Un film, une ville : Jérusalem

Posté par vincy, le 16 octobre 2013

Jérusalem à la Géode

Le documentaire IMAX de Daniel Ferguson, Jerusalem, sort aujourd'hui à la Géode (Paris). Très consensuel, de sorte à ne fâcher aucune des trois religions, il est représenté par trois jeunes filles jolies et innocentes - Revital, Farah et Nadia, respectivement juive, musulmane et chrétienne - (jusqu'au plan ultime où l'on rêve d'une réconciliation). Le film raconte à la fois l'histoire de la cité (la partie la plus intéressante, de son aspect archéologique à son angle patrimonial) et la coexistence des trois communautés religieuses (quid des athées?), sous leur aspect le plus positif (la partie la plus naïve). Dans le film, cependant, Jérusalem est bien coupée en deux, ignorant complètement sa partie cisjordanienne et évitant totalement le sujet de la colonisation des territoires palestiniens. Reste la beauté des plans à 180° et la lumière somptueuse que peut offrir le ciel du Proche-Orient.

Depuis 1897 et le Départ de Jérusalem en chemin de fer, court métrage documentaire d'Alexandre Promio, la ville est un décor de cinéma. Jérusalem, de par son poids historique, ne joue cependant aps dans la même catégorie que des villes comme Istanbul ou le Caire. La vitalité du cinéma israélien contribue heureusement à faire de Jérusalem une ville très présente sur le grand écran, que ce soit ses ruelles d'antan, ses faubourgs modernes ou ses lieux saints.

Peu de blockbusters hollywoodiens ont planté leurs caméras sur place. On peut signaler Le tombeau, avec Antonio Banderas, La passion du Christ de Mel Gibson ou Kingdom of Heaven, de Ridley Scott. Objet de documentaires comme Samsara ou Baraka, elle reste un joyau inépuisable pour les esthètes. Récemment, Jérusalem la moderne s'est dévoilée dans Une bouteille à la mer, Precious Life ou Le directeur des ressources humaines. Plus loin dans le temps, Hannah Arendt y a fait un voyage fondateur dans le film de Margareth Von Trotta. La communauté orthodoxe a été décrite sous un angle tabou dans Tu n'aimeras point. Des cinéastes comme Amos Gitai avec Free Zone ou Elia Suleiman dans Intervention divine ont réuni Jérusalem en passant le poste frontière entre sa partie israélienne et sa partie palestinienne.

L'an prochain, elle sera l'objet d'une déclaration d'amour avec Jerusalem, I Love You, assemblage de 5 courts métrages réalisés par Hiam Abbass, Joseph Cedar, Lawrence Kasdan, Brad Silberling et Jerry Zucker.

20e festival de Rennes : travelling sur Jérusalem

Posté par MpM, le 29 janvier 2009

Festival Travelling20 ans, pour un festival de cinéma, c’est déjà un bel âge, dénotant maturité et capacité à durer, tout en promettant un regard résolument tourné vers l’avenir. C’est pourquoi, en lieu et place d’une commémoration un peu plombante, les organisateurs ont-ils choisi de s’offrir pour cette 20e édition un voyage dans une ville ô combien symbolique, Jérusalem.

Le principe du Festival Travelling de Rennes est en effet de s’intéresser chaque année à la cinématographie générée autour d’une ville en particulier (Buenos Aires en 2008, Téhéran ou Tokyo par le passé) ou d’une thématique liée au cadre de vie urbain ("Une ville la nuit" en 2007). "Nous choisissons la ville entre un et deux ans à l’avance, en fonction d’une envie d’équipe", explique Anne Le Hénaff, responsable artistique. "L’idée est d’abord de voir s’il se passe des choses cinématographiquement, c’est-à-dire si la ville a souvent été portée à l’écran, s’il y a matière pour la dérouler dans le temps. On commence par les œuvres majeures puis on emprunte les chemins de traverse." Commence alors un long travail de recherche, presque de fouille, qui permet de dénicher "de petits bijoux", nouveaux comme anciens, mais aussi de déborder le cadre du cinéma pour appréhender les spécificités sociales, géographiques ou culturelles d’une ville.

"Dans le cas de Jérusalem, nous voulions dès le départ aller au-delà des images toutes faites de la ville, de celles que montrent les médias. Il est souvent difficile d’imaginer comment on y vit, donc c’était notre première ambition : simplement entrer dans la vie des uns et des autres", se souvient Mirabelle Fréville, la co-programmatrice. "Très honnêtement, nous ne pensions pas trouver 53 films ! Mais Jérusalem a une consistance incroyable, avec des genres très différents. Tous les films que nous avons choisis ont un aspect esthétique ou artistique qui nous a intéressés."

Les festivaliers pourront ainsi découvrir toute une programmation déclinée en divers thèmes : rétrospective Jérusalem de plus d’un siècle de cinéma, coups de cœur du cinéma israélien contemporain, coups de cœur du cinéma palestinien au présent et cartes blanches à la productrice israélienne Yaël Fogiel et au cofondateur du Festival, le Palestinien Hussam Hindi. On retrouve bien sûr de grands noms comme Amos Gitaï et le troublant Kadosh, Elia Suleiman (Intervention divine, Chronique d’une disparition), Chris Marker (Description d’un combat), Hany Abu-Assad (Paradise now, Le mariage de Rana…), mais aussi des œuvres plus confidentielles comme Jérusalem est fier de présenter de Nitzan Gilady, un documentaire sur la tentative d’organiser une gay pride internationale dans la ville.

Parmi l’ensemble, Anne Le Hénaff et Mirabelle Fréville recommandent tout particulièrement Fragments de Jérusalem de Ron Havilio, un film inédit en 7 parties qui permet Travelling juniorde remonter le fil de l’histoire de la ville en parallèle avec celle d’une vieille famille de Jérusalem ; Quelqu’un avec qui courir de Oded Davidof, sur la vie nocturne et troublée de la cité et Ford transit de Hany Abu-Assad, jamais sorti en France, sur les incessants passages aux checkpoints de ceux qui doivent se déplacer dans Jérusalem. "Nous espérons ainsi donner une autre vision de la vie à Jérusalem et renvoyer le spectateur à des interrogations plus larges".

En parallèle, le festival organise un concours d’adaptation de nouvelles, des ciné-concerts, des séances "ciné-baby" pour les 18 mois / 2 ans et des compétitions de courts métrages. L’idée est de faire de la manifestation le point d’orgue d’une action culturelle qui a lieu au long cours toute l’année au travers de séances en plein air et d’éducation à l’image, afin d’impliquer le tissu local rennais. "La star, c’est Rennes. Il faut la faire vivre un minimum !", conclut Anne Le Hénaff. Et quoi de plus normal pour un festival qui met la ville à l’honneur ?!

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20e Festival de Rennes Métropole
Travelling Jérusalem
Du 31 janvier au 10 février 2009
Informations et horaires sur le site du festival