L’instant vintage : Charley Bowers, le technicien du burlesque

Posté par Benjamin, le 7 décembre 2011

?Voilà un artiste du cinéma burlesque qui fut ramené à la vie grâce aux cinémathèques (celle de Toulouse dans les années 50), aux festivals, au DVD de Lobster Films, à tous ces restaurateurs, amoureux des premiers films qui s’émerveillent devant ces petites pépites retrouvées presque par hasard.

Au départ, il n’y a qu’un nom « Bricolo » (son nom de scène en France), qui ne dit grand-chose à personne. Puis, en communiquant avec la Cinémathèque de Québec, un nom s’ajoute, celui de l’artiste : Charley Bowers. La cinémathèque de Québec connaît sa carrière d’animateur, celle de Toulouse sa carrière d’acteur burlesque. Le tableau de la vie professionnelle de Bowers semble se compléter de plus en plus et livrer ses étonnants secrets.

Charley Bowers n’a fait que peu de films (une douzaine de courts métrages, muets et parlants) mais plus de deux cents films d’animation en noir et blanc, très rudimentaires, sans scénario, simplement des enchaînements de gags. Il ressemble un peu à Buster Keaton dans la lignée duquel il s’inscrit. Tout deux sont différents de Chaplin, qui lui est un être sensible. Son personnage de Charlot est celui qui fait passer le plus d’émotions, celui qui rit à outrance, qui fait courir sur son visage mille expressions et grimaces. Au contraire, Buster Keaton et Charley Bowers sont des techniciens de l’image. Pour le premier, la machine n’est autre que son corps. Son corps aux compétences athlétiques qu’il soumet à maintes épreuves. Pour Charley Bowers, c’est l’image même, c’est la technique cinématographique qui est source de gags et non une situation ou un évènement particulier.

Les histoires des films du bricolo ingénieux Bowers ne sont toujours que des prétextes à ses inventions : il aura l’argent de son oncle décédé à la seule condition que son invention marche, ou bien il ne pourra épouser sa dulcinée que s’il se montre capable de quelque chose de génial. Car Bowers incarne un marginal, un inventeur incompris. Vivant en marge de la société, il ne se lève et ne respire que pour créer des choses en lesquelles il est le seul à croire. Cependant, tout ce qu’il veut, c’est rendre l’existence de chacun plus facile et ses inventions ont toutes pour but de faciliter les gestes du quotidien. Il veut par exemple créer une machine qui fait pousser n’importe quels légumes en quelques secondes, tandis qu’une autre doit rendre les œufs incassables.

La Nature est d’ailleurs toujours au cœur de son œuvre, une Nature dont il cherche à tirer profit. Les machines, d’un autre côté, sont des êtres vivants à part entière et elles ne font qu’un avec la Nature, comme si dans le futur, les deux étaient destinées à s’accorder, avec l’Homme au milieu. Il n’y a alors rien d’anormal à voir dans ses films des œufs éclore et donner naissance à des voitures ! Dans un autre court métrage, un oiseau avale du fer. Et c’est les yeux écarquillés que l’on regarde ces voitures « naître » et ces objets de métal être mangés par cet oiseau animé !

Bowers est un vrai technicien du cinéma, un Méliès des années 30, mais dans un style différent. Il ne joue pas sur l’image (pas de surimpressions ou autre) mais donne vie aux objets et aux choses de la nature. Il se fait le chef d’orchestre et le mécanicien de tout ce cirque des illusions. Même 80 ans plus tard, les effets spéciaux de ses films sont toujours saisissants et, bien qu’il demeure loin derrière les Chaplin, Keaton et Lloyd, Charley Bowers est un artiste burlesque de premier ordre.

Arras 2011 : carte blanche à Fiona Gordon et Dominique Abel

Posté par MpM, le 6 novembre 2011

dominique abel et fiona gordon

Le Arras Film Festival offre cette année une carte blanche au duo lunaire et fantaisiste formé par Fiona Gordon et Dominique Abel. L'occasion pour les deux clowns-réalisateurs de montrer leurs trois longs métrages (coréalisés avec Bruno Romy) : L'iceberg, Rumba et La fée, mais surtout de dévoiler une partie de leur univers burlesque au travers de films dont ils se sentent proches. Sont ainsi présentés Oeil pour oeil (Laurel et Hardy), Les lumières de la ville (Charlie Chaplin), Le soupirant (Pierre Etaix) et Sacré Graal ! (Monty Python).

"On avait fait une liste plus longue, précise Dominique Abel. Mais ce sont souvent des films introuvables. On avait notamment proposé Whisky de Pablo Stoll et Juan Pablo Rebella, Tampopo de J?z? Itami et un film que l'on met à chaque fois et que personne ne trouve jamais, Qui chante là-bas de Slobodan Sijan."

Gus van Sant, Hal Hartley et Aki Kaurismäki font également partie de leurs références. "On adore Kaurismäki. Pour nous, c'est un des très grands.  Quelqu'un qu'on admire. Mais je ne suis pas sûr que ça rentre vraiment dans le burlesque..."

De toute façon, le duo avoue n'avoir jamais été capable de hiérarchiser. Chaplin, Keaton, Tati, Etaix, Linder, Méliès... "Lorsque je les ai découverts, se souvient Dominique Abel, j'ai eu l'impression qu'ils me connaissaient de l'intérieur, qu'ils avaient tout compris de la vie. Je me suis dit : ouf, je ne suis pas tout seul !"

De Laurel et Hardy, ils vantent la lenteur et le respect. "Ils se donnent des claques, mais entre chaque claque, ils se rhabillent l'un l'autre, remettent leurs chapeaux", note Fiona Gordon. "Et puis ils prennent leur temps. Je trouve ça très joli cette forme de lenteur", complète Dominique Abel.

Chaplin les fascine par son mélange de gags et d'humanisme. "Il enrichit le film [Les lumières de la ville] d'un discours politique : regardez, je veux travailler, mais il n'y a rien pour moi. Avec cela, il ajoute du mélodrame. Tandis que Pierre Etaux est plus un personnage de dandy. C'est un personnage riche qui fait rire ! C'est du burlesque nouveau, différent", explique Dominique Abel.

Les deux acteurs revendiquent également une envie de défendre les "moins nobles" par rapport aux "intellos" acclamés partout. "Ce n'est pas toujours dans le raffinement que se trouve le génie", souligne Fiona Gordon. "Le génie peut être complétement bordélique. Regardez les Monty Python. Leur côté bordélique nous plait. Chez eux, rien n'est sacré. Or il y a de la grandeur dans cette irrévérence. "

Cannes 2010 : qui est Miranda Colclasure (alias Mimi Le Meaux) ?

Posté par MpM, le 13 mai 2010

mimi le meauxDans Tournée de Mathieu Amalric, on ne voit qu'elle, ou presque. Avec sa blondeur qui tire sur le blanc, ses faux cils et son éternel rouge à lèvres, Miranda Colclasure est une Marilyn moderne, fragile et volontaire, cassée mais pleine d'espoir. Pulpeuse chair qui ne cache pas son regard parfois perdu dans le vague à l'âme. Maîtresse de ses pulsions mais romantique absolue. Sous son nom de scène, Mimi le Meaux, elle est l'une des fondatrices du duo "Dames in dis dress", une troupe américaine qui a participé au renouveau du burlesque au milieu des années 90.

A l'origine, le burlesque est ancré dans la tradition du music-hall anglais et américain. Ses spectacles mêlent satire sociale, numéros musicaux et grivoiseries. Ils nourrissent la comédie américaine jusqu'aux années 30, avant d'être peu à peu réduits à la nudité et aux strip-teases. Dans les années 90, le "New burlesque" reprend la tradition en s'inspirant à la fois du théâtre, des chorégraphies, du glamour et de la satire sociale.

C'est ce renouveau que filme Mathieu Amalric en suivant la tournée de plusieurs stripteaseurs américains sur le sol français. Pour plus d'authenticité, tous les numéros montrés dans le film ont été effectivement réalisés devant un public. On y voit notamment Mimi le Meaux se dissimuler lascivement derrière des plumes roses, mais il y a aussi Kitten on the keys, Dirty Martini, Julie Atlas Muz, Evie Lovelle et Roky Roulette, le seul homme du groupe. Tous attachants et émouvants, ils apportent au film une énergie et une grâce folles.

Christina Aguilera fera-t-elle mieux que Britney Spears?

Posté par vincy, le 6 mai 2009

Souvenons-nous. 2002. Britney Spears est une jeune vedette planétaire. Ses tubes "Baby One More Time" et  "Oops... I did it again" ont fait le tour des oreilles. Elle avait déjà taté de la télévision et du cinéma mais plutôt dans son propre rôle, avant de se lancer dans Crossroads, navet qui la mettra à l'écart des studios. Le film rapporte 37 millions de $ en Amérique du Nord. Un fiasco public, mais au moins le film est rentabilisé.

Sa grande rivale, Christina Aguilera sait désormais ce qui l'attend. N'est pas Beyoncé qui veut. Pour ses débuts au grand écran, la chanteuse a choisi le film Burlesque. Ecrit par Susannah Grant (Erin Brockovich), cette comédie musicale moderne sera réalisée par Steven Antin. Il s'agit de l'histoire d'une jeune provinciale ambitieuse qui reouve l'amour et la gloire en se faisant engagée dans un club de Los Angeles. Antin a notamment produit la vidéo des Pussycat Dolls et écrit Gloria, film sur mesure pour Sharon Stone.

Vilaine : pas si bête et méchant

Posté par MpM, le 9 novembre 2008

VilaineL’histoire : Mélanie (Marilou Berry) n’est pas sourde, elle est juste trop gentille. Ce qui explique qu’elle avale les pires horreurs sans répliquer et laisse absolument tout le monde lui marcher sur les pieds, de ses copines méprisantes à son boss profiteur. Mais voilà, un jour, Mélanie craque, et décide de changer. Désormais, elle sera méchante.

Ce qu’on en pense : Vilaine est construit comme un conte de fées qui aurait été monté à l’envers. A savoir que les trois fées chargées de veiller sur la princesse sont de vraies salopes et que ce n’est pas le mal qui se met en travers de l’amour, mais plutôt le contraire. Détaché de tout politiquement trop correct (sans non plus y aller au vitriol, on n’est pas chez John Waters, les deux réalisateurs Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit le reconnaissent eux-mêmes), le film réalise alors le rêve secret de chacun : envoyer balader convenances et bonne conscience pour s’adonner au plaisir jouissif d’être ouvertement méchant et de rendre crasse pour crasse. Certaines vengeances imaginées par les deux compères sont d’ailleurs assez jubilatoires, comme le passage d’une des trois "fées" au jeu télévisé "les chiffres et les lettres", et provoquent une franche hilarité. L’utilisation de codes du film de genre (l’apprentissage du super héros, l’attaque de zombies, la tentative de meurtre sanglant avec un radiateur...) y est pour beaucoup, apportant sans cesse un contrepoint loufoque à des situations qui pourraient être réelles et pas franchement drôles (les brimades, l’exploitation, la cruauté…)

Du coup, on est plus indulgent sur les maladresses et les outrances, et même sur quelques clichés qui ont la vie dure, comme la nécessité de dévaliser les boutiques de créateur pour être enfin soi-même… On refusera aussi de s’insurger contre le traitement fait aux malheureux chatons ou aux vieux bassets incontinents… ou de percevoir la décomplexion envers une certaine forme de méchanceté gratuite comme une incitation à plus d’individualisme et de sans-gêne ! Ce que l’on retient, c’est le ton burlesque qui habite le film du début à la fin, lui donnant réellement une tonalité à part dans le paysage de l’humour français. Tout le casting est à ce titre impressionnant, parvenant à se mettre à l’unisson d’un univers décalé et légèrement outré sans tomber dans la mauvaise caricature. Pas révolutionnaire, mais agréable et même cathartique pour ceux qui ont des parents indignes ou un patron odieux, ou tout simplement envie de prendre une revanche sur la vie.