Venise 2019 : Ad Astra, de James Gray, avec Brad Pitt

Posté par kristofy, le 29 août 2019, dans Avant-premières, Critiques, Festivals, Films, Venise.

Un nouveau film de James Gray, c' est forcément très attendu, et d' ailleurs le Festival de Cannes l' attendait aussi. James Gray est l' un des cinéastes 'abonné' de Cannes : quatre de ses films ont été sélectionnés en compétition (The Yards en 2000, We Own the Night en 2007, Two Lovers en 2008 et The Immigrant en 2013) mais sans jamais y recevoir de prix. Sur la Croisette, il avait aussi été membre du jury en 2009.

Ad Astra, à cause de ses effets spéciaux spectaculaires promis, et de leur post-production  plus longue que prévue, n' avait pu être achevé à temps pour mai. Par ailleurs, la Fox, tout juste rachetée par Disney, voyait son planning de sortie mis en stand-by.

C' est donc le Festival de Venise qui intègre le film en compétition, avec ce qui semblait être un gros blockbuster SF, avec Brad Pitt. Pour l'anecdote, Venise aime la SF depuis quelques années : Gravity et First Man: le premier homme sur la Lune ont tous deux été en compétition, avec ce thème commun d'une odyssée spatiale pour comprendre ce qui est le plus important en soi et sur Terre. Ad Astra, en latin vers les étoiles, se révèle être autant une exploration a travers l'espace qu'une exploration du lien intime entre un fils et son père...

Le pitch: L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.

James Gray situe son histoire dans le futur certes mais un futur proche qui ressemble en tout point a notre époque: il n y aura aucun robot ni gadget de science-fiction, seulement l'espace, déjà conquis. On découvre qu' il y a divers bâtiments installés sur la Lune, la planète Mars a été explorée, et c'est plus loin, vers Neptune que l' on envoie des fusées. La recherche d'une éventuelle autre forme de vie ou de conscience est un projet porté par la génération d' avant, comme le héros Clifford McBride (Tommy Lee Jones), officiellement disparu. Désormais on construit des colonies sur la Lune et diverses stations en orbites. C'est là que travaille l' astronaute Roy McBride (Brad Pitt). Mais un étrange phénomène provoque de graves perturbations électriques entraînant une possible réaction en chaine. Roy McBride est choisi pour comprendre le problème, avec une motivation personnelle qui le guide dans cette mission...

Ad Astra débute avec un incident très spectaculaire: une chute vertigineuse depuis une structure spatiale, vers la Terre. Après cette séquence d'ouverture épatante, la base de l'histoire est assez rapidement posée.

James Gray suit le chemin de ces films où notre planète est menacée, et où l'espace est la tranchée de résistance: Armageddon de Michael Bay en 1998 (avec Liv Tyler, que 'l on retrouve dans Ad Astra), Space Cowboys de Clint Eastwood en 2000 (avec Tommy Lee Jones et Donald Sutherland, eux aussi dans Ad Astra !), Sunshine de Danny Boyle en 2007 (chef d'oeuvre à revoir)... soit autant de films où s' envoler dans les étoiles est un acte héroïque, voire un sacrifice de soi.

Une histoire de liens invisibles

Mais Ad Astra se démarque nettement de ce genre démonstratif. S'il y a bien une enquête qui créé le suspens, l'histoire est surtout celle d' une quête intime. Une introspection de ce qui peut relier un homme à sa famille, tout autant qu'une définition de la masculinité. Ce sont ses liens avec son père, son mentor, perdu dans la galaxie, et sa femme, restée sur Terre, qui importent au cinéaste.

Brad Pitt en conférence de presse: "Nous avons tous les deux [James Gray et lui] grandi à une époque où on nous demandait, en tant qu'hommes, d'être forts… et cela a une valeur, mais c'est aussi une barrière, car vous cachez certaines de ces choses dont vous avez honte. Nous cachons et portons tous la douleur et les blessures individuelles."

Bien entendu comme tout film de voyage spatial, Ad Astra contient quelques éléments communs, comme autant de clichés obligés : conflits entre membres d'équipage ou accident imprévisible et fatal. Cependant, il ne faut pas espérer de grosses scènes d'action explosives (ce n'est d'ailleurs pas le style de James Gray).

La narration compte d'ailleurs beaucoup sur la voix off de Roy McBride qui (se) raconte ses observations. Il doit régulièrement auto-évaluer son état psychologique, et il parle toujours avec un minimum d'émotion, à l'instar de ses rapports dictés à la base. Cette voix de Brad Pitt, souvent en analyse, participe beaucoup a rendre le film plus introspectif que démonstratif. Ce qui ne l'empêche pas d'être épique, et de flirter avec 2001 de Kubrick, dès qu'il s'agit de questions existentielles dans une dimension extraordinaire.

L'envie d'aventures

A l'instar de son précédent film The Lost City Of Z (présenté à Berlin), James Gray (produit par Brad Pitt) avait raconté une autre forme d' exploration "avec sa part de mystère et de mystique" comme nous l'écrivions à l'époque, "où l'homme est seul face à lui-même, préférant risquer sa vie à avoir vu l'invisible plutôt que de se laisser vivre dans le confort du vécu", Ad Astra est une sorte de variation des ces mêmes thèmes mais dans une jungle toute aussi inconnue, celle du système solaire. Le réalisateur signe finalement une belle œuvre sur la solitude des êtres, cette solitude qui traverse tous ses films et envahit tous ses personnages principaux depuis 25 ans (Little Odessa).

Les réponses que nous cherchons n'ont jamais été aussi proches... et il faudra les découvrir dans les salles de cinéma françaises le 18 septembre.

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