Cannes 2019: le jury de la compétition au complet

Posté par vincy, le 29 avril 2019

Deux mois après la révélation du président du jury - le cinéaste mexicain Alejandro G. Inarritu - Pierre Lescure et Thierry Frémaux révèle le jury de la compétition du 72e Festival de Cannes, qui débutera dans un peu plus de deux semaines. "Le Jury de Cannes est invité à voir des films réalisés parmi les plus grands cinéastes de l’époque – c’est encore le cas cette année. Toutes celles et ceux qui figurent en compétition doivent aussi se savoir regardés par de grands artistes – c’est également le cas !" expliquent-ils.

Avouons que c'est un jury paritaire et cosmopolite poids lourd.

- Elle Fanning. L'actrice américaine connaît bien son Président puisqu'elle a tourné pour lui dans Babel, en compétition à Cannes. Elle est venue sur la Croisette en 2016 avec The Neon Demon de Nicolas Winding Refn puis l’année suivante avec Les Proies de Sofia Coppola.

- Maimouna N’Diaye. Actrice et réalisatrice du Burkina Faso, lauréate au FESPACO et Trophées francophones en 2015 pour son rôle dans L’Œil du Cyclone de Sékou Traoré, Maimouna N’Diaye a débuté chez Otar Iosseliani dans La chasse aux papillons (1992) et chez Michel Ocelot à qui elle prête sa voix dans Kirikou (1996). . Elle a réalisé des documentaires comme Warbassanga (1998) et Tranches de Vie.

- Kelly Reichardt. On l'attendait en compétition avec son nouveau film, First Cow, mais il est toujours en post-production. La réalisatrice, scénariste et monteuse américaine s'est faîte connaître avec des films singuliers et parfois radicaux. Avec Wendy et Lucy, elle est sélectionnée à Un Certain Regard en 2008. Son dernier long métrage Certaines Femmes a été projeté en avant-première au Festival du Film de Sundance en 2016.

- Alice Rohrwacher. Chouchou du Festival, la scénariste et cinéaste italienne a été révélée à la Quinzaine des Réalisateurs en 2011 avec Corpo celeste. Trois ans plus tard, elle revient à Cannes, cette fois en Compétition, avecLes Merveilles (Le Meraviglie), et remporte Grand Prix du jury. À nouveau en Compétition avec son dernier film Heureux comme Lazzaro (Lazzaro Felice), elle repart avec le Prix du Scénario en 2018.

- Enki Bilal. Un auteur de bandes-dessinées connu dans le monde entier, entre SF et dystopie, mais aussi un cinéaste. L'auteur de Bug, sa plus récente série, numéro 1 des ventes et bientôt en série TV pour France 2, est exposé partout, du Louvre à la Chine. Il a aussi réalisé trois films: Bunker Palace Hotel (1989) Tykho Moon (1996) et Immortel, ad vitam (2004).

- Robin Campillo. On se souvient tous de l'effet 120 battements par minute à Cannes il y a deux ans. Le cinéaste, qui a commencé en écrivant et montant les films de Laurent Cantet, dont Entre les murs, Palme d'or en 2008, a plongé dans le grand bain en réalisant son premier long métrage Les Revenants en 2004. En 2013, Eastern Boys est présenté à Venise. Puis c'est le sacre 120BPM, en Compétition, et Grand Prix du jury. Avant d'être césarisé l'année suivante. Campillo prépare son nouveau film actuellement.

- Yorgos Lanthimos. Nommé quatre fois aux Oscars, Yorgos Lanthimos est un cinéaste grec. Son deuxième lon, Canine,a reçu le Prix Un Certain Regard au 62e Festival de Cannes avant d’être nommé aux Oscars dans la catégorie Meilleur Film en langue étrangère. Puis vint, The Lobster, sen compétition, et finalement le Prix du Jury avant d'être nommé pour l’Oscar du Meilleur Scénario. De nouveau en Compétition en 2017 avec Mise à mort du cerf sacré, il est distingué par le Prix du Scénario. Cette année, La Favorite, Grand prix à Venise, a reçu dix nominations aux Oscars, dont Meilleur Film et Meilleur Réalisateur, a valu l’Oscar de la Meilleure Actrice à Olivia Colman pour sa performance.

- Pawel Pawlikowski est un autre cinéaste européen qui a connu un beau parcours aux Oscars. Son dernier film Cold War, prix de la mise en scène à Cannes l'an dernier, a été nommé trois fois pour le Meilleur Réalisateur, la Meilleure Photographie et le Meilleur Film en langue étrangère. L'Oscar du meilleur Film en langue étrangère, il l'avait obtenu avec Ida (2015). Il avait débuté avec des documentaires et s'était fait connaître au début des années 2000 avec My Summer of Love.

Roger Dumas (1932-2016), de L’Homme de Rio à Capitaine Flam en passant par Johnny et Gabin

Posté par vincy, le 3 juillet 2016

Difficile de faire plus "variété" que Roger Dumas, éternel second-rôle du cinéma français, saltimbanque assumé, troubadour méconnu et finalement artiste intégral. Né le 9 mai 1932 au fin fond de l'Ardèche, département sans train, il est décédé à Paris à l'âge de 84 ans samedi 2 juillet.

Difficile de résumer sa carrière prolifique. Au théâtre, il a été sur les planches durant 60 ans, interprétant du Sam Shepard, le Monte Cristo d'Alexandre Dumas, du Harold Pinter, du Samuel Benchetrit (empochant un Molière au passage), et même "Hysteria" mise en scène par John Malkovich, et écrivant même une pièce en 2010," A propos de Martin". Sa dernière apparition fut dans L'Etudiante et Monsieur Henri il y a quatre ans.

Au cinéma, après quelques figurations, notamment dans un Arsène Lupin, chez Hossein et chez Cayatte, il se fait remarquer dans Rue des prairies, en 1959, aux côtés de Jean Gabin. Les années 1960 lui seront profitables. Avec son bagout de chansonnier, sa sensibilité perceptible et son physique passe-partout, on le retrouve dans le délirant Pouic-Pouic, avec Louis De Funès et Jacqueline Maillan, en copain de régiment de Belmondo dans L'homme de Rio (avec la réplique finale fabuleuse, "Quelle aventure!"), dans quelques Chabrol mineurs (Le tigre aime la chair fraiche et Le tigre se parfume à la dynamite), le culte Caroline chérie.

Acteur éclectique

Il reste dans la comédie dans les années 1970 avec Tendre poulet de Philippe de Broca (Girardot, Noiret), en inspecteur sérieux mais drôle. Retrouve Bébel dans Le Marginal de Jacques Deray. Se glisse dans le casting prestigieux de Fort Saganne d'Alain Corneau (Depardieu, Deneuve, Marceau). Reviens à la comédie avec Edouard Molinaro, Claude Zidi, retourne chez De Broca (Chouans!) et chez Chabrol (Masques). Bizarrement, c'est à la fin des années 1980 que Dumas change de registre avec Enki Bilal (Bunker Palace Hotel, Tykho Moon), Olivier Assayas (Une nouvelle vie, Les destinées sentimentales), Roger Hanin (Soleil), Claude Berri (Ensemble, c'est tout), Yasmina Benguigui (Inch'Allah dimanche), Samuel Benchetrit (J'ai toujours rêvé d'être un gangster), Rémi Bezançon (le grand père dans Le premier jour du reste de ta vie), Radu Mihaileanu (Le concert) ou encore Safy Nebbou (L'autre Dumas). Le grand public l'aura surtout vu en Maître Valoche dans le deuxième opus des Visiteurs.

Il n'appartenait à aucune église, aucune chapelle. Solide, il a donné la réplique à toutes les stars françaises à travers les époques, de Sophia Loren à Jean-Louis Trintignant, de Huppert à Tautou en passant par Béart ou Mélanie Laurent. Cet homme réputé sympathique  et gentil, discret et éclectique, aimait jouer. Pour le petit écran, il a été invité dans différentes séries ("Un village français", "Les cinq dernières minutes", "Navarro", "Commissaire Moulin", "Vénus et Apollon",...) et  joué dans Les Misérables et Le Comte de Monte-Cristo de Josée Dayan, qui l'a régulièrement enrôlé dans ses téléfilms.

Parolier prolifique


Il avait également joué régulièrement à la télévision, notamment dans des séries ("Les Cinq dernières minutes", "Navarro", "Julie Lescaut", "Un village français") ou des téléfilms de Josée Dayan ("Les Misérables", "Le Clan des Lanzac").

Mais c'est peut-être sa carrière de paroliers qu'il faut souligner. Il a écrit des chansons pour Dani, Richard Anthony, Patachou, Carlos, Marie Laforêt, mais surtout Johnny Hallyday ("Deux amis pour un amour"), Sylvie Vartan ("Comme un garçon" entre autres) et Chantal Goya. Oui, c'est à ce grand monsieur de la scène, ce comédien capable d'être généreux, inquiétant, empathique, que l'on doit des dizaines de chansons pour enfant. Et surtout c'est à cause de lui qu'on connaît tous ces paroles...

Au Cartoon Movie, Enki Bilal présente Animal’Z

Posté par vincy, le 7 mars 2012

Dans le cadre du Cartoon Movie, à Lyon, Enki Bilal va présenter son projet d'adaptation d'Animal'Z, une BD qu'il a publié en 2009. Il veut faire son film avec un mélange d'animation et de prises de vues réelles. Demain, il présentera des esquisses de son projet aux professionnels présents au Forum, afin de trouver des financements.

Animal'Z raconte l'histoire d'un monde déréglé climatiquement où l'eau potable est devenu précieuse et où les individus sont obsédés par leur survie. L'écosystème est bouleversé : les tortues marines volent, le Pic du Midi jouxte l'Himalaya, le Mer Baltique est devenue un désert. Seuls quelques eldorados isolés ont réussi à préserver un semblant d'ordre social. Ils ne peuvent être rejoints que par la mer, unique et immense... Le détroit D17 est l'un de ces passages.

"L'idée de départ était de partir de l'album, de lui rester fidèle, mais en s'octroyant la liberté d'un glissement de l'écriture vers quelque chose de plus cinématographique, de lui donner un côté 'westernien'" explique l'auteur-réalisateur. Le scénario est coécrit avec Oliver Roth. Il n'y a pas encore de version définitive du script et le storyboard est tout juste en préparation.

Bilal réaliserait ainsi son 4e film. En 2004, il avait déjà adapté sa trilogie Nikopol avec Immortel (Ad Vitam), en mélangeant images de synthèse et acteurs réels. Il a toujours évoqué sa déception à l'égard des images en 3D, malgré le joli succès du film. Ce regret de ne pas pouvoir donner vie à ses dessins et ses univers le pousse à faire une pause cinématographique : il se concentre sur la peinture, la BD et même le théâtre.

Animal'Z semble le motiver à revenir derrière la caméra. Il ne manque pas d'idées. Un film monochrome où la couleur ne surgira que pour symboliser l'espérance des Hommes. Une oeuvre hybride car ce ne sera pas un dessin animé mais un mix de prises de vues réelles, d'animation en 2D et 3D.

Le film sera produit par Gazato Films. Le producteur et Bilal sont à Lyon pour chercher des moyens, pas seulement financiers mais aussi techniques, humains, technologiques. Ils ont déjà confié la préparation au Pôle Magelis, à Angoulême. Le casting devrait être international. Pour le producteur, "l'adaptation d'Animal'Z répond de cette philosophie et de l'intention de son auteur à poursuivre l'expérimentation hybride dans sa démarche artistique en associant le graphisme, la peinture et la prise de vue réelle. Une démarche de « ciné-peintre »."

Bilal a souvent refusé d'animer ses BD.  "La principale de ces raisons étant la nature même de mon graphisme, avec sa part de réalisme nécessitant une animation sans faille". De plus, il avoue que "la texture peinte que je souhaitais conserver ne correspondait pas aux techniques traditionnelles d'animation 2D. Réduire mon dessin à un simple trait cerné m'excitait peu." De ces frustrations naît alors une ambition. "Il s'agit dans ce cas, de faire « bouger » de la manière la plus naturelle, le dessin au crayon noir et les textures pastel qui caractérisent le travail particulier de l'album Animal'Z. Le récit, volontairement linéaire (...) étant à mon sens un atout supplémentaire pour la cohérence de ce projet."

Gérardmer 2012 : Extrêmes sensations promises

Posté par geoffroy, le 26 janvier 2012

La 19ème édition du Festival de Gérardmer, présidé par l’auteur-dessinateur et réalisateur français Enki Bilal (Immortel (Ad Vitam)), ouvre ses portes du 25 au 29 janvier 2012. Le festival, comme à son habitude, prône la diversité (nombreux sous-genres, nationalités et, Gérardmer oblige, multitude de sections). Cette année le festival innove en créant une toute nouvelle sélection sobrement baptisée « Extrême ». Son but, défendre les couleurs d’un cinéma fantastique toujours prompt à défier les limites d’un genre. 5 films assureront le spectacle pour un public avisé. L’effroi sera au rendez-vous !

Outre un hommage rendu à l’acteur Ron Perlman (La guerre du feu, Le nom de la rose, La cité des enfants perdus, Alien resurrection, Blade II, Hellboy I et II ou encore Drive), notons la venue du dernier Francis Ford Coppola – Twixt – qui fera l’ouverture du festival. La compétition officielle propose 8 films allant de de la Corée du Sud au Mexique en passant par l’Allemagne. Un regret. Il n’y a pas de film français à l’exception du Petit Poucet de Marina de Van (Hors-Compétition). A noter la présence de The Moth Diaries de la Canadienne Mary Harron (American Psycho) vu au dernier festival de Venise.

Cela suffira-t-il pour redorer son blason ? Avec  la nouvelle rivalité du Festival du film fantastique de Paris et un film de genre de plus en plus polymorphe, Gérardmer joue gros cette année. Il est indispensable que médiatiquement et cinématographiquement le Festival parvienne à convaincre les distributeurs qu'il est toujours le "Sitgès" français.

Membres du Jury
Président compétition officielle longs métrages
Enki Bilal (Illustrateur, réalisateur, auteur, scénariste)

Jury compétition officielle longs métrages
Christine Citti (Comédienne)
Vincent Desagnat (Comédien)
Dinara Drukarova (Comédienne)
Tonie Marshall (Réalisatrice, comédienne et scénariste)
Agnès Merlet (Réalisatrice)
Joann Sfar (Dessinateur et réalisateur)
Tomer Sisley (Comédien)

Compétition officielle
The Cat, Seung-Wook Byun
Babycall, Pål Sletaune
Beast, Christopher Boe
Eva, Kike Maillo
Hell, Tim Fehlbaum
La Maison des ombres, Nick Murphy
The Moth Diaries, Mary Harron
Pastorela, Emilio Portes

Hors Compétition
Beyond the Black Rainbow, Panos Cosmatos
The Caller, Matthew Parkhill
Chronicle, Josh Tank
Comforting Skin, Derek Franson
Corman's World: Exploits of a Hollywood Rebel, Alex Stapleton
The Day, Douglas Aarniokoski
The Divide, Xavier Gens – Film de clôture
Emergo, Carles Torrens
Invasion of Alien Bikini, Young-doo Oh
Norwejian Ninjas, Thomas Cappelen Malling
Perfect Sense, Adam Wingard
Le Petit Poucet, Marina de Van
Rabies, Aharon Keshales & Navot Papushado
The Theatre Bizarre, collectif
Twixt, Francis Ford Coppola – film d’ouverture
Underwater Love a pink musical, Shinji Imaoka
The Woman, Lucky McKee

Section “Extrême”
Blood Creek, Joel Schumacher
Choose, Marcus Graves
Grave Encounters, Vicious Brothers
The Incident, Alexandre Courtès
Mother's Day, Darren Lynn Bousman

La nuit Fantastique
Juan of the Dead, Alejandro Brugués
New Kids Turbo, Steffen Haars, Flip Van der Kuil
Tucker & Dale fightent le mal, Eli Craig

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Pour plus d’info: Festival de Gérardmer

Deux jours à tuer ?

Posté par vincy, le 7 mars 2008

Monaco. La principauté accueille chaque année, avec un peu d'avance en 2008, le Forum Cinéma & Litterature. On y croise producteurs et éditeurs, cinéastes et écrivains, mais aussi des représentants de commissions de films. Très pro sous le glam.
Sir Alan Parker a ouvert le Forum. Petit tonneau anglais au sourire toujours prêt à jaillir, il lui a été rendu hommage : le cinéaste de The Wall, Fame, Evita, Midnight Express méritait bien ça. Mais heureusement Régis Wargnier, Président du jury, a rajouté plus tard Birdy et Angel Heart à la liste des films qui comptent. Il fut un grand, un de ceux pour qui on allait en salle, sans se soucier des critiques. Qui peut citer de tête, spontanément, le dernier film de ParKer? Désormais il doit cohabiter avec le créateur de Final Fantasy. Car l'adaptation n'est plus seulement littéraire. La BD (Enki Bilal sera en charge du jury du 9e Art) et le jeu vidéo font leur intrusion. De nombreuses adaptations sont en cours. Qui fera Rainman un jour?
Après une ouverture princière (Albert a mincit, disons-le; il devrait même annoncer ses fiançailles prochainement : il faut bien reconquérir les couvertures de magazines people envahies par le Président des Gaulois), nous avons découvert le nouveau film de Jean Becker, Deux jours à tuer. Un becker étonnant, très loin de ses récentes oeuvres "provincialistes". Caméra à l'épaule, ancré dans la vie moderne, cet hymne à la vie et ce désarroi devant nos vies devrait séduire un public qui jusqu'ici l'ignorait (voire le méprisait).