Un petit film amateur dans un sac plastique révèle des images inédites de Marilyn Monroe

Posté par vincy, le 21 janvier 2017

Vous n'avez peut-être pas vu le film mais vous connaissez la séquence: elle est iconique. Dans Sept ans de Réflexion, Marilyn Monroe porte une robe de soirée blanche qui s'envole au-dessus d'une aération du métro new yorkais. Les cuisses se dévoilent et la candeur jouée par l'actrice en font un moment inoubliable et troublant.

Le tournage a eu lieu le 15 septembre 1954. Ce n'était pas une journée comme les autres: les journalistes, les curieux et même le mari de l'époque de la star, Joe DiMaggio étaient dans les parages. Il y avait en fait trop de monde sur ce trottoir new yorkais. Cette foule en surnombre a conduit le réalisateur Billy Wilder à retourner la scène dans le studio de la Fox.

Dans la foule, un homme, Jules Schulback, qui tourne avec sa caméra amateur. Il suit Monroe, la filme. Cela donne un film de 3 minutes et 17 secondes dont 12 secondes ont été extraites pour le public: un montage d'images en couleurs inédites de Marilyn Monroe, que le New York Times a mis en ligne.

Ce montage a été découvert par la petit fille de Jules Schulback dans un sac en plastique où trainaient des vidéos familiales. Jusqu'à la découverte, les enfants du cinéaste amateur ne croyaient jamais leur père quand il disait avoir approché Norma Jean Baker aka Marilyn Monroe. Or, à la vue du montage, il était même très près de la star. C'est ce qui est le plus frappant: cette succession de plans rapprochés, volés, avec le consentement l'actrice.

Marilyn : ses fragments littéraires au théâtre

Posté par vincy, le 5 janvier 2014

Il y a trois ans, l'événement littéraire était provoqué par Marilyn Monroe, post-mortem. Le Seuil publiait Fragments, recueil de textes inédits de l'actrice : correspondances, critiques, notes, pensées personnelles, poèmes... au total 104 fac similés de manuscrits qui évoquent ses liens avec la littérature, entre autres.

En janvier, le livre se déclinera en pièce de théâtre au Centre dramatique national d'Orléans/Loiret/Centre. Mis en scène et adapté par l'écrivain et réalisateur Samuel Doux, ce spectacle sera sur les planches du 15 au 23 janvier, avant, sands doute de vadrouiller à tarvers la France. C'est l'actrice Lolita Chammah (Copacabana, les adieux à la reine) qui sera seule en scène pour donner vie aux mots de Marilyn. Doux et Chammah avaient déjà collaboré à Orléans pour la pièce La fin du film, d'Arthur Miller, l'un des époux de Monroe.

Fragments avait été le résultat d'une négociation entre l'éditeur français Bernard Comment et la redoutable Anna Strasberg (lire notre article sur l'héritage de Marilyn Monroe). Strasberg avait découvert les textes de l'actrice quelques années auparavant. Mais tous les éditeurs contactés lui avaient proposé un beau-livre alors que Comment lui suggéra un livre classique, comme un roman. La cupide Strasberg préféré ainsi l'offre financière modeste de l'éditeur français aux gros chèques des éditeurs américains.

Le livre, préfacé par Antonio Tabucchi, a été un succès international, popularisé par la notoriété de la star qui montre ici sa face cachée, promu par Anna Strasberg dans les plus grandes foires. Dans ce livre, on découvre Marilyn écrivant :Seule !!!!! Je suis seule. Je suis toujours seule quoi qu'il arrive." l'éditeur accompagne les écrits d'une trentaine de photos.

Tabucchi écrivait sur elle : "A l'intérieur de ce corps vivait l'âme d'une intellectuelle et poète dont personne n'avait le soupçon", manière de rendre hommage à celle qui se plaignait : "Je sais que je ne serai jamais heureuse, mais je peux être gaie !"

Samuel Doux a imaginé un spectacle où l’image de la star s’effacerait lentement pour faire place à sa voix enfin incarnée ; Il a pour cadre un plateau obscur, où clignotent au néon les noms d’Arthur Miller, John Huston et Lee Strasberg ; Lolita Chammah donne ainsi corps aux doutes qui tourmentaient Marilyn, qui apparaît alors définitivement comme un esprit libre.

Marilyn, l’icône en héritage : haines, fric et beauté

Posté par vincy, le 29 décembre 2013

marilyn monroe chanel n°5Plus de 41 ans après son suicide, Marilyn Monroe reste l'icône emblématique du cinéma hollywoodien. Chanel le prouve en la ressuscitant dans sa dernière publicité pour le parfum culte N°5, où des archives de la star et une interview d'elle en voix off suffisent à en faire un spot sublime, quand d'autres déploient des moyens grandiloquents pour des films pompeux.

Mais Marilyn c'est aussi une histoire d'héritage, au sens financier du terme. Et pour que Chanel puisse faire son spot publicitaire, il en a fallu des rebondissements. Pour que Marilyn redevienne une icône légendaire, il en fallu des haines, des batailles juridiques et des histoires de fric.

L'actrice avait rédigé son testament au pire moment de sa carrière, en janvier 1961. Elle vient de divorcer d'Arthur Miller. Elle sort d'un flop au box office (Le milliardaire) et d'un tournage éprouvant (Les désaxés). On évoque déjà son déclin.

Le testament de Marilyn, hors cash (pour ses proches, sa demi-soeur et pour le soutien financier à sa mère, internée), est étrange : 50% de son patrimoine revient à son pygmalion, son professeur, Lee Strasberg. Sans lui, elle ne "travaillerait" plus. 25% de ses biens reviennent à Marianne Kris, sa psy, épouse d'Ernst Kris, amie de Sigmund Freud. Sans la psychanalyse, elle aurait "sombré". Et le reste va à sa secrétaire, May Reys.

Evidemment, le testament sera contesté. Par sa conseillère financière d'abord, oubliée dans le document, et qui estime que Marilyn Monroe était sous l'influence des Strasberg et de sa psy. Par ses cousins ensuite, qui dénoncent une manipulation de la part de ses proches alors qu'elle était en dépression.

Un testament très contesté

D'autant qu'un mois après la rédaction de son testament, Rain, le projet pour la télévision concocté par Lee Strasberg afin de la maintenir "en vie" dans le métier, tombe à l'eau. Surdose de barbituriques. Marianne Kris l'interne alors pour qu'elle ne se suicide pas. Malgré ses appels, Lee Strasberg ne la délivrera pas de cette prison. Découvrant la double trahison de Strasberg-Kris, Marilyn, selon tous ses biographes, souhaitait changer son testament. C'est ironiquement son deuxième mari, le joueur de baseball Joe DiMaggio, qui la fera libérer.

Marilyn Monroe ne reverra plus Marianne Kris, qui est pourtant la bénéficiaire d'un quart de sa fortune. Elle avait donc parlé à son avocat pour pouvoir modifier son testament. C'est là le premier problème de l'héritage de la star. Logiquement DiMaggio, qui était revenu dans sa vie quotidienne, aurait du être parmi la liste des héritiers. Pourquoi léguer sa fortune à des gens qui la manipulaient, selon ses propres mots?

Elle décède en août 1962. Sa fortune s'élève à un peu moins de 93 000$, hors royalties, soit 718 000$ aujourd'hui. Ses effets personnels sont gardés par les Strasberg en vue de les donner un jour à un musée du cinéma.

marilyn monroe lee strasbergL'entrée de la cupide Anna Strasberg

Mais il faut attendre 1982 - quand Lee Strasberg meurt - pour que la "marque" Marilyn soit alors exploitée comme un produit de merchandising. La seconde femme de Strasberg, Anna, qui n'a jamais croisé Norma Jean Baker de sa vie, hérite de la marque, de l'image et de tout ce qu'a légué Marilyn à son mentor. Anna Strasberg lance alors une entreprise de licences et de publicité. De quoi faire fortune, de manière posthume, sans avoir un seul lien direct avec la star.

Le droit à l'image, jusque là inexistant, avait permis à de grands artistes (Warhol, Hamilton, Dali...), d'utiliser le visage ou la silhouette de l'actrice sans se soucier des royalties. Désormais, Marilyn devient une égérie aussi contemporaine que les mannequins des années 80. D'après le Wall Street Journal, la marque "Marilyn Monroe" rapporte 7,6 millions de dollars à Anna Strasberg entre 1983 et 1993. Les revenus seront exponentiels : en s'associant à CMG Worldwide, Anna Strasberg se voit garantir 1,1 millions de $ de revenus annuels rien qu'en licences (elle en gagnera 7,5 millions entre 1996 et 2000!). Cupide jusqu'au bout, elle cherche à récupérer les droits qui lui manquent, et notamment les 25 % légués à Marianne Kris, qui les a transmis à l'Anna Freud Centre de Londres, clinique psychiatrique qui a créé l'unité thérapeutique "Marilyn Monroe" pour enfants en difficulté.

Marilyn, produit de grande consommation

Cela n'empêche pas l'héritage de Marilyn de se multiplier en centaines de produits dérivés très variés, y compris du vin ou des vêtements pour animaux! Elle a du se retourner dans sa tombe. L'image est dégradée et l'obscénité commerciale à son summum. Au fil des ans, à force d'être vendue en couteaux, en mugs ou autres accessoires touristiques, Marilyn a subit une forte décote sur le marché publicitaire.

Cela n'empêche pas Anna Strasberg de vendre aux enchères les affaires personnelles de l'actrice, que son défunt mari aurait plutôt vu au musée. 13,4 millions de dollars récoltés par Christie's pour 1 000 objets. Le mythe ne meurt jamais. Mais Strasberg est de plus en contestée. En utilisant des photos à des fins publicitaires, elle viole de droit d'auteur le plus élémentaire en s'octroyant quasiment l'intégralité des dividendes : les photographes de Marilyn se rebiffent, exigent que les images soient créditées et réclament une part du pactole. Cela finit au tribunal, et il y a 5 ans, la cour de district de New York donne raison aux photographes lésés. Les titulaires de licence(s) peuvent négocier en direct avec les auteurs des photos, sans passer par Strasberg et CMG. La perte est si lourde que Starsberg fait appel, et termine la tête dans la boue avec des dépenses d'avocats démesurées et une condamnation à 200 000 dollars d'amende pour "manigances inacceptables".

anna strasberg marilyn monroeDe la défaite juridique de Strasberg à la renaissance de Marilyn

Anna Strasberg, comédienne ratée, qui a tout fait pour régner sur l'empire de son mari, jusqu'à évincer la première famille de celui-ci, subit depuis 30 ans une réputation terrible. Lorsque le testament de Strasberg est ouvert, on apprend ainsi que ses deux enfants de son premier mariage sont déshérités. Anna a tout récupéré, y compris les archives de l'Actors Studio, une autre mine d'or.

Evidemment, cette femme érudite et élégante n'est pas qu'un monstre : elle a aussi subit cet héritage coûteux (incluant des assurances exorbitantes), ces responsabilités énormes (la formation de dizaines de comédiens), et a tout fait pour le préserver, quitte à pactiser avecc le diable consumériste.

Il y a deux ans Anna Strasberg, alors âgée de 73 ans, rompt son contrat avec CMG et revend presque tous les droits sur Marilyn à Authentic Brand Group pour une somme comprise entre 25 et 50 millions de $. Le choix n'est pas que financier, il est aussi stratégique. Désormais, Marilyn incarnera l'élégance. L'affiche de Cannes en 2012 a marqué les esprits. Joaillerie avec Chopard, Tee-shirts et haute couture avec Dolce & Gabbana, cosmétiques ... Le luxe, rien que le luxe. Et une page Facebook (9,5 millions de fans, un compte Twitter, une présence sur Pinterest et Instagram. Sans oublier les films, les livres, les émissions de télévision... De quoi faire durer longtemps l'héritage de Norma Jean Baker, la plus célèbre blonde du 7e art.

Chanel ressuscite Marilyn Monroe

Posté par vincy, le 4 novembre 2013

Marilyn Monroe Chanel N°5Une publicité TV de Chanel va ressusciter la voix de l'icône hollywoodienne Marilyn Monroe grâce à la découverte du seul enregistrement connu de l'actrice où elle évoque son intimité avec le parfum N°5.

"Vous savez, on me pose des questions... Par exemple: Que portez-vous pour dormir ? Un pyjama, un bas de pyjama ? Une chemise de nuit ? Alors, j'ai répondu 'Chanel N°5'. Parce que c'est la vérité ! Vous comprenez: je ne vais pas dire 'nue'!...", avait déclaré l'actrice dans un enregistrement audio d'un entretien en anglais réalisé en 1960 avec le journaliste Georges Belmont pour Marie Claire. Ce passage ne sera pourtant pas publier à l'époque.

L'enregistrement n'a été retrouvé qu'il y a un an par le service du patrimoine de la marque. Le spot sera diffusé mondialement à compter du 17 novembre. En attendant, on peut voir sur le site de Chanel, un film spécial, Chanel N°5 & Marilyn où l'enregistrement est reproduit. Dans ce film, on apprend aussi que Marilyn Monroe avait confié ne porter que "quelques gouttes de parfum pour dormir" dans un entretien accordé en avril 1952 à Life Magazine, mais celui-ci n'avait pas été enregistré. C'est pourtant de là qu'est né la légende du parfum, dont les égéries furent successivement Suzy Parker, Ali Macgraw, Catherine Deneuve, Carole Bouquet, Estella Warren, Nicole Kidman, Audrey Tautou et Brad Pitt.

L’instant Court : Cold Shoulder, avec Marilyn Monroe

Posté par kristofy, le 6 avril 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip Wet Cement réalisé par Shahin Izadi pour le groupe Puresnatchers, voici l’instant Court n° 73.

Celle qui minaudait Pooh Pooh Bee Doo... est devenue une icône planétaire, tout le monde voulait l’approcher et elle est pourtant restée insaisissable. Marilyn Monroe est à l’honneur cette semaine avec la sortie de My Week With Marilyn où un assistant de plateau romance quelques jours du tournage chaotique de Le prince et la danseuse. On y aperçoit la star sulfureuse mais aussi une actrice peureuse qui peine à sortir ses répliques…

Et si on imaginait le scénario d’un biopic sur Marilyn Monroe ? Le plus intéressant serait une reconstitution de l’année 1950, rien de plus, car c’est le moment où son personnage de Marilyn s’est le plus construit pendant qu’il détruisait Norma Jeane…

1950, c’est vraiment l’année où sa carrière va décoller. Grâce à son impresario Johnny Hyde, elle a déjà joué des petits rôles dans plusieurs films qui sortiront sur les écrans cette année-là. Au début de l’année, le réalisateur Joseph L.Mankiewicz (déjà oscarisé) prépare son futur film All about Eve, il engage alors cette Marilyn Monroe pour un second rôle le temps de deux séquences. Le tournage a lieu courant mai.

Fin mai, c’est la sortie de The asphalt jungle de John Huston (qui aura quatre nominations aux Oscars), en août sort The fireball, et en septembre arrive All about Eve. Marilyn Monroe devient la jolie blonde qu’on a envie de revoir…

C'est toujours en 1950, lors d’une soirée qui réunit l’équipe du film Un tramway nommé désir de Elia Kazan, elle fait la rencontre de Vivien Leigh et de son mari Laurence Olivier… avec qui elle tournera bien plus tard Le prince et la danseuse (le sujet de My week with Marilyn).

Johnny Hyde qui est l'agent et aussi l'amant de Marilyn veut lui faire obtenir un contrat conséquent (de sept ans) avec le studio de la Fox. Pour cela, elle doit faire un bout d’essai pour un film en préparation qui est Cold shoulder. Le film ne sera jamais tourné, mais elle aura ensuite plusieurs rôles dans les productions Fox, à commencer par Rendez-moi ma femme.

Johnny Hyde meurt le 18 décembre d’une crise cardiaque. Au moment de Noël, le 24 décembre, Marilyn Monroe est trouvée inconsciente dans sa chambre suite à une overdose de médicaments : elle fût sauvée à l’hôpital avec un lavage d’estomac. La future icône mondiale avait alors seulement 24 ans…

Voici donc le screen-test de Marilyn Monroe pour le projet de film Cold shoulder :

Qui a écrit ceci à propos de Marilyn Monroe ?

"Je l’attends pour donner la scène. Elle est en retard. Et la voici enfin qui s’excuse : "vous allez voir ce que c’est de jouer avec la pire actrice de la planète". Je cherche mes mots pour lui répondre gentiment, calmement : "vous avez peur, mais pensez un peu à moi qui suis perdu".

Et soudain cet aveu la délivre. Elle n’en revient pas. Celui qui partage l’affiche face à elle et dont elle s’est fait une image inquiétante, eh bien il pète de trouille et il ne s’en cache pas. C’est un choc réel, pour une femme qui rumine ses complexes par rapports aux autres comédiens et qui s’estime, non sans raisons, plus ou moins méprisée par les gens d’Hollywood.

C’est la première fois qu’un leading-man, un homme qui doit garder son rang, la met en confiance simplement parce qu’il partage sa peur avec elle."

L’auteur de cet hommage, à propos duquel un projet de film est justement en train de se monter, est à retrouver ici.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Cold shoulder.

Cannes 2012 : Marilyn en égérie

Posté par vincy, le 28 février 2012

Cannes 2012 affiche poster marilyn monroePour son 65e anniversaire, le Festival de Cannes (16-27 mai) a choisi la plus belle des légendes comme effigie. Marilyn (Monroe, doit-on encore préciser?).

Disparue tragiquement il y a 50 ans, l'icône du 7e art - chanteuse, comique, tragique, mélancolique - demeure une "référence éternelle et résolument contemporaine de la grâce, du mystère et de la séduction" explique le communiqué du festival..

Mythique, elle continue de fasciner au fur et à mesure des livres (Fragments, paru il y a moins de deux ans rassemblait ses propres écrits), des révélations et du temps qui passe... Le glamour perdure encore et toujours.

La photo célèbre un anniversaire. Celui de Cannes, évidemment. Happy Birthday to You, poupoupidou! Elle souffle sur une bougie comme on fait un baiser. Une invitation ou une provocation?

L'affiche, créée par l'agence Bronx, à partir d’une photo d’Otto L. Bettmann (©Corbis/Bettmann), ne manque pas d'élégance et prolonge la série des égéries du cinéma qui ont servi de visuels ces dernières années. Toute la création graphique du Festival 2012 reproduira cette image.

Un festival que certains aiment chaud, de milliardaires, de princes et de danseuses, avec ses films désaxés, qui nous troublent chaque soir dans une ville qui ne dort jamais. D'un coup, on sent rajeunir...

Jane Russell (1921-2011) rejoint Marilyn

Posté par vincy, le 1 mars 2011

Jane RussellElle était la brune plantureuse dans l'inoubliable comédie Les hommes préfèrent les blondes. Bien qu'elle ait été 10 fois mieux payée que sa copine Marilyn, c'est l'icône blonde que le film propulsera dans le star système tandis que Jane Russell ne parviendra pas à attirer d'autres grands rôles. Elle avait la tête sur les épaules, la gouaille franche, son personnage lui ressemblait.

Mais ses opinions conservatrices voire un peu réac' ne l'ont pas aidée à séduire les producteurs. Elle était la découverte d'un seul, Howard Hugues qui la repère en 1940 et lui fait signer un contrat de sept ans. En 1943, elle perce l'écran avec un western, Le banni (The outlaw). Son visage accroche la Lumière mais surtout son décolleté fait sensation : le film sera réservé à un public restreint.

Enfant de la balle, elle doit son goût pour le jeu à sa mère qui l'initia à la musique et au théâtre. Son physique sensuel en fait une vedette et une pin up à la mode en pleine guerre mondiale. Tout ça grâce à un 90D. Elle fait pourtant une pause de quelques années pour ne revenir qu'après guerre comme comédienne (L'esclave du souvenir) et chanteuse (As Long As I Live). Son allure stylée, son franc parler familier et une certaine dose d'autodérision meublent avec panache quelques westerns.

En 53, elle atteint son apogée avec Les hommes préfèrent les blondes, comédie culte et transatlantique où les diamants sont les meilleurs amis des femmes (et la cause de leurs troubles). Mais c'est la candide Marilyn Monroe qui éclate de mille feux et va propulser son talent dans l'éternité hollywoodienne.

Russell continuera de jouer dans des productions honorables : Fini de rire (avec Robert Mitchum), Double dynamite (avec Frank Sinatra et Groucho Marx), Scandale à Las Vegas (avec Victor Mature et Vincent Price) ou encore Les implacables (avec Clark Gable et Robert Ryan). Elle achèvera de provoquer la prude Amérique dans French Line avec une séquence en maillot de bain intitulée  Lookin' for Trouble.

C'est la fois de trop. Russell se sent trop mise à nue par son Pygmalion de millionnaire. Elle prend son destin en main avec son premier mari, Bon Waterfield, ancien footballeur, et lance sa maison de production. Une stratégie d'émancipation qui annonce la fin du règne des studios et de leur emprise sur les stars.

Elle mise sur des rôles mettant en valeur ses talents de comédiennes plutôt que ses formes, comme Bungalow pour les femmes. Après le fiasco de Kidnapping en dentelles en 57, elle arrête le cinéma.

Russell se concentre sur ses talents de chanteuse et de danseuse dans des tournées mondiales. Elle ne fait alors plus que de la scène. Elle ne tournera plus que cinq films, préférant Broadway.

Jane Russell finira sa vie en écrivant une autobiographie sans détours. Si elle fut une militant anti-avortement acharnée (elle dut avorter à 17 ans, ce qui la rendit stérile), elle fut aussi une grande activiste de l'adoption pour laquelle elle s'engagea avec passion.

Hélas, pour le cinéma, définitivement, les hommes ont préféré la blonde.

Casting chic pour My Week with Marilyn

Posté par vincy, le 10 octobre 2010

Marilyn est partout en librairie mais elle est aussi de retour au cinéma.
Et l'histoire fascine déjà : le tournage du film Le Prince et la danseuse (1957) avec Marilyn Monroe et Sir Laurence Olivier. Le réalisateur Simon Curtis va adapter le journal de Colin Clark, qui assistait Marilyn sur le tournage.
Pour incarner la star la plus légendaire du cinéma dans My week with Marilyn, les producteurs ont choisi Michelle Williams. Le casting s'est complété cette semaine à quelques jours du premier clap. On retrouvera ainsi Kenneth Branagh dans le rôle de son "Dieu", Sir Laurence Olivier, Julia Ormond dans celui de sa femme, l'actrice Vivien Leigh (Autant en emporte le vent) et Dougray Scott dans celui du mari de Marilyn, l'écrivain Arthur Miller.
Colin Clark sera interprété par Eddie Redmayne. Judi Dench, Derek Jacobi et le beau Dominic Cooper complètent l'ensemble. Ajoutons une "moldu" d'Harry Potter, avec la présence d'Emma Watson.
Le film est financé par les producteurs de Shakespeare in Love.

Simone Signoret, ou la splendide indifférence

Posté par vincy, le 4 octobre 2010

Elle fut. La vie derrière soi. L'une des plus grandes comédiennes européennes durant cinq décennies. La première française à avoir raflé un Oscar. Elle a aussi obtenu un prix d'interprétation à Cannes et un César de la meilleure actrice.

La nostalgie n'est plus ce qu'elle était. Titre de son premier livre : prémonitoire. On célèbre bien les anniversaires de chanteurs électrocutés ou de divas suicidées, on commémore son ancien grand amour, Yves Montand. Mais pas elle. Ni d'ailleurs Gabin. Bourvil et De Funès ont reçu des célébrations discrètes. Mais les légendes du cinéma français sont des morts qui ne reçoivent plus.

Simone Signoret, puisque c'est elle dont on parle, s'est éteinte le 30 septembre 1985. Pas un film diffusé sur une chaîne de télévision. Ni Casque d'or, ni les Diaboliques, ni Dédée d'Anvers, ni La ronde, ni Thérèse Raquin, ni un de ses films américains ou Le Chat, La vie devant soi, L'étoile du nord, un Chéreau, un Costa-Gavras ou un Chris Marker. Rien.

Seule France 5  a osé programmer Elle s'appelait Simone hier dimanche 3 octobre, en plein après-midi. Le documentaire de Christian Lamet sera rediffusé à minuit le dimanche 10 octobre. On imagine le taux d'audience. Parmi les témoignages : Guy Bedos, Anne Sinclair, Fanny Cottençon et puis surtout Catherine Allégret, la fille de Signoret, et Benjamin Castaldi, le petit-fils.

Ce matin sur France Inter, dans l'émission de Pascale Clark, Catherine Allégret est revenue sur cette splendide indifférence médiatique qui entoure l'anniversaire de la mort d'une comédienne qui fut la Reine d'un 7e art français rayonnant.

Le ministère de la Culture n'enregistre que les anniversaires de naissances pour son recueil des célébrations nationales. Aussi, en l'absence de communication, d'un éventuel "buzz", ou même d'une politique de programmation artistique, l'étoile Signoret ne pouvait pas être aperçue. Allégret accuse la Cinémathèque française, pourtant présidée par Costa-Gavras qui l'a fait tourner quelques fois, d'être passée à côté d'une rétrospective d'envergure. Signoret est présente discrètement dans la nouvelle exposition de la Cinémathèque, "Brune / blonde". Elle pointe du doigt aussi Marin Karmitz, qui a pourtant bien connu la dame, de ne pas avoir organisé un quelconque événement.

On comprend la colère de la fille face à cette absence d'hommage. Lucide, elle l'a reconnu : qui connaît Simone Signoret ? Parmi les jeunes, une poignée, grâce à une éducation cinéphile singulière transmise par des parents ou acquise par passion. Mais dans un pays où 30% de la population a plus de 60 ans, l'argument tient peu d'un point de vue audience télévisée.

Allégret souligne aussi qu'une émission souvenir plus ambitieuse aurait pu être possible. Mais les montants des droits de diffusion d'extraits rendaient le projet trop coûteux. Rappelons que Benjamin Castaldi, fils de Catherine, petit-fils de Simone, est l'animateur le mieux payé de France avec 105 000 euros par mois. Il aurait peut-être pu en faire un cadeau pour sa mère.

Ironie suprême : les médias s'emballent autour du livre de Marilyn Monroe qui sort ces jours-ci. La seule femme qui avait détourné Yves Montand de Simone Signoret.

Annette Bening, Terry Gilliam et Gregg Araki invités de Deauville

Posté par vincy, le 3 août 2010

Le festival du film américain de Deauville (3-12 septembre) a choisi une actrice épatante, Annette Bening, un réalisateur dément et grand public, Terry Gilliam, et un cinéaste culte et underground, Gregg Araki, comme invités d'honneur cette année. Chacun aura sa rétrospective.

Bening viendra en plus présenter en avant-première The Kids are all right, comédie dramatique sur l'homoparentalité et Teddy Award du dernier festival de Berlin, succès surprise du box office nord-américain cet été (déjà 10 millions de $ au box office dans un circuit de moins de 900 salles).

Araki se confrontera au public avec son Kaboom, qui avait fait sensation hors-compétition à Cannes, où il avait reçu le premier Queer d'or.

Notons aussi la présence de l'écrivain américain Joyce Carol Oates, qui viendra chercher le prix de littérature du festival à l'occasion de la nouvelle édition française de "Blonde", un roman sur Marilyn Monroe, publiée en juin chez Stock.