Dinard 2013 : Rencontre avec Shane Meadows

Posté par kristofy, le 6 octobre 2013

shane meadowsLe Festival Britannique de Dinard a fait découvrir il y a plus de 10 ans le réalisateur Shane Meadows, dont le film Dead Man Shoes a gagné le Hitchcock d’Or en 2004.

Depuis, il est revenu régulièrement presque chaque année accompagné de son producteur Mark Herbert.

Twentyfour Seven était en compétition en 1998, Once Upon A Time In The Midlands en première en 2002, This Is England et un hommage à son parcours (déjà) en 2007, Somers Town en clôture en 2008, Le Donk & Scor-Zay-Zee en première en 2009...

Cette année, Shane Meadows est venu présenter en avant-première son documentaire The Stones Roses : made of stone :

Ecran Noir : Que représente ce groupe The Stones Roses pour vous ?
Shane Meadows : Il y a eu un grand mouvement musical au début des années 90 qu’on appelle "la scène de Madchester", avec énormément de groupes originaires de Manchester qui étaient composés de jeunes issus de la classe ouvrière sans beaucoup d’éducation. C’étaient une époque où il y avait beaucoup de gens sans travail et sans espoir. Beaucoup de jeunes ont formés leurs groupes en jouant dans des garages puis dans des bars. Ils jouaient avec dévotion pour les gens du coin qui pouvaient se reconnaître en eux. Le groupe The Stone Roses était spécial, un peu plus que d’autres groupes, et quand leur disque est sorti on les a considérés comme le meilleur groupe du monde. A l’époque pour les adolescents comme moi, The Stones Roses ont insufflé une idée comme "même sans éducation, tu peux faire ce que tu veux dans la vie". J’ai été fan de ce groupe étant jeune, quand j’ai reçu ce coup de téléphone pour ce projet j’ai été super heureux, c’était d’ailleurs il y a deux ans justement au moment du festival de Dinard. C’est un documentaire sur la reformation des The Stones Roses et en même temps en quelque sorte ma lettre de fan au groupe.

made of stone EN : Après beaucoup de films très différents les uns des autres, cette fois The Stones Roses : made of stone est un documentaire, et vous avez dit que c’était à la fois votre premier documentaire et probablement le dernier…
ShM : La grande différence est qu'avec un documentaire vous ne contrôlez pas l’histoire qui est racontée. Dans mes films comme par exemple This is England ou Dead Man Shoes, c’est moi qui invente ma version de l’histoire, et quand je tourne des images un jour je sais d’avance quelles images je vais tourner le lendemain. Ici c’est le groupe The Stones Roses qui décide de ce qui se passe, il y a la reformation du groupe et les concerts et tout ce que ça implique autour, et moi je dois capturer ce qui se passe. Ce documentaire c’est filmer la vraie vie, c’est rendre compte ce que représente ce retour de The Stones Roses. C’est assez difficile de savoir sur le moment si ce qui est filmé est bon ou pas, si ça aura sa place dans le montage ou pas. Surtout qu'à un moment le groupe a connu des tensions (ndr : le batteur qui s’en va) et ne voulait plus être filmé ! J’ai réalisé ce film sans savoir ce qu'il allait être vraiment. J’ai accepté de faire ce documentaire surtout parce que The Stone Roses était mon groupe préféré. Une autre difficulté était l’accumulation des séquences filmées, j’avais plus de 300 heures d’images à choisir d’intégrer dans le montage ou à rejeter.

EN : Comment on prépare le dispositif de tournage pour un projet de cette ampleur ?
Shane Meadows : On a commencé avec 2 caméras, puis il y avait 4 caméras pour les répétitions du groupe, puis pour le premier concert 13 caméras, et puis les concerts suivants on avait 36 caméras ! Le tournage a commencé comme un projet personnel et c’est devenu quelque chose de très ambitieux.

EN : Quels films musicaux ont pu vous influencer ?
Shane Meadows : J’avais déjà vu plusieurs documentaires avant ce projet, comme Some Kind of Monster sur Metallica, Anvil qui est génial, Dig est aussi un film formidable. Mais justement je ne voulais pas reprendre une idée de quelqu’un d’autre, j’ai évité de regarder d’autres documentaires sur la musique.

made of stoneEN : A deux moments, il y a une citation à propos du fait qu’un film documentaire doit témoigner et ne pas donner un point de vue alors que vous-même apparaissez à l’image pour livrer différents commentaires sur les évènements. Comment être à la fois le plus neutre possible et en même temps être très impliqué ?
Shane Meadows : C’est quelque chose de très difficile car j’étais en même temps cinéaste et fan. C’était très difficile surtout au moment où le groupe est sur le point de se séparer et que tout risque de s’arrêter. L’existence du groupe était déjà fragile avant leur séparation et ça recommençait de nouveau, j’étais face à une situation où c’était peut-être la fin de tout. Je devais continuer à filmer quelque chose et j’étais triste de cette situation à la fois en tant que fan et que cinéaste. Mon intervention est une réaction honnête à ce qui se passe en étant moi-même au cœur de l’évènement. Je ne suis pas le genre de documentariste journaliste qui doit tout couvrir, j’ai mon point de vue et j’ai choisi à ce moment-là de ne pas filmer ce qui relève de la sphère plutôt privée du groupe. C’est la meilleure chose que j’ai faite, une semaine plus tard ils m’ont invité à revenir en me disant que la raison pour laquelle ils m’avaient choisi pour réaliser ce film étaient qu’ils savaient que je n’allais pas faire ce que n’importe qui d’autre aurait fait comme les coller constamment avec la caméra et chercher du sensationnel à tout prix.

EN : Est-ce que le groupe à voulu contrôler le montage du film ?
Shane Meadows : Ils n’ont jamais interféré avec le film, ce qu’ils auraient pu faire pour certaines scènes que l’on voit. J’ai eu carte blanche pour tout,  le tournage et le final cut pour le montage. Et ça a été quand-même un soulagement pour moi le moment où le groupe a vu le film et qu'ils l'ont vraiment aimé. Ils ont été sur la même longueur d’onde depuis le début du projet : c’était mon film à propos d'eux, The Stone Roses.

made of stoneEN : Pourquoi le premier concert est filmé en noir et blanc et les autres en couleur ?
Shane Meadows : J’aime le noir et blanc, et j’ai d’ailleurs déjà fait quelques films en noir et blanc, comme Sommers Town. Ici, pour ce tout premier concert après tant d’années personne ne savait vraiment ce qui allait se passer. L’idée de passer du monochrome à la couleur pour les concerts était cohérente avec le fait de les découvrir d’abord chez eux dans cette petite salle puis ensuite en tournée ailleurs en Europe comme par exemple Barcelone. Il y a aussi le fait que ce tout premier concert était une surprise (ndr : une annonce à la radio et  internet d’un billet de concert gratuit pour les fans qui viendraient avec un disque ou un tshirt), c’était le début d’une nouvelle histoire et en même temps un moment de légende.

EN : Il y a une scène lors du concert à Lyon où dans les coulisses on voit le groupe avec Eric Cantona qui est cette année le président du jury ici à Dinard…
Shane Meadows : J’ai vu Eric Cantona hier soir et justement je lui ai dit qu’il apparaissait dans mon film. Lui aussi, comme eux, c’est une légende de Manchester, le voir en compagnie de The Stone Roses était un moment magique.

EN : Est-ce que ce film The Stones Roses : made of stone arrivera en France ?
Shane Meadows : Il y a eu une sortie dans les cinémas en Angleterre et le film est maintenant en dvd depuis trois semaines, avec un dvd de bonus. Pour une sortie dans les autres pays, c’est en cours de discussion pour ce qui est d’une sortie cinéma ou plus probablement directement en dvd. Pour la France on parlait justement avec un distributeur hier mais je ne sais pas ce qu’il adviendra.

EN : Vous pouvez parler de votre prochain film ?
Shane Meadows : Il y a déjà les retrouvailles avec Thomas Turgoose et Vicky McClure et les autres pour This is England 90 (ndr : après le film This is England il y a eu la série This is England 86 (4 épisodes) et This is England 88 (3 épisodes) encore inédite en France, la série a gagné le prix Best Mini Series aux BAFTA Television Awards 2012). Il y a aussi un projet de film qui serait un genre de biopic à propos du cycliste anglais Thomas Simpson mort au Mont Ventoux durant Le Tour de France de 1967, le film serait tourné entièrement en France. Je vais devoir finalement apprendre à parler un peu votre langue le français…

Le prochain Festival Britannique de Dinard en 2014 va fêter ses 25 ans. Il se pourrait que Shane Meadows soit une nouvelle fois présent à Dinard avec pour l’occasion une projection de ses 25 courts métrages…

Dinard 2013 : Le géant égoïste couronné de trois prix

Posté par kristofy, le 6 octobre 2013

le géant égoiste the selfish giantAu Festival du film Britannique de Dinard, les films en compétition étaient au nombre de 6. Le jury, présidé par Eric Cantona et composé de Fred Cavayé, Hippolyte Girardot, Michael Smiley, Alice Eve, Amanda Sthers, Toby Jones, Natalie Carter et David Parfitt, en a primé trois samedi soir lors de la cérémonie de clôture.

Pour le Hitchcock d’or et les autres prix, Eric Cantona avait en préambule indiqué que la décision de son jury serait forcément subjective et qu’un autre jury aurait pu faire un autre choix. Cependant, pour la récompense suprême, il se révèle que le choix est des plus objectif : le film The Selfish Giant - qui avait déjà remporté le prix Label Europa Cinémas à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier - était meilleur que les autres à plusieurs égards.

Dans l’histoire de Dinard, des films comme Tyrannosaur en 2011, White Lightnin’ en 2009, Boy A en 2008, Dead Man’s shoes en 2004 se sont logiquement imposés au palmarès.  The Selfish Giant est l’histoire de deux garçons d’à peine 15 ans qui vont à  la recherche de divers matériaux (des produits électroménagers, des câbles électriques…) pour les revendre à un ferrailleur. Tous les deux donnent régulièrement un peu de cet argent récolté à leurs parents (pour payer les factures d’électricité). Un garçon Swifty gagne un peu plus d’assurance au contact du cheval qui sert à tirer leur charrette tandis que l’autre Arbor devient de plus en plus insouciant des dangers... Le duo de ces enfants livrés à eux-mêmes joués par les jeunes Conner Chapman et Shaun Thomas ont su émouvoir spectateurs et membres du jury : le film repart avec trois prix.

Le palmarès de cette 24ème édition du Festival du film Britannique :

Hitchcock d’or : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard, avec Conner Chapman et Shaun Thomas
Prix du scénario : Spike Island, réalisé par Matt Whitecross
Prix de l’Image : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard
Mention spéciale : pour les trois interprètes de Everyones going to die : Nora Tschiner, Rob Knighton, Madelinne Dugan

Prix du Public : Titus, réalisé Charliez Ctrall

Prix coup de cœur-La règle du jeu (association d’une quarantaine d’exploitants de salles) : The Selfish Giant, réalisé par Clio Barnard

Prix du meilleur court-métrage : Trucs de gosse, réalisé et écrit par Emilie Noblet

A noter que de nombreux films sélectionnés à Dinard n’ont pas encore de distributeurs français (promouvoir ces films britanniques en France est une des missions que se fixe le festival). Cependant The Selfish Giant (Le géant égoïste) sortira en salles le 18 décembre, distribué par Pyramide.

Dinard 2013 : Eric Cantona, Alfred Hitchcock et Toby Jones lancent la 24e édition du festival du film britannique

Posté par kristofy, le 4 octobre 2013

dinard 2013Le Festival du Film Britannique de Dinard célèbre sa 24e édition, du 2 au 6 octobre, en proposant une nouvelle fois le meilleur du cinéma made in UK avec une sélection de films très riche et inédite.

Une bonne moitié de la programmation se compose de premiers longs-métrages (dont certains n’ont pas encore de distributeurs en France) et beaucoup sont des films à découvrir en avant-première (la plupart ne sont pas sortis encore au Royaume-Uni).

Ainsi c’est à Dinard que l’on découvrira le nouveau Richard Curtis About Time avec Rachel McAdams (sortie le 6 novembre), How I live now de Kevin Macdonald avec Saoirse Ronan (sortie le 19 février 2014), et en film de clôture Un Week End à Paris de Roger Michell, avec Jim Broadbent et Lindsay Duncan (sortie le 12 mars 2014).

Cette année le jury est présidé par celui que les anglais considèrent comme un des plus grands footballeurs et que les français connaissent aussi comme grand acteur : Eric Cantona. Il sera entouré de différentes personnalités françaises et britanniques : le réalisateur Fred Cavayé, Amanda Sthers, l’acteur Hippolyte Girardot, la scénariste Natalie Carter et le producteur David Parfitt, l’actrice Alice Eve, les acteurs Michael Smiley et Toby Jones.

Ils auront la mission de départager les six films cantonaen compétition, dont Hello Carter avec Jodie Whittaker (rencontrée l’année dernière à Dinard pour Good Vibrations toujours inédit), The sea avec Charlotte Rampling, The Selfish Giant déjà remarqué à Cannes, ou encore Spike Island qui nous renvoie aux années 90 avec des fans du rock du groupe The Stone Roses. Le réalisateur Shane Meadows fidèle au festival depuis de nombreuses années présentera d’ailleurs son documentaire sur ce groupe The Stone Roses : Made of Stone.

Le Festival va également rendre hommage au directeur de la photographie français Philippe Rousselot : c’est lui qui a éclairé certains des plus prestigieux films britanniques de Stephen Frears (Mary Reilly), Neil Jordan (Entretien avec un vampire), John Boorman (Hope and Glory), Guy Ritchie (Sherlock Holmes)… Il donnera une masterclass pour parler de ces différentes collaborations et de son métier chef-opérateur.

Chaque année, c’est la silhouette de Alfred Hitchcock qui symbolise le festival de Dinard, et pour les films en compétition le prix suprême est d’ailleurs le Hitchcock d’or. Cette année plus que jamais le réalisateur sera en haut de l’affiche puisqu'il était le personnage principal du film d'ouverture !

line renaudDinard a en effet rendu hommage à l’acteur Toby Jones (également membre du jury) en lui remettant un Hitchcock d’honneur lors de la cérémonie d’ouverture, en présence de la marraine Line Renaud, et avant la projection de The Girl où il interprète le réalisateur Alfred Hitchcock.

Il s’agit en fait d’un téléfilm de la chaîne HBO (Deauville avait aussi fait son ouverture avec un film HBO : Ma vie avec Liberace), comme un signe de l’ouverture de Dinard aux productions télévisuelles britannique dont une sélection UK TV avec les premiers épisodes de plusieurs nouvelles séries.

Dans The Girl, on découvre donc Toby Jones grimé en Hitchcock au moment où il va développer une relation obsessionnelle avec la mannequin Tippi Hedren jouée par Sienna Miller (qui avait été membre du jury à Dinard en 2010) qui deviendra ‘son’ actrice dans Les Oiseaux et Pas de printemps pour Marnie. Il va vouloir s’imposer dans le cœur de la blonde à force de diverses persécutions sur les plateaux de tournage, prêt à quitter sa femme et collaboratrice, mais Tippi Hedren se refusera toujours à lui, et on découvre un Hitchcock en amoureux éconduit à la fois maladroit et machiavélique...

British Independent Film Awards : Tyrannosaur et Fassbender

Posté par kristofy, le 6 décembre 2011

La 14ème cérémonie des British Independent Film Awards (sponsorisés par Moët) s’est tenue à Londres le 4 décembre. Presque sans surprise le BIFA du meilleur acteur va à Michael Fassbender pour son interprétation dans Shame, rôle qui lui avait déjà valu d’être sacré meilleur acteur au festival de Venise. Avant Shame, Steve McQueen avait déjà fait reconnaître sur la scène internationale l’acteur Michael Fassbender dans Hunger présenté à Cannes, comme l’ont été d’autres films où il était au générique comme Fish Tank de Andréa Arnold et Inglorious Basterds de Quentin Tarantino. On retrouvera Michael Fassbender dans quelques semaines dans A dangerous Method de David Cronenberg. En 2012 il sera à l'affiche de Haywire de Steven Soderbergh et de Prometheus de Ridley Scott.

Le film Tyrannosaur de Paddy Considine a été élu film de l’année avec trois prix. Ol avait déjà été plébiscité lors du dernier Festival du Film Britannique de Dinard (Hitchcock d’Or, et meilleur scénario). Si une sortie de Tyrannosaur en France est malheureusement encore hypothétique, il y avait aussi en compétition à Dinard le film Week-end qui devrait nous arriver au premier trimestre 2012. Week-end a remporté deux BIFAs (meilleure révélation pour l’acteur Tom Cullen, et meilleure production).

Sans surprise, Une séparation, Ours d'or à Berlin, a gagné son énième prix dans la catégorie meilleur film étranger.

Par ailleurs, Kenneth Branagh et Ralph Fiennes ont reçu un prix pour l'ensemble de leur carrière.

Le palmarès

Meilleur film britannique indépendant : Tyrannosaur réalisé par Paddy Considine

Douglas Hickox Award – Meilleur nouveau réalisateur : Paddy Considine pour son film Tyrannosaur

Meilleure actrice : Olivia Colman pour Tyrannosaur

Meilleure acteur : Michael Fassbender pour Shame

Meilleur réalisateur : Lynne Ramsay pour We Need To Talk About Kevin

Meilleur scénario : Richard Ayoade pour Submarine

Meilleur actrice d’un second rôle : Vanessa Redgrave pour Coriolanus

Meilleur actrice d’un second rôle : Michael Smiley pour Kill List

Meilleur documentaire : Senna

Meilleur film étranger  indépendant : Une Séparation

Jig : les coulisses des concours de danse irlandaise

Posté par kristofy, le 30 novembre 2011

JIG Ce que le cinéma avait montré de la danse traditionnelle irlandaise pouvait se résumer au film Riverdance. La danse irlandaise ? Au pire on ne sait pas du tout ce dont il s’agit, au mieux on imagine une coutume un peu folklorique…

En réalité, il s’agit d’une chorégraphie avec une suite de sautillements en suspension où les pieds chaussés de claquettes voltigent à un rythme très rapides. Avec le documentaire Jig réalisé par Sue Bourne, vous allez découvrir cette pratique sportive qui, à haut niveau, est dotée d'une compétition très difficile.

A l’occasion du 40e championnat du monde de danse irlandaise qui a eu lieu à Glasgow en mars 2010, on a compté plus de 3000 danseurs venus avec leurs proches. Cet évènement, qui est le point d’orgue d’une année d’entraînement, a été filmé très en amont par la réalisatrice qui nous fait découvrir bien avant ce rendez-vous le portait de différentes danseuses, et danseurs, qui vivent leur passion au quotidien.

Une des forces de Jig est de faire partager l’engouement pour cette danse à des gens qui n’y connaissent rien, et cela de manière à laisser aussi une place à des éléments critiques. Tout d’abord on découvre l’importance de cette danse irlandaise pour certaines petites filles : l’une d’elle veut sautiller même en ayant mal au pieds tandis qu’une autre est constamment jugée par sa maman… On découvre aussi la relation particulière entre un prof ex-champion et son élève qui a la pression pour réussir comme un pro, et un autre danseur métis qui veut par-dessus tout devenir une star.

Très vite, cette pratique se révèle être beaucoup plus qu’un loisir : il s’agit de montrer une performance en compétition. Différents concours permettent de se qualifier pour les championnats du monde, ce qui compte est l’exécution la plus parfaite pour une bonne note des juges. A ce niveau, c’est un grand investissement qui demande disponibilité et finances avec un budget conséquent pour les nombreux déplacements et les costumes (une tenue peut coûter plus de 2000 dollars et servir moins de 5 fois). On voit d’ailleurs des fillettes qui doivent gérer un stress qui n’est pas de leur âge. Qu’il s’agisse des danseuses américaines ou russes, on retrouve tous ceux qui ont été filmés avec leurs proches en route pour ces championnats du monde de Glasgow, et la concurrence est rude…

Jig avait été présenté lors de la clôture du 22e festival du film britannique de Dinard, l’occasion d’une démonstration sur scène dont voici un court extrait :

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JIG de Sue Bourne
En salles le 30 novembre.

L’instant Court : Tyrannosaur, réalisé par Paddy Considine

Posté par kristofy, le 14 octobre 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le film institutionnel Film for life avec l’acteur Paddy Considine, voici l’instant Court n° 49.

Paddy Considine  est la personnalité du cinéma britannique du moment. Son premier film en tant que réalisateur a été doublement primé lors du 22e Festival du Film Britannique de Dinard, le jury (qui avait la charge de remettre trois trophées) lui a donné deux prix : meilleur scénario (après un vote) et Hitchcock d’or (à l’unanimité). Ce film (Tyrannosaur) avait été dévoilé lors du festival de Sundance où déjà il avait gagné trois récompenses dont celle de meilleur réalisateur pour Paddy Considine (et meilleur acteur Peter Mullan, meilleure actrice Olivia Colman). Il vient aussi de sortir en salles de cinéma au Royaume-Uni, où les critiques sont très élogieuses. "Outstanding directorial debut from Paddy Considine" , "Powerful and brillantly acted" , "The best british film of the year"...

La vocation de Paddy Considine était pourtant d’être acteur. Il a débuté dans le métier en même temps que son ami Shane Meadows dans la mise en scène, il a même eu un rôle dans plusieurs de ses films dont Dead Man Shoes (qui avait d’ailleurs aussi gagné le Hitchcock d’or de Dinard en 2004) et Le Donk and Scor-zay-zee (tourné en 5 jours!). Il s’est intéressé aussi à l’écriture de scénario et à la mise en scène (il signe un clip pour le groupe Artic Monkeys) en même temps qu’il devenait un acteur demandé à l’international. Il apparaît aux génériques de films comme In América de Jim Sheridan, Cinderella Man de Ron Howard, La vengeance dans la peau de Paul Greengrass, Hot Fuzz de  Edgar Wright, The Red Riding Trilogy de Julian Jarrold/James Marsh/Anand Tucker, Blitz avec Jason Statham, Submarine de Richard Ayoade...

Sur le tournage de Backwoods (avec notamment Virginie Ledoyen), Paddy Considine joue avec l’acteur Gary Oldman dont il apprécie particulièrement le film Ne pas avaler. La rencontre l'aurait convaincu de passer derrière la caméra. Il réalise alors son court-métrage Dog Altogther, où les personnages sont déjà joués par Peter Mullan et Olivia Colman, pour lequel il remporte le Bafta du meilleur court ainsi qu'un Lion d'argent à Venise. C’est après cette expérience qu’il extrapole un scénario pour son premier long-métrage. Le film Tyrannosaur (avec les mêmes acteurs) s’impose déjà comme un succès, et Paddy Considine est déjà occupé avec une deuxième réalisation : The Leaning avec une thématique fantastique.

Voila donc la bande-annonce de Tyrannosaur écrit et réalisé par Paddy Considine, sortie en France encore indéterminée.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Tyrannosaur.

Dinard 2011 : Hitchcock d’or pour Tyrannosaur de Paddy Considine

Posté par kristofy, le 9 octobre 2011

La 22e édition du Festival du Film britannique de Dinard s'est achevée par le couronnement de Tyrannosaur de Paddy Considine (qui était favori), mais aussi de L’Irlandais de John Michael McDonagh qui a fait consensus durant le festival.

La cérémonie de clôture, tout comme la soirée d’ouverture, s’est déroulée  avec une bonne humeur communicative. Dinard sait si bien accueillir tout le monde avec convivialité que Jaime Winstone adore la ville et que Petula Clark est retombée amoureuse de l’endroit. La chanteuse (qui a aussi été actrice) était la marraine de cette édition 2011. Elle a chanté son tube ‘Downtown’ qui a été repris en cœur par le public lors de la soirée du palmarès, et quelques jours plus tôt elle avait joué quelques chansons (dont celle du film La Comtesse de Hong-Kong de Charlie Chaplin) en s’accompagnant au piano.

Pour départager les films en compétition, Nathalie Baye, la présidente du jury, était entourée de Haylay Atwell, Jacqueline Bisset, Emmanuelle Devos, Jaime Winstone, Sami Bouajila, Armand Amar, Harry Gregson-Williams, Eric Lartigau, François Verdoux et Stephen Clarke (notre photo).

Voici leur palmarès :

Prix du meilleur court-métrage : White Elephant, de Kristof Bilsen

Prix coup de coeur (les exploitants de 40 salles de la région) : L’Irlandais de John Michael McDonagh (mention à Week end de Andrew Haigh)

Prix du public : L’Irlandais de John Michael McDonagh

Prix du scénario : Tyrannosaur de Paddy Considine

Prix de la meilleure photographie : Larry Smith, pour L’Irlandais

Grand Prix Hitchcock d’or : Tyrannosaur de Paddy Considine

Le jury a donc décerné deux prix à Tyrannosaur de Paddy Considine (scénario et Hitchcock d’or à l’unanimité). Le réalisateur n’ayant pu être là, ce sont ses deux amis le réalisateur Shane Meadows (ils étaient à la même école d’arts dramatiques et Considine a débuté sa carrière d’acteur en jouant dans les films de Meadows) et le producteur Mark Herbert qui ont reçu les récompenses à sa place (notre photo de droite)

Tyrannosaur s’impose comme l'un des meilleurs films britanniques de l’année, il avait déjà été primé à Sundance (pour meilleur réalisateur, meilleur acteur Peter Mullan et meilleure actrice Olivia Colman). Ce film marque les débuts de Considine dans le long métrage (il avait déjà participé à des scénarios avec Meadows), et fait suite à son court-métrage Dog Altogther (avec déjà les mêmes acteurs). Il vient tout juste de sortir en salles en Angleterre mais il n’a malheureusement pas encore de distributeurs français. En revanche, L’Irlandais de John Michael McDonagh est une comédie qui a été un énorme succès en Irlande, et sa sortie française est déjà programmée pour le 21 décembre.

Dinard 2011 : Hommage à John Hurt

Posté par kristofy, le 8 octobre 2011

Le 22e Festival du film britannique de Dinard a rendu un hommage à l’acteur John Hurt, qui était venu pour la première fois il y a plus de vingt ans. Le festival proposait de revoir The Elephant man, 1984, Shooting dogs, Love and death on Long Island, Boxes (tourné en Bretagne), et The Hit où après la projection a été proposé une master-class avec le public. C’est John Hurt lui-même qui a suggéré une sélection éclectique de ses films avec des titres peu connus pour offrir l’occasion de les voir sur grand écran. Il y avait également trois films en avant-première : The plague dogs (film d’animation de 1982 resté inédit en France), 44 inch chest (2010) et Lou (2011). John Hurt a eu la surprise de recevoir un Hitchcock d’honneur du festival de Dinard.

John Hurt est un acteur complet avec un long parcours à la fois sur les planches au théâtre, devant les caméras au cinéma, et aussi avec sa voix pour des doublages ou en tant que narrateur. Il a évoqué ainsi son envie pour ce métier : « depuis l’âge de neuf ans peut-être je pense que je voulais être un acteur, mais je ne savais pas comment faire évidement. A l’époque, on écoutait la radio, pas de télévision et encore moins internet. J’ai fini par arriver à Londres où j’ai rencontré deux filles, deux Australiennes qui étudiaient la danse espagnole. Je les ai vu à une fête et elles m’ont dit ‘tu devrais être acteur’, ce que je voulais faire sans savoir comment y parvenir. Elles m’ont trouvé des formulaires pour la Royal Academy et j’ai commencé des cours de théâtre. Une des premières pièce sur scène était mise en scène par Harold Pinter, auquel d’ailleurs le festival de Dinard rend hommage en même temps. Harold Pinter commençait tout juste à devenir un peu connu, ensuite j’ai eu un rôle dans sa pièce The Caretaker (qui deviendra un film plus tard) et on est resté amis, je suis attristé de sa récente disparition. »

Le premier grand succès de John Hurt au cinéma est A man for all season de Fred Zinnemann en 1966,  et il sera remarqué une nouvelle fois en 1978 dans Midnight Express de Alan Parker. Ensuite il est demandé pour jouer des rôles de premier plan dans des films qui allaient marquer plusieurs générations de spectateurs : en 1979 c’est Alien de Ridley Scott, en 1980 c’est Les portes du paradis de Michael Cimino et Elephant Man de David Lynch… Il est passé devant les caméras de Sam Peckinpah, Stephen Frears, Michael Caton-Jones, Jim Sheridan, John Boorman, Raoul Ruiz, Gus Van Sant, Jim Jarmusch, Robert Zemmeckis, Alex de la Iglesia, Lars Von Trier... il donne aussi la réplique aux héros Hellboy de Guillermo del Torro, Indiana Jones de Steven Spielberg, et même à Harry Potter !

Ses derniers films ont donc été présentés en avant-première. Dans 44 inch chest réalisé par Malcolm Venville, il joue un vieux malfrat aigri qui jure dès qu’il parle à ses complices (Ray Winstone, Tom Wilkinson, Ian McShane…) qui ont kidnappé un jeune serveur (Melvil Poupaud) dont le tort est d’avoir couché avec la femme de l’un d’eux. Un exercice de style presque réduit à cinq personnages dans un lieu unique qui repose justement sur les performances des acteurs qui ont chacun leur manière de débiter leur texte. Dans Lou réalisé par l’Australienne Belinda Chayko, il interprète le rôle d’un grand-père qui souffre de la maladie d’alzheimer et dont le fils a abandonné femme et enfants, et c’est dans leur maison qu’il est placé pour être surveillé. L’aînée de douze ans en bute contre sa jeune mère commence par rejeter ce vieux monsieur qui lui a pris sa chambre, mais au fur et à mesure elle l’apprivoise bien qu'il la confonde avec sa grand-mère disparue... John Hurt a montré ici deux visages opposés (un méchant vulgaire, un gentil malade) qui sont comme une nouvelle illustration de son talent et en même temps de son envie de jouer avec et contre son image. En attendant de le découvrir dans La Taupe réalisé par Tomas Alfredson (Morse) avec Gary Oldman et Colin Firth, qui était l'un des meilleurs films du festival de Venise.  Énorme succès en Angleterre le jour de sa sortie, La Taupe est attendu en France pour le 8 février 2012.

L’instant Court : Film for life, réalisé par Kate Dunn

Posté par kristofy, le 7 octobre 2011

films for lifeComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Test réalisé par Didier Rouget avec Vincent Elbaz et Romane Bohringer, voici l’instant Court n° 48.

Justement, Romane Bohringer est en ce moment au Festival du film britannique de Dinard qui se déroule jusqu’au 9 octobre. En Angleterre, il y a une chaîne de télévision qui soutient particulièrement le cinéma, the Film 4 channel. Film 4 participe aussi au développement et au financement de films, comme par exemple les récents Another Year de Mike Leigh, 127 heures de Danny Boyle, Un jour de Lone Scherfing (dont une partie a été tournée à Dinard), ou encore Tyrannosaur de Paddy Considine qui est en compétition à Dinard.

Voila donc une publicité institutionnelle Film for life réalisée par Kate Dunn pour Film 4, dont la dimension est celle d’un court-métrage d’anticipation. On y voit une ville devenue un désert dévasté, pas grand-chose n’a résisté aux temps et aux catastrophes sauf… les films de cinéma. Les comédiens ont comme point commun d’avoir tout les deux tourné dans plusieurs films de Shane Meadows et aussi d’être présents en ce moment sur les écrans du festival de Dinard : l’acteur est Paddy Considine (réalisateur de Tyrannosaur) et l’actrice est Vicky McClure (révélation de This is England ‘86)

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Film for life.

Dinard 2011 : Shane Meadows présente This is England 86

Posté par kristofy, le 6 octobre 2011

Dinard 2011Le 22e Festival du film britannique de Dinard accueille nos voisins d'outre-Manche du 5 au 9 octobre. Cette année, c'est l'actrice Nathalie Baye qui préside le jury. En tout, six films sont en compétition, dont Oranges and Sunshine de Jim Loach (le fils de Ken Loach) et le déjà favori Tyrannosaur de Paddy Considine. Une quinzaine de films sont également à découvrir en avant-première avec notamment un focus sur le cinéma écossais. Enfin, Dinard va rendre hommage au scénariste et écrivain Harold Pinter (en la présence de Lady Antonia Fraser) et à l’acteur John Hurt qui donnera une master-class à l'issue d'une projection.

Parmi les autres temps forts, on peut noter le retour de Shane Meadows à Dinard ! De films en films, il est devenu l'un des plus talentueux réalisateurs anglais à suivre. Il faut d’ailleurs se souvenir que cette reconnaissance en France a quasiment démarrée avec le Festival de Dinard où il a été invité presque un an sur deux :  Twentyfourseven en compétition en 1998,  Once Upon A Time In The Midlands en avant-première en 2002, Dead Man's Shoes en compétition en 2004 (Hitchcock d'or),  hommage, rétrospective de ses films et This Is England en avant-première en 2007, Somers Town en séance spéciale en 2008,  Le Donk & Scorz-Ayz-Ee en avant-première en 2009... Même en 2010 il avait fait le déplacement ! Il était donc logique qu'il revienne cette année avec la suite de This is England.

Flashback : 2008, cérémonie des BAFTA. Le meilleur film britannique de l'année est… This is England de Shane Meadows. Le film, situé en 1983, suit un garçon de 12 ans environ nommé Shaun (le jeune Thomas Turgoose) qui intègre progressivement un groupe de skinheads dont certains allaient dériver vers un mouvement politisé raciste.

Trois ans plus tard, Shane Meadows a écrit la suite qui se déroule en 1986 pendant la coupe du monde de foot au Mexique… C’est devenu une This is England ' 86mini-série de quatre épisodes d’abord diffusée sur Channel 4 : This is England '86. On y retrouve donc les mêmes personnages (joués par les mêmes acteurs) : Shaun devient peu à peu un adulte dans une Angleterre de chômage et de familles éclatées. Cette jeunesse qui était en rébellion contre son présent a grandi et se cherche maintenant un futur…

La série This is England '86 est écrite par Shane Meadows et Jack Thorne, et réalisée par Tom Harper (épisodes 1 et 2) et Shane Meadows (épisodes 3 et 4).

This is England '86, épisode 1 : Shaun sort de l’école sans examen ni travail, à l’hôpital il retrouve son ancienne bande après un mariage raté entre Lol et Woody et une crise cardiaque. L’insouciance commence à laisser place à la gravité, mais l’amitié est ce qui compte le plus.

This is England '86, épisode 2 : Une fête sauvage ramène au sérieux de la vie, Shaun expérimente un boulot et le couple de Lol et Woody se fragilise. Leurs parents essaient de recomposer une famille avec peine.

This is England '86, épisode 3 : Après quelques moments dignes de leur jeunesse c’est la résignation du passage à l’âge adulte. Lol déprime de plus en plus, et pendant un match à la télé, Shaun se réconcilie avec sa mère, tandis que le père de Lol commet l’irréparable.

This is England '86, épisode 4 : C'est le retour de Combo auprès de Shaun, Woody voudrait un nouveau mariage, et Lol va se confronter de manière brutale à son père...

L'actrice Vicky McClure est la révélation de This is England '86. Elle a remporté un prix de meilleure actrice au BAFTA Television Awards (elle avait d'ailleurs été découverte dans Room for Romeo Brass déjà de Shane Meadows). Shane Meadows a déjà prévu une nouvelle suite qui se déroulera deux ans plus tard au moment de noël 1988. This is England '88 est en préparation... à découvrir à Dinard en 2012 ?