Sylvie Joly ne fera plus rire. La comédienne et humoriste, atteinte de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années, est morte ce vendredi 4 septembre, à l'âge de 80 ans. Née le 18 octobre 1934, cette ancienne avocate qui cita Guitry pour son examen final, a changé de vie au début des années 70, se lançant dans le théâtre et le cinéma. Son humour parfois acide aura fait les délices de nombreux One Woman Show. Elle était l'une des rares femmes comiques de son époque, faisant le lien entre Jacqueline Maillan et Muriel Robin. Elle avait créé le "One-Woman-Show". Un beau totem pour celle qui fut virée de sept institutions religieuses.
Depuis 2007, elle ne joue plus. Sur les planches elle avait clamé des pièces de Ionesco, Tchekhov, Marivaux, des textes de Palmade, Dabadie, Lutz et surtout d'elle-même, avec des spectacles cultes comme "La cigale et la Joly" ou "La vie, c'est pas de la rigolade". En 1999, elle a reçu le Molière du Meilleur spectacle de sketches. Elle fut aussi l'un des piliers de la série culte "Palace" de Jean-Michel Ribes.
Au cinéma, sa carrière fit plus celle d'un second-rôle (elle fut d'ailleurs nominée pour un César dans cette catégorie avec Le Miraculé de Jean-Pierre Mocky en 1988). Ainsi on voit cette femme aux cheveux frisés, d'apparence pas commode, et capable de dire les cruautés les plus féroces en faisant rire devant la caméra d'Yves Robert (Salut l'artiste), Bertrand Bier (Les Valseuses, Calmos, Préparez vos mouchoirs), Pierre Granier-Deferre (L'ami de Vincent), Jean-Pierre Mocky (Le Miraculé, Agent trouble, Les saisons du plaisir, Mocky Story), Henri Verneuil (588, rue Paradis), Claude Lelouch (Les Misérables), Jean-Marie Poiré (Les Visiteurs 2, Ma femme s'appelle Maurice), Jeanne Labrune (Ça ira mieux demain), Gérard Krawczyk (L'Auberge rouge) ou encore des frères Foenkinos pour leur court métrage, Une histoire de pieds.
Elle était fantasque, jamais vulgaire, persuadée que le rire était un outil guérisseur pour les pires circonstances. Tendre pour ses personnages, bourgeoise ou pâtissière, sensible, généreuse, elle avait aussi mis en scène les premiers spectacles de Palmade ou de Dany Boon. Son humour corrosif croquait les situations de tous les jours en prenant des personnages excentriques ou egocentriques. Elle décryptait avec génie nos mesquineries et arrières-pensées. Son sketch "L'après-dîner" en est devenu symbolique: "Il est effrayant leur fils, on dirait un cochon, un muppets show, Mister Peggy", en évoquant le neveu de l'époux du personnage. Catherine reste son personnage le plus emblématique, pédante et narcissique, avec son ton un peu snob (repris par Lemercier) et des "pétasseries" (façon Foresti) qui inspirera aussi Alex Lutz ("Catherine et Liliane"). "Absolument, absolument".