Scénariste de Truffaut et Resnais, Jean Gruault disparaît

Posté par vincy, le 9 juin 2015

jean gruaultSon dernier scénario aura reçu un accueil glacial au dernier Festival de Cannes. Jean Gruault, auteur de Marguerite et Julien qu'il avait écrit pour François Truffaut et qui fut finalement réalisé par Valérie Donzelli, a été une victime collatérale de la passion cannoise. Pourtant, il apprécie l'aspect contemporain, anachronique, à la Demy, du Donzelli. Il aime le scandale que pourrait provoquer cette histoire d'inceste. Jean Gruault ne saura pas ce qu'il adviendra de ce film tant attendu depuis sa première version dans les années 70. Né en 1924, le scénariste, dramaturge et producteur est décédé le 8 juin à l'âge de 90 ans.

Ami de Rivette, Rohmer, Chabrol et Truffaut, il va commencer comme assistant de Roberto Rossellini avant de se lancer dans l'écriture de scénarios, et notamment l'adaptation de livres historiques. Il écrit Paris nous appartient et La Religieuse de Diderot (Jacques Rivette), Vanina Vanini (Rossellini), Jules et Jim, L'enfant sauvage, Les deux Anglaises et le continent, L'Histoire d'Adèle H., et La chambre verte (François Truffaut), Les carabiniers (Jean-Luc Godard), La redevance du fantôme (Robert Enrico), Les Soeurs Brontë (André Téchiné), Mon oncle d'Amérique, La vie est un roman et L'amour à mort (Alain Resnais), Les années 80 et Golden Eighties (Chantal Akerman).

Au théâtre, il joue durant les années 50, plutôt que de faire le critique aux Cahiers du cinéma, avant d'être l'auteur de deux pièces, Crucifixion dans un boudoir turc et C'était pendant l'horreur. On lui doit aussi le livret d'un opéra, La noche triste, une autobiographie (Ce que dit l'autre), deux romans...

Il fut également producteur avec les films de la Villa.

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Rencontre avec Jean Gruault (EcranNoir.fr) "Truffaut , il fallait toujours qu'il corrige mes scénarios, même si ça lui plaisait. Il avait besoin de réécrire pour que ce soit sa langue, et plus la mienne"
Entretien avec Télérama "Je ne serais pas surpris que les affreux réacs de la Manif pour tous nous tombent dessus."
Débat à la Cinémathèque avec Arnaud Desplechin

Cannes 2015: Qui est Valérie Donzelli ?

Posté par vincy, le 18 mai 2015

valerie donzelliC'est une habituée de la Croisette. Il y a quatorze ans déjà, Valérie Donzelli est révélée à la Quinzaine des réalisateurs avec son rôle dans Martha... Martha de Sandrine Veysset. Elle revient à la Quinzaine sept ans plus tard, en 2008, avec son deuxième court métrage, Il fait beau dans la plus belle ville du monde. Mais c'est en 2011 que l'actrice-scénariste-réalisatrice fait l'événement sur la Croisette, du côté de la Semaine de la critique avec La Guerre est déclarée. Inspiré par la vie du couple à l'écran et à la ville qu'elle forme avec Jérémie Elkaïm, le film insuffle son style rafraîchissant et vif à une histoire bouleversante, mais sans pathos. Le film est un succès en salles (plus de 800000 entrées) et récolte de nombreux prix dans les Festivals et six nominations aux César.

Nous voici en 2015 et Valérie Donzelli est en compétition, dans la cour des grands, avec Marguerite et Julien. On est très loin de ses précédentes réalisations puisqu'il s'agit d'un film historique (et romantique).

En plein XVIe siècle, Julien (Jérémie Elkaïm) et Marguerite (Anaïs Demoustier) de Ravalet, progénitures du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance, qui, avec le temps, se transformer en passion incestueuse dévorante. Scandale. Ils doivent fuir… Mais la société ne l'entend pas ainsi: ils sont jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient, et sont condamnés à la décapitation.

Donzelli et Elkaïm ont adapté un scénario écrit dans les années 70 à l’origine par Jean Gruault pour François Truffaut, dont elle est fan. A 42 ans, l'ancienne vendeuse vosgienne de chez Ladurée a réussi à s'imposer avec un style singulier. Dès son premier film en tant que réalisatrice, La Reine des pommes (2009), elle séduit et obtient le prix du public au Festival Premiers Plans d'Angers. En 2012, avec Main dans la main (et Valérie Lemercier en vedette), elle prend quelques risques formels et propose une comédie presque musicale où la danse fait figure d'allégorie. On doit aussi ajouter à sa filmographie le téléfilm Que d'amour!, adaptation du Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux avec les comédiens de la Comédie-Française, pour Arte.

Car s'il y a bien un fil conducteur dans ses films, c'est le couple et sa capacité à résister sur la durée, cette passion romanesque qui peut se confronter aux obstacles du quotidien ou de la société. Burlesque ou tragi-comique, le style allège toujours les drames qui couvent. Donzelli l'avoue régulièrement: le désir est essentiel, et l'amour est fusionnel: "Je ne suis pas très intelligente, pas analytique, je raisonne comme une casserole, je suis foutraque..." Elle est aussi gourmande, "de rencontres, de vie, d’amour". D'Albator à Marilyn, ses héros reflètent sa génération touche-à-tout, insatiable, contradictoire, capable de passer des Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes à King Kong Théorie de Virginie Despentes, de Lolita de Stanley Kubrick à Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock

On retrouve cet éclectisme dans ses choix de comédienne. En tant qu'actrice, Donzelli a surtout été un second-rôle: Cette femme-là de Guillaume Nicloux, Qui a tué Bambi ? de Gilles Marchand, Le plus beau jour de ma vie de Julie Lipinski, Voici venu le temps d'Alain Guiraudie, L'Intouchable de Benoît Jacquot, Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Les Grandes Ondes (à l'ouest) de Lionel Baier, Opium d'Arielle Dombasle, Saint Laurent de Bertrand Bonello, Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse...

La seule chose qui pourrait nous inquiéter c'est son rapport au jeu. En lice pour la Palme d'or, cette mauvaise joueuse acceptera-t-elle de perdre? "Je suis même prête à tout pour gagner" avoue-t-elle... Elle a la carte dans le cinéma français, mais pour le coup, à Cannes, ce n'est pas elle qui a les cartes en mains.

Cannes 2015: 17 des films en Compétition pour la Palme d’or

Posté par redaction, le 16 avril 2015

1854 films reçus. 16 élus pour l'instant. Il en manque deux ou trois.

Pour l'instant, on ne voit rien venir: ils manque à l'appel Arnaud Desplechin, Alexander Sokhurov, Gaspard Noe, Terence Davies, Terrence Malick, Apitchapong Weerasethakul, Jeff Nichols et Miguel Gomes.

Dheepan (titre provisoire) de Jacques Audiard (lire aussi Jacques Audiard en tournage)

La loi du marché de Stéphane Brizé

Marguerite et Julien de Valérie Donzelli

Il racconto dei racconti (L'Histoire des histoires) de Matteo Garrone (lire aussi Vincent Cassel et Salma Hayek chez Matteo Garrone)

Carol de Todd Haynes

Nie Yinniang (The Assassin) de Hou Hsiao-hsien

Shan he gu ren (Mountains may depart) de Jia Zhang-ke (lire aussi De 1990 à 2025, une histoire d’amour et ses conséquences par Jia Zhangke). Le réalisateur est aussi le Carrosse d'or 2015.

Umimachi Diary (Notre petite soeur) de Hirokazu Kore-eda (lire aussi L’adaptation d’un manga comme prochain film de Hirokazu Kore-eda)

Macbeth de Justin Kurzel (lire aussi Marion Cotillard remplace Natalie Portman pour Macbeth)

The Lobster de Yorgos Lanthimos (lire aussi Léa Seydoux s’aventure chez le réalisateur de Canine, Yorgos Lanthimos)

Mon roi de Maïwenn

Mia Madre (Ma mère) de Nanni Moretti

Saul Fia (Le fils de Saul) de Laszlo Nemes (premier film)

La giovinezza (La jeunesse) de Paolo Sorrentino (lire aussi Un casting très classe pour le prochain Paolo Sorrentino)

Louder than Bombs de Joachim Trier (lire aussi Isabelle Huppert, Gabriel Byrne et Jesse Eisenberg dans le prochain film de Joachim Trier)

The Sea of Trees de Gus van Sant (lire aussi Matthew McConaughey voyage au Japon avec Gus Van Sant)

Sicario de Denis Villeneuve (lire aussi Encore un casting hollywoodien pour le prochain thriller de Denis Villeneuve)