Vice-Versa fait une razzia sur les Annie Awards

Posté par vincy, le 7 février 2016

Sans surprises, les 43e Annie Awards, Oscars de l'animation, ont fait la joie de Pixar. Vice-Versa est reparti avec 10 trophées : film, réalisateur (Pete Docter), scénario, musique, décors, montage, storyboards, interprétation vocale (pour Phyllis Smith qui incarnait la tristesse), personnages et dessin des personnages. Pixar a aussi récolté un prix pour Le voyage d'Arlo (effets animés dans un film d'animation).

La domination artistique de Pixar n'a fait aucun doute cette année. Et Vice-Versa devrait logiquement être sacré par un Oscar du meilleur film d'animation dans trois semaines.

Notons quand même que Le garçon et le monde, Grand prix à Annecy en 2014, du brésilien Ale Abreu, est reparti auréolé du prix du meilleur film indépendant, prix créé cette année afin de valoriser les productions hors studios.

Côté court métrage, c'est le conte extravagant de Don Hertzfeldt, World of Tomorrow, également en course pour l'Oscar dans sa catégorie, qui a été récompensé.

Et pour le petit écran, les Simpsons sont toujours là (meilleure série télévisée)

Les Annie Awards priment aussi des films en prises de vues réelles pour leurs effets animés notamment. Avengers: Age of Ultron a ainsi récolté le prix des meilleurs effets animés dans un film non animé) tandis que The Revenant a été loué pour son ours, en effet impressionnant, dans la catégorie meilleur personnage dans un film non animé.

Deuxième DGA Award consécutif pour Alejandro Gonzalez Inarritu

Posté par vincy, le 7 février 2016

inarritu

Pour la première fois dans l'histoire des prix de la Director's Guild of America, un réalisateur a été couronné une deuxième fois consécutive. Alejandro Gonzalez Inarritu, déjà récipiendaire l'an dernier avec Birdman (avant de remporter l'Oscar), a été récompensé pour The Revenant. Dans les deux cas, la mise en scène se veut virtuose mais les films laissent de glace.

Peu importe. Le cinéaste mexicain entre dans l'histoire des palmarès américains. Et en a profité pour tacler Donald Trump et son projet de muraille entre les Etats-Unis et le Mexique, rappelant que la puissance des Etats-Unis provenait de la diversité.

Certes, on attendait plutôt Ridley Scott ou surtout, George Miller. Il est clair désormais qu'Inarritu fait la course en tête pour les Oscars. Depuis 1948, les Oscars n'ont pas fait le même choix que la DGA à sept occasions seulement.

Un club de 9 cinéastes

Inarritu rejoint ainsi Ang Lee, Francis Ford Coppola, Clint Eastwood, George Stevens, David Lean, Ron Howard et Joseph Mankiewicz dans le club des double primés. Steven Spielberg est le seul cinéaste à l'avoir emporté trois fois.

Les DGA Awards ont aussi récompensé David Nutter (Game of Thrones, série dramatique), Chris Addison (Veep, série comique) et Dee Rees (Bessie, minisérie ou téléfilm).

Pour le documentaire, Matthew Heineman avec Cartel Land a été élu. Pour la première remise de prix du meilleur premier film, Steven Spielberg a décerné le trophée tout nouveau tout chaud à Alex Garland pour Ex Machina.

Vesoul 2016 : table ronde sur l’évolution du cinéma coréen

Posté par kristofy, le 7 février 2016

table ronde cinéma coréen

Le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul est cette année à l’heure de la Corée du Sud avec notamment une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » (pour marquer l'Année France-Corée, le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud). Les spectateurs ont ainsi pu découvrir Le rêve avec le réalisateur Bae Chang-hoLe vieux Jardin avec Im Sang-soo (le président du jury 2016), et en compétition Another way de Cho Chang-ho (qui avait déjà réalisé The Peter Pan formula).

Trois générations de cinéastes coréens étaient donc présents à Vesoul, l’occasion de les faire se réunir ensemble lors d’une table ronde pour évoquer à la fois la problématique de la production en Corée et de la diffusion à l'étranger. Retour sur un bref historique du cinéma coréen avec quelques morceaux choisis lors de la discussion de ce tour de table...

Double censure

La Corée du Sud a connu bien des troubles politiques qui pendant longtemps ont freiné la production de films : l’occupation japonaise au début du siècle, la division de la Corée en deux pays (Corée du Nord et Corée du Sud après la seconde guerre mondiale), la guerre de Corée (1950-1953) avec un premier âge d’or du cinéma coréen qui n’a duré qu’un dizaine d’années avant de péricliter…  En 1962 arrive le régime dictatorial de Park avec la ‘Motion Picture Law’ qui va limiter à la fois le nombre de films importés de l’étranger (de l’occident dont Etats-Unis tout comme du reste de l’Asie) et le nombre de films produits en Corée du Sud (le nombre de compagnies de production va chuter de environ 70 à une dizaine…), avec aussi en 1972 carrément une censure de tout film avec une critique politique ou sociale.

bae chang hoBae Chang-ho : « J’ai tourné mon premier film en 1982. C'était Les gens d’un bidonville, soit des personnages qui n’étaient pas un genre de représentation souhaitée officiellement, donc le film ne devait pas être montré dans des festivals étrangers.

Dans les années 80, il y avait presque une double censure, avant avec le scénario et après le tournage. Des représentants du gouvernement indiquaient des modifications à faire… »

Im Sang-soo : « Je me souviens avoir vu ce film quand j’étais jeune, c’était au moment de sa sortie en salles. Ce que j’ai ressenti à sa vision m’a inspiré, et m’a conforté dans mon désir de faire du cinéma .»

Quotas

Il y a presque toujours eu en Corée différentes règles de quotas, à la fois pour limiter l’impact des films étrangers et aussi dans le but de favoriser un relèvement des productions coréennes.

Face aux films américains produits à Hollywood, il y a eu par exemple une limitation d’importer un film étranger uniquement si en parallèle une société produisait 4 films coréens (donc souvent avec peu de moyens et d’ambition juste pour satisfaire le quota), une limitation du nombre de jours durant lesquels un film étranger était exploité dans les salles (les cinémas devaient diffuser au moins 146 jours par an des productions coréennes en 1993), une limitation du nombre de films importés par an (une mesure aussi en vigueur en Chine)…

Un assouplissement arrivera au cours des années 80, avec des règles de quotas revues, et au début des années 90 certains studios américains ont une filiale installée en Corée du Sud (United international pictures, Twentieth century fox, Warner bros, Columbia, Disney…) et on arrive en 1999 à une situation de 42 films coréens contre 233 films étrangers…

Avec les années 90, il y a un développement des multiplexes (588 écrans en 1999 à 1451 écrans en 2004) tout comme des grosses sociétés de production aux moyens importants (Daewoo, Hyundai, Samsung produisent du cinéma, et les studios CJ, Orion et Lotte qui produisent et possèdent aussi leur circuits de salles pour distribuer leurs films…), et le cinéma coréen s’exporte de plus en plus à l’international.

En 1999 la Corée du Sud se dote du KOFIC (l’équivalent de notre CNC) et le film Shiri (avec la révélation de Choi Min-sik) dépasse sur son territoire le box-office de Titanic, et la répartition en tickets vendu entre films coréens est autour de 50% face aux films américains (un peu comme en France).

Im Sang-soo : « Je me souviens en particulier de l’année 1998, dans notre industrie du cinéma il n’y avait plus d’intervention du gouvernement de type censure, mais plutôt des mesures favorables pour soutenir la culture. Du coup il y avait plus d’investisseurs pour les créateurs. Cette année-là, j’ai pu moi réaliser mon premier film Girls night out, et moins de deux ans après je sortais Tears.» (ndr : son 3e film en 2003 Une femme coréenne le fait connaître en France)

cho chang hoCho Chang-ho : « La capacité créative individuelle est une force importante. Le cinéma commercial est celui qui est très bien distribué, les autres films c’est du cinéma indépendant moins bien distribué et c’est logique.

C’est peut-être plus le canal de distribution (multiplexes ou pas) qui fait une différenciation entre les types de films. Pour les distributeurs de films indépendants c’est difficile d’obtenir des salles pour que leurs films soient vus par le plus grand nombre de spectateurs.

Cette situation est je pense la même dans plein de pays. Je voudrais moi faire moi-même la distribution de mes films, le réalisme de Another way est d’ailleurs compliqué à commercialiser. »

Im Sang-soo : « Il faudrait peut-être une nouvelle loi à propos des gros conglomérats de la distribution, leurs poids et leur influence est peut-être trop lourd. Mais les réalisateurs coréens les plus en vogue actuellement avec du succès vivent de ces conglomérats, alors… »

Désormais chaque année ou presque un nouveau film coréen dépasse un record de spectateurs comme The Host en 2006 (qui a fait bondir à 64% le taux de tickets vendus pour voir un film coréen), The king and the clown, D-war, Joint security area, My sassy girl (qui aura un remake américain)…

Les festivals européens récompensent régulièrement des talents de Corée du Sud comme les films de Lee Chang-dong (Oasis à Venise, Secret sunshine et Poetry à Cannes), Kim Ki-duk (Samaritan girl à Berlin, Locataires et Pieta à Venise, Arirang à Cannes) ou de Park Chan-wook (Oldboy et Thirst à Cannes), mais aussi des réalisateurs comme Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Kim Ji-woon, et évidement Im Sang-soo (son dernier film Intimate enemies n'a pas encore pas de date de sortie en France).

Crédit photos : José Da Cunha