3 raisons d’aller voir Les Drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni

Posté par kristofy, le 13 février 2019

Le pitch: Charlie, bientôt 24 ans, mène une vie sans excès : elle se rêve artiste et peine à joindre les deux bouts.
Quand son frère vient la retrouver après douze ans d’absence, tout se bouscule. Vincent a 30 ans et sort tout juste de prison où il a purgé une longue peine. Il a tout à apprendre dans un monde qu’il ne connait plus. Charlie est prête à l’aider. C’est son frère après tout, son frère dont la colère peut devenir incontrôlable et tout détruire malgré lui...

Nathan Ambrosioni, nouveau (très jeune) talent du cinéma français
En France l'une des particularité de notre cinéma est de voir chaque année éclore quantité de premiers films ; c'est réaliser un second ou un troisième film qui est parfois plus complexe...  Les Drapeaux de papier est l'œuvre du très jeune Nathan Ambrosioni : écrit à 17 ans, tourné à 18 ans, et maintenant, à 19 ans, il s'offre une belle sortie dans les salles. C'est déjà son 3ème long-métrage, après deux films qui font peur ) Hostile en 2014 et Therapy en 2016 qui avaient été sélectionné dans plusieurs festival fantastiques (comme le BIFFF). Il a déjà un scénario en cours pour son prochain film ! Après s'être fait la main dans le registre de l'horreur, il change de registre avec ce drame émouvant. La jeunesse de Nathan Ambrosioni est en fait un détail : il raconte là une histoire très adulte d'une famille éclatée avec une belle sensibilité. La caméra s'attache à fixer en gros plan les personnages où à les suivre de manière à ce que l'on soit toujours au plus près deux, et il évite les dialogues pompeux tout en sachant ménager des silences. Le pari des Drapeaux de papier est justement d'avoir su capter et faire parler les différents regards de cette famille... «Dis moi comment faut faire pour être quelqu’un de bien, quelqu’un de mieux?»

Après être sorti de prison, on entre comment dans la vie ?
«La prison c’est long, 12 ans c’est long.» Lui vient tout juste de sortir de prison, il a 30 ans et personne ne l'attend. Alors il va frapper à la porte de sa petite sœur qui à la vingtaine : elle ne l'a quasiment pas vu depuis gamine, c'est presque un étranger. Le frère et la sœur vont devoir s'apprivoiser et apprendre à se (re)connaître et à cohabiter ensemble pour quelques temps. Vincent est sans aucune ressource ni compétence et il va devoir essayer de trouver un travail; du côté de Charlie elle vivote comme elle peut. Avec le délicat sujet de la réinsertion pour le frère, et en creux de l'insertion pour la sœur, le film commence par jouer sur cette subtile relation à la fois de confiance et de défiance entre eux deux. Progressivement les rôles s'inversent. Ce qu'ils se disent et en même temps les non-dits font dessiner une famille qui ne peut se retrouver sans l'ombre de leur père...

La lumière sur Guillaume Gouix et Noémie Merlant
«On est obligé de s’aimer parce qu'on est une famille ?» La caméra filme quasiment tout du long soit le frère soit la soeur, et quelques autres personnages dont le père. Les Drapeaux de papier c'est d'abord un vibrant jeu d'acteur de la part de Guillaume Gouix et de Noémie Merlant, mais aussi de Jérôme Kircher. Il y a beaucoup de gros plans sur les visages et les variations des regards. Le duo frère-soeur entre brutalité et complicité est particulièrement émouvant. Guillaume Gouix s'impose avec une violence contenue prête à surgir et, en même temps, un lâcher-prise où enfin il peut jouir d'être libre. Noémie Merlant est tout à la fois dans la détermination ou la fragilité, dans un rôle plus compliqué à faire exister et où sa présence fait merveille. La puissance du film est justement d'avoir su observer la confrontation de ce duo : c'est avec eux qu'opère toute la séduction de Les Drapeaux de papier.

Oscar et la dame rose : bluette pour ne pas voir la vie en gris

Posté par vincy, le 8 décembre 2009

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L'histoire : Le Dr Düsseledorf apprend aux parents d'oscar que leur enfant n'a pas supporté le dernier traitement médical contre sa maladie. Il n'en a plus que pour douze jours à vivre. Oscar entend malgré lui la conversation et se réfugie dans un mutisme. Mais il se souvient d'une femme, Rose, fantasque, le langage cru, assez drôle, ne le jugeant pas sur son état, l'ayant traité comme un gamin normal. La livreuse de pizza. Il la réclame, en fait une condition sie qua non pour passer ses derniers jours. Dans un premier temps Rose refuse de jouer les assistantes sociales. Mais le Dr Düsseldorf, avec quelques arguments économiques, parvient à la convaincre. Surtout elle se prend d'affection pour Oscar.

Notre avis : Après Odette Toulemonde, Eric-Emmanuel Schmitt continue de flirter avec le cinéma sentimentaliste, celui où la griserie doit absolument l’emporter sur les idées grises. Oscar et la Dame Rose ne parvient pas à maintenir notre intérêt sur toute sa longue, noyé dans des digressions inutiles, distrait par des séquences trop faciles, désarticulé par des confrontations maladroites.

Bien sûr le réalisateur peut compter sur l’abattage de son actrice principale, Michèle Laroque, qui fait du Michèle Laroque, à la fois cassante et émouvante, entre bonnes vacheries et larmes salées. De même Amir, alias Oscar, est judicieusement choisi. D’ailleurs le casting relève d’une certaine classe. Amira Casar en infirmière pas sympa, Max Von Sydow en docteur compatissant, Mylène Demongeot en mère un peu folle, … rien de honteux.
Pour certains, ce genre de navet grand public, entre mièvrerie digne d’un passage lors du Téléthon et couple impossible qui ravira les producteurs hollywoodiens pour un éventuel remake, ce genre de série B donc sera peut-être un peu honteux comparé à leur filmographie.

Le film, cependant, a quelques qualités. Il aurait mérité d’être davantage resserré, plus percutant que narratif. Le compte à rebours devient ainsi lancinant et longuet au fil des jours. La répétition étire le temps. De même la vie de la Dame Rose n’est pas palpitante, trop clichée ou trop superficielle, peu importe, elle n’apporte rien hormis une rupture rythmique. En revanche dès que le film se consacre (se concentre) sur l’enfant et sa bonne fée, les envies de l’un et les fables de l’autre, alors, sans parler de magie, la chimie cinématographique opère et révèle, par intermittence, le formidable film fantastique que cela aurait pu être.