Coronavirus: les salles de cinéma en mode intimiste, les fermetures, reports et annulations s’enchaînent

Posté par redaction, le 13 mars 2020

Les Festivals s'annulent les uns après les autres, notamment Cinéma du réel qui commençait aujourd'hui, mais aussi Cinélatino à Toulouse et le Festival national du film d'animation. Les sorties de films sont décalées à l'été ou l'automne (derniers en date: The Room, Sans un bruit 2, Divorce club, Le jardin secret, Effacer l'historique, Ondine, Adolescentes, Mulan, Petit pays, Police et Fast and Furious 9). Le coronavirus bouscule aussi les tournages, suspendus. Et on attendra fin avril pour savoir si le Festival de Cannes aura bien lieu (e tout cas physiquement, puisque virtuellement c'est toujours possible).

Coronavirus: SERIES MANIA annulé

Mais avec les nouvelles annonces gouvernementales d'aujourd'hui - le premier ministre Édouard Philippe a annoncé l'interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes -,  ce sont désormais les cinémas qui sont menacés.

Cela veut dire que toute salle de plus 100 fauteuils sera fermée ou qu'il faudra limiter les séances à un nombre restreint de spectateurs pour les plus grandes salles. En Italie, en Belgique et en Suisse, toutes les salles sont fermées.

Ce sera du cas par cas. Kinépolis, qui a fermé ses salles belges, a d'ores et déjà annoncé que la totalité des cinémas Kinepolis français restent ouverts au public, en limitant la fréquentation de chaque salle. Les salles aux capacités inférieures à 110 places voient leur fréquentation limitée à 30 spectateurs par séance, soit presque un tiers de taux remplissage. Les autres salles sont ainsi limitées à 95 spectateurs maximum par séance.

Les festivals et les films atteints par le coronavirus

Le Forum des Images à Paris ferme jusqu'à nouvel ordre. La Cinémathèque française suspend ses activités.

Si la fréquentation va naturellement chuter, paradoxalement, cette mesure pourrait ne pas trop toucher les cinémas art et essai et les cinémas de quartier ou de proximités. Les 1179 cinémas art et essais ont souvent de petites salles (en moyenne les cinémas art et essai en France offre 172 sièges au total). Et 56% des cinémas en France n'ont qu'un écran. Ce sont les multiplexes qui sont principalement atteints par cette mesure.

Les vrais gagnants seront sans doute les plateforme de SVàD et de VàD, comme Netflix ou La Cinetek. En attendant, c'est le moment d'être curieux et de découvrir les films qui sont à l'affiche et ceux qui maintiennent leur sortie dans les trois, quatre prochaines semaines.

Contagion et virus: 15 films à voir en cas de confinement

Tonie Marshall au plus près du paradis (1951-2020)

Posté par vincy, le 12 mars 2020

C'est la seule femme à avoir reçu le César de la meilleure réalisation. La cinéaste Tonie Marshall vient de s'éteindre à l'âge de 68 ans, des suites d'une longue maladie. Elle apparaissait encore sur les tapis rouges, y compris celui du spectacle de Jean-Paul Gaultier, le Fashion Freak Show, qu'elle a mis en scène.

Sa mère, l'actrice Micheline Presle, 97 ans, lui survit. Enfant de la balle, avec une chambre donnant sur la cabine de projection du cinéma le Studio des Ursulines à Paris, elle a réalisé une dizaine de longs métrages, dont le plus récent, Numéro Une en 2017.

Son cinéma, profondément féministe, valorisant des femmes dirigeantes et émancipées, croquait l'air du temps sous forme de comédies douces-amères (et parfois acides).

Depuis Pentimento en 1989, elle a ainsi creusé ce sillon, avec plus ou moins de succès. Son plus gros succès reste Vénus Beauté (Institut). Avec un casting de haute volée (Nathalie Baye, Bulle Ogier, Samuel Le Bihan, Jacques Bonnaffé, Mathilde Seigner, Audrey Tautou, Robert Hossein, Marie Rivière, Edith Scob, Hélène Fillières, Brigitte Roüan, Claire Nebout, Micheline Presle, Emmanuelle Riva, Elli Medeiros et Claire Denis), le film a séduit près de 1,4 million de spectateurs, a été décliné en série TV en 2005 et a reçu 7 nominations aux César, repartant avec ceux du meilleur film, meilleur réalisateur (trice), meilleur scénario (pour Marshall), et meilleur espoir féminin (pour Tautou).

Tu veux ou tu veux pas (avec Sophie Marceau et Patrick Bruel) en 2014 a aussi passé le cap du million d'entrées. Pour le reste son ton plutôt intimiste, souvent porté sur les classes prolétaires ou moyennes, avant de passer à la bourgeoisie, et son regard souvent moqueur sur les travers de nos sociétés l'ont souvent empêchée de trouver un large public. Elle aimait confronter les genres (polar, comédie, mélo...) avec des situations familiales parfois retors comme dans Pas très Catholique ou Enfants de salaud. Et sinon elle filmait des rencontres amoureuses chaotiques, improbables, en écho aux comédies américaines des années 40-50.

Du Télé-achat dans France Boutique à une variante d'Elle et lui dans Au plus près du Paradis, ses tours de passe-passe l'ont amenée à tourner avec Catherine Deneuve, William Hurt, Karin Viard, Anémone, Jean Yanne, François Cluzet, Emmanuelle Devos, François Cluzet....

Vivante et drôle, chaleureuse et attachante, Tonie Marshall est passée à la réalisation dans les années 1990, après avoir commencé en tant que comédienne peu convaincante (L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune de Jacques Demy, Les Sous-doués de Claude Zidi, Pour rire ! de Lucas Belvaux). Proche de Jean-Michel Ribes, avec qui elle partage l'humour devant la caméra et sur scène, Tonie Marshall était aussi une femme très engagée dans la profession et dans les luttes féministes. Elle se battait pour la place des femmes et contre les inégalités de sexe à la manière d'une combattante.

Dans un entretien en 2018, elle affirmait ainsi : "dans la société, il y a beaucoup de morales, beaucoup de religions qui sont enclins à enfermer les femmes dans des cases, à les cantonner dans un rôle. Tout est organisé sur le masculin depuis le début. Changeons ça ! On va y arriver. Mais pour y parvenir, il faut embarquer les hommes. Il ne faut surtout pas donner l’impression que les femmes prennent la place de qui que ce soit. Elles prennent seulement leur place dans une société où elles sont à 50 % au moins …" Et de rappeler: " Si les femmes comptaient davantage dans la société, elles compteraient aussi davantage à l’écran."

Didier Bezace (1946-2020) quitte la scène

Posté par redaction, le 11 mars 2020

Le comédien et metteur en scène français Didier Bezace est décédé des suites d'une longue maladie, a annoncé mercredi à l'AFP son attachée de presse. il avait 74 ans.

Au cinéma, il a joué dans une trentaine de films durant quarante ans de carrière. On l'a ainsi remarqué dans de nombreux second-rôles, avec sa diction bien prononcée et son regard souvent en coin: La petite voleuse de Claude Miller, L.627, Ça commence aujourd'hui et Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier, Petits arrangements avec les morts de Pascale Ferran, Les voleurs d'André Téchiné, La femme de chambre du Titanic de Bigas Luna, La dilettante de Pascal Thomas, Ça ira mieux demain, C'est le bouquet! et Cause toujours! de Jeanne Labrune, Mariages ! de Valérie Guignabodet, Ma vie en l'air de Rémi Bezançon, Le pressentiment de Jean-Pierre Darroussin... Il a été nommé au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Profil bas de Claude Zidi.

Si le cinéma était si peu présent dans sa vie de comédien, il tournait de nombreux téléfilms. Mais c'est le théâtre qui occupait toute sa vie, cofondateur du Théâtre de l'Aquarium à La Cartoucherie de Vincennes et directeur du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers durant 16 ans.

Molière de la révélation théâtrale en 1995 avec La Femme changée en renard, il a reçu deux autres Molières en 2005 en tant que metteur en scène et adaptateur pour La version de Browning.

Coronavirus: SERIES MANIA annulé

Posté par vincy, le 11 mars 2020

series mania"La direction de SERIES MANIA annonce l’annulation de l’ensemble du festival (festival public, Series Mania Forum et Dialogues de Lille) qui devait se dérouler du 20 au 28 mars à Lille et dans la région Hauts-de-France" annonce un communiqué envoyé ce mercredi 11 mars dans la matinée. Pas de report, contrairement à Canneseries, décalé en octobre.

80000 festivaliers et plus de 3000 professionnels étaient attendus, dont une grande partie de l'étranger. Alors que le coronavirus frappe l'Europe fortement, les événements populaires s'annulent les uns après les autres. Il reste l'énigme du Festival de Cannes en mai, qui veut sans doute compter sur la remontée des températures du printemps pour que le virus soit moins virulent, même si de nombreux festivaliers américains et asiatiques ne viennent pas.

Le festival lillois prend ainsi compte de l'interdiction de tout rassemblement de plus de 1000 personnes et des nombreuses restrictions qui s'appliquent aux déplacements de nos participants français et internationaux.

Rendez-vous en 2021

"C'est une décision difficile, en particulier pour notre public de festivaliers qui avait déjà massivement réservé ses places, mais qui s'impose compte tenu du contexte international actuel", déclare Rodolphe Belmer, président de SERIES MANIA. "Dans cette période délicate, nous sommes très sensibles au soutien constant de tous nos partenaires français et internationaux, et nous tenons à les remercier chaleureusement" ajoute-t-il.

Laurence Herszberg, directrice générale, "donne d'ores et déjà rendez-vous en 2021 au public, aux professionnels, aux décideurs politiques et de l'industrie, pour une nouvelle édition", qui, assure-t-elle sera "encore plus ambitieuse et rayonnante".

Contagion et virus: 15 films à voir en cas de confinement

Posté par redaction, le 10 mars 2020

Hors zombies et aliens, le cinéma, depuis 30 ans, aime les pandémies, épidémies et autres maladies virales. Voici 15 extraits ou bande annonce pour vous occupez si vous êtes confinés.

Contagion de Steven Soderbergh (2011)


Alerte! (Outbreak) de Wolfgang Petersen (1995)


28 jours plus tard de Danny Boyle (2002)


Pandémie de Sung-su Kim (2013)

Le voile des illusions de John Curran (2006)


Le fléau (The Stand) de Mick Garris (1994)


Blindness de Fernando Meirelles (2008)


Perfect sense de David Mackenzie (2011)


Le hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau (1995)


Apocalypto de Mel Gibson (2006)


Phénomènes de M. Night Shyamalan (2008)


The Falling de Carol Morley (2014)


L'amour aux temps du choléra de Mile Newell (2007)


Le pont de Cassandra de George P. Cosmatos (1976)


L'armée des 12 singes de Terry Gilliam (1995)

Voilà vous avez de quoi bingewatcher. mais n'oubliez pas de vous lavez les mains!


Cannes 2020: 15 projets retenus pour l’Atelier de la Cinéfondation

Posté par vincy, le 9 mars 2020

La 16e édition de l’Atelier de la Cinéfondation accueille 16 réalisatrices et réalisateurs. Les 15 projets de film sélectionnés, de 15 pays différents (dont certains assez rares sur les écrans) ont été jugés particulièrement prometteurs. Les cinéastes et leurs producteurs pourront rencontrer du 14 au 21 mai des partenaires potentiels, indispensables pour finaliser leur projet et passer à la réalisation de leur film. L’Atelier ouvre également à ses participants les portes des coproductions internationales, accélérant ainsi le processus de finition du film.

L'objectif de l'Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes est d'encourager le cinéma de création et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes dans le monde,  233 projets, dont 171 sont sortis sur les écrans et 14 sont actuellement en pré-production

  • Dayao Swims Against the Flow , Zhang Tao, Chine
  • A Male, Fabian Hernández, Colombie
  • Carnaval, Mohamed Siam, Egypte
  • Animal, Sofia Exarchou, Grèce
  • Marichjhapi, Bauddhayan Mukherji, Inde
  • The Happiest Man in The World, Teona Strugar Mitevska, Macédoine du nord
  • Tiger Stripes, Amanda Nell Eu, Malaysie
  • A Fucked up Tribute to Motherly Love, Esther Rots & Dan Geesin, Pays-Bas
  • Some Nights I Feel Like Walking, Petersen Vargas, Philippines
  • Le serviteur, Marian Crisan, Roumanie
  • Birchanger Green, Moin Hussain, Royaume-Uni
  • Frost, Pavle Vuckovic, Serbie
  • The Store, Hanna Sköld, Suède
  • Balkaya, Emin Alper, Turquie
  • The Station, Sara Ishaq, Yemen

Cartoon movie 2020 : deux longs métrages à découvrir en salles dès la rentrée

Posté par MpM, le 9 mars 2020

C'est l'un des petits bonheurs du Cartoon movie, dont la 22e édition se tenait du 3 au 5 mars à Bordeaux : découvrir en grande avant-première les images des longs métrages d'animation attendus sur nos écrans dans les mois à venir. Car si la majorité des présentations est consacrée à des projets qui n'en sont parfois qu'au stade de concept, quelques films terminés sont toujours de la partie, annonçant les grands temps forts de l'année.

Et quels temps forts !, puisque l'on a pu découvrir des extraits de La Traversée, le premier long métrage de la réalisatrice Florence Miailhe, connue pour ses courts métrages récompensée notamment d'un César (Au premier dimanche d'août en 2002), et d'une mention spéciale à Cannes (Conte de quartier en 2006), ainsi que  les vingt premières minutes de Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé, à qui l'on doit le très beau et poétique Tout en haut du monde, qui mettait déjà en scène une héroïne libre et débrouillarde dans un monde d'hommes, celui des explorateurs.

La Traversée de Florence Miailhe (sortie le 9 septembre 2020)


Après plus de douze ans de travail, Florence Miailhe et sa productrice Dora Benousilio (Les Films de l'Arlequin) étaient passablement émues de nous annoncer que, ça y est, La Traversée est terminé, prêt à commencer une belle carrière en festival, avant d'être dévoilé au grand public début septembre.

Situé dans un pays imaginaire et dans un contexte atemporel, mais faisant évidemment écho à l'Histoire du XXe siècle comme à l'époque contemporaine, le film suit Kyona et Adriel, deux enfants jetés sur les routes de l'exil, à la recherche d'un pays plus clément où vivre libres. On a pu découvrir des extraits de quelques séquences emblématiques, comme le moment où ils assistent, impuissants, à l'arrestation de leurs parents, ou leur traversée clandestine dans une barque de fortune qui les amène vers un inconnu bien incertain, à la merci de trafiquants d'êtres humains.

Visuellement, on est une nouvelle frappé de stupeur devant la profusion de couleurs vives qui donnent une tonalité très picturale aux premières scènes. Qu'il s'agisse du corsage jaune de Kyona ou des feuilles orangées des arbres au début de l'automne, tout semble étinceler de lumière et de vie. Au fil du périple, bien sûr, l'esthétique se modifie, comme lors de ce passage plus hivernal, dans une forêt recouverte de neige, qui joue au contraire sur le contraste entre le noir et le blanc, et nous offre un passage quasi abstrait pour représenter la tempête qui fait rage. Un autre plan magnifique montre le souffle chaud d'un chien qui fait tout à coup apparaître le visage de la jeune fille ensevelie sous la neige. Il faut enfin dire un mot des séquences nocturnes, qui jouent sur un camaïeu de teintes plus bleutées, comme voilées par l'obscurité.

Cet aperçu nous a par ailleurs permis de se faire une idée des différentes épreuves traversées par les deux enfants, mais aussi des moments de douceur qui malgré tout s'offrent à eux, et du mélange de solidarité et de compassion qui, parfois, les accompagne. On sent ainsi que le film ne se veut pas un drame larmoyant, mais plutôt une fresque flamboyante et vibrante qui réunisse en un même mouvement humaniste tous les migrants, exilés et autre réfugiés de l'Histoire, laissant le spectateur libre de dresser les parallèles qui s'imposent avec la situation actuelle.

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé (sortie le 15 octobre)


Voilà peut-être le cadeau le plus frustrant de cette édition du Cartoon movie : nous montrer les 20 premières minutes de Calamity, puis interrompre la projection en nous demandant d'attendre octobre pour connaître la suite des aventures de sa jeune héroïne ! On en a en tout cas vu assez pour savoir que le film réunit tous les ingrédients pour séduire largement au-delà du cadre purement familial.

Rémi Chayé s'attache en effet à l'enfance de celle qui deviendra "Calamity Jane", et plus précisément à ce moment de bascule qui l'amène à prendre conscience de sa condition de femme. Les séquences d'exposition la montrent ainsi en compagnie des autres enfants du convoi qui travers l'Ouest sauvage pour rejoindre l'Oregon. Pendant que les garçons chevauchent parmi les chariots et surveillent le troupeau, elle marche durant des heures, et met ce temps à profit pour imaginer la vie de rêve qui les attend à destination. Mais voyant qu'il lui à la fois impossible d'aider son père blessé, et qu'en plus personne ne la prend au sérieux, la jeune adolescente s'impose en secret un entraînement intensif pour être capable de monter à cheval et de manier le lasso comme un homme.

Si le début du film semble aller à cent à l'heure, détaillant de manière assez classique la rivalité entre la jeune fille et le fils du chef, net écho de la rivalité de classe qui existe entre leurs pères, la suite du récit devrait se resserrer principalement sur elle, et sur le parcours initiatique qui l'amènera à se révéler. On est bien sûr curieux de voir si la narration trouvera alors un rythme moins précipité, mais quoi qu'il en soit on est déjà convaincu par les choix formels de Rémi Chayé et de son équipe.

Le réalisateur reprend en effet une partie de l'esthétique au coeur de Tout en haut du monde (vastes aplats de couleurs et absence de traits de contours) qui donne aux paysages l'aspect quasi impressionniste de vastes tâches de couleurs. Les plans rapprochés sur le visage décidé de la petite héroïne alternent également avec les plans larges et les amples mouvements de caméra sur les grands espaces que traversent les personnages. De quoi assurer la personnalité visuelle du film, entre simplicité de représentation et incitation à l'imaginaire, et assumer son héritage cinématographiques forcément mâtiné de westerns et de films d'aventures.

Echec et mat pour Max Von Sydow (1929-2020)

Posté par vincy, le 9 mars 2020

Carl Adolf von Sydow, né le 10 avril 1929, s'est éteint le 8 mars à l'âge de 90 ans. Il était citoyen français depuis 2002. Sa grande silhouette (1m93), sa voix caverneuse, forte et profonde, et son visage coupé au couteau, trois caractéristiques qui lui conféraient souvent des rôles de dirigeants ou de méchants, des bienveillants ou des inquiétants, de prêtres ou le diable, d'oppresseurs ou d'auteurs. A chaque fois il était charismatique.

Révélé par Alf Sjoberg (Mademoiselle Julie, 1951) et Ingmar Bergman avec qui il tourne 11 films (Le Septième sceau, où il joue une partie d'échecs avec la mort, 1956, Les fraises sauvages, Au seuil de la vie, Le visage, La source, A travers le miroir, Les communiants, L'heure du loup, Une passion, Le lien) , Max Von Sydow devient très vite courtisé par Hollywood (George Roy Hill, John Huston et George Stevens pour commencer).

L'Exorciste de William Friedkin fera de cet acteur admiré une star mondiale en 1973. On le voit ensuite alternants grands films et blockbusters, films d'auteurs et navets: Les trois jours du condor de Sydney Pollack, A nous la victoire de John Huston, Flash Gordon de Mike Hodges, Conan le Barbare de John Milius, un James Bond (Jamais plus Jamais), Dune de David Lynch, Hannah et ses sœurs de Woody Allen, SOS Fantômes 2 d'Ivan Reitman, L'éveil de Penny Marshall, en vilain dans Minority Report de Steven Spielberg, en docteur dans Shutter Island de Martin Scorsese, avant de conclure sa filmographie avec Ridley Scott (Robin des Bois), Stephen Daldry (Extrêmement fort et incroyablement près) et Star Wars épisode VII: Le réveil de la force. On se doute que tous ces cinéastes voulaient s'emparer un peu de l'âme de Bergman à travers lui.

Il a aussi tourné en Italie, en France, au Danemark... On le croise ainsi dans Cadavres exquis de Francesco Rosi, Le désert des tartares de Valerio Zurlini, La mort en direct de Bertrand Tavernier, Pelle le conquérant de Bille August (Palme d'or), Europa de Lars von Trier, Jusqu'au bout du monde de Wim Wenders, Les meilleures intentions de Bille August (Palme d'or encore), Le sang des innocents de Dario Argento, Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel, Un homme et son chien de Francis Huster, Oscar et la dame rose d'Eric-Emmanuel Schmitt, ou son dernier film, Kursk de Thomas Vinterberg... On l'a vu aussi dans la mini-série Nuremberg, dans les Tudors et dans Game of Thrones.

Il ne se souciait pas du genre - fantasy ou drame, SF ou thriller, mélo (nombreux) ou historique - ni de la taille du rôle. Avec 8 langues parlées, ce provençal d'adoption avait arrêté de tourner, ne trouvant plus de rôles intéressants. Il voulait vivre, tout simplement.

Nommé une fois à l'Oscar du meilleur acteur (Pelle le conquérant) et une fois dans la catégorie second-rôle masculin (Extrêmement fort...), il avait reçu un trophée spécial à Cannes en 2004 et plusieurs prix honorifiques dans les festivals internationaux. Son prestige était sans doute ailleurs: il a tourné dans cinq films nommés à l'Oscar suprême, et a été le double de Bergman au cinéma durant les années 1950-1960. "La plupart de ce que je sais, je l'ai appris de lui" expliquait-il à propos du maître suédois. Préférant la littérature et le théâtre, et tout art de l'oralité, au cinéma, Max Von Sydow était considéré comme intellectuel, reconnaissant le cinéma et le jeu comme futiles. Athée, il ne croyait pas dans une forme de vie après la mort. Même si, chez lui, il y avait toujours une part de doute. Cette ambiguïté qui lui permettait d'être si nuancé et si subtil dans chacun de ses personnages, les empathiques comme les monstrueux.

Jodie Foster et le vol de la Joconde

Posté par redaction, le 8 mars 2020

jodie fosterElle sera la narratrice du documentaire Be Natural, l'histoire cachée d'Alice Guy-Blaché, réalisé par Pamela B. Green, en salles le 18 mars. Jodie Foster tourne actuellement Prisoner 760 de Kevin Macdonald, avec Bendedict Cumberbatch, Shailene Woodley, Tahar Rahim et Zachary Levi. Jamais deux sans trois, l'actrice-productrice-réalisatrice va faire son retour derrière la caméra. Son dernier film, Money Monster (216) avait eu les honneurs de la sélection officielle au Festival de cannes. Pour son cinquième long métrage, elle filmera l'adaptation du livre de Seymour Reit, The Day They Stole the Mona Lisa (Le jour où ils ont volé la Joconde). Ce livre est inédit en France. l'auteur l'a écrit en 1981.

The Day They Stole the Mona Lisa est un roman autour du vol (réel) de la Joconde au Louvre en 1911. Cela fait plus de dix ans que l'adaptation au cinéma est en préparation. Les producteurs ont confirmé la présence de Jodie Foster au générique lors du festival de Sundance en janvier. Le film sera dans la veine de L'Affaire Thomas Crown, entre arnaque et comédie, mélangeant faits réels et fiction.

Aucune date de tournage n'a été annoncée.

Les Misérables, film le plus rentable de l’année

Posté par vincy, le 7 mars 2020

Chaque année, Le Film Français dévoile son étude sur l'amortissement des longs métrages dans les salles de cinéma françaises (c'est-à-dire hors export, dvd/blu-ray, vidéo à la demande, diffusions TV).

Cinq films ont largement rentabilisé leur budget de production avec la seule exploitation française. Les Misérables surclasse tout le monde avec 2,116 millions d'entrées pour seulement 2,08M€ de budget. Loin derrière, le champion des entrées (et le 3e film le plus cher de l'année avec 16,97M€ de budget), Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu?, puis Au nom de la terre, La vie scolaire et Les invisibles. Ces trois films sont "du milieu" avec un budget compris entre 4,5 et 5,5M€. A chaque fois ils ont passé le cap du million d'entrées.

Tout ce qu'il me reste de la révolution, petit budget à moins de 500000€, est 6e, avec 102000 spectateurs et 76,9% d'amortissement.
Notons aussi les jolies performances de films à petits budgets comme Papicha, Tu mérites un amour et L'homme fidèle.

Il y a aussi eu quelques gros plantages. Les trois derniers films du Top 75 sont Chanson douce, Celle que vous croyez et Mon frère. Côté gros budget (plus de 10M€), on retrouve dans le bas du classement Rendez-vous chez les Malawas, Ibiza et All Inclusive, trois comédies qui n'ont pas dépassé le million de spectateurs. Minuscule 2 s'en sortira grâce à l'export. Tout comme J'accuse, film le plus cher de l'année avec 25,5M€ d'euros.