©Régis d'Audeville
Depuis sa création en 1987, la Fondation Gan pour le Cinéma distingue chaque année des projets de longs métrages (premier et deuxième) auxquels elle apporte une aide financière de 53 000 euros (50 000 pour le producteur, 3000 pour le réalisateur).
Ont ainsi été accompagnés Raymond Depardon (La captive du désert), Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro (Delicatessen), Tran Ahn Hung (L'odeur de la papaye verte), Catherine Corsini (Les amoureux), Christine Carrière (Rosine), Bruno Dumont (La vie de Jésus) ou encore Meryem Benm’Barek pour Sofia, sélectionné et récompensé à Un certain regard à Cannes en 2018, et Jean-Bernard Marlin pour Shéhérazade, sélectionné à la Semaine de la Critique 2018.
La fondation s'enorgueillit aujourd'hui d'un beau palmarès, avec près de 5000 scénarios lus, 190 réalisateurs aidés (dont seulement un quart de réalisatrices), 90% de films tournés, et un tableau d'honneur qui cumule 35 César, 20 prix à Cannes et plus de 450 récompenses dans les festivals français et étrangers. Autant dire que les lauréats 2018, annoncés lors la traditionnelle Soirée des lauréats le lundi 26 novembre, viennent de rejoindre un club très privé placé sous les meilleurs auspices.
C'est le président du jury de l'Aide à la Création, Christophe Honoré (lauréat en 2000 pour 17 fois Cécile Cassard), qui a annoncé les 4 heureux élus, choisis parmi 114 scénarios.
- Guillaume Bonnier pour Tout le monde m'appelle Mike (premier long métrage), produit par Spectre Productions
Un film qui a séduit le jury par "sa force de conviction". Il raconte l'histoire d'une famille qui voyage sur un voilier. Au moment de traverser le golfe d’Aden, arpenté par des pirates somaliens, ils invitent Mike, un jeune homme dont ils ne savent rien, à venir avec eux. Au casting de ce que le réalisateur présente comme un western, Anaïd Demoustier, Damien Chapelle et Abderissaak Mohamed.
- Romain de Saint-Blanquat pour La Morsure (premier long métrage), produit par Easy tiger
Cette histoire d'une jeune fille qui fait le mur, persuadée qu'il ne lui reste plus qu'une nuit à vivre, a fait l'unanimité auprès du jury. "Ce que promet le scénario nous a emballés" a confié Christophe Honoré. Romain de Saint-Blanquat, qui s'était fait connaître avec son court métrage de fin d'études auto-produit Pin ups, développe en parallèle une série qu'il a coécrite, Carolus magnus.
- Rachel Lang pour Mon légionnaire (deuxième long métrage), produit par Chevaldeuxtrois
Un projet dont le jury a apprécié "la maturité", proposé par la réalisatrice de Baden baden, long métrage remarqué à Berlin en 2016. On y suit des légionnaires et leurs épouses, qui apprennent pour les uns à survivre en milieu hostile, et pour les autres à vivre avec l’absence et l'éloignement.
- Vincent Le Port pour Bruno Reidal (premier long métrage), produit par Capricci Production
L'histoire vraie d'une jeune séminariste qui a tué un enfant au début du XXe siècle, avant de se rendre à la police. Le film se base sur ses mémoires, qui contiennent des phrases comme : « Quoique je fasse, les scènes de meurtre sont pour moi pleines de charme… » "C'est probablement le film le plus imprudent des quatre" a souligné Christophe Honoré. Vincent Le Port avait reçu le prix Jean Vigo du court-métrage en 2016 pour Le Gouffre.
Enfin, le prix spécial, qui est remis par la Fondation elle-même, a été attribué au projet Le sommet des Dieux, premier long métrage d'animation en solo du réalisateur Patrick Imbert (qui avait co-réalisé Le grand méchant renard et autres contes et Ernest et Célestine), coproduit par Julianne Films et Folivari. Il s'agit de l'adaptation ambitieuse du manga du même nom de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura.
Autant de films que l'on suivra avec beaucoup de curiosité, mais en réfrénant un peu notre impatience, car les quatre lauréats en prise de vues réelles devraient tous être tourné courant 2019 (avec des sélections cannoises en 2020 à la clef ?) tandis que le long métrage d'animation est attendu pour 2021.