Le Festival de Cannes modifie son agenda

Posté par vincy, le 22 novembre 2017

"Après l’édition-anniversaire de 2017, le Festival ouvre une nouvelle période de son histoire, déclare le Président du festival de Cannes Pierre Lescure. Nous entendons renouveler le plus possible nos principes d’organisation, tout en continuant à interroger le cinéma de notre époque et à accompagner ses bouleversements."

Ainsi, le 71e Festival de Cannes commencera ... un mardi! La cérémonie d'ouverture aura lieu le mardi 8 mai tandis que celle de clôture se déroulera un samedi, le 19 mai. "Il commencera un jour plus tôt mais aura une durée identique aux années précédentes" précise bien le Festival dans son communiqué daté du 22 novembre.

Cannes veut rééquilibrer les deux semaines de la manifestation, qui cette année doit gérer un mardi férié (le 8 mai) et un jeudi férié (celui de l'ascension, le 10 mai). Sans oublier le lundi de Pentecôte qui a lieu le 21 mai!

Pour le festival, "commencer le mardi permettra d’ajouter une soirée de gala avant le premier week-end du Festival et d’organiser des avant-premières du film d’ouverture dans toute la France" et "avancer l’annonce du Palmarès d’une journée, en la plaçant le samedi soir, accroîtra son prestige tout en donnant au film de clôture une meilleure exposition."

D'autres annonces devraient avoir lieu. Notamment la réorganisation des projections presse qui pourraient être simultanées avec les séances officielles, afin que les films en compétition ne soient plus attaqués avant la montée des marches.

Neuf films visent le prix Louis-Delluc 2017

Posté par vincy, le 22 novembre 2017

Le jury du Prix Louis-Delluc devra choisir le lauréat, qui sera révélé le 15 décembre, parmi les neuf films sélectionnés.

Deux documentaires, plusieurs films sélectionnés à Cannes et quelques surprises composent cette liste. A noter que seul Arnaud Desplechin l'a déjà reçu parmi tous les nommés.

Pour le Prix Louis-Delluc du premier film, six longs métrages et quasiment un "strike" cannois" (4 sur 6), ont été retenus.

Albi 2017 : Les oeillades prennent le large avec Gaël Morel

Posté par MpM, le 22 novembre 2017

Pour sa première soirée, le festival Les oeillades d'Albi avait invité le réalisateur Gaël Morel pour Prendre le large, sorti sur les écrans le 8 novembre dernier. Le film raconte l'histoire d'Edith, une ouvrière textile dont l'usine s'apprête à délocaliser et qui, au lieu de prendre ses indemnités de licenciement, accepte d'être reclassée dans un atelier marocain. Commence alors pour elle une nouvelle vie partagée entre la dureté des conditions de travail et la douceur de belles rencontres.

C'est un très joli portrait de femme que brosse Gaël Morel, qui ne cache pas ce que le film doit à son actrice Sandrine Bonnaire. "Nous n'avons pas écrit le film pour elle, mais grâce à elle" a-t-il expliqué lors du débat suivant la projection. Son envie de travailler avec la comédienne est d'ailleurs l'un des moteurs du film, au même titre que son désir de rendre hommage à la classe ouvrière dont il est issu. Il souhaitait également collaborer avec l'écrivain Rachid O. qui co-scénarise le film.

Ce faisceau d'envies et de désirs de cinéma donne une oeuvre forte et puissante qui, suivant une trame classique, enchevêtre habilement le destin personnel de son héroïne aux réalités sociales d'un monde en souffrance. En plongeant son personnage dans un atelier marocain, le réalisateur joue sur l'inversion des situations (c'est elle l'étrangère, celle qui est mal vue et doit s'adapter à des règles qu'elle ne connaît pas) et parle ainsi à la fois de notre rapport aux autres et des méfaits d'une mondialisation déshumanisée.

"Le scénario c'est le croquis"

Pour autant, Gaël Morel ne voulait tomber dans aucun extrême en filmant le Maroc, pays où il a passé une partie de sa vie : ni la facilité de l'exotisme, ni la paresse du misérabilisme. Mais comment y arriver concrètement, lui a-t-on demandé lors d'un bref entretien. "Par exemple, c'était vraiment en évitant de filmer le Tanger orientaliste, la Medina, tous les lieux qui sont attachés à l'orientalisme tangérois", explique-t-il. "Comme je connaissais ce Tanger, j'ai voulu filmer en dehors de ça, et surtout je voulais filmer une ville verticale. On oublie que Tanger est construite sur des montagnes. Et donc on change de format. Quand on arrive au Maroc, d'un seul coup, le son s'ouvre, l'image s'agrandit, on est dans la verticalité. Ca m'intéressait de jouer l'idée de la verticalité tangéroise contre l'horizontalité en France."

Concernant la réalité sociale marocaine, minutieusement décrite dans ce mélange d'autoritarisme et d'esclavage moderne, certaines choses se sont décidées au moment du repérage. "Une fois que je repère le lieu et que je me dis : ça va se passer là, j'enquête sur le lieu où je vais tourner. Et donc là j'ai des réponses. Ca oxygène le scénario. A la base, il y a des choses que j'ai envie de filmer, donc je regarde si elles existent ou pas. Si elles existent, après, je vais aller dans les détails, pour que ça élève le scénario à un niveau de réalité. Vous voyez, c'est comme un croquis : vous faites un croquis et après vous trouvez le matériel pour construire. Ben disons que le scénario c'est le croquis, et après, quand vous trouvez un lieu, vous amenez des choses. Comme la scène de fouille ! Cette fouille, elle était là. C'était pas un truc de décor. "

Même chose pour la terrible séquence dans les champs de fraises "hors sol" qui a été filmée dans une véritable exploitation, avec les vraies ouvrières qui y travaillent dans des conditions souvent terribles, logeant le soir dans un petit dortoir où elles sont enfermées.

Le réalisateur n'a pas hésité à confronter sa comédienne à ces réalités-là, en faisant suivre à son personnage une trajectoire évidemment initiatique non seulement d'un point de vue intérieur, mais également physique. "On a beaucoup travaillé sur son apparence, ses vêtements, alors c'est presque invisible, mais ça apporte quelque chose. Et Sandrine a un truc avec son visage : quand il est fermé, il dégage une gravité et une sévérité rares. Et dès qu'elle sourit, c'est un autre personnage. Donc il y avait ça. Après, il y a une chose qui s'appelle la confiance. Elle m'a fait confiance et de mon côté, la confiance était déjà là dès l'écriture du scénario. C'était vraiment une confiance réciproque, un abandon de l'un à l'autre, qui fait qu'on s'est trouvé. On s'est vraiment trouvé."