Le soleil se lève aussi : la nouvelle promesse de Jiang Wen

Posté par MpM, le 9 août 2008

Le soleil se lève aussi

L'histoire : Succession de contes surréalistes en quatre tableaux qui mêlent deux destins : celui du fils d'une femme étrange et d'un universitaire déchu. La folie y croise les rêves, l'amour les armes. Une invitation au voyage à travers le temps et la Chine, une symphonie de couleurs, de textures et de sons. Avec Joan Chen.

Notre avis : Jian Weng avait fait sensation en 2000 avec Les démons à ma porte, Grand prix du festival de Cannes unanimement salué comme un pamphlet antimilitariste gonflé et percutant sur la guerre sino-japonaise. Tout le monde n’avait pas apprécié la blague, Pékin et Tokyo en tête, ce qui explique sans doute le long silence cinématographique qui s’en est suivi. Mais Jiang Wen est enfin de retour derrière (et devant) la caméra, avec un film qui, s’il ne réitère pas le choc du précédent, offre un savoureux mélange de farce truculente et d’espièglerie politique. L’intrigue (foisonnante, délirante, multiple) ne compte pas tant que les personnages hauts en couleur et les situations bigarrées imaginées par l’acteur-réalisateur. Il y a une femme fantasque qui aime sauter du haut des arbres et creuser des trous dans le sol, au grand dam de son fils singulièrement plus conventionnel. Il y a de jeunes femmes qui crient "cochon" quand on les touche, puis défilent au chevet de celui qu’elles ont accusé. Il y a enfin un homme envoyé en rééducation à la campagne et qui redécouvre les joies simples de la nature, quitte à en négliger l’essentiel. Des destins individuels qui se mêlent à l’histoire collective (la guerre, la révolution culturelle) sous le regard mi-ironique, mi-bienveillant du cinéaste.

Ce dernier ne manque d’ailleurs ni d’audace, ni de références, si bien que l’on croise au détour d’une scène le joyeux n’importe quoi baroque d’un Kusturica, l’outrance onirique d’un Fellini ou encore les fulgurances de Jiang Wen lui-même dans son précédent opus. Cette mise en scène inventive, faussement désordonnée, associée à une palette infinie de couleurs et de nuances, compose un univers rigoureusement personnel et pourtant totalement cohérent. Peu importe si l’on ne voit pas toujours où il veut en venir, ou si l’acharnement symbolique finit par sacrifier la clarté du propos, il y a dans chaque plan, dans chaque mouvement de caméra, presque dans chaque geste des acteurs, une étincelle de cinéma qui couve. Celle-ci ne s’embrase pas à chaque fois, mais l’infinité de possibles à explorer qu’elle offre est à elle-seule une promesse.

Le scénario a de l’avenir !

Posté par MpM, le 25 mars 2008

L'écriture de l'image commence par un rêve plein de personnages, de situations et de sensations, et se poursuit dans l'exaltation, la douleur, l'angoisse, la complicité ou la solitude. De cette alchimie un peu mystérieuse naît un objet unique, le scénario. Mal aimé en France et tout puissant aux Etats-Unis (où une grève de scénaristes suffit à stopper la production cinématographique et télévisée en quelques semaines), il évoque à ceux qui le pratiquent des métaphores tour à tour culinaires, policières ou médicales. Pour Luc Besson, c'est un "menu" qui définit la suite du processus (tournage, montage). Pour Fellini, cité par Matthieu Amalric, c'est "une enquête sur le film à venir". Pour Alexandre Desplat, c'est "l'embryon qui fait naître un film".

Au cours de la 11e édition du Festival des Scénaristes de Bourges, du 27 au 30 mars, le scénario sera avant tout l'occasion d'échanges et de rencontres, de transmissions et de découvertes. Quoiqu'amputé d'un jour, le festival s'annonce une fois de plus comme le lieu incontournable de l'écriture de l'image dans tous ses états : sonore, documentaire, fiction, animation… Au travers de son Université populaire (UPEI), des ateliers et mini-formations pour tous les niveaux, mais également de son action culturelle (à destination des scolaires), de sa programmation, de sa criée des scénarios, de ses soirées mémorables, etc. Bourges, c'est un carrefour vivant où se croisent les talents, les idées, les professionnels, et où s'écrit le plus précieux des scénarios, celui de l'avenir.