Cannes 2019: Nos retrouvailles avec Fernanda Montenegro
C’est une grande dame du cinéma brésilien (et pour le coup du cinéma mondial) qui revient par la grande porte du 7e art. La vie invisible de Euridice Gusmao de Karim Aïnouz, adaptation du roman de Martha Batalha, est sélectionné à Un certain regard, et met en vedette Fernanda Montenegro. Il y a 20 ans, l’actrice était nommée aux Oscars (la seule comédienne lusophone a avoir été nommée), un an après avoir reçu l’Ours d’argent de la meilleure actrice à Berlin pour Central do Brasil de Walter Salles, qui remporte également l'Ours d'or du meilleur film. En France, le film a attiré près de 600000 spectateurs dans les salles, le plus gros succès du cinéma brésilien dans le pays, toujours aujourd’hui.
Fille de la classe ouvrière, Arlete Pinheiro Esteves da Silva, son nom de naissance, approche des 90 ans. Elle est considérée comme la plus grande comédienne de son pays. Honorée d’à peu près toutes les breloques officielles que le Brésil compte, en plus de prix internationaux (y compris un Emmy Award), elle a traversé les décennies depuis ses début dans les années 1950, quand elle a été la première actrice à signer un contrat avec la chaîne Tupi. Vedette de « telenovelas », parmi les plus populaires (parmi lesquelles Danse avec moi, qui a fait les belles heures de TF1 dans les années 1980), Fernanda Montenegro reste l’une des personnalité les plus influentes du pays. C’est notamment elle qui a lu un poème lors de la cérémonie d’ouverture des J.O. de Rio, doublée en anglais pas une autre Lady, Judi Dench.
Grande comédienne de théâtre, cette littéraire n’a jamais cessé de jouer, de la comédie à la tragédie. Au cinéma, elle a débuté en 1965 avec A Falecida, de Leon Hirszman, où elle interprète une jeune femme obsédée par la mort, jusqu’à prévoir le moindre détail de ses funérailles. Occupée par le petit écran et les planches, elle ne tourne pas tant que ça. On la remarque chez Arnaldo Jabor dans Tudo bem, comédie catastrophe de 1978. A noter que Fernanda Torres, sa fille, a remporté le prix d’interprétation au Festival de Cannes pour le film Parle-moi d’amour du même Arnaldo Jabor. En 1985, elle figure au générique en second-rôle dans A Hora da Estrela, de Suzana Amaral, trois fois primé à Berlin et sacré à La Havane.
Il faut réellement attendre les années 1990 pour que Fernanda Montenegro prenne le cinéma au sérieux. Elle apparaît dans un court métrage de Carlos Diegues, Veja Esta Cançao, fait face à Alan Arkin dans Quatre jours en septembre, de Bruno Barreto. Le film est nommé aux Oscars et en compétition à Berlin. Puis vint Walter Salles avec Central do Brasil, où elle joue une vieille femme pieuse et revêche qui se prend d’affection pour un gamin qui cherche son père. Une performance unanimement saluée qui lui vaut une myriade de prix.
En 2004, elle frappe de nouveau avec L’autre côté de la rue de Marcos Berstein. Le film va à Berlin et San Sebastian. L’actrice est récompensée à Tribeca (New York). En 2005, dans La maison de sable de son gendre Andrucha Waddington, elle interprète trois rôles. Le film est récompensé à Sundance.
Figure engagée pour la défense de la culture, dans un pays qui est en train de couper dans toutes les aides, elle semble faire un retour. Outre La vie invisible, où elle a un rôle symbolique et qui sortira en décembre en France, elle a aussi tourné pour Claudio Assis (Piedade) et pour son beau-fils (O Juizo).
Tags liés à cet article : adaptation, Brésil, cannes 2019, central do brasil, cinéma bresilien, fernanda montenegro, fernanda torres, festival de cannes, karim ainouz, la vie invisible de euridice gusmao, nos retrouvailles, un certain regard.