Le parcours d'Imogen Poots est d’une certaine manière révélateur d’un aspect de l’industrie de cinéma : un appétit pour se nourrir des jeunes actrices, mais, quelques années plus tard, la difficulté de leur trouver des rôles valorisant.
Dès ses 18 ans, Imogen a la chance de débuter en étant bien entourée. Une courte participation à V pour Vendetta de James McTeigue avant d'être plus remarquée ans 28 semaines plus tard de Juan Carlos Fresnadillo. Elle est alors très demandée : Me and Orson Welles de Richard Linklater, Cracks de Jordan Scott, Centurion de Neil Marshall, Jane Eyre de Cary Fukunaga, Fright Night de Craig Gillespie, Célibataires ou presque de Tom Gormican, Le quatuor de Yaron Zilberman, A Very Englishman de Michael Winterbottom (au festival de Berlin en 2013), A Long Way Down réalisé par le français Pascal Chaumeil…
Elle est à chaque fois entourée par un casting très prestigieux mais manque d'obtenir un premier grand rôle féminin pour devenir une figure centrale parmi les étoiles montantes. Imogen Poots gardera longtemps cette image de jeune espoir : être dans la liste des 10 talents à suivre en 2012 pour le magazine Variety, un prix de Meilleure actrice dans un second rôle pour A Very Englishman (aux British Independent Film Awards 2013). Qu’importe si son nom n’est pas celui qui s'écrit en haut de l’affiche, elle est toujours appelée pour des productions de qualité : Broadway Therapy de Peter Bogdanovich, Knight of Cups de Terrence Malick, Chasseuse de géants d'Anders Walter…
Cette année Imogen Poots est donc à Cannes avec le film Vivarium de Lorcas Finnegan, avec Jesse eisenberg, l'un des événements de La Semaine de la Critique : "À la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement..."
C’est en fait la troisième fois qu’Imogen Poots vient sur la Croisette : on y avait déjà découvert déjà Chatroom de Hideo Nakata en 2010 (à Un Certain Regard) et ensuite dans Green Room de Jeremy Saulnier en 2015 (à La Quinzaine des Réalisateurs). Dans ce film, on l’a re-découverte transformée en punk au mauvais endroit au mauvais moment qui doit sauver sa vie. Imogen Poots était devenue une guerrière. Son joli physique juvénile ne lui fera plus jouer des ingénues, place enfin à des rôles plus adultes (dans Chasseuse de géants elle devient soutien de famille confrontée à un deuil).
Imogen Poots s’est métamorphosée progressivement de jeune actrice prometteuse en future grande actrice. La retrouver de nouveau à Cannes cette année devrait apporter cette confirmation.