Un photographe globe-trotter archive et expose les salles de cinémas de l’âge d’or du 7e art

Posté par vincy, le 3 janvier 2017

Stephan Zaubitzer a eu un coup de blues. A l'heure des smartphones et de Netflix, il a subitement pris conscience que le cinéma pouvait disparaître. La salle de cinéma en tout cas. Le photographe allemand, par nostalgie et par envie, a donc eu l'idée de garder les images de ces vieux cinémas qui brillaient dans leurs villes dans les années 1930, 40, 50... L'âge d'or du "silver screen".

De ce tour du monde commencé en 2003 au Maroc, il a rapporté des images de cinémas fermés ou toujours debout, parfois transformés. Brésil, Burkina-Faso, Cuba, Californie, Egypte, France, Inde, Liban, République Tchèque, Royaume Uni... ce tour du monde étonnant et insolite se prolonge en livres comme CinéMaroc sur les salles de cinéma du pays (Ed. de l'œil, 2015) ou en expositions (au prochain festival Travelling en février, qui est dédié à la ville de Tanger).

Vous pouvez admirer ses clichés sur son site (en français): www.stephanzaubitzer.com

Travelling Rennes 2012 : Bruxelles et la Belgique à l’honneur

Posté par MpM, le 7 février 2012

Chaque année, le festival Travelling à Rennes propose de découvrir une ville à travers les films qui l'évoquent ou s'y déroulent. Après Mexico, Istanbul, Jérusalem ou encore Buenos Aires, c'est donc au tour de Bruxelles de faire son cinéma durant toute une semaine d'avant-premières, de compétitions, et de rencontres.

Pour rendre hommage à la cité cosmopolite dont les dix-neuf communes forment l'identité multiple, le festival a sélectionné 35 longs métrages des années 30 à nos jours, parmi lesquels Le Départ de Jerzy Skolimowski, Jeanne Dielman 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman, C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde (le film fête ses 20 ans !!!), Dikkenek d’Olivier Van Hoofstadt ou encore Élève libre de Joachim Lafosse. Une compétition de courts métrages vient compléter la sélection, ainsi qu'un hommage au dessinateur et scénographe François Schuiten et une carte blanche au cinéma Nova de Bruxelles, géré par un collectif de bénévoles depuis 15 ans.

D'autres grandes sections accompagnent ce focus bruxellois, comme des portraits de cinéastes belges au présent (qui mettent à l'honneur Bouli Lanners, Jaco Van Dormael, Dominique Abel et Fiona Gordon, les frères Dardenne...), un gros plan sur le cinéma d'animation belge (et notamment Stéphane Aubier et Vincent Patar) et un retour sur "une certaine histoire politique et sociale de la Belgique". Sans oublier la création du ciné-concert Monsieur Fantômas & Cie par David Euverte, un concours de scénario, un concert, des expositions... et bien sûr le festival Travelling Junior réservé aux plus jeunes spectateurs.

Parmi les nombreux films présentés, tout est alléchant, mais plusieurs inédits valent particulièrement le détour : Bullhead de Michaël R. Roskam qui a raflé quatre prix aux Magritte et concourra pour l'Oscar du film étranger (dans les salles françaises le 22 février), Turquaze de Kadir Balci, une comédie familiale sur l'intégration, l'intolérance et le choc des différences, ou encore Hasta la vista de Goeffrey Enthoven, jumeau cru et déjanté, mais non dépourvu d'une (grosse) dose de bons sentiments, de notre Intouchables national (dans les salles françaises le 7 mars).

Difficile d'imaginer qu'avec tous ces temps forts, et surtout en présence de ces nombreux invités, l'ambiance ne soit pas à la fête dans la belle ville de Rennes ! Une fête qui, bien sûr, sera avant tout celle du cinéma et de ceux, comme les organisateurs de Travelling Rennes, qui l'aiment, le défendent et le partagent.

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Travelling Rennes : Bruxelles
Du 7 au 14 février 2012
Informations et programme sur le site de la manifestation

Travelling?: Dans le menu, le festival, le cinéma, l’envie… et Mexico

Posté par Morgane, le 18 février 2010

Durant le festival Travelling à Rennes, j’ai eu l’occasion de déjeuner en compagnie d’Anne Le Hénaff et Mirabelle Fréville qui s’occupent toutes deux de la partie artistique du festival et d’Isabelle Buron, chargée de la presse du festival au niveau national et international.

Ce fut alors l’occasion de discuter plus en détails des choix du festival et de se pencher plus particulièrement sur le concours de la nouvelle dont c’était cette année la deuxième édition.

Travelling a été créé à Rennes il y a 21 ans de cela, avec Londres au coeur de la première édition. Les villes mises à l’honneur ont donc été nombreuses et le choix de chaque année peut paraître délicat à renouveler. Celui-ci se fait finalement assez naturellement, en fonction de l’actualité, du contexte, et en concertation le plus souvent. Pour le choix d’Istanbul pour cette édition 2010, cela faisait longtemps qu’Anne Le Hénaff souhaitait plonger au coeur de cette ville et de son cinéma mais l’accès à son patrimoine cinématographique était relativement compliqué. La saison de la Turquie en France lui donnait alors l’aide logistique nécessaire pour donner vie à ce projet.

Concernant le concours du scénario d’une nouvelle, c’est Mirabelle Fréville qui est à l’origine de ce beau projet.

D’où lui vient cette idée et cette envie??

Chaque année, Travelling fait un focus sur une ville et ce thème est l’essence même du festival. Le festival se concentrait alors principalement sur la diffusion des films. Le concours du scénario d’une nouvelle devenant par la suite un court métrage permettait alors de générer de la création.

De plus, Mirabelle Fréville trouve que dans un court métrage, qui est bien souvent un premier film, on retrouve régulièrement les mêmes thèmes (enfance, famille etc.). Cette idée d’une adaptation d’une nouvelle permet alors de changer ce sujet. De plus l’adaptation est un exercice très riche et cela permet également de donner un nouveau souflle au festival, car pour vivre 21 ans et plus, il faut savoir se renouveller.

Pourquoi une nouvelle d’Asli Erdogan??

Cette année, Mirabelle Fréville a choisi une nouvelle d’Asli Erdogan pour le concours de scénario. Le Captif, édité dans le recueil Les oiseaux de bois chez Actes Sud et paru en novembre 2009 revient sur une femme enceinte que l’on regarde comme un être très bizarre. Ce qui plaisait à Mirabelle Fréville c’est le côté intemporel et universel de cette nouvelle. Elle cherchait particulièrement une nouvelle d’un auteur turc mais qui ne soit pas fondamentalement ancrée en Turquie et puisse être donc transposée dans n’importe quel lieu. De plus, en lisant les romans et nouvelles d’Asli Erdogan, c’est tout un univers très visuel qu’elle a découvert.

Les festival 2010 a clos ses portes hier soir, après un concert de Selim Sesler à l’Ubu mais Travelling nous donne d’ores et déjà rendez-vous l’année prochaine à Rennes pour une nouvelle édition sous le regard de Mexico...

Travelling?: Délices d’Istanbul et Fatih Akin en digestif

Posté par Morgane, le 17 février 2010

Dernière journée de festival, dernières projections, derniers visionnages, derniers coups de coeur...

Après une matinée consacrée aux courts pour enfants, je me dirige de nouveau vers le Théâtre National de Bretagne et sa salle Louis Jouvet dans laquelle je vais passer le reste de la journée. Au programme, L’Oeuf (Yumurta) de Semih Kaplanoglu -2007-, Des temps et des vents de Reha Erdem -2007- et, pour clore la journée et le festival, l’avant-première de Soul Kitchen de Fatih Akin qui sera dans les salles le 17 mars 2010.

L’oeuf de Semih Kaplanoglu

Yusuf, parti vivre à Istanbul, retourne dans son village à la mort de sa mère. Il rencontre alors Ayla, la jeune fille qui s’occupait de sa mère mais qu’il ne connait pas. Le film est donc l’histoire de cette rencontre et repose entièrement sur cette dernière. Yusuf retourne à ses racines et reprend contact avec sa vie passée. Chronique rurale, le film est intéressant par la peinture qu’il en dresse, à la fois conte où la vie s’écoule lentement et portait d’un homme en mal de repères. Le film laisse tout de même transparaitre quelques faiblesses, notamment ses longueurs et lenteurs qui dote parfois le film d’une certaine lourdeur.

Des temps et des vents de Reha Erdem

Après My only sunshine -2008- vu hier, c’est le deuxième film que je découvre du réalisateur. Ici encore il se penche sur ce douloureux passage de l’enfance à l’adolescence et plusieurs ponts font la jonction entre ses deux films (l’homme qui tousse à l’ouverture des temps et des vents fait écho au grand-père malade de My only sunshine tout comme les deux figures des jeunes filles ont de nombreuses similitudes). Ici, on suit le parcours de trois jeunes adolescents (deux garçons et une fille) qui se retrouvent confrontés à l’autorité des adultes. Chacun réagit alors différemment à celle-ci et tente d’y survivre à sa manière. Colère, tristesse et rage s’entremêlent dans cette fable poétique où la nature tient une place prépondérante. Cette dernière est d’une beauté incroyable, magnifiquement filmée par Reha Erdem. Elle fait partie du quotidien des trois enfants qui l’ont apprivoisée, l’aiment et la chérissent (plusieurs plans magnifiques montrant tour à tour les enfants endormis au creux d’un élément naturel). Un film d’une grande beauté.

Soul kitchen de Fatih Akin, Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise en 2009

On retrouve ici un tout autre genre de cinéma, beaucoup moins ancré dans la Turquie même et pour cause, Fatih Akin place son film à Hambourg. Zinos, patron du restaurant Soul  Kitchen, essaie de garder la tête hors de l’eau. Le restaurant coule peu à peu, son amie est partie vivre à Shangaï et son frère, taulard en semi-liberté, lui demande de l’embaucher. Ce qui ressort du dernier film de Fatih Akin c’est principalement son extraordinaire bande-son (n’oublions pas que le réalisateur est également musicien) et son humour. Sur fond de musique électrique and soul et de péripéties faisant sombrer de plus en plus Zinos, Fatih Akin s’attache à l’humour et à la cocasserie des situations (la superbe scène de Zinos chez le chiropracteur en est une parmi tant d’autres). Mais derrière cet humour se cache tout de même une réalité assez sombre sur une situation économique et sociale parfois difficile et délicate. Vous pourrez retrouver notre critique du film sur le site Écran Noir lors de sa sortie en salles.

Travelling, les petits aux pays des merveilles

Posté par Morgane, le 17 février 2010

Au sein du festival Travelling à Rennes, une partie est dédiée aux plus petits, dès 18 mois. Éléphant d’or regroupe deux programmes de courts métrages et c’est un jury enfant qui a remis le Prix 2010 au film Guyane de Imanou Petit. Le Prix École au Cinéma a, quant à lui, été décerné au Petit Dragon de Bruno Collet, film d’animation très drôle sur une poupée Bruce Lee qui revient à la vie et part à la découverte du petit monde dans lequel il s’éveille.

Je ai pu voir que le programme de courts "Éléphant d’or 2" (sept courts), mais celui-ci regorge déjà de jolies trouvailles. Catch Him! qui nous vient tout droit de Slovaquie est original de par son animation et son style graphique. La Carte, film en prises de vue réelle, nous attendrit et nous fait rire par le biais de deux personnages amoureux mais qui vivent dans deux cartes postales différentes. Et d’un point de vue personnel, mon coup de coeur va aux Escargots de Joseph réalisé par Sophie Roze. Film d’animation dont les personnages sont faits de pâte à modeler, Les Escargots de Joseph plonge dans l’univers d’un petit garçon très timide et introverti vivant dans son monde et où ses amis sont des escargots. Il se fait alors avaler par son nombril en forme de coquille d’escargot et découvre le monde terrifiant et triste des nombrilistes. Une fable poétique et très touchante sur la difficulté de communiquer avec les autres et la nécessité de s’ouvrir au monde extérieur qui nous entoure.

Les enfants ont également pu, durant le festival, découvrir ou redécouvrir des films comme Coraline, Panda petit panda, Mon voisin Totoro... et tout un cycle consacré au personnage d’Alice aux pays des merveilles. Il y en avait pour tous les goûts.

Travelling, une ville, un pays, de nombreuses destinées

Posté par Morgane, le 16 février 2010

my_only_sunshine_02.jpgIstanbul est au coeur de Travelling en cette année 2010 et le festival de Rennes s’est donc penché sur les traces des diverses populations qui la composent.

Étaient projetés aujoursd’hui, entre autres, deux films à la fois si différents et pourtant identiques en certains points?: Frères d’exil de Yilmaz Arslan (2005) dans la section les Turcs en Europe et My only sunshine de Reha Erdem (2008, en photo) présenté en avant-première et qui a fait l’ouverture du festival.

Des parcours durs et tendres

Ce qui frappe en premier lieu et rassemble ces deux films réside dans la dureté du propos. L’un suit le parcours de réfugiés kurdes en Allemagne tandis que le second suit une jeune fille maltraitée par la vie et qui, par la force des choses, grandit beaucoup trop vite. La violence est présente dans chacun des films, qu’elle soit physique ou bien psychologique et ceux qui la subissent sont des enfants, la rendant encore plus injuste. Mais la tendresse n’est pas pour autant exclue de ces parcours ballottés et de ces adolescences brisées. Elle ressort dans Frères d’exil dans le beau lien d’amitié très fort qui unit les deux jeunes «héros» tout comme elle brille dans le sourire de Hayat lorsqu’enfin sortie de sa pénombre et de sa solitude elle s’éveille à la vie.

Un cinéma qui brille de beauté

Autant Frères d’exil sonne comme un documentaire tourné de manière assez brute et directe, autant My only sunshine brille par sa lumière et sa beauté. La caméra suit cette jeune fille triste et solitaire dans une vie qui semble des plus misérables mais dans un cadre magnifié par le réalisateur. Les dialogues sont rares et le film laisse alors le temps au spectateur d’assimiler l’environnement, de laisser son regard errer dans chaque recoin de l’image. Et si les paroles sont peu nombreuses les sons et les musiques n’ont pas pour autant déserté le film. Ces derniers sont au contraire bien présents et transforment certains objets en autant de composants d’un orchestre??: les sirènes des énormes bateaux retentissent et ponctuent les nombreuses traversées de la jeune fille,  la peluche chante, le grand-père qui respire très mal, la nature… le film est aussi visuellement très travaillé et sa beauté accentue le contraste avec la triste vie de Hayat.

Que ce soit en Turquie ou en Allemagne, les films se révèlent ici durs et forts. Un cinéma qui transporte et remue...

Festival Travelling?: tout sur les prix

Posté par Morgane, le 15 février 2010

Le festival Travelling ne clôt pas encore ses portes mais les prix ont déjà été remis et les lauréats sont?:

Compétition courts métrages turcs

Prix Collège au cinéma : Phone Story de Binevisa Berivan (Belgique/Turquie)

Prix FJT : Racines de Eileen Hofer (Suisse / Turquie)

Prix Cinécourts : Milk and Chocolate de Senem Türen (Turquie)

Prix Pocket Films

Occupé de Léonard Bourgeois-Beaulieu (France)

Scénario d’une nouvelle le Captif de Asli Erdogan par Gwenael Quistrebert

Compétition Courts métrages internationaux

Prix Ecole et cinéma : Le Petit dragon de Bruno Collet (France)

Prix Eléphant d’Or : Guyane de Imanou Petit (France)

Mais le festival continue jusqu’au mardi 16 février. Durant ces derniers jours de nombreuses projections, rencontres et débats auront encore lieu…

21e festival de Rennes : travelling sur Istanbul

Posté par MpM, le 8 février 2010

Travelling RennesL'originalité du festival Travelling de Rennes est de proposer année après année un coup de projecteur non pas sur une zone géographique donnée, mais sur la cinématographie générée autour d’une ville en particulier (Buenos Aires en 2008, Jérusalem en 2009) ou d’une thématique liée au cadre de vie urbain (”Une ville la nuit” en 2007). Pour sa 21e édition, la manifestation profite ainsi de l'année de la Turquie en France pour s'envoler à Istanbul, cité au parfum de mystère qui, située de part et d’autre du détroit du Bosphore, est à cheval sur l’Europe et l’Asie.

Un voyage forcément envoûtant qui offre l'occasion de revoir des oeuvres occidentales ayant Istanbul pour cadre (L'affaire Cicéron de Mankiewicz, L'immortelle d'Alain Robbe-Grillet, Topkapi de Jules Dassin...), des films turcs à la carrière internationale (De l'autre côté de Fatih Akin, Les gamins d'istanbul d'Omer Kavur, Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan...) et des longs métrages inédits (On est bien peu de choses de Reha Erdem, Men on the bridge d'Asli Ozge, Le temps d'aimer de Metin Erksan...).

Sans oublier de nombreux courts métrages, une section entière consacrée à des oeuvres singulières illustrant le renouveau d'un cinéma d'auteur turc (Lait de Semih Kaplanoglu vu à Venise, La dernière saison de Kazim Oz et My Marlon and Brando de Huseyin Karabey, tous deux sélectionnés à Paris...) qui conquiert les festivals du monde entier et un regard particulier sur les liens que tisse la Turquie avec ses voisins européens (notamment le dernier film de Fatih Akin, Soul kitchen).

A la vue de cette sélection riche et dense complétée par quelques temps forts tout aussi passionnants ("nanards" de Turquie, créations vidéo, ciné-concert, Travelling junior, rencontres et débats...), on comprend mieux comment le cinéma populaire turc réussit à faire plus d'entrées dans les salles du pays que les film américains ! Un exploit suffisamment rare pour être relevé... et qui pourrait inspirer un défi aux festivaliers rennois : l'espace d'une semaine, faire aussi bien !

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21e Festival de Rennes Métropole
Travelling Istanbul
Du 9 au 16 février 2010
Informations et horaires sur le site du festival

20e festival de Rennes : travelling sur Jérusalem

Posté par MpM, le 29 janvier 2009

Festival Travelling20 ans, pour un festival de cinéma, c’est déjà un bel âge, dénotant maturité et capacité à durer, tout en promettant un regard résolument tourné vers l’avenir. C’est pourquoi, en lieu et place d’une commémoration un peu plombante, les organisateurs ont-ils choisi de s’offrir pour cette 20e édition un voyage dans une ville ô combien symbolique, Jérusalem.

Le principe du Festival Travelling de Rennes est en effet de s’intéresser chaque année à la cinématographie générée autour d’une ville en particulier (Buenos Aires en 2008, Téhéran ou Tokyo par le passé) ou d’une thématique liée au cadre de vie urbain ("Une ville la nuit" en 2007). "Nous choisissons la ville entre un et deux ans à l’avance, en fonction d’une envie d’équipe", explique Anne Le Hénaff, responsable artistique. "L’idée est d’abord de voir s’il se passe des choses cinématographiquement, c’est-à-dire si la ville a souvent été portée à l’écran, s’il y a matière pour la dérouler dans le temps. On commence par les œuvres majeures puis on emprunte les chemins de traverse." Commence alors un long travail de recherche, presque de fouille, qui permet de dénicher "de petits bijoux", nouveaux comme anciens, mais aussi de déborder le cadre du cinéma pour appréhender les spécificités sociales, géographiques ou culturelles d’une ville.

"Dans le cas de Jérusalem, nous voulions dès le départ aller au-delà des images toutes faites de la ville, de celles que montrent les médias. Il est souvent difficile d’imaginer comment on y vit, donc c’était notre première ambition : simplement entrer dans la vie des uns et des autres", se souvient Mirabelle Fréville, la co-programmatrice. "Très honnêtement, nous ne pensions pas trouver 53 films ! Mais Jérusalem a une consistance incroyable, avec des genres très différents. Tous les films que nous avons choisis ont un aspect esthétique ou artistique qui nous a intéressés."

Les festivaliers pourront ainsi découvrir toute une programmation déclinée en divers thèmes : rétrospective Jérusalem de plus d’un siècle de cinéma, coups de cœur du cinéma israélien contemporain, coups de cœur du cinéma palestinien au présent et cartes blanches à la productrice israélienne Yaël Fogiel et au cofondateur du Festival, le Palestinien Hussam Hindi. On retrouve bien sûr de grands noms comme Amos Gitaï et le troublant Kadosh, Elia Suleiman (Intervention divine, Chronique d’une disparition), Chris Marker (Description d’un combat), Hany Abu-Assad (Paradise now, Le mariage de Rana…), mais aussi des œuvres plus confidentielles comme Jérusalem est fier de présenter de Nitzan Gilady, un documentaire sur la tentative d’organiser une gay pride internationale dans la ville.

Parmi l’ensemble, Anne Le Hénaff et Mirabelle Fréville recommandent tout particulièrement Fragments de Jérusalem de Ron Havilio, un film inédit en 7 parties qui permet Travelling juniorde remonter le fil de l’histoire de la ville en parallèle avec celle d’une vieille famille de Jérusalem ; Quelqu’un avec qui courir de Oded Davidof, sur la vie nocturne et troublée de la cité et Ford transit de Hany Abu-Assad, jamais sorti en France, sur les incessants passages aux checkpoints de ceux qui doivent se déplacer dans Jérusalem. "Nous espérons ainsi donner une autre vision de la vie à Jérusalem et renvoyer le spectateur à des interrogations plus larges".

En parallèle, le festival organise un concours d’adaptation de nouvelles, des ciné-concerts, des séances "ciné-baby" pour les 18 mois / 2 ans et des compétitions de courts métrages. L’idée est de faire de la manifestation le point d’orgue d’une action culturelle qui a lieu au long cours toute l’année au travers de séances en plein air et d’éducation à l’image, afin d’impliquer le tissu local rennais. "La star, c’est Rennes. Il faut la faire vivre un minimum !", conclut Anne Le Hénaff. Et quoi de plus normal pour un festival qui met la ville à l’honneur ?!

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20e Festival de Rennes Métropole
Travelling Jérusalem
Du 31 janvier au 10 février 2009
Informations et horaires sur le site du festival