Cabourg 2019 : un palmarès dominé par l’amour

Posté par kristofy, le 17 juin 2019

Le 33ème Festival du film de Cabourg et ses journées romantiques s'est déroulé du 12 au 16 juin avec une programmation très dense de près de 50 films.

Le soleil et le public étaientt au rendez-vous. Certains films déjà passés par Cannes ont rapidement susciter des séances complètes comme Chambre 212 de Christophe Honoré, Matthias et Maxime de Xaxier Dolan, Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, Perdrix de Erwan Le Duc venu accompagné de Swan Arlaud, Maud Wyler et Nicolas Maury, et en clôture La belle époque en présence de Nicolas Bedos et Doria Tillier.

A noter aussi une belle présence des films d'animation avec quatre titres dont J'ai perdu mon corps en présence de l'auteur de l'histoire Guillaume Laurant (tandis qu'en parallèle le réalisateur Jérémy Clapin recevait 2 prix au Festival de Annecy).

Le Grand Jury était présidé par Sandrine Bonnaire avec autour d'elle Lou De Laâge, Laetitia Dosch, Alice Pol, Naidra Ayadi, Vincent Perez, Eric Demarsan, Oury Milshtein et Danièle Thompson. Pour la compétition internationale, il y avait 7 films venant de Finlande, Thaïlande, Mexique, Royaume-Uni, Argentine, France; dont 4 étaient réalisés par des femmes.

Les festivaliers ont de leur coté voté pour un Prix du Public dans un panorama de 18 film: plusieurs ont été particulièrement plus appréciés que les autres et c'est un des favoris qui a reçu le plus de vote : Yesterday de Danny Boyle (et Richard Curtis) avec sa comédie romantique sur fond de chansons des Beatles.

Pour les huit courts-métrages à départager, Rebecca Zlotowski en tant que présidente, avec Lola Le Lann, Shaïn Boumedine, Noée Abita, Jules Benchetrit, Santiago Amigorena, Rahmatou Keïta étaient décisionnaires.

Le Swan d'or qui récompense le meilleur du cinéma français romantique de ces derniers mois ainsi que ses découvertes a cette année particulièrement mis en avant C’est ça l’amour avec quatre prix : meilleure réalisatrice pour Claire Burger, meilleur acteur pour Bouli Lanners, et Prix du Premier Rendez-vous pour à la fois les deux actrices Sarah Henochsberg et Justine Lacroix. Un razzia méritée qui surclasserait presque le Swann d'or pour Mon inconnue.

Plus globalement les Swann d'or font consensus en récompensant des films et des comédiens qui ont marqué ces derniers mois. On note surtout que les films primés sont tous des romances compliquées ou contrariées, où l'amour domine, in fine, manigances, idéologies ou ambitions. Comme s'il n'y avait que cela qui restait: le coup de cœur, malgré les fêlures.

Tarde Para Morir JovenLe palmarès :

- Grand Prix du Jury : Tarde Para Morir Joven, de Dominga Sotomayor (Chili), Léopard de la meilleure réalisation à Locarno
- Prix de la Jeunesse : Aurora, de Miia Tervo (Finlande)
Mention Spéciale du Jury Jeunesse : Manta Ray,
de Phuttiphong Aroonpheng (Thaïlande, sortie le 24 juillet)
- Prix du public : Yesterday, de Danny Boyle (sortie le 3 juillet)

- Meilleur court-métrage : Sous l’écorce de Ève-Chems de Brouwer
Mention Spéciale du Jury Court-Métrage : Elle s’appelait Baby de Mélanie Laleu et Baptiste Gourden
- Meilleure actrice court-métrage : Zoé Héran dans Max de Florence Hugues
- Meilleur acteur court-métrage : Paul Nouhet dans Les Méduses de Gouville de lui-même Paul Nouhet

- Swann d’Or du meilleur film : Mon Inconnue, de Hugo Gélin
- Swann d’Or de la meilleure réalisation : Claire Burger, réalisatrice de C’est ça l’amour
- Swann d’Or du scénario adapté d'une oeuvre littéraire : Mademoiselle de Joncquières, de Emmanuel Mouret
- Swann d’Or de la meilleure actrice : Juliette Binoche dans Celle que vous croyez de Safy Nebbou
- Swann d’Or du meilleur acteur : Bouli Lanners dans C’est ça l’amour de Claire Burger
- Swann d’Or de la révélation féminine : Nora Hamzawi dans Doubles vies d’Olivier Assayas
- Swann d’Or de la révélation masculine : Karim Leklou dans Le Monde est à toi de Romain Gavras
- Swann d’Or du meilleur premier film, ex-aequo : L’amour flou de Romane Bohringer & Philippe Rebbot et Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis.

Par ailleurs les Prix Premiers Rendez-Vous qui récompensent les débuts à l’écran d’une actrice et d’un acteur dans un  premier grand rôle ont été donné à Tom Mercier dans Synonymes (Ours d'or à Berlin) et à Sarah Henochsberg et Justine Lacroix dans C’est ça l’amour de Claire Burger.

34 révélations retenues pour les César 2019

Posté par vincy, le 12 novembre 2018

Comme chaque année, il y a des déceptions: les absents (Alice Isaaz, Romain Guillermic, Pauline Lorillard, Anaël Snoek, Jonathan Genet, Alban Lenoir, etc...) évidemment. Mais dans une année particulièrement ouverte pour la prochaine cérémonie, avec aucun favori qui ne se détache clairement, la liste des révélations qui sont proposées aux votants est variée. Mektoub my love, le dernier Kechiche, malgré son échec en salles, squatte 4 spots dans les deux catégories. A genoux les gars, Shéhérazade, Marche ou crève, Le monde est à toi cumulent aussi plus d'une citation dans les deux listes.

Les révélations féminines

Souad Arsane (A genoux les gars)
Ophélie Bau (Mektoub my love: canto uno)
Gelatea Bellugi (L'apparition)
Jehnny Beth (Un amour impossible)
Clémence Boisnard (La fête est finie)
Inas Chanto  (A genoux les gars)
Alexia Chardard (Mektoub my love: canto uno)
Laëtitia Clément (Luna)
Jeanne Cohendy (Marche ou crève)
Lily-Rose Depp (L'homme fidèle)
Kenza Fortas (Shéhérazade)
Lou Luttiau (Mektoub my love: canto uno)
Matilda Lutz (Revenge)
Sarah Perles (Sofia)
Camille Razat (L'amour est une fête)
Diane Rouxel (Marche ou crève)
Souheila Yacoub (Climax)

Les révélations masculines

Idir Azougli (Shéhérazade)
Max Baissette de Malglaive (Monsieur Je-sais-tout)
Anthony Bajon (La prière)
Jules Benchetrit (Au bout des doigts)
Shaïn Boumedine (Mektoub my love: canto uno)
Amir El Kacem (Abdel et la comtesse)
Thomas Gioria (Jusqu'à la garde)
Sofian Khammes (Le monde est à toi)
Roman Kolinka (Maya)
William Lebghil (Première année)
Karim Leklou (Le monde est à toi)
Grégoire Ludig (Au poste!)
Andranic Manet (Mes provinciales)
Félix Maritaud (Sauvage)
Christophe Montenez (Le retour du héros)
Dylan Robert (Shéhérazade)
Ahmed Sylla (Chacun pour tous)

Cannes 2018: Nos retrouvailles avec Isabelle Adjani

Posté par vincy, le 11 mai 2018

Elle est rare. Ou abonnée aux longues absences. 5 ans entre Camille Claudel et Toxic Affair. 6 ans entre Diabolique et La repentie. Autant d'années entre Bon voyage et La journée de la jupe. Isabelle Adjani nous quitte souvent mais revient toujours. Deux ans après le téléfilm Carole Matthieu, avouons-le médiocre, elle est de retour. Dans Le monde est à toi de Romain Gavras. Le film est présenté à la Quinzaine des réalisateurs. C'est la première fois depuis La Reine Margot, en 1994, que l'actrice accompagne un film à Cannes.

Pourtant Cannes, elle connaît. Elle en a même été l'une des abonnées. Prix d'interprétation en 1981 pour Possession et Quartet, l'actrice cinq fois césarisée, deux fois nommée à l'Oscar, Ours d'argent à Berlin, a été LA star du cinéma français dans les années 1970-1980. Avant qu'une autre Isabelle ne prenne le pouvoir. Avant que la Catherine ne se visse à son trône. Avant que Juliette puis Marion s'imposent jusqu'à Hollywood.

Adjani a fait l'objet d'un véritable culte. Par son apprentissage au théâtre, elle semble une tragédienne née. Grâce à des films aussi différents que L'été meurtrier (5 millions d'entrées) de Jean Becker, La gifle de Claude Pinoteau, Subway de Luc Besson, Camille Claudel de Bruno Nuytten et Tout feu, tout flamme de Jean-Paul Rappeneau, elle atteint un large public dans les salles.

Grâce à François Truffaut, André Téchiné, Roman Polanski, Walter Hill, Werner Herzog, James Ivory, Carlos Saura, Claude Miller, elle a construit une filmographie internationale et cinéphile. Grâce à ses engagements, ses passions, elle réussit des coups d'éclat qui font date, des discours qui marquent.

Depuis 25 ans, Isabelle Adjani est comme un spectre qui hante nos mémoires de spectateurs. Parfois elle s'incarne, chez des jeunes cinéastes, chez des réalisateurs étrangers, dans des comédies déjantées. Malheureusement, le plus souvent, elle "fait" du Adjani. Ce personnage caricaturé par Florence Foresti, diva lunatique à la Garbo avec ses lunettes noires. C'est presque l'image de son personnage de Mammuth du duo Delépine/Kervern: L'amour perdu.

Il y a un peu de ça dans notre liaison sporadique avec Isabelle A. L'aventurière, libre, préfère dérouter, s'inviter dans des projets décalés, peut même rire d'elle-même (Dix pour cent). Cette année, elle enchaîne les lectures de Marguerite Duras et autres grands écrivains. Elle délire dans "Opening Night", mix entre Tchekhov, Rilke et Cassavetes. Elle incarnera Maria Casares dans une lecture de correspondances avec Albert Camus à Avignon en juillet.

Elle est notre Dame aux Camélias.

On est heureux quand même de la retrouver sur la Croisette, qui, cette année, n'a ni Huppert, ni Binoche, ni Deneuve. Elle arrive avec un film barré, mère de Karim Leklou, et entourée de Vincent Cassel et François Damiens, tels trois pieds nickelés. Evidemment, dans Le monde est à toi, la chef de gang porte encore ses lunettes noires. Après tout, c'est une star, à l'image de celle de Sunset Boulevard.