirer le récit de ce roman de Victor Hugo.

EN : On retrouve dans le film l'un de vos thèmes de prédilection, celui de la différence...
JPA : Je fais toujours des films sur les gens qu'on met de côté, sur les marginaux, les inadaptés. C'est mon expérience de la vie qui me pousse à m'identifier à ces gens avec le désir de les mettre au centre de l'écran. Là, en plus de ça, il y a la question de la différence physique mais aussi la question de l'identité et de la place dans le monde. Moi j'ai eu une chance folle, ça m'a sauvé à l'adolescence d'avoir trouvé ma passion pour le cinéma. J'étais devenu celui qui filme un peu comme Gwynplaine à un moment donné trouve sa place sur les planches. Tout le malheur du personnage vient du fait que par besoin de reconnaissance il veut aller dans ce qu'il croit être le monde réel qui est plus cruel que le monde du spectacle.

EN : De votre côté, Marc-André Grondin, qu'est-ce qui vous a plus dans le personnage de Gwynplaine que vous interprétez ?
Marc-André Grondin : J'ai été touché par sa naïveté. C'était comme si la vie avait fait qu'il semble regarder chaque chose pour la première fois. Je crois que ça vient du fait qu'il doit décrire à Déa tout ce qu'il voit. Il se doit de porter attention à des détails. Nous, si on marche dans la rue, on ne fait plus attention aux détails. Mais si on marche avec un aveugle, il faut s'arrêter pour regarder les choses. ET puis, chez lui, il y a un amoncellement de trucs très forts et très naïfs.

EN : Comment vous êtes-vous approprié le personnage ?

MAG : En fait, le personnage était hyper clair à la lecture du scénario. Parfois, quand on lit un scénario, il y a énormément de trous à remplir et après ce sont des discussions et des discussions avec le réalisateur pour essayer de trouver comment remplir ces espaces. Mais le scénario de L'homme qui rit était extrêmement précis, à tout point de vue. J'ai rarement vu un film aussi précis que ce soit dans la mise en scène ou dans les décors. Tout était tourné dans la tête de Jean-Pierre. Donc à la lecture du scénario, les personnages s'imposaient et il fallait juste suivre.

Crédit photo : Marie-Pauline Mollaret