Dinard 2016: des films qui jouent avec le temps

Posté par cynthia, le 1 octobre 2016, dans Dinard, Festivals, Films.

Une inspiration semble traverser les cinéastes de cette 27ème édition du Festival du film britannique de Dinard: la construction déstructurée des scénarios. mais on notera aussi que deux œuvres de la compétition, ont usé du même pitch (à peu près) et de la même passion (la musique) pour proposer deux films complètement différents dans le ton.

Casse-tête chinois made in UK

Quatre films ont retourné notre cerveau dans tous les sens avant de nous laissé perplexe et/ou amusé. Whisky Galore de Gillies MacKinnon, Brakes de Mercedes Grower, Away de David Blair et Detour de Christopher Smith. Chacun s'amuse à sa manière avec la temporalité et la linéarité.

Ainsi Gilles MacKinnon nous offre un copié collé soporifique du film Whisky Galore d'Alexander Mackendrick de 1949. L'histoire tragique (qui se veut drôle) de la pénurie de whisky touchant les habitants d'une île isolée en Écosse. À force de prière, un bateau transportant des cargaisons de whisky fait naufrage au grand plaisir des habitants qui vont tenter de récupérer les bouteilles tout en évitant l'armée. À côté de ça, les deux femmes principales du film veulent se marier mais rencontrent des ennuis, le père est en pleine remise en question, le vieux du village est mourant, etc...(oui il y a un etc...). Le réalisateur semble avoir pris tous les sujets possibles de cinéma (il ne manquait plus que l'horreur et le porno) puis les a disposé dans un mixeur géant et sans saveur avant d'appuyer sur le bouton «destruction massive». Un véritable rubik's cube qui nous a usés plus qu'amusés.

Dans le même registre (en beaucoup moins catastrophique), Away de David Blair nous plonge dans l'enfer de deux personnages atypiques et joués avec brio par Timothy Spall et Juno Temple. Un léger fouillis s'empare de l’œuvre, qui n'évite aucun cliché du genre, et des deux personnages, presque stéréotypés. Vivant tous deux dans un hôtel, ce sont leurs flashbacks qui permettent au spectateur de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là. Mais comprendre est un euphémisme car les scènes se mélangent tellement qu'on en vient à situer le récit juste en observant la barbe de Timothy Spall: s'il est rasé vous êtes au présent. Un véritable méli-mélo entre souvenirs et instants présents qui pourrait rendre fou un fan de Retour vers le futur.

De façon un peu plus éloignée, Finding Altamira, de Hugh Hudson, n'est pas loin de l'indigestion d'images également. L'histoire vraie de la découverte des peintures des grottes d'Altamira en Espagne au 19ème siècle est quelque peu gâchée par les visions à répétition de la jeune fille qui a fait cette découverte. Les bisons de cette grotte deviennent réels si souvent que l'on se demande si nous ne sommes pas sous LSD. Et ne parlons pas de Brakes affreusement filmé par Mercedes Grower qui nous offre une première partie sur une série de séparations (neuf au total) avant de montrer dans une seconde partie la rencontre de ces neuf couples.

Finissons par le meilleur: dans un registre beaucoup plus maîtrisé, et avec une vraie mise en scène, Detour de Christopher Smith nous maintient en haleine et en alerte en nous bernant du début à la fin. Peut-être trop malin, même si on essaie de deviner quel twist le cinéaste nous réserve, la narration mélange avec une certaine jubilation et d'astucieux artifices de montage des scènes réelles, imaginées, supposées, passées, futures. Ici, la déstructuration de son œuvre est faite avec finesse et minutie. Porté par un trio brillant et charismatique de comédiens, on se laisse avoir et séduire jusqu'à la dernière (triste) seconde qui change toute la vision du film.

Video didn't kill the radio stars

Ne vous faites pas d'illusions, en matière de musique les Anglo-Saxons sont toujours les plus talentueux. Il n'est pas donc étonnant de voir que le septième art britannique pousse la chansonnette.

Le premier a nous avoir touché en plein cœur est le merveilleux Sing Street de John Carney que l'on ne présente plus tant il a fait du bruit depuis Sundance. La création de ce groupe express de pop dans les années 80 rejoint l'histoire de Moon Dogs de Philip John. Tout comme Sing Street, ce film commence dans un foyer où l'atmosphère y est pesante. Deux frères que tout oppose dans Moon Dogs décident de partir sur un coup de tête et rencontre une jeune fille un peu rebelle avec qui ils vont former un groupe de musique (rock-electro-folk) sans le vouloir, tout en réglant leurs traumas du passé. Ils sont (demi)frères, mais ne sont pas obligés de s'aimer.

À l'inverse, avec le plus enthousiaste Sing Street, les deux frères sont proches grâce à une passion commune: la pop-rock british. Et si l'un vit par procuration, l'autre se bat afin de réaliser ses rêves. En ajoutant la thématique de la fille-fantasme qui mène le garçon où elle veut, Moon Dogs et Sing Street auraient pu faire un crossover remarquable et sans accroc si ce premier n'errait pas un peu longuement au deux tiers de son récit.

À travers ces films, le cinéma anglais montre leur ambition à se démarquer du marché européen et américain tout en tentant le reste du monde à oser sans avoir peur de choquer.

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