Albi 2017 : Percujam d’Alexandre Messina remporte le prix du public

Posté par MpM, le 27 novembre 2017

Les œillades d’Albi se sont achevées dimanche 26 novembre avec la remise du Prix du public au documentaire Percujam d’Alexandre Messina qui sortira le 4 avril 2018. Dans ce film d’à peine une heure, le réalisateur suit un groupe constitué de musiciens autistes et de leurs éducateurs. Il mêle des images prises sur le vif pendant les concerts ou les répétitions à des témoignages face caméra des artistes. Les thèmes abordés vont ainsi bien au-delà de la musique (et de la maladie) pour proposer à la fois des tranches de vie spontanées et un reflet de leurs préoccupations terriblement simples et actuelles au sujet de l'avenir, de l'amour et d’une vie heureuse.

Si le film est formellement peu imaginatif (et parfois confus), on comprend pourquoi le public a eu envie de plébisciter ce document singulier qui nous fait partager le quotidien, tantôt trivial, tantôt émouvant, de personnalités fortes et attachantes qui viennent nous rappeler à juste titre que les personnes souffrant d'autisme trop souvent laissées en retrait à cause de leur handicap.

La compétition, qui était constituée de 13 films présentés en avant-première pendant le Festival, réunissait par ailleurs de belles propositions. On a notamment été subjugué par La douleur d’Emmanuel Finkiel, adaptation en état de grâce du livre de Marguerite Duras, dans lequel elle racontait les jours ayant suivi l'arrestation de son époux Robert Antelme, à la fin de la guerre, pour faits de résistance. Mélanie Thierry y devient  une allégorie de l’attente, masque de douleur sur le visage, et force intérieure sur le point de se rompre.

Peut-être n’avait-on jamais aussi bien entendu la voix de l’écrivaine que dans les splendides voix-off introspectives qui livrent sans barrière la pensée et les sentiments de celle qui écrit. On est également bluffé par le travail réalisé par le chef opérateur Alexis Kavyrchine qui rend physiquement palpable l'état mental du personnage en jouant sans cesse sur des images fondues et des arrières-plans flous. L'héroïne se retrouve ainsi isolée au milieu de la foule, toute à sa douleur, hors d'un monde qui ne peut plus être le sien. A découvrir absolument en salles dès le 24 janvier.

Autre temps fort, Jusqu’à la garde de Xavier Legrand qui est en quelque sorte la suite du court métrage qui l’avait révélé, Avant que de tout perdre, dans lequel une femme mettait tout en œuvre pour fuir, avec ses deux enfants, un mari violent. Définitivement séparés, les deux époux se disputent la garde de leur fils, Julien, âgé de onze ans. Entre le documentaire brut et le thriller haletant, ce premier long métrage qui a reçu deux lions d'argent à Venise (meilleur réalisateur et meilleur premier film) est une plongée sans concession dans l'univers de la violence conjugale : manipulation, contrition, menaces, utilisation des enfants pour atteindre la mère, propension à se faire passer pour une victime...

On a l'impression d'assister à une lente et irrépressible montée en puissance de la haine et de la colère, sans temps morts ni moments de répit, jusqu'à l'explosion finale qui consiste en une longue et intransigeante séquence d'assaut dans laquelle le simple travail sur les sons (une sonnette qui résonne dans la nuit, puis le silence déroutant, l’ascenseur qui arrive, les coups frappés à la porte...) suffit à générer une angoisse difficilement supportable. Léa Drucker et Denis Ménochet (déjà présents dans le court) sont d'une justesse irréprochable, incarnant avec une subtilité admirable ces deux personnages qui parviennent, malgré les enjeux, à rester dans la retenue et le minimalisme. Un film indispensable qui sortira en France le 7 février.

Enfin, Makala d'Emmanuel Gras, récompensé du Grand Prix lors de la dernière Semaine de la Critique, était lui aussi en lice. Ce superbe documentaire tourné en république du Congo suit Kabwita, un villageois qui fabrique du charbon de bois pour aller le vendre (en vélo) à de nombreux kilomètres de chez lui. Un voyage initiatique épuré et sensoriel qui donne à voir les fragilités de la destinée humaine dans des plans à la beauté hypnotique. A voir en France dès le 6 décembre.

Les films en compétition
La douleur d’Emmanuel Finkiel
Le ciel étoilé au-dessus de ma tête d’Ilan Klipper
Gaspard va au mariage d’Antony Cordier
Luna d’Elsa Diringer
Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
Percujam d’Alexandre Messina
La fête est finie de Marie Garel-Weiss
La villa de Robert Guédiguian
Makala d’Emmanuel Gras
Une saison en France de Haroun Mahamat-Saleh
Marie-Curie de Marie-Noëlle Sehr
Corps étranger de Raja Amari
C’est le cœur qui meurt en dernier d’Alexis-Brault

MK2 dans une ancienne brasserie à Strasbourg

Posté par vincy, le 27 novembre 2017

Le maire de Schiltigheim, Jean-Marie Kutner (UDI), dans la banlieue nord de Strasbourg, a confirmé en fin de semaine dernière que le groupe MK2 allait implanter un multiplexe de 8 salles dans sa ville.

Le cinéma occupera l'ancienne malterie Fischer. la ville, connue aussi pour ses Caddie ®, est surnommée la cité des Brasseurs. La Brasserie Fischer, fondée à Strasbourg en 1821 et installée à Schiltigheim en 1854 avait été rachetée par Heineken en 1996 avant de fermer définitivement en 2009. Pour réhabiliter ses bâtiments du patrimoine industriel, la mairie veut les reconvertir en commerces, restaurants, école et cinéma, tout en préservant la cheminée et les façades historiques.

Pour l'instant le site est à l'abandon: il n'est pas desservi par le tramway et seulement par deux lignes de bus. MK2 va ainsi s'installer pour la première fois en Province. Le groupe a en projet de remplacer UGC sur les Champs-Elysées à Paris et a fait de nombreuses acquisitions en Espagne. Le projet marseillais a été abandonné.

Strasbourg est la 8e métropole en Province pour la fréquentation en salles. UGC Ciné Cité y règne en maître avec plus de la moitié des tickets vendus.

Tran Anh Hung se lance dans la cuisine française

Posté par vincy, le 27 novembre 2017

Le cinéaste franco-vietnamien Tran Anh Hung a révélé au Festival de Singapour les détails de son prochain film. Dodin-Buffant sera une plongée dans la cuisine française.

Il adaptera le roman de Marcel Rouff, La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, plusieurs fois réédité depuis 1924 et adapté en BD par Mathieu Burniat (La passion de Dodin-Bouffant). Le personnage de Dodin-Bouffant est fictif mais s'inspire de la vie de Brillat-Savarin, célèbre gastronome et auteur culinaire (Physiologie du goût) du XVIIIe et XIXe siècles.

Dodin-Bouffant est un vieux magistrat à la retraite, raffiné et délicat, qui a un appétit d'ogre et qui, du fond du Jura, consacre sa vie à son amour de la cuisine. Il règne sur la table des princes et sait qu'un pot-au-feu peut élever les âmes. Las, un jour meurt Eugénie Chatagne, sa fidèle cuisinière, capable de comprendre, suivre et prévenir les désirs du maître. Il commence à chercher la perle des fourneaux qui sera digne de lui succéder et de lui satisfaire son palais...

Tran Anh Hung termine actuellement le scénario et va partir en quête de financements. Son dernier film, Eternité, sorti en 2016, avait été un échec public (130000 entrées en France) et critique. Dans les années 1990, le réalisateur a remporté la Caméra d'or à Cannes pour L'odeur de la papaye verte et le Lion d'or à Venise pour Cyclo.