Bilan 2013 : mauvaise année pour le cinéma français à l’étranger
Les films français à l'étranger ont atteint leur plus bas niveau depuis 10 ans avec 50 millions d'entrées et 280 millions d'euros de recettes. Le box office international des productions françaises n'avait pas été aussi faible depuis 2004 (avec 50 millions d'entrées à l'époque). Et seulement la moitié des entrées a été captée par des films qui sont en langue française.
En 2013, 480 films français ont connu une vie dans une salle de cinéma étrangère. 87 de moins qu'en 2012.
En cause, sans doute le manque de film fort et fédérateur. Le Top 5 ne représente que 37,7% des entrées (contre 70% en 2012). 66 productions et coproductions ont dépassé les 100 000 entrées, mais un seul franchit le cap des 5 millions de spectateurs. Cette atomisation ne suffit pas à tout expliquer. Des gros marchés comme l'Espagne ou l'Italie ont vu leur fréquentation cinématographique chuter. Et le dynamisme du marché chinois, désormais le 2e du monde mais aussi 2e marché pour le cinéma français, ne suffit pas à compenser les pertes.
Normal que la chute soit dure : l'année 2012 fut exceptionnelle avec Taken 2, Intouchables et The Artist soit 144 millions d'entrées en 2012! (lire notre actualité)
Aussi, relativisons un peu : avec les entrées enregistrées en France, le cinéma français reste l'un des plus attractifs du monde, cumulant 114 millions de spectateurs, marché français inclus, en 2013.
L'Europe reste toujours le plus gros marché pour le cinéma français avec 23,4 millions spectateurs étrangers, devant l'Asie (9,4 millions), l'Amérique du nord (8,6 millions) et l'Amérique latine (5,6 millions). Il est intéressant de noter qu'il y a dorénavant plus de chinois qui vont voir des films français que d'allemands ou d'italiens. L'Amérique latine stagne. La France peine à s'imposer sur les marchés émergents, déjà très américanisés dans leurs habitudes "cinéphiliques".
Les productions de Luc Besson, avec stars hollywoodiennes et dialogues en anglais, dominent toujours le classement. Une bonne recette. Mais on notera aussi la présence très diversifiées de comédies et de films art et essai, dont deux Palmes d'or. 2013 a surtout profité à de nombreux films sortis en 2012. 4 d'entre eux occupent encore ce Top 10 annuel. Certains films comme Paulette et La Cage dorée ont fait l'essentiel de leur succès dans un seul pays (respectivement, l'Allemagne et le Portugal).
Reste que l'export devrait être priorité pour les producteurs français. Certains films doublent leurs recettes grâce à leurs sorties internationales, comme La vie d'Adèle. Pour cela, il ne suffit pas de se reposer sur l'aide bienveillante d'Unifrance : il faut aussi choisir des histoires qui peuvent plaire au plus grand nombre, et ne pas hésiter à s'aventurer dans des genres populaires comme le polar ou l'action. Deux genres complètement absents du Top 10, hormis les films du roi Besson.
On appelle ça le "soft power" : une manière d'imposer la culture française dans le monde, comme le Japon l'a si bien réussit avec le manga, comme Hollywood l'exploite depuis 80 ans et comme la Chine l'a très bien compris en investissement massivement dans des films à gros budgets dédiés aux marchés asiatiques. Les pouvoirs publics réfléchissent à une incitation fiscale ou financière soit envers les distributeurs étrangers soit envers les producteurs français. L'autre piste, plus évidente, serait de contourner le problème de la distribution dans les marchés émergents et les zones mal équipées en cinémas art et essai (ce qui fait quand même une grande partie de la planète) en diffusant plus et mieux des films français sur des plateformes numériques en vidéo à la demande.
Top 5 des pays
(en nombre de spectateurs)
1. Etats-Unis
2. Chine
3. Allemagne
4. Italie
5. Russie
Top 10 des films
(entrées (cumul total)/recettes (cumul total))
1. Malavita 8,3 millions / 47,4 millions d'euros
2. Amour 2,4 millions (3,6 millions) / 23,4 millions d'euros (31,5 millions d'euros)
3. Un plan parfait 1,6 million (1,9 million) / 7,6 millions d'euros (9,4 millions d'euros)
4. Colombiana 1,5 million (9,6 millions) / 6,3 millions d'euros (51 millions d'euros)
5. La vie d'Adèle 1,1 million / 7,5 millions d'euros
6. La cage dorée 1 million / 5,8 millions d'euros
7. De l'autre côté du périph' 800 000 / 5 millions d'euros
8. Paulette 760 000 / 4,7 millions d'euros
9. Renoir 700 000 / 4,3 millions d'euros
10. De rouille et d'os 700 000 (1,4 million) / 4,8 millions d'euros (9,6 millions d'euros)
Tags liés à cet article : amour, bilan 2013, cannes 2012, chiffres, Chine, cinéma français, colombiana, de l'autre coté du periph, de rouille et d'os, exportation, la cage dorée, la vie d'adele, luc besson, malavita, Paulette, Renoir, un plan parfait, Unifrance.