Elton John, du cinéma sur scène, de la scène au cinéma

Posté par vincy, le 11 décembre 2008

the red piano tour elton john

Mardi 9 décembre, Bercy était presque plein (avec des sièges dans la fosse, la moyenne d'âge du public étant de 40 ans) pour écouter Elton John et les mélodies de son piano rouge. En grande partie, hormis un morceau des années 90, il a été puisé dans son répertoire des années 70.

Scéniquement, l'extravagant Elton John semblait sage, assis derrière son clavier, à boire de l'eau, vêtu d'un costume sobre, signé Yamamoto. Cela change d'un autre concert à Bercy il y a une quinzaine d'années, où il était tombé raide sur la scène.

Mais l'excentricité se trouvait ailleurs : l'immense écran qui faisait la largeur de Bercy projettait des clips colorés, des histoires chorégraphiées ou des montages / collages plus abstraits. Ainsi on revoit le chanteur lorsqu'il était jeune, ses fantasmes, son époque. Dans l'un des films  évoquant la folie du show biz et des fans ("The Train doesn't stop there anymore", Justin Timberlake incarne la star. Sur la scène, la direction artistique n'a rien de conventionnel. Pour "Candle in the Wind", Marilyn reprend son rôle, reléguant Lady Di à ses roses anglaises. Gonflés à l'hélium, des gros nibards, une banane et deux cerises, des roses ou un stick de rouge à lèvres s'érigent et donnent au spectacle une atmosphère décadente, criarde et délirante. Tous les fantasmes, jusqu'à l'homosexualité assumée du personnage, y passent.

C'est le créatif et réalisateur David La Chappelle qui a imaginé tout ce décorum pop art et satirique où, comme avec Warhol, "Elton" devient un sigle, une marque.  Ce spectacle court (90 minutes) de 17 chansons a commencé à Las Vegas en 2004 (200 représentations durant 4 ans) avant d'aborder une tournée mondiale. La seule date française était Paris Bercy. Mais 28 salles de cinéma du pays proposaient la diffusion du concert sur un grand écran et en haute définition. Une tendance de fond puisque l'Euro de football et un concert de l'opéra de New York avait déjà suscité de telles projections. La Géode en avait même fait un choix stratégique lors du lancement de la Géode numérique en mars 2007.

Pour Bercy, il fallait débourser 73 à 194 euros. Pour ailleurs, le ticket d'entrée n'était qu'à 17 euros. Les Kinépolis de Nancy, Thionville, Lille Lomme, Mulhouse, Metz, Nîmes, les Pathé de Nice, Toulon et Lyon, les Gaumont de Reims, Paris (Champs Elysées et Labège ont fait partie du réseau. D'autres salles de villes moyennes comme Agen Aix en Provence, Angers, Beaune, Blos, Cannes, Carcassonne, Montauban, Montpellier, Périgueux, Saint-Quentin ou Sarlat s'y sont jointes.  Le show, très visuel, s'y prêtait, l'ambiance d'une salle en moins. Cela devait ressembler à l'expérience d'un immense DVD "live" sans montage. Selon Le Parisien, il y avait 300 personnes dans la salle du Gaumont parisien pour partager ce moment.

FFGLP ’08 : le mystère Keith Haring

Posté par vincy, le 8 novembre 2008

blog_keitharing.jpgAprès une exposition / rétrospective fascinante au Musée d'art contemporain de Lyon au printemps dernier, Keith Haring est l'une des vedettes (posthumes) du Festival de films gays & lesbiens de Paris cette année. Le plasticien mort du SIDA à l'âge de 31 ans en 1990  est le sujet du documentaire de Christina Clausen, The Universe of Keith Haring (Keith Haring, le petit prince de la rue) , diffusé aujourd'hui au Festival. La réalisatrice, dont c'est le premier film, sera présente.

On y croise ses amis - Madonna, Yoko Ono, Andy Warhol, David LaChapelle... - mais surtout on retrace les origines de l'art urbain et du graffiti, de ses débuts dans le métro new yorkais à son institutionnalisation warholienne (produits dérivés et boutiques, fresques murales sur des édifices publics, ...).

A Lyon, nous pouvions découvrir l'étendue de son registre pictural, dessinant ses bonshommes sur n'importe quel support. On pouvait surtout être surpris par la cohérence de son oeuvre, obsédé par le sexe, l'apocalyspe sécologique, les effets néfastes des mass medias.

Mais, à l'heure des bipics, on s'interroge évidemment sur l'absence de projets autour de cet artiste innovateur et marginal, symbole d'une époque. Avant ce documentaire, la télévision avait commandé en 1990, de son vivant, un portrait de lui (Drawing the Line). Mais nulle fiction à l'horizon, alors que ses toiles sont de plus en plus sollicitées par les collectionneurs. En France, on peut admirer son travail à l'hôpital Necker à Paris (1987) et à la maternité Princesse Grâce de Monte Carlo (1989).

Véritable pop star et icône de la rue, celui qui a vu émerger le rap et à imposer le "tag" comme art, méritait assurément un documentaire, qui a fait le tour des festivals : Tribeca, le FIFA à Montréal, l'Outfest, le festival de Denver ou encore celui de Rome.

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